Le 7e Art se féminise depuis quelques années, où sont apparues sur le devant de l'écran de jeunes cinéastes qui font preuve d'une maîtrise et d'un talent qui n'ont rien à envier à ceux des hommes. Elles ont pour noms : Nadine Labaki, Valérie Donzelli, Maïwenn, Mélanie Laurent ou Mila Hansen-Love. Surtout elles ne font rien comme les hommes et osent des castings inattendus, préférant souvent les inconnus aux grandes vedettes et privilégiant ainsi des tournages à budget modeste. Prenons pour exemple Valérie Donzelli qui n'a dépensé que 1,3 millions d'euros pour tourner "La guerre est déclarée", c'est-à-dire cinq fois moins que le budget moyen d'un long métrage en France, alors que son film est en passe d'être le succès le plus rentable de l'année, comptabilisant déjà 240.000 entrées en 9 jours. Et c'est bien parti pour les 900.000 prévoit l'heureux producteur. A 38 ans, cette jeune femme ouvre le bal d'une saison où s'imposent décidément des actrices et réalisatrices dont la moyenne d'âge se situe entre 30 et 40 ans. Le 14 septembre, c'est au tour de "Et maintenant on va où ?" de Nadine Labaki, l'auteur de "Caramel" - un film qui a conquis le public, il y a de cela deux ans - de sortir dans les salles avec pour sujet les tensions religieuses qui ne cessent de s'intensifier au Moyen-Orient. "Polisse" de Maïwenn débutera une carrière prometteuse le 19 septembre, "Poulet aux prunes" de Marjane Satrapi le 26. Soit un total de 20 longs métrages portés par une nouvelle génération de filles. Sans compter Mélanie Laurent et son premier film "Les adoptés", prometteur d'un talent qui affirme déjà son style et son écriture malgré d'indéniables faiblesses.
Il y a quelques années de cela- remarque Cécile Felsenberg de l'agence UBBA - les femmes cinéastes se comptaient sur les doigts d'une main : Nicole Garcia, Coline Serreau, Danièle Thompson, Tonie Marshall. Puis, on a vu arriver des spécialistes des comédies populaires telles Isabelle Mergault, Lisa Azuelos et Pascale Pouzadoux. Aujourd'hui la nouvelle génération s'intéresse à tous les genres.
Ainsi Katia Lewkowicz (38 ans) dénonce certains aspects du mariage ; Hélène Fillières (39 ans) s'inspire dans "Sévère" de l'affaire Stern avec Laetitia Casta et Benoît Poelvoorde ; Emmanuelle Bercot (43 ans) puise ses sources dans le scandale du Mediator, quant à Julie Delpy ( 47 ans ) elle passe d'une chronique familiale bien française Le Skylab à une comédie branchée américaine "2 Days in New-York".
Ces réalisatrices douées et ambitieuses ont en commun le goût du cinéma d'auteur, noblesse du 7e art français et semblent plus habiles à faire passer des sujets difficiles- souligne le PDG des agences Artmedia et VMA, Bertrand de Labbey. Armées comme elles le sont, nul doute qu'elles iront loin et apporteront un nouveau souffle et de nouvelles perspectives au cinéma, sans cesser de nous surprendre.
Pour consulter les articles que j'ai consacrés à quelques-uns des films de ces réalisatrices, cliquer sur leurs titres :
CARAMEL de NADINE LABAKI PERSEPOLIS de MARJANE SATRAPI