Il était le dernier des grands acteurs de l'après-guerre, une belle gueule qui avait enflammé la pellicule et contribué grandement à la légende hollywoodienne. Son regard bleu sans concession, sa détermination, son sérieux avaient vite fait de le placer au sommet de l'affiche, dont d'ailleurs il ne redescendra jamais. Paul Newman, c'était d'abord une présence et, dans l'action, quelqu'un de ferme, d'inaltérable comme l'acier. Avec lui, on ne tergiversait pas : on sentait d'emblée un homme décidé à aller au bout des choses ... absolument. Ce beau gosse du cinéma américain avait dans ses veines un heureux mélange de sang juif, hongrois, polonais et slovaque. Son père, tenant un magasin d'articles de sport à Cleveland, espérait que son fils prendrait sa suite. Mais le sort allait en décider autrement. En 1943, le jeune homme s'engage comme radio/mitrailleur lors de la guerre du Pacifique. Blessé, cet accident le rend désormais inapte au sport, l'incitant à se consacrer au théâtre. Entré à l'Acto's Studio, il monte sur scène à Broadway dans "Picnic" en 1953 et, deux ans plus tard, comme l'un des interprètes de "The disperate hours" où il séduit le public et se voit proposer un rôle au cinéma dans "Le calice d'argent" du réalisateur Victor Saville, sa première prestation à l'écran. Sa notoriété ne se fera pas attendre longtemps, grâce à deux films qui font date dans la filmographie hollywoodienne : "Le gaucher" d'Arthur Penn en 1957 et "La chatte sur un toit brûlant" en 1958 où il s'impose face à l'irrésistible Elisabeth Taylor, les plus beaux yeux violets du 7e Art. Dorénavant, il ne tournera plus qu'avec les très grands. Ce seront successivement "Exodus" (1960), "L'Arnaqueur" (1961), "Bush Cassidy" et le "Kid" (1969), "L'arnaque" (1973), "Le verdict" (1982). En 1958, il avait épousé en secondes noces l'actrice Joanne Woodward qu'il avait rencontrée lors du tournage de "Les feux de l'été" et avec laquelle il battra un record : celui du couple marié à Las Vegas qui a la plus longue existence matrimoniale, puisque seule la mort les séparera et avec laquelle il aura 3 filles après avoir eu 3 autres enfants de sa première épouse Jacquie White. Son fils aîné Scott décédera en 1978 d'une overdose.
Trente neuf fois nominé aux Golden Globe Award, il sera couronné par l'Oscar pour son rôle dans "La couleur de l'argent" de Martin Scorsese en 1986. L'acteur est également connu pour son implication dans le sport automobile à la suite du film "Virages", où il tenait le rôle d'un pilote tentant de concilier sa vie sentimentale et sa carrière. Ne pouvant plus viser les sommets pour raison d'âge, il parvient néanmoins à décrocher une seconde place aux Vingt-Quatre heures du Mans sur une porsche 935 en 1979. Et, par la suite, il créera une écurie de CanAm puis de CART/champ Car en partenariat avec Carl Haas, une figure bien connue du milieu automobile. Parallèlement à sa carrière d'acteur, Paul Newman s'investie dans les actions caritatives auprès des enfants cancéreux pour lesquels il organise des camps de vacances et sera généreux, d'autre part, pour financer des Centres de désintoxication. Avec son épouse, il crée la fondation "Scott Newman" en souvenir de son fils dont le but est bien entendu de lutter contre la drogue et ses conséquences. Atteint d'un cancer du poumon, il annonce en mai 2007 la fin de sa carrière cinématographique et meurt à l'âge de 83 ans le 26 septembre 2008 à Westport dans le Connecticut. "Je ne suis plus capable de travailler - avait-il dit - au niveau que je souhaite. Quand on commence à perdre la mémoire, la confiance, sa capacité d'invention, il vaut lieux tout arrêter." Acteur de grand talent et homme de grand coeur, Paul Newman ne défrayait la chronique que pour les bonnes causes et a su, au travers de 63 longs métrages, imposer un regard, une présence qui était tout simplement magnétique. Lui-même réalisa 5 films : en 1968 "Rachel, Rachel" ; en 1971 "Le clan des irréductibles" ; en 1972 "De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites" ; en 1983 "L'affrontement" et en 1987 "La ménagerie de verre". Connu et respecté pour sa discrétion, il n'en a pas moins, et à juste raison, critiqué les dérives d'Hollywood et de l'Amérique en général. Pour nous, qui ne l'avons pas quitté, revoir ses films sera toujours un immense plaisir. Son regard bleu continuera longtemps à hanter la pellicule, parce qu'il avait, en plus de la perspicacité, de l'exigence, de la rigueur et une infinie élégance morale. Né en 1925, il meurt en 2008 à l'âge de 83 ans.
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LA CHATTE SUR UN TOIT BRULANT de RICHARD BROOKS
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