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14 avril 2008 1 14 /04 /avril /2008 17:28

mongol-(2)
                                                       

                                                

Parce qu'il en avait assez des clichés autour du personnage légendaire de Genghis Khan, Sergei Bodrov a choisi de raconter, dans un premier temps, car une suite est prévue - l'enfance et l'adolescence tumultueuse de celui qui n'était encore que Temoudjin. Une incroyable destinée à laquelle le cinéaste du Prisonnier du Caucase s'est consacrée avec détermination, car il fallait oser porter à l'écran cette figure de l'Histoire qui hante encore les consciences asiatiques et européennes. Il fut sans nul doute l'un des plus grands conquérants que l'humanité ait connu, puisqu'il parvint à créer un empire colossal, comparable en taille à celui d'Alexandre.



Cette fresque épique, parfois un peu redondante, co-produite par l'Allemagne, la Russie et le Kazakhstan bénéficie de nombreux atouts : des décors naturels grandioses ( les steppes mongoles et chinoises ), le souffle puissant de ce personnage mythique qui saura unir pour conquérir, enfin le traitement musclé des combats à la manière de Zhang Yimou ou du Riddley Scott de Gladiator. Mais il est vrai que dès que le cinéaste passe à l'image numérique, les choses se gâtent et que les combats prennent une coloration artificielle et virtuelle regrettable. Heureusement, Bodrov n'en abuse pas et la plupart de ceux-ci sont des cavalcades superbes et impressionnantes de virtuosité. L'auteur sait rendre compte de ce qui est la marque indiscutable du génie mongol : la maîtrise de l'espace et l'art de guerroyer, cela grâce à l'alliance charnelle entre le nomade et sa monture. N'est-ce pas les Mongols qui ont inventé  la guerre éclair ? Leur avancée, au cours de leurs conquêtes, se firent plus promptement que celle des Panzer d'Hitler, lesquels eurent bien de la peine à venir à bout des grandes plaines russes et finirent, comme les armées napoléoniennes, par s'y enliser. Alors que le Mongol galope, détruit, se retire, revient, dévaste et disparaît. Pour bien rendre cet effet-là, Bodrov a particulièrement veillé aux assauts équestres par la restitution sonore du fracas des sabots et le piétinement sur le sol steppique d'une horde d'étalons. On s'y croit, même si cela est parfois un peu pénible pour notre ouie de spectateur...Il n'empêche qu'on se laisse prendre par ces reconstitutions tournées le mors aux dents à la gloire de la cavalerie légère et des charges héroïques.



D'autre part, en bon Russe, le cinéaste nous rend sensible la dimension spirituelle de son héros. Alors que l'Occident le considère comme l'un des plus sanguinaires guerriers de tous les temps, Bodrov réussit l'exploit d'en faire, certes un loup, mais un loup obsédé par la loi, un individu indiscutablement complexe mais dépourvu de haine comme le notait déjà René Grousset. Un solitaire entouré d'amis, un prince de sang qui reconnaissait ses bâtards, un prédateur qui n'aima jamais qu'une seule femme, un homme devenu fabuleusement riche mais qui ne quitta jamais sa yourte traditionnelle.               


D'autre part, l'effort historique est louable et nous plonge dans le genèse d'une nation qui naît du chaos, nous décrivant les loi des clans, les divers rites, tout cela que le conquérant aura à charge d'unifier pour parvenir à rassembler les tribus égarées dans cet immense territoire. Aussi la destinée de ce grand guerrier est-elle fascinante, même si le film souffre de quelques répétitions dans son cheminement narratif. Cette réserve faite, Sergei Bodrov a su tirer le meilleur parti de cette dimension fantastique et nous décrire un destin qui tient de la légende à l'égal de ceux de Charlemagne et d'Alexandre le Grand. Il n'est pas de scène qui ne baigne dans l'atmosphère d'un temps où toute chose de ce monde possédait sa raison céleste. Jusqu'à la dernière, où le Khan triomphe de son dernier rival grâce à la survenue d'un orage, la nature s'étant faite la complice des desseins des dieux.



Que le cinéaste ait choisi Tadanobu Asano, un Japonais, pour incarner à l'écran Genghis Khan peut surprendre, mais l'acteur éclabousse le film d'une telle présence, d'une telle force et d'un tel mystère que l'on ne peut qu'entériner ce choix et s'en féliciter. Le casting est impeccable. Une mention spéciale à l'actrice Khulan Chuluun qui est  touchante de dignité et de beauté dans le rôle de Börte. En nous décrivant la marche irrésistible de ce souverain de l'univers, le film allie force et sensualité dans des décors à couper le souffle.

 

 Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA EUROPEEN & MEDITERRANEEN, cliquer sur les liens ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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commentaires

J
Merci, chère Armelle, de nous avoir donné l'envie d'aller voir hier ce film magnifique, avec une mise en scène grandiose et un mouvement dans l'action, dans le déroulé scénique fort intéressant. Vous voyez nous sommes devenus des lecteurs fidèles de votre blog qui nous éclaire sur le cinéma et nous balade un peu partout de par le monde. <br /> Vos fidèles amis de la Défense en mal d'évasion.<br /> <br /> Jean-Michel, Pascal et les autres
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

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