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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 09:05
TERRENCE MALICK, POETE PANTHEISTE DU 7e ART

 

Etudiant en philosophie, puis scénariste, Terrence Malick, né le 30 novembre 1943, occupe une place à part dans l'univers du 7e Art, de par la rareté de ses films d'abord,  de par leur puissance ensuite. Dès son premier opus La balade sauvage (1974), l'histoire d'un fait divers criminel, il déploie une réflexion très personnelle, poétique et panthéiste à la fois, sur la beauté du monde. A travers les deux films suivants Les moissons du ciel (1978) et La ligne rouge (1998), il donne plus d'ampleur encore à sa réflexion, jouant du contraste entre la brutalité des hommes et la splendeur de la nature. Luministe à la Warhol, il sait magnifiquement utiliser les ressources de la peinture américaine et une iconographie à la beauté dépouillée et grandiose à laquelle s'ajoute des choix musicaux insolites ( Satie ) et une méditation mystique qui élimine systématiquement les scènes d'action attendues ou les dialogues explicatifs pour développer, à la façon d'une symphonie, une épopée inversée mais captivante grâce aux sortilèges de l'image. C'est au spectateur à entrer progressivement dans cette oeuvre rare, dans cette réflexion savamment orchestrée, comme on le fait en littérature lorsque l'on aborde un Marcel Proust ou un Céline et, qu'à la place de l'image, la phrase vous emporte dans ses incessants méandres et vous invite à partager doutes et interrogations.

  
 

Le cinéma de Malick est cela avant tout : celui de l'interrogation, où la question compte davantage que la réponse, réponse que chacun est prié d'aller chercher en soi-même. Le réalisateur se pose ainsi en  célébrant d'un opéra mystique où l'homme est inséparable de l'univers et plein acteur de sa condition humaine, puisqu'il est tout ensemble témoin et auteur. Certes, comprendre Terrence Malick n'est pas simple. De même qu'il donne peu de directives à ses acteurs, ce n'est pas quelqu'un qui vous propose une approche pédagogique de son travail. Sa vision, il l'impose telle quelle, libre à chacun de le suivre ou pas. Et puisque l'univers et la vie sont mystère, l'oeuvre de l'artiste l'est également et il faut faire avec, accepter que l'inspiration joue sa partition sans avoir à souffrir d'entraves et de réductions. Parce que chacun de nous demeure au coeur du mystère, l'artiste, forcément en osmose avec lui, le célèbre, non de façon angélique ou moralisatrice, mais comme une relation fragile et de caractère émotionnel. D'où la beauté de ses aubes et de ses crépuscules magnifiés comme jamais à l'écran. C'est le retournement des forces, celle de l'homme acceptant de se plier aux servitudes de sa condition dans une solennité qui peut apparaître, à certains, grandiloquente.

 

Absent durant six ans, le cinéaste offre ensuite, loin du traditionnel discours sur le bien et le mal, un film controversé The tree of life dont les jurés de Cannes, faisant fi des sifflets et des ovations, ont su apprécier la valeur  : celle d'une oeuvre audacieuse, rare, signifiante et inspirée,  réflexion en forme de poème sur la difficulté ... d'être. Malgré une insistance esthétique peut-être trop envahissante, le film se place au-dessus de ce qu'il est habituel de voir, pour toutes les qualités soulignées plus haut et une thématique mise au service d'une expérience totale. Et en 2019, poussant plus loin encore sa réflexion sur le bien et le mal, Malick nous offre avec "Une vie cachée" une oeuvre remarquable à tous égards, sur la beauté de la création et la noirceur de l'homme, empli d'une spiritualité de la gratitude et de l'éloge de l'amour conjugal qui ne connaîtra pas les honneurs de Cannes, hélas ! Malick y retrace le martyre de Franz Jägertätter qui sera béatifié en 2007, autrichien qui préférera la mort au déshonneur. Film admirable, où l'espérance demeure dans un visuel vibrant et musical, envoûtante par sa profondeur, véritable parcours christique qui ne surprend pas de la part d'un connaisseur de la Bible et d'un traducteur de Heidegger.

 

 

Pour lire les articles de la rubrique consacrée aux réalisateurs, cliquer sur son titre 

 

LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN & CANADIEN, clique sur le lien ci-dessous :  

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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commentaires

A
Comme vous Sandrine, j'ai apprécié ce film et ce voyage dans des demeures invisibles.
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S
J'ai beaucoup aimé "The Tree of Life" qui m'a rivée à mon fauteuil du début à la fin. C'est exactement cela: devant les points d'interrogation, les longues envolées cosmiques, l'attente de réponses, "chacun est prié d'aller chercher en soi-même". Un proche n'a pas pu aller jusqu'au bout. Très vite, il s'est levé de son siège, exaspéré, est parti, me laissant seule prise dans le voyage. Quand nous en avons reparlé ensuite, il m'a dit que ce film l'avait profondément ennuyé, qu'il n'y voyait aucun sens sinon un pompeuse illustration, à l'aveuglette - et même psychédélique - d'une rêverie dont l'auteur n'a pas su témoigner en langage clair... Je n'ai pas eu cette impression. Quelque chose d'indéfinissable et de puissant m'a fait aimer ce film malgré, je le reconnais, quelques longueurs.
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T
Et bien je crois que beaucoup de choses dites dans ton article sont justes, Armelle ; seulement beaucoup ne valent que jusqu'à Tree of life... Et puis il s'agit moins du hiatus entre brutalité des hommes et splendeur de la nature, que du hiatus entre brutalité des hommes et de la nature et splendeur des hommes et de la nature. Quant au dernier opus, je l'ai trouvé imbuvable... tout est définitivement subordonné à la Grâce, qui inonde chaque plan avec une obsession inquiétante... Enormément déçu par rapport à mes attentes (fort grandes, malheureusement) !
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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