Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
Né en 1932 dans une grande famille d'industriels du Nord (les Beghin du côté maternel), Louis Malle s'initie dès l'âge de 14 ans à la réalisation cinématographique avec la caméra 8mm offerte par son père et s'inscrit, dès ses études secondaires achevées, à l'IDHEC dont il suivra les cours pendant un moment, avant de rejoindre le commandant Cousteau comme coréalisateur du "Monde du silence", documentaire qui obtiendra la Palme d'or en 1953. Mais s'étant crevé les tympans lors d'une plongée, il renonce à poursuivre cette expérience maritime et travaille dans un premier temps avec Robert Bresson sur le tournage de "Un condamné à mort s'est échappé". C'est alors l'essor de la Nouvelle Vague mais Malle, très indépendant de nature, ne se reconnaît pas dans ce mouvement et entend bien rester un créateur libre de toute influence. Ainsi suivra-t-il son chemin de façon parallèle en se référant à ses seules motivations. Il a 25 ans lorsqu'il réalise "Ascenseur pour l'échafaud" avec Jeanne Moreau et Maurice Ronet qui emprunte les codes du film noir mais que transfigure une bande son composée d'improvisations du jazzman Miles Davis et par la plastique des images nocturnes. Ce film sera suivi des "Amants" où il pourfend l'hypocrisie qui subsiste autour de l'adultère et ouvre la voie à un cinéma enfin délivré des tabous d'une société trop corsetée par les principes. Suivront, en 1960, "Zazi dans le métro", une oeuvre ludique tirée d'un roman de Raymond Queneau et "Feu follet" qui traite de la dépression et du suicide inspiré de Pierre Drieu La Rochelle. Moins opposés aux conventions narratives que ces précédents opus, "Viva Maria" et "Le voleur" sont des comédies d'un amoralisme jubilatoire, tandis que "Lacombe Lucien", coécrit avec Patrick Modiano, suscitera une vive polémique, ce qui était probablement le but du film. Louis Malle y décrit un jeune paysan désoeuvré qui, après avoir tenté sans succès d'intégrer la Résistance, se tourne vers la collaboration. Malgré ses remarquables qualités, le film s'attire les foudres de la critique et des résistants, au point que, très affecté, Malle décide de s'expatrier quelques années aux Etats-Unis. Le premier film, qu'il tourne là-bas, sera un mélodrame en costumes "La petite" sur un sujet, tout aussi sensible, la prostitution enfantine, interprété par la jeune Brooke Shields, suivi par "Atlantic City" (1980) où il raconte les mésaventures d'un truand à la retraite avec Burt Lancaster dans le rôle titre.
Revenu en France en 1987, ce sera à nouveau pour tourner un film sur l'Occupation "Au revoir les enfants", comme si ce thème ne cessait de le hanter, film qui marquera sa véritable consécration de réalisateur et obtiendra enfin les éloges unanimes de la critique. Il y conte l'histoire d'un écolier qui se lie d'amitié avec un enfant juif au sein d'un collège catholique, récit quasi autobiographique, puisque son auteur fut le témoin d'un drame similaire durant la dernière guerre. Une autre réalisation "Le souffle au coeur", où Malle décrit la relation fusionnelle entre une mère et son fils, sujet scabreux s'il en est, considéré comme son opus le plus personnel, couronnera sa carrière et se verra récompensé par le Lion d'or à Venise, le prix Louis-Delluc et pas moins de 7 Césars. Ses derniers films "Milou en mai" et "Fatale" ne marqueront pas les mémoires mais contribueront à parachever une oeuvre inclassable, foisonnante et passionnée qui compte parmi les plus importantes du cinéma français. A l'évidence, ce sont les cas extrêmes qui monopolisent la créativité de Louis Malle : l'inceste, la dénonciation, la collaboration, la prostitution, qu'il traite en prenant de la hauteur, se refusant à tout jugement et les incluant dans des destins qui font en sorte que l'individu bascule dans le mal plutôt que dans le bien. Oui, ce sont ces instants de la renverse que le cinéaste s'attache à décrire, moments de dualité obscurs et impénétrables durant lesquels l'être ne cesse d'osciller en vain et que l'auteur décortique lors de narratifs parfaitement maîtrisés où n'entrent ni vulgarité, ni facilité. L'exigence est au coeur de ses films, celle d'une mise en scène au service de scénariis complexes et plein d'ambivalences.
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