Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
Considéré aujourd'hui comme l'un des metteurs en scène les plus innovants et imaginatifs, Pedro Almodovar Caballero, né le 24 septembre 1951 à Calzada de Calatrava en Espagne, quitte à 15 ans la maison familiale, sans argent et sans travail, afin de se consacrer au 7e Art. Mais Franco venant de la fermer, il ne peut s'inscrire à l'école officielle du cinéma, aussi fait-il de nombreux petits boulots avant de parvenir à s'acheter sa première caméra super 8, mais sera néanmoins obligé de travailler douze années durant comme employé de bureau à la compagnie nationale du téléphone, avant de pouvoir vivre de son art. Sans renoncer à se former sur le plan cinématographique lors de ses temps libres, collaborant également à diverses revues dans lesquelles il publie des nouvelles.
Entre 1972 et 1978, il parvient à réaliser plusieurs courts métrages et fonde, avec son frère Augustin, la maison de production El Deseo S.A. Dès son premier long métrage "Pépi, Luci, Bom et autres filles du quartier", ce jeune cinéaste, qui n'a cessé d'observer la classe moyenne espagnole, se démarque par sa liberté de ton, ses audaces, son goût prononcé pour les laisser pour compte et les marginaux, ainsi que pour les misères et déboires de tous ordres. Son second long métrage "Femmes au bord de la crise de nerfs", en 1987, décapante comédie qui met en situation le gynécée qui sera dorénavant son creuset thématique, lui ouvrira les portes du succès et lui méritera les éloges d'une critique qui, jusqu'alors, ne l'avait pas épargné. Ce film obtiendra 5 Goyas en 1989, dont celui du meilleur film. Mêlant le banal du roman-photo populaire au spectaculaire de la bande dessinée ou du polar, il déroute, surprend, dérange, mais intéresse et interpelle, et malgré le reproche que l'on adresse à son penchant pour l'outrance et la vulgarité, il s'impose comme une des têtes de proue de la Movida ibérique. On voit qu'en quelques années, le cinéaste, se refusant à la facilité et à la méthode un peu brouillonne et rageuse de ses débuts, a su bâtir un univers et une esthétique personnels, ainsi que des cadrages rigoureux qui témoignent de son exigence.
"Talons aiguilles", en 1991, va marquer un tournant décisif : bien qu'il reste fidèle à ses sources d'inspiration habituelles et son goût de la culture populaire et des personnages extravagants, il délaisse le kitsch au profit d'un cinéma introspectif qui explore les relations entre femmes principalement et revisite les codes du mélodrame, en sachant alterner à bon escient l'émouvant et le burlesque, le cocasse et l'inattendu, thèmes qu'il reprendra par la suite dans "Tout sur ma mère", "Parle avec elle", "Mauvaise éducation", "Volver" et, récemment, "Etreintes brisées". Les rapports entre générations, les crises existentielles, les divers milieux sociaux et même une subtile mélancolie donnent force et véracité à une oeuvre qui sait charmer, séduire et jouer en magicienne de la couleur et de la musique.
Désormais, il est considéré par la profession et le public comme un réalisateur qui concilie habilement films grand public et cinéma d'auteur, anticonformisme et indépendance d'esprit, produisant des oeuvres originales, écrites d'une caméra qui se plaît à élaborer des intrigues surprenantes avec une précision narrative et une grande richesse d'images. A ces qualités, le réalisateur ajoute celle d'un directeur d'acteurs remarquable et heureux. Il a su tirer de l'anonymat des jeunes femmes comme Victoria Abril, Julietta Serrano et, dernièrement, la flamboyante Penélope Cruz. Les notions de mensonge et de vérité s'entrecroisent dans un univers où les femmes ont le plus souvent les rôles clés et qui est truffé de références au cinéma américain des années 50 ( Almodovar étant un distingué cinéphile ), ainsi qu'aux autres arts et métiers du spectacle comme le théâtre, la danse, la tauromachie, la peinture.
« Depuis mon enfance - dit -il - j'ai une relation passionnée avec le cinéma. J'ai eu la vocation très tôt. J'ai toujours voulu faire des films. En tant qu'enfant, je pensais que les acteurs étaient le cinéma. Plus tard, j'ai découvert qu'il y avait beaucoup d'autres éléments autour d'eux. Des gens, par exemple, qui inventaient une histoire et la racontaient. A partir de ce moment-là, j'ai décidé que ma vocation serait celle du narrateur, le maître du jeu, celui qui décide quelle histoire il veut raconter et comment la raconter. Bien que maintenant je sois réalisateur, je pense toujours que les acteurs sont la matière dont est fait le film. Ce sont eux qui matérialisent l'histoire, ils la portent et en font quelque chose de vivant et de réel. Je suis devenu réalisateur pour diriger les acteurs ».
En 2011, le film « La piel que habito » est présenté en sélection officielle au festival de Cannes 2011. Ce nouveau film est une adaptation libre du roman français Mygale de Thierry Jonquet. C'est la deuxième fois que le réalisateur s'appuie sur une œuvre littéraire, après En chair et en os. En 2013, il revient à la comédie décalée qui l'a fait connaître à ses débuts avec « Les Amants passagers ». Depuis plusieurs années, il fait partie des réalisateurs internationaux qui concilient succès populaire et cinéma d'auteur anti-conformiste et indépendance d'esprit avec des films très écrits, visuellement sophistiqués, toujours surprenants dans l'élaboration de leurs intrigues et qui restent malgré tout très appréciés du grand public. Il a tourné douze films à Madrid. Ma vie et mes films sont liés à cette ville, comme les deux faces d'une même pièce de monnaie a-t-il écrit dans « Patty Diphusa, la Vénus des lavabos », un recueil de textes paru en 1999. Début 2015, il annonce travailler sur un nouveau projet et dévoile en mai le casting de son nouveau film. Il s'entoure notamment d'acteurs du petit écran espagnol dont Adriana Ugarte et Michelle Jenner. D'abord intitulé Silencio, le réalisateur décide finalement de changer le titre et renomme le film Julieta. Le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2016 et bien qu'il n'y ait reçu aucun prix, il connait un large succès aussi bien critique que du côté du public. Le 3 avril 2016, la fuite de documents Panama Papers confirme de façon publique son implication dans le scandale financier. Le 31 janvier 2017, il est choisi pour présider le jury du Festival de Cannes, succédant ainsi à George Miller. Il avait déjà été membre du jury en 1992, sous la présidence de Gérard Depardieu. Au printemps 2018, il commence le tournage d'un nouveau film « Douleur et Gloire » avec Penélope Cruz et Rosalia Vila.
Tout est dit de son pouvoir à faire éclore les talents.
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PENELOPE CRUZ - PORTRAIT LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART
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