West side story est dans le genre "comédie musicale" le chef -d'oeuvre absolu. Adaptation d'un spectacle créé à Broadway, il bénéficie de l'admirable chorégraphie de Jérome Robbins, de la musique de Léonard Bernstein et de la mise en scène originale de Robert Wise. Sans compter l'interprétation qui fut à la hauteur du challenge, dont celle de Natalie Wood, émouvante Maria et du magnifique danseur qu'était George Chakiris. Tout est donc réuni pour que cette romanesque transposition du Roméo et Juliette de William Shakespeare, dans l'Amérique des années 50, ne déçoive pas la critique la plus pointue. Il est vrai que, depuis lors, ce film, réalisé en 1961, n'a pas pris une ride et que les nouvelles générations l'adoptent avec le même enthousiasme. Le sujet est certes toujours actuel, puisque les Capulets et les Montaigus de l'époque de la Renaissance sont remplacés par les bandes rivales des Sharks et des Jets du quartier West Side de New-York. C'était la première fois qu'une comédie musicale osait aborder les affrontements ethniques (ceux entre Porto-Ricains, Italiens, Irlandais et Polonais) et la violence urbaine. Pour que l'on partage plus étroitement le sentiment d'étouffement qu'éprouvaient les jeunes protagonistes à être parqués dans des quartiers sinistres, le film s'ouvre sur une vue aérienne de Manhattan avec ses gratte-ciel gigantesques qui rendent les rues semblables à de minuscules artères pour lilliputiens. Pour le reste, le film fut tourné en studio et ne nécessita pas moins de 50 décors différents, la ville devenant un élément essentiel de l'action, avec ses terrains vagues, ses parkings déserts, ses éclairages inquiétants, ses graffitis qui exhalent l'atmosphère oppressante dans laquelle vivait quotidiennement la jeune population d'immigrés. Le film nous touche d'autant plus, que cette réalité est encore actuelle, qu'elle s'est même aggravée, si bien que l'on peut se demander à l'heure des " tournantes" si le tendre sourire de Maria ne s'est pas effacé à jamais...
Tout a été dit sur ce film, sa musique, ses acteurs, sa mise en scène. Rappelons-nous qu'il fut récompensé par dix Oscars et que des mélodies comme Maria, América, Cool, Somewhere, nous émeuvent autant que celles d'un Gershwin ou d'un Brahms, c'est dire à quel niveau se situe cette réalisation musicale et chorégraphique, servie par un livret en tous points réussi. Initialement la pièce devait opposer des Irlandais à des Juifs de New-York, mais les auteurs Arthur Laurents (le livret), Stephen Sondheim (les chansons), Leonard Bernstein (la musique) décidèrent finalement de porter leur choix sur des gangs de Blancs et de Portoricains qui correspondaient mieux aux tensions sociales de l'époque. Créée le 26 septembre 1957 au Winter Garden de New-York, West Side Story obtint immédiatement un succès immense. Lorsque le projet d'en faire un film prit de la consistance, les responsables cherchèrent aussitôt à obtenir la collaboration de Jérome Robbins, le créateur du spectacle et de sa chorégraphie et Robbins, à son tour, proposa de fixer le choix de la mise en scène cinématographique à Robert Wise. Dès sa sortie en salles, le film frappa par sa nouveauté, ouvrant à la comédie musicale de nouvelles perspectives. Mais il faut bien admettre aujourd'hui que celui-ci n'eut pas à proprement parler de descendance musicale, mais influença probablement des cinéastes comme Coppola ou Lars Von Trier.
L'ouverture demeure de nos jours encore un fabuleux moment de cinéma dans lequel l'intégration des danseurs au cadre new-yorkais est stupéfiante. L'entente entre le metteur en scène Robert Wise et le maître de ballet Jérome Robbins y est pour beaucoup
"Notre collaboration s'est étendue à tous les niveaux du scénario, au choix des décors, des comédiens, bien que Robbins ne soit pas resté avec moi jusqu'à la fin du film - écrira Wise. Et savez-vous pourquoi ? - ajoutait-il. Parce que nous nous entendions trop bien. Notre complicité nous a mis terriblement en retard sur le plan du travail et le studio a jugé bon de nous séparer, surtout que nous avions longuement étudié et répété tous les numéros de danse et qu'il avait déjà tourné quatre ou cinq ballets."
Robert Wise a donc terminé seul la réalisation et ce film témoigne d'une parfaite osmose entre les deux metteurs en scène.
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