Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
Par Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
L'histoire se passe à Téhéran. Simin demande le divorce, car son mari, Nader, qui s'y refuse, ne veut pas la suivre à l'étranger en compagnie de leur fille de onze ans, Termeh, afin que celle-ci soit assurée d’un meilleur avenir. Dépitée, la jeune femme part habiter chez sa mère. Nader, resté seul avec sa fille, ne peut s'occuper de son vieux père atteint de la maladie d'Alzheimer et engage une femme de ménage, Razieh. Celle-ci est enceinte mais le dissimule sous un large tchador. Elle vient travailler le premier jour, suivie de sa petite fille Samayeh, mais s'effraie à l'idée de devoir laver le vieillard incontinent. Le lendemain, Razieh laisse le vieil homme sans surveillance : furieux, Nader, rentré plus tôt que d'habitude, la congédie. Razieh réclame le paiement de ses heures travaillées. Nader la repousse violemment sur le palier ; celle-ci tombe dans l'escalier. La jeune femme fait une fausse couche et intente un procès à Nader, soutenue par son mari qui n'était au courant de rien, mais cette fausse couche a-t-elle été provoquée par Nader ? Simin, revenue soutenir son mari, paie la caution qui permettra à Nader de ne pas se retrouver en prison…Cependant Razieh a-t-elle dit la vérité ? Et Nader s’est-il retranché derrière un mensonge ?
Une histoire simple mais si admirablement détaillée et interprétée que cette séparation a été l'événement de l'année cinématographique 2011, couronnée par le Lion d'or et l'Oscar du meilleur film étranger et que la France, à elle seule, a enregistré près d'un million d'entrées. Oui, un événement ! Malheureusement j'avais raté le film que j'ai pu visionner et apprécier sur ARTE hier soir et pour lequel je joins mon adhésion à celle de l'immense public qui l'a salué avec enthousiasme. Nous sommes là au coeur d'une fiction qui ne cesse de nous dérouter par l'intelligence et la précision implacable de son scénario et la qualité du jeu des acteurs, tous excellents, particulièrement les deux fillettes, principales victimes de ce drame intime et dont le regard ne cesse de nous interpeller. La Séparation nous met en présence de deux milieux sociaux, l’un plus aisé que l’autre, mais tous deux prisonniers d’un système de pensée où l’honneur, le religieux, l’orgueil masculin tiennent une large part. Asghar Farhadi décrypte ainsi les difficultés quotidiennes que l’on rencontre dans ce pays, l’Iran, qui a bien du mal à concilier tradition et modernité. Le regard du spectateur est habilement sollicité par le rôle du juge, cet arbitre judiciaire qui, à certains moments, ne sait plus qui a raison, qui à tort. C’est, par conséquent, la principale réussite de La séparation d’amener le spectateur à douter comme lui, à changer de camp à maintes reprises et à prêter à cette affaire, où milieux et familles s'affrontent, une portée d’abord familiale, puis sociale et enfin politique. Par ailleurs, le cinéaste nous décrit habilement les scènes de cette vie ordinaire – qui sont souvent peu éloignées des nôtres – et où le mensonge et les petits arrangements font florès. Il apparaît que les femmes ont, en définitive, le rôle décisif , les hommes cédant trop facilement à la colère et à l'outrance et, ce, sous le regard interrogatif des enfants mêlés malgré eux à des situations douloureuses et conflictuelles. Par conséquent, à chacun sa lecture de ce drame social et humain où intimidation et mensonge se taillent la part du lion. Une vraie réussite.
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