Né à Brunico en 1953, Nanni Moretti est l'une des personnalités les plus éminentes du cinéma italien. A l'adolescence, ses études secondaires terminées, il se partage entre deux passions : le water-polo et le 7e Art. Très vite, il se met en tête de devenir acteur et réalisateur, de vivre sa vie à tour de rôle, ou de façon concomitante, devant et derrière la caméra car, le plus souvent, il se mettra en scène lui-même. Dès ses débuts vont alterner les interrogations personnelles et intimes et les questionnements d'ordre politique, Moretti s'étant engagé dans ce domaine dès sa prime jeunesse. Son premier long métrage "Je suis un autarcique" date de 1976. Il y annonce la couleur et affiche déjà ses positions morales et politiques avec une ironie mordante à l'égard d'un certain gauchisme. Toujours est-il que ce premier ouvrage attire l'attention des critiques et va lui permettre d'en produire un second dans la foulée "Ecce Bombo", en 1978, qui raconte les rapports difficiles d'un étudiant avec son entourage. Il y aborde, de façon frontale, l'exacerbation du moi au travers d'un dédoublement acteur/réalisateur et le personnage de Michele, protagoniste que l'on retrouvera par la suite dans plusieurs de ses films comme son double, variation sur un personnage unique, projection cinématographique de Nanni Moretti lui-même, à mi-chemin entre l'introspection autobiographique et l'invention pure et simple. Qu'il soit membre d'une troupe de théâtre, étudiant, cinéaste, professeur de lycée (Bianca), prêtre (La messe est finie), homme politique jouer de water-polo (Palombella rossa), c'est encore et toujours le cinéaste qui se questionne tout en questionnant le public. Grâce à sa maison de production fondée en 1986, il va également produire et promouvoir de jeunes talents comme Luchetti et "Le porteur de serviette", film dans lequel il s'attribuera le rôle titre. En 1994, il obtient le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes pour "Journal intime", dans lequel il dévoile son courageux combat contre la maladie de Hodgkin, n'éprouvant plus la nécessité d'avoir recours à un double et intervenant désormais en homme public dans le débat politique et en homme privé dans le cadre de préoccupations plus personnelles.
Avec "La chambre du fils" en 2001 (Palme d'or au Festival de Cannes), il donne à son héros le prénom de Giovanni qui est le sien à l'état civil, de manière à prouver, si besoin était, que la cloison entre le cinéaste et l'individu est quasi imperceptible. Enfin avec Le Caïman, il brosse un portrait sans concession de la société italienne au moment de la campagne législative de 2006, faisant de son film une satire féroce contre Silvio Berlusconi. Il prend pour argument celui d'un acteur qui, après avoir refusé dans un premier temps, finit par accepter d'interpréter le personnage de l'homme politique. Souterrainement et malgré la diversité des sujets, l'univers de Moretti conserve sa cohérence : celle d'un homme en proie à des interrogations existentielles qui, au-delà même de sa personne, renvoient à la collectivité et dont le propos, dans sa globalité, débouche sur un constat générationnel. En 2011, avec "Habemus Papam", il confirme l'ampleur de son talent et remporte un vif succès critique et public. Avec "Mia Madre" (2015), son dernier opus, il évoque la mort de sa mère et pointe ainsi du doigt la violence de sa propre maladie, s'interrogeant sur la fragilité des choses et de l'humain lorsque ce dernier est saisi par la douleur de la remémoration.
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LA MESSE EST FINIE DE NANNI MORETTI
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