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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 09:29
WOODY ALLEN OU UN GENIE TOUCHE-A-TOUT


Venu du cabaret et de la télévision, Woody Allen s'est imposé grâce au cinéma où il fut tour à tour acteur et auteur. C'est avec Prends l'oseille et tire-toi  en 1969, où il se met en scène lui-même, que sa carrière débute vraiment. Dès lors, il ne va plus cesser  de faire rayonner l'auto dérision et de slalomer avec élégance entre rire et sérieux, à rester le clown de ses débuts tout en forçant l'admiration par son ambition d'être le représentant d'un certain esprit proprement new-yorkais. Issu d'un milieu modeste, il gagne sa vie dès l'âge de 19 ans en écrivant des dialogues pour le célèbre comique Sid Caesar, tout en produisant ses propres spectacles et en participant à quelques films. Dans ses premières réalisations, son principal souci  est de donner un prolongement cinématographique au personnage de petit homme complexé, calamiteux, hypocondriaque, obsédé par le sexe qu'il a déjà rendu populaire sur scène. C'est avec Annie Hall en 1977 qu'il est salué par la critique comme le meilleur cinéaste comique de sa génération et que, désormais, il ne va plus cesser de puiser dans son quotidien et celui de son entourage les sujets de ses gags et de son inspiration. Les changements de compagne, les sauts dans le temps et le recours à des noms différents n'y changeront rien : Woody Allen sera toujours reconnaissable à sa silhouette, à son parler et aux situations particulières où il aime à placer ses personnages comme l'avaient fait avant lui un Harold Lloyd ou un Charlie Chaplin, sans toutefois égaler le dernier nommé. En quelques quarante films, il a constitué l'instantané d'une époque entière et sut saisir les ridicules, les obsessions, les tics de plusieurs générations.


 

On peut situer l'apogée de ce cycle quasi autobiographique entre Annie Hall  et Meurtre mystérieux à Manhattan (1993), avec une véritable somme thématique dans Hannah et ses soeurs (1986). Par ailleurs, Woody  Allen réussit brillamment son incursion dans le film dit " sérieux ", existentiel comme ses comédies, mais dont il s'exclut en tant qu'interprète. Intérieurs, en 1978, surprend par la noirceur du ton et la sobriété de l'écriture et il conservera cette simplification jusqu'à l'épure dans Une autre femme et dans Match Point  (2005). Cette diversification de l'inspiration, rendue plus grave, ne restera pas sans effets sur ses comédies auxquelles il se plait souvent à injecter des scènes sombres, des réflexions philosophiques, ainsi qu'il le fera dans Crimes et délits (1989) ou Alice (1990). Les expériences stylistiques le passionnent comme en attestent Maris et femmes (1992) qu'il filme en partie caméra à l'épaule, clin d'oeil à la Nouvelle vague, et Maudite Aphrodite, scandé par un choeur antique en 1994 ou le pastiche si réussi de "Musical" que fut, en 1996, Tout le monde dit " I love you. Les reproches que certains lui adressent de se répéter sont injustifiés, car on sait qu'un véritable auteur, quel que soit son art, poursuit toujours d'oeuvre en oeuvre la même quête jusqu'à en atteindre la quintessence. Bien sûr, produisant en moyenne un film par an, Allen ne peut à chaque fois réussir un chef-d'oeuvre, mais ses films ont un ton, un style, qui sont sa marque propre et oscillent en permanence entre drôlerie, dérision, humour noir, le tout saupoudré de dialogues brillants et de mises en scène sobres et efficaces. Il a de plus en plus tendance à n'intervenir désormais que dans des rôles périphériques, laissant à des acteurs plus jeunes mais toujours chevronnés  le soin de le représenter. Le dernier en date est une variation sur la ville de Rome, comme le précédent sur la ville de Paris où affleurent souvenirs et évocations et qui, sans être des oeuvres marquantes, prouvent, si besoin est, qu'Allen a toujours la fibre créatrice et le feu sacré et un formidable savoir filmer.

 

 

Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN & CANADIEN, dont de nombreux films de Woody Allen, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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commentaires

N
woody allen est irrésistible, je l'adore<br /> merci pour cet intéressant billet, une fois de plus chère armelle
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M
Je suis très déçu du dernier.<br /> <br /> Sinon c'est un réalisateur que j'aime bien, sans plus car je le trouve un peu, mais il le dissimule dans ses personnages, prétentieux.
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E
J'adore Woody Allen, et de plus en plus. Je le suis peu ici car je n'arrive jamais à tout comprendre au cinéma, et j'attends donc que ça passe à la TV avec les "close captions". Parce que perdre du dialogue dans du Woody Allen... ce serait un sacrilège!
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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