Une famille de femmes que la vie a souvent bousculée et qui est parvenue, avec le temps, à apprivoiser les tumultes, où les hommes ont peu de place et qui va naturellement vaciller quand l’une d’entre elles tombera amoureuse. L’équilibre est alors à redéfinir et chacune s’y emploiera tant bien que mal. Mais le destin ne les laissera souffler que peu de temps avant d’imposer une autre réalité. La famille se verra alors dans l'obligation de tout réapprendre. La mécanique de l’adoption sera à nouveau sollicitée, forçant les uns et les autres à s'orienter vers d'autres perspectives. Tel est l'argument de cette variation délicate, musique de chambre tout en demi teinte, avec pour fond les nocturnes de Chopin. Ce premier film d'une jeune femme ambitieuse et créative est une bonne surprise, malgré les critique acerbes qu'il a suscitées dans la presse. Certes, l'histoire n'a pas la prétention de renverser l'ordre des choses, mais donne à ces choses leur place modeste entre lumière et ombre, murmure et chagrin, tendresse et inquiétude. La première partie est une vraie réussite : jolies images, douceur des attitudes, charme des actrices toutes trois excellentes : Marie Denardau, la libraire, qui tombe amoureuse d'Alex (Denis Ménochet) quand la pluie offre à celui-ci l'occasion inespérée de se réfugier dans sa boutique, Clémentine Selarié dans le rôle de la mère, une femme qui a le goût du bonheur et n'impose rien qui ne soit de l'ordre du coeur et, enfin, Mélanie Laurent dans celui de Lisa, la luthière, qui élève seule son petit garçon, ce qui donne lieu à des scènes délicieuses et très justes sur la relation mère/enfant. Cette poésie du quotidien procure à cette première partie sa tonalité et voit se succéder de belles images aux savants clairs-obscurs et une suite de scènes de la vie de tous les jours peintes par touches légères et subtiles.
La seconde partie, aux inévitables longueurs, où l'une des soeurs, victime d'un accident, tombe dans le coma est encombrée de trop de symboles pas assez lisibles et d'une série de clips qui, ensemble, alourdissent le récit et c'est dommage. Toutefois, malgré ces erreurs, et on en a pardonné d'autres plus graves à des metteurs en scène confirmés, ce premier film nous révèle un authentique talent de réalisatrice, que ce soit dans l'ordonnance des séquences, le déroulement du narratif, la conduite des acteurs, Mélanie Laurent sait faire bon usage de ses sources et s'inventer un style qui ne demande qu'à se parfaire.
Prix du Jury et du Public au Festival de Saint Jean de Luz
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