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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 10:45
MICHELE MORGAN

 

Michèle Morgan, de son vrai nom Simone Roussel, née à Neuilly-sur-Seine le 29 février 1920, est une des stars qui a le mieux illustré le cinéma français des années 40 à 60 et même au-delà, par son élégance, sa classe, la beauté énigmatique de son regard, qui rappelait celui de Garbo, et par son jeu empreint de sensibilité et de retenue. Dès l'aube de sa carrière, elle partagera l'affiche avec les plus grands acteurs. Marc Allégret, qui la fait débuter dans "Gribouille" en 1937, ne craint pas de lui donner pour partenaire Raimu, véritable monstre sacré du cinéma d'avant-guerre, mais la novice de 17 ans ne se laissera pas impressionner et tiendra son rôle avec simplicité et naturel. L'année suivante, elle tourne "Quai des brumes" de Marcel Carné avec Jean Gabin, film qui fera de la jeune fille un peu timide une vedette internationale. Elle n'a pas vingt ans mais son regard a marqué d'une trace indélébile le cinéma de l'époque par sa clarté et sa mélancolie. Suivent en 1959 "La loi du Nord" de Jacques Feyder et "Remorques" de Jean Grémillon où elle est de nouveau au côté de Jean Gabin.

 

En 1942, fuyant l'Occupation, elle part aux Etats-Unis. Elle y restera jusqu'en 1946, épousera l'acteur américain William Marshall qui lui donnera un fils Mike en 1944. Sa carrière aux USA l'ayant déçue (il est en effet inutile de citer les quelques navets où elle figure), elle revient en France pour être l'émouvante Gertrude de "La symphonie pastorale" de Jean Delannoy, triomphe personnel qui lui méritera le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 1946. Elle devient alors l'actrice la plus représentative de ce cinéma français dit "de qualité" qui devait être, par la suite, tant moqué et décrié par les cinéastes de la Nouvelle Vague. Son extraordinaire photogénie, sa distinction, son naturel lui permettent d'entrer dans des personnages très divers sans rien perdre de son autonomie et de sa classe. Si bien qu'elle ne cesse plus de tourner. Ce seront en 1953 "Les Orgueilleux" d'Yves Allégret avec Gérard Philipe qu'elle retrouve en 1955 dans "Les grandes manoeuvres" de René Clair, film où elle apparaît éblouissante de charme et de féminité. Suivront "Le miroir à deux faces" de Cayatte avec un Bourvil bouleversant et "Fortunat" d'Alex Joffé en 1960 toujours avec Bourvil.

 

Star aux soixante-cinq films, héroïne affranchie de l'avant-guerre, symbole érotique d'une époque dominée par la femme fatale, elle achèvera sa carrière dans la douceur d'une vie bourgeoise en peignant pour son seul plaisir. "J'ai toujours incarné l'image d'une femme française dans laquelle on pouvait se retrouver. Je ne me voyais pas en femme de mauvaise vie et, d'ailleurs, personne n'y aurait cru. Surtout pas les femmes qui sont les trois-quarts de mon public" - écrira-t-elle dans ses mémoires. Après avoir divorcé de William Marshall, elle épouse Henri Vidal en 1950. Ils apparaissent ensemble dans plusieurs films, mais ce dernier meurt en 1959 des suites d'une longue maladie et, désormais, Michèle Morgan associera sa vie à celle du cinéaste Gérard Oury jusqu'à la disparition de celui-ci.
 


A partir de 1960, elle va se faire rare au cinéma, privilégiant le théâtre, la poésie et la peinture qu'elle exerce avec talent depuis de nombreuses années. Elle joue, entre autres pièces, "Chéri" de Colette et rédige trois ouvrages qui s'inspirent de sa carrière d'actrice : "Mes yeux ont vu" (1965), "Avec ces yeux-là" (1977) et "Le Fil bleu" (1993). On la voit encore lumineuse et irrésistible dans "Benjamin ou les Mémoires d'un puceau" de Michel Deville en 1967, puis dans "Le chat et la souris" de Claude Lelouch en 1975 et, enfin, dans "Ils vont tous bien" de Giuseppe Tornatore en 1989. En 1990, elle se retire définitivement pour poursuivre son activité de peintre et aura la douleur de perdre son fils unique Mike Marshall en 2005 et son compagnon Gérard Oury en 2006. Plusieurs récompenses témoignent de son talent d'actrice et de son rôle d'ambassadrice du cinéma français auquel elle s'est employée avec son élégance habituelle : le lion d'or pour l'ensemble de sa carrière à la Mostra de Venise en 1996 et un César d'honneur à Cannes en 1992. En quelque sorte une carrière exemplaire menée de conserve par une actrice de talent et une femme d'exception. Elle s'est éteinte le 20 décembre 2016 à Neuilly à l'âge de 96 ans.

 

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commentaires

A
Bonsoir Armelle, bel hommage pour cette actrice qui restera une légende dans le cinéma français. J'ai eu la chance de la voir deux fois au théâtre. Chéri, aux côtés d'Odette Laure et de Jean-Pierre Bouvier. Les monstres sacrés plus tard, avec Jean Marais. À cette époque nous avions réellement l'impression de voir des stars de cinéma qui venaient s'amuser sur les planches ! Et ce, pour notre plus grand plaisir.
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D
Bonjour Armelle, je n'étais une inconditionnelle de cette actrice mais c'est une légende et une grande dame du cinéma français qui est partie. Bonne journée.
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G
Arrivée trop tôt à Holywood, elle fut presque massacrée par ce milieu cruel. Sa force de caractère et son grand talent auront contribué, dès son retour en France, à relancer la carrière de celle qui devint, jusqu'à son départ cette semaine, une des stars incontestées du cinema, et une grande dame de nos deux cultures.IN MEMORIAM..
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R
rectificationHenri Vidal n'est pas mort des suites d'une longue maladie, ce qui sous entend qu'il aurait eu un cancer. Il a succombé à une crise cardiaque, lors d'une énième cure de désintoxication : il était héroïnomane.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

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