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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 09:25
LA TETE EN FRICHE de JEAN BECKER

    
La tête en friche, oeuvre éloignée des canons cannois car sans violence, sans sexe, sans histoire falsifiée et sans leçon d'immoralité, où figurent deux acteurs prodigieux Gérard Depardieu et la toujours irrésistible Gisèle Casadesus, qui me rappelle tellement, par son charme délicat, la regrettée Suzanne Flon - est un film signé Jean Becker, abonné absent des Festivals en général, car définitivement classé " has been " pour avoir commis une filmographie sans épate, sans égo, celle d'une France simple qui ne se hausse pas du col et ne tapine pas pour s'octroyer des faveurs. "Has been " vous dis-je...

 

Avec lui, honneur aux sans-grades, aux humbles et aux discrets, non aux repris de justice, aux dévoyés, aux loosers qui font les choux gras des metteurs en scène dont on parle dans les assises officielles, mais place aux héros ordinaires révélés par un soudain coup de pouce du destin. C'est le cas de Germain, analphabète, la cinquantaine bedonnante, qui se lie d'amitié avec la fragile Margueritte, une octogénaire passionnée de littérature qui va lui ouvrir les portes de la culture avec un grand C. Pour Germain, raillé dès l'enfance par une mère acariâtre et égocentrique et des instituteurs accablés par son ignorance, une nouvelle vie commence.

 

Adapté du roman éponyme de Marie-Sabine Roger, cette histoire à rebours des stridences du siècle nous conte la vie d'un type gentil, sensible, qui en a bavé de ne pas avoir été bon élève et de n'avoir pas su se faire aimer de sa mère. Sa rencontre avec Margueritte est une aubaine, une chance inespérée qui va lui permettre de s'instruire et de connaître la signification et le pouvoir des mots. Car l'analphabétisme n'est ni plus ni moins une souffrance dans un monde où la culture a le mérite de vous rendre moins naïf face aux affirmations des autres - souligne Jean Becker, lecteur assidu devant l'Eternel.



C'est vrai - ajoute-t-il - que je n'aime pas ce que le siècle trimbale : tout va trop vite, sans maîtrise. Ecoutez la radio, regardez la télévision : la litanie des morts, cette détresse, y compris en France, que l'on voit, que l'on ressent, ces gamins qui se servent d'un flingue comme jadis nous nous servions d'un lance-pierre. Il y a une banalisation de la misère, de la violence... Vous avez vu récemment la publicité pour la série de Canal + " Carlos ", qui a d'ailleurs été sélectionnée à Cannes ? C'est comme pour Mesrine, ça me gêne que le cinéma fasse l'apologie des terroristes, des tueurs en série.


 


Pour ce metteur en scène hors normes, l'essence du 7e Art réside dans le souci d'offrir au public des moments d'émotion exceptionnels et de promouvoir l'homme dans ce qu'il a de plus humain et de plus vrai. C'est ce qu'il parvient à faire avec La tête en friche, un film qui nous réconcilie agréablement avec un univers sans fioritures inutiles et sans excès regrettables.
Merci Jean Becker de ce moment de grâce.

 

Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, dont "Dialogue avec mon jardinier" de ce même Jean Becker, cliquer sur le lien ci-dessous :
 


LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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LA TETE EN FRICHE de JEAN BECKER
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commentaires

D
Bonjour Armelle, j'ai beaucoup aimé le film dans lequel le couple Depardieu/Casadesus est touchant. Il paraît que le roman est encore mieux. Il faudrait que je le lise. C'est le genre de film qui fait du bien au moral. Bonne fin d'après-midi.
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S
A beautiful mindMouais... J'en garde un assez bon souvenir, même si je suis loin d'être fan de Jean Becker. Je trouve son cinéma extrêmement rond, parfois même gentillet. Ses films sont divertissants, ils ont le mérite de nous rendre un peu meilleur une fois sortis de la salle... mais ça reste, pour ma part, terriblement plat d'un point de vue cinématographique.<br /> Je n'ai rien contre les ancêtres, Jean Becker est un homme respectable dans sa bonté ( même si cette dernière s'affiche maladroitement au gré des films et des entretiens )...<br /> Parmi ceux que j'ai pu voir j'ai adoré Deux jours à tuer mais aussi Effroyables Jardins ( roman de Michel Quint bouleversant, au passage...).<br /> Quoi qu'il en soit le débat Homme bon / Homme mauvais me dépasse totalement. Personnellement je préfère un cinéma qui retranscrit visuellement le conflit intérieur de l'Homme, de sa lutte incessante entre le Bien et le Mal. Rien n'est - pour ma part - plus beau qu'un film tiède, nuancé, essentiel dans sa représentation du caractère humain. <br /> La tête en friche est un moment mignon, sympathique à regarder, mais définitivement trop univoque pour remporter mon admiration totale...<br /> Mais c'est vrai que le sourire naïf de Gérard et la dignité généreuse de Gisèle Casadesus s'avère efficace, on rit, on frissonne...<br /> Ca fait du bien, parfois, les bons sentiments... mais à petite dose.<br /> Thomas.
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S
j'ai beaucoup apprécié le film, il me reste à découvrir le roman
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B
Un film que j'ai trouvé pas trop mal. Pas le meilleur de Jean Becker mais un film qui à pour lui des qualités indéniables.
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S
je n'ai pas encore eu le plaisir de le découvrir, pour cause de vacances, mais je l'ai mis en haut de la liste des films à voir
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D
Belle découverte, merci Armelle. La vérité et la beauté ne génèrent pas nécessairement la reconnaissance d'un grand public. Etre analphabète doit être une très grande souffrance aujourd'hui. On me parlait de toutes ces femmes qui se font accompagner par leur mari pour vôter...
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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