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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 08:45

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« Le Samouraï », film de Jean-Pierre Melville est sans doute le chef-d’œuvre du genre par sa sobriété, sa rigueur, son unité de temps, son économie de moyens et la remarquable interprétation d’Alain Delon, au sommet de son art, dont la présence magnétique donne à l’opus sa densité et son rayonnement. Aucune œuvre moins bavarde ; celle-ci ne repose que sur les éclairages, les expressions, les gestes les plus minutieux, le tempo d’une savante lenteur qui ne quitte pas un instant de vue le personnage ambigu de Jef Costello, tueur à gages solitaire et désenchanté. On comprend que le scénario ait d’emblée séduit l’acteur de 30 ans qui devait se reconnaître dans ce loup isolé qui préfère mourir à la façon du samouraï, en mettant sa mort en scène lui-même et en la provoquant, que de sombrer dans le déshonneur.

 

L'histoire est celle de ce Jef Costello qu’un clan du milieu parisien a chargé de l’exécution du patron d’une boîte de nuit huppée, ce qu'il fait dès le début du film. En sortant du bureau, où gît le cadavre de sa victime, il croise la pianiste du club, Valérie (Cathy Rosier). Malgré un alibi bien construit, il est suspecté par le commissaire  (formidable François Périer ) chargé de l'enquête qui sera dans l’obligation de le relâcher, car la pianiste de la boîte nie le reconnaître, ce qui est faux. Jef ne comprend pas pourquoi elle agit ainsi. Il se rend ensuite au point de rendez-vous convenu avec son employeur pour récupérer l'argent du contrat.

 

film-1017-4.jpg

 

Un homme blond, faisant office d'intermédiaire, s’acquitte de cette tâche en lui tirant une balle dans le cœur mais, grâce à ses bons réflexes, Jef s’en tire avec une égratignure au bras. Désormais, il va s’employer à remonter à la source et à démasquer ceux qui ont cherché à l’éliminer, tout en jouant au chat et à la souris avec la police qui guette le moindre de ses faits et gestes, le commissaire plus que jamais convaincu qu’il tient là son coupable. S'ensuit une traque dans le métro parisien et une perquisition chez la maîtresse de Jef, Jane Lagrange, que l’officier de police va tenter de déstabiliser, mais en vain. Le rôle est tenu par Nathalie Delon, alors l’épouse d’Alain, convaincante dans ce personnage courageux qui a vite fait de débusquer les intentions du policier

 

De retour chez lui, Costello découvre, grâce au comportement anormalement agité de son bouvreuil, que quelqu’un a pénétré chez lui et y a posé des écoutes. Une seconde fois, intrigué à nouveau par l’agitation de l’oiseau, il se trouve en présence d’un émissaire du clan. Par chance, il parvient à le désarmer et à lui extorquer le nom et l’adresse de son commanditaire.

 

San plus tarder, il se rend à  cette adresse et constate qu'il s'agit de l'endroit où vit la pianiste. Il y retrouve celui qu'il cherchait et le tue avant de regagner la boîte de nuit, de sortir son revolver et de le pointer sur la pianiste  au vu et au su de l’assistance. La police, qui l’attend embusquée derrière une porte, l'abat sur place avant de découvrir que son revolver n'était pas chargé.

 

 

Peu de rebondissements dans cette œuvre tirée d’un roman de Joan McLeod, mais un narratif linéaire sans flash-back, un récit concentré sur le personnage de Jef qui ne quitte pas l’écran, ne parle pas, mais jouit d’une présence grave et tragique car il se sait condamné à plus ou moins brève échéance. Delon tient  là l’un de ses plus grands rôles. Le moindre de ses gestes prend une énorme importance, ainsi la façon de mettre son chapeau, de relever le col de son imperméable, de fixer son regard sur un interlocuteur ; oui, le moindre détail prend une force et une importance incroyable. C’est tout l’art de Melville qui disait à propos de ce film : « La peinture d’un schizophrène par un paranoïaque ». On sait que lui-même était une personnalité complexe et solitaire. Le choix d’Alain Delon s’imposait ; Melville prend comme acteur son alter ego qui est dans la vie, comme il l’est lui-même, un loup solitaire, un homme sans concession ni dans sa vie, ni dans son métier. Le résultat est prodigieux. « Le Samouraï » est aujourd’hui encore une œuvre de référence, tant il est parfait dans sa composition et son déroulement, avec les éclairages gris-bleu de Henri Decaë et le chant nostalgique du bouvreuil,  symbole éloquent de l’emprisonnement intérieur.

 

 

Pour consulter l'article consacré à Jean-Pierre Melville, cliquer sur son titre :

 

JEAN-PIERRE MELVILLE OU L'OEUVRE AU NOIR

 

Et pour prendre connaissance des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :


LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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LE SAMOURAI de JEAN-PIERRE MELVILLE
LE SAMOURAI de JEAN-PIERRE MELVILLE
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commentaires

E
Pas trop Delon non plus, dont la personnalité me donne la chair de poule :) Mais je reconnais que dans ce film, il est très bien dirigé. Il y a de la noblesse dans son rôle, mais Melville, pour moi, est trop sombre en général...
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A
Je suis revenue sur mes premières impressions sur Delon. On peut ne pas apprécier l'homme mais il a été un immense acteur et a presque toujours fait les bons choix et mené sa carrière avec discernement.
G
Si l'on apprécie peu l'acteur mais beaucoup son grand style dans ce film extraordinaire, on retrouvera le même art dans les pieces de Sewa-mono souvent jouées par de petites troupes itinérantes de théâtre Kabuki en Europe, et ailleurs.
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G
Sans être un inconditionnel de l'acteur principal, je reconnais que dans ce personnage froid, solitaire et énigmatique il est tout simplement sensationnel. Tout l'art de Melville transpire dans<br /> cette oeuvre de série noire haut de gamme.
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A
Je ne suis une fan de Delon non plus Alain, mais je reconnais qu'il a su mener sa carrière et apparaître dans d'excellents films comme "Rocco et ses frères", "Le guépard", "La piscine", "Plein<br /> soleil, "Borsalino" et beaucoup d'autres où sa présence est toujours incontestable. Il crève l'écran. C'est l'homme qui est peu sympathique.
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A
Je suis loin d'être un inconditionnel de Delon, mais dans ce film, dirigé par Melville, et quelques autres, je reconnais volontiers son talent qu'il semblerait avoir perdu avec sa jeunesse.
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