Une de nos actrices les plus talentueuses, Stéphane Audran, qui s'est éteinte en 2018 à l'âge de 85 ans, n'a jamais fait parler d'elle, sinon pour nous convaincre par son jeu sensible qu'elle était la digne continuatrice des grandes comédiennes d'avant-guerre. Née le 8 novembre 1932 à Versailles d'un père médecin et d'une mère enseignante, Stéphane Audran, qui s'appelait encore Colette Suzanne Dacheville, une fois ses études secondaires achevées, devient l'élève de Charles Dullin, de Tania Balachova et de Michel Vitold, avant d'être découverte par Claude Chabrol, qu'elle épousera en secondes noces, après son divorce d'avec Jean-Louis Trintignant. Sa carrière débute par un petit rôle dans Les Cousins (1959) que Chabrol, en découvreur de talent averti, lui confie avant de la révéler dans Les Bonnes Femmes (1960), puis de l'imposer en vedette dans une quinzaine de ses films ; on retiendra, tout particulièrement, ses prestations dans Les Biches (1968), La Femme infidèle (1969), Le Boucher (1969), Les Noces rouges (1973), Violette Nozière (1978), Le Sang des autres (1983), Poulet au vinaigre (1984) ou Betty (1992) où, grâce à la qualité de son jeu fait d'intelligence, d'une séduction un peu froide et d'une classe évidente, elle séduit le public et devient une comédienne incontournable des années 60/80. Elle obtiendra le César de la meilleure actrice en 1978 pour Violette Nozière où, curieusement, apparaît la nouvelle égérie de Chabrol : Isabelle Huppert. Le couple va se séparer en 1980 et la carrière de Stéphane Audran en souffrira fatalement. On la verra encore dans Le soleil en face (1980) de Kast, Coup de torchon (1981) de Tavernier, dans l'inoubliable rôle de Babette dans Le Festin de Babette (1987) de Gabriel Axel qui est sans nul doute sa prestation la plus éblouissante, et, dernièrement, dans La fille de Monaco (2008) auprès de Fabrice Luchini.
Dans La femme infidèle face à Michel Bouquet, dans Le boucher face à Jean Yanne, dans Coup de torchon, et, davantage encore, dans son rôle de Babette, on se rappelle de la finesse, de l'élégance, de la subtilité de ses interprétations qui, toutes, frappent par l'intensité des expressions et une silencieuse et indiscutable présence. Pas d'effets, mais une interrogation permanente, quelque chose d'indicible et de pathétique dans le regard, une délicatesse dans les gestes, une économie étonnement efficace. Je compte cette merveilleuse actrice, qui avait su se retirer sans faire de vagues, parmi mes préférées.
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