Stephen Frears a d'autant mieux séduit le public que ce cinéaste s'est essayé à tous les genres avec le même succès. Consacré par la réussite de My beautiful Laundrette en 1985, il a été pris à tort pour le nouveau spécialiste du film social, alors que ses deux films précédents Gumshoe et The Hit prouvaient qu'il pouvait exceller également dans le thriller. En définitive, ce réalisateur atypique est aussi à l'aise dans le film à la rigueur documentaire comme The Snapper ou The Queen que dans la comédie hollywoodienne, ou dans des oeuvres qui lui permettent les reconstitutions d'époque (par exemple l'Amérique des années 1980 dans High Fidelity), sachant d'emblée trouver l'imagerie et le souffle qui conviennent. Car, ce qui est essentiel pour lui, c'est le scénario et ceux qu'il a portés à l'écran jusqu'à ce jour, sont tous irréprochables. Madame Henderson avait illustré le savant mélange d'ironie et d'émerveillement avec lequel il filmait les numéros musicaux et avec son dernier opus Tamara Drewe, tiré du roman graphique de Posy Simmonds et qui n'est pas sans rappeler " Les liaisons dangereuses ", il aborde avec le même bonheur la comédie pastorale, égratignant au passage et de façon réjouissante, mais sans nul doute vacharde, un phalanstère rural d'écrivains londoniens.
Pour incarner le joli brin de fille qui va semer la zizanie dans une village du Dorset, campagne anglaise chère à Thomas Hardy (un clin d'oeil à Tess d'Uberville), avec une insolente fraîcheur, Frears a posé son dévolu sur Gemma Arterton, aux longues jambes et au visage délicieusement enfantin et délicat qui a tôt fait de faire chavirer les coeurs et les sens de quelques respectables quinquagénaires. Difficile de trouver mieux que cette jeune anglaise pour camper cette héroïne, incarnation rêvée de l'Eve tentatrice, mélange harmonieux d'innocence et de provocation, qui s'était déjà fait remarquer dans " Le choc des titans" et " L'enlèvement d'Alice Creed ". Drôle, pétillant, parfois cruel et toujours sexy, cette variation euphorisante, sortie en salles le 14 juillet 2010, avait déjà égayé le dernier Festival de Cannes et suscité quinze minutes d'ovation, c'est dire que le talent de Frears et le charme de Gemma Arterton font mouche. Imparable !
Pour accéder à la liste complète des articles de la rubrique CINEMA EUROPEEN et MEDITERRANEEN, cliquer sur le lien ci-dessous :
LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN