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16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 08:40

                                                                                                  

En 1327, alors que la chrétienté est divisée entre l'autorité papale de Jean XXII et celle de l'empereur Louis IV du Saint-Empire, le moine franciscain Guillaume de Baskerville et le novice Adso von Melk enquêtent sur des morts suspectes qui ont eu lieu dans une abbaye bénédictine. Malgré les silences de l'abbé et du vénérable Jorge, Guillaume pressent que la clé du mystère se trouve dans la bibliothèque. Un inquisiteur, accouru pour remettre de l'ordre dans ce monastère, qui semble en proie à l'hérésie, condamne au bûcher deux moines et la jeune paysanne qui se prête volontiers à assouvir les désirs les moins purs des ressortissants. Finalement Guillaume parvient à résoudre l'énigme. C'est Jorge, en empoisonnant les pages d'un livre sacré et interdit, qui a entraîné la mort de moines trop curieux. A l'opposé des mises en scène fastueuses des productions hollywoodiennes ou des aventures exotiques, Jean-Jacques Annaud a préféré, pour ce film cosmopolite,  le huit-clos d'un monastère perdu dans les terres désertes de l'Italie septentrionale et le spectacle d'idées au spectacle tout court. L'environnement âpre et sauvage sert de toile de fond aux génériques du début et de la fin ; son immensité se prête à évoquer un ailleurs dont la découverte est l'un des thèmes du film. Mais l'essentiel se déroule à l'intérieur même de l'abbaye, dans les salles communes, la chapelle, la bibliothèque, le réfectoire et les étroites cellules des moines. Là, plongée dans un clair-obscur savamment dosé, la vie ne conserve pas moins une intensité que le confinement rend encore plus inquiétante ; les cloîtrés réprimant leurs désirs ou les assouvissant honteusement et partageant leur temps entre l'étude et la prière.

 

Rien apparemment ne saurait précipiter le cours tranquille de ces existences, sinon l'irruption de l'étranger indésirable et, de surcroît, hérétique. Situé au coeur d'une période mouvementée, le film se développe sur un rythme de plus en plus soutenu avec pour objectif le combat des hommes contre l'obscurantisme et l'opposition entre raison et surnaturel . C'est, par ailleurs, un plaidoyer en faveur de la liberté de conscience. Si la plupart des moines sont considérés comme des illuminés et des hypocrites, les personnages interprétés par Sean Connery et Christian Slater semblent s'interroger réellement sur le mystère de la foi et de l'amour de Dieu. Sans effets spéciaux, ni déploiement de foule, aux antipodes du bruit et de la fureur, Le Nom de la rose a suscité l'engouement du public lors de sa sortie en 1986 et bénéficié d'un succès international. Or si le film apparait aussi spectaculaire que ceux des maîtres américains, n'est-ce pas simplement parce que le cinéaste a choisi de prendre le contre-pied des règles et artifices du genre ? Il n'a point tenté d'adapter le roman philosophique de l'écrivain italien Umberto Eco, mais en a réalisé un palimpseste. C'est ainsi - expliquait-il à l'époque - qu'on appelle les vieux parchemins qui ont été grattés pour pouvoir être réutilisés, mais sous lesquels apparaissent, par fragments, les textes d'époque. Donc le livre va sûrement transparaître dans le film, mais j'ai voulu filmer ma vision de ce livre qui peut être lu à plusieurs niveaux. Et Eco, qui l'a très bien compris, m'y a d'ailleurs encouragé".

 

Ainsi, en imposant à son récit, à sa dramaturgie et aux personnages de se plier aux impératifs du réalisme, Annaud est-il parvenu à imposer une vérité historique et un climat qui permettent d'adhérer pleinement à cette aventure humaine hors du commun, aventure qui explore d'autres horizons que ceux de l'imagination pure et aborde avec pertinence l'histoire et son héritage, le savoir et sa transmission, la religion et son pouvoir, l'homme et sa dualité esprit/matière. Ainsi les horizons infinis de la pensée et du destin d'une civilisation élargissent-ils la fiction policière et moyenâgeuse de l'intrigue aux dimensions d'une fresque métaphysique. Avec cette oeuvre réussie et passionnante, Annaud s'est imposé comme le précurseur d'un cinéma européen ambitieux qui ose s'attaquer à des sujets difficiles sans rien perdre de son attraction populaire. Un défi gagné et un long métrage devenu un classique. Et l'une des plus belles prestations de l'acteur Sean Connery.

 

 

Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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commentaires

E
Je l'ai vu quand il est sorti. Je n'en ai donc qu'un vague souvenir - positif. Je vais donc le re-regarder ce soir avec grand plaisir!
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D
En général, je n'aime pas qu'on s'attaque à mes lectures en les portant à l'écran mais là je dois avouer que le film m'a séduit malgré mon peut d'intérêt pour cet art.<br /> <br /> Eco m'impressionne par l'immensité de sa culture et Annaud a bien mettre en images tout ce qui fait vivre ce roman.
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A
Sans en être absolument certaine, ce film aurait été tourné en Italie septentrionale. L'environnement montagneux et sauvage de cet îlot de civilisation servant de toile de fond aux génériques de début et de fin et sa majestueuse immensité tranchant d'autant plus fortement avec le confinement et le clair-obscur où les cloitrés vivent. C'est une des réussites du metteur en scène d'avoir su établir ce paradoxe.
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P
Fantastique !Nous avons vu ce film pour la première fois hier soir 14 août. je me méfie toujours un peu des films à fort "battage" souvent décevants. Mais là chapeau ! Quand à la V.O., compte tenu des nationalités des différents acteurs et de la coproduction, c'est sans intérêt. Par contre, rien dans le générique ne permet de savoir où le film a été tourné ; si quelqu'un peut nous donner le enseignement, merci d'avance
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R
Mon frère Bond123 m'a conseillé ton blog et je dois dire qu'il est vraiment cool! <br /> Je viendrais y jeter un oeil tout les jours à partir de maintenant!<br /> Bravo !
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B
Je ne suis pas très fan des films de Annaud, mais celui-ci fut un éxcellent moment de cinéma. Sean Connery est un comédien que je trouve brillant et il est vraiment géant dans ce film sombre et passionnant!
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P
superbe filmallez, je vais l'avouer : je l'ai acheté parce que Claude GIRAUD doublait Sean CONNERY et je l'ai regardé au moins trois fois. La chair de poule, l'enquête, l'atmosphère, ce film est magnifique et à chaque fois on s'y laisse prendre.<br /> Je ne peux en dire plus sur ce monastère peuplé de moines tous plus bizarroïdes les uns que les autres car ça me fait penser à des personnes existantes mais il est une chose certaine c'est que Sean Connery là-dedans ressemble à s'y méprendre à un de mes commentateurs... qui n'a pas la voix de Claude Giraud.<br /> Je lui mettrais plus de 4 étoiles à ce film si je le pouvais tellement il est bien fait
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E
je déteste la lecture des romans très pédants & mal écrits de Eco (même si je reconnais son vaste esprit érudit)<br /> JJA n'est pas non + 1 cinéaste que j'apprécie beaucoup, mais j'aime beaucoup ce film en particulier... c'est vrai qu'il a fait beaucoup d'efforts sur la lumière... & le film doit aussi énormément aux comédiens ! Sean Connery en tête évidemment & aussi à Ron Perlman
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
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