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7 février 2016 7 07 /02 /février /2016 10:47
Journal d'un curé de campagne de Robert Bresson

« Le Journal d'un curé de campagne « ( 1950 ), d'après le roman de Georges Bernanos, compte parmi les réalisations les plus sobres et les plus achevées du cinéma français. Une première adaptation écrite par Aurenche et Bost avait été refusée par l'écrivain, aussi Bresson en prépara-t-il une autre, dépouillée à l'extrême, et donnant la préférence à des décors naturels. Il ne put la soumettre à Bernanos, mort en juillet 1948, mais reçut l'aval du critique Albert Béguin et de l'abbé Pézeril, exécuteurs testamentaires du romancier. Le film fut tourné dans un petit village de l'Artois avec, dans le rôle du curé d'Ambricourt, un comédien presque inconnu Claude Laydu et des interprètes débutants, Bresson ne voulant pas renouveler l'expérience tentée avec Maria Casarès dans « Les dames du bois de Boulogne » qui avait trop marqué cet opus de son jeu personnel. Avec ce dernier, le cinéaste amorce un tournant décisif et va désormais poursuivre une quête, qui s'avérera permanente, dans ses réalisations futures : celle du dépassement de soi.

 

 

Un jeune prêtre est nommé à Ambricourt, paroisse du pays d'Artois. De santé précaire, de caractère solitaire, il se heurte à l'hostilité des villageois. Pour nous faire entrer dans la vie de ce jeune homme en soutane, Bresson choisit de montrer d'abord des choses matérielles : une brouette, un tonneau, le pain qu'il trempe dans du vin sucré pour s'alimenter. Cette figure idéaliste apparaît sous les traits d'un taiseux, d'un jeune homme apeurée qui touche et attache. Ses tourments spirituels sont exprimés de la manière la plus physique. Et c'est le pauvre cahier d'écolier du petit curé, couvert d'une écriture fiévreuse, qui sera le fil rouge, avec sa voix off, entre les différentes  scènes dialoguées.

 


Grâce à ce sujet emprunté à Bernanos, Bresson se consacre à retracer l'itinéraire tragique d'un jeune prêtre, incompris de tous, cheminant vers  la sainteté à l'aide d'images burinées en noir et blanc, au point de rendre sensible la présence de l'invisible et l'intensité des luttes de la vie spirituelle. Son style, qui s'oppose par sa rigueur à celui bouillonnant et fiévreux du romancier catholique, offre le paradoxe d'avoir su, avec une approche différente, coïncider au plus juste à l'oeuvre littéraire. Ce qui dénote son savoir-faire et son sens aigu de la mise en scène. Par la suite, Bresson poussera plus loin encore ses recherches et ses exigences, afin de réaliser un idéal qu'il a résumé ainsi :


Le film est le type de l'oeuvre qui réclame un style et ce style il est bon de l'affirmer jusqu'à la manie. Il faut un auteur, une écriture. L'auteur écrit sur l'écran, s'exprime au moyen de plans photographiques de durées variables, d'angles de prises de vue variables. Un choix s'impose, dicté par les calculs ou l'instinct, et non par le hasard.

 

    

Le journal d'un curé de campagne ne marque pas moins une étape importante dans sa conception de la mise en scène et le rapport entre l'écriture filmique et l'écriture romanesque. Les jurés le reconnurent qui lui attribuèrent le Prix Louis-Delluc, couronnant la modernité, l'originalité dont témoignait cette adaptation d'un grand livre nourri d'une foi profonde, toute intérieure et condensée en la personne de ce jeune curé. Mais la foi est-elle donnée ? La question était du moins posée avec une ferveur peu commune dans un silence plein d’éloquence.

 

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Journal d'un curé de campagne de Robert Bresson
Journal d'un curé de campagne de Robert Bresson
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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 11:38
Robert Redford - portrait
Robert Redford - portrait

Robert Redford est né le 18 août 1936 à Santa Monica dans une famille modeste, son père, après avoir été laitier, avait décroché un poste de comptable. Passionné de peinture, il entre à l’Université du Colorado et, à l’âge de 19 ans, embarque pour un voyage en France et en Italie avec ses pinceaux, rêvant déjà de voir  ses toiles accrochées au Musée d’Orsay. Mais nenni, ce n’est pas sa voie et il bifurque bientôt en entrant à l’«American Academy dramatics arts» où il débute une carrière professionnelle au théâtre dans les années  50. Puis, il est choisi pour jouer dans des séries télévisées où il est vite remarqué, si bien qu’il passe sans difficulté de la petite lucarne au grand écran grâce, en partie, à son physique avantageux et sa gueule de beau gosse. On connait ses films emblématiques « Butch Cassidy et le Kid », « Les Hommes du Président », « L’Arnaque » qui lui méritera l’Oscar du Meilleur acteur en 1979, « Gatsby le magnifique », « Out of Africa » et « L’homme qui murmure à l’oreille des chevaux ». Avec de tels rôles, il devient une icône du cinéma hollywoodien, un acteur qui aura pratiquement incarné à lui seul toutes les Amériques : la corrompue, la sportive, la romantique, la puritaine, l’écologiste, Amérique fatalement rebelle et assurément séduisante. C’est en 1985 qu’il partage avec Meryl Streep la vedette du film aux 7 Oscars de Sydney Pollack « Out of Africa », ce dernier l’ayant dirigé à sept reprises et, entre autres, dans « Jeremiah Johnson », « Les 3 jours du Condor », « Nos plus belles années ».

 

 

Sa carrière cinématographique commence réellement avec  « La poursuite impitoyable » d’Arthur Penn en 1966 qui le révèle définitivement au public. Dès lors, il ne quittera plus la pellicule et abordera, avec un certain succès, une carrière de réalisateur amoureux des grands espaces, doté d'une vocation d'écologiste affirmée  avec « Des gens comme les autres » en 1980. Il décrochera, par ailleurs, un Golden Globe en tant que réalisateur pour « Quiz Show » en 1995.

 

 

Fondateur du Festival de Sundance, il se plaît aujourd’hui à donner leur chance à de jeunes cinéastes. Personnellement il aspire à un 7e Art de plus en plus indépendant et innovateur. D'autre part, et depuis un bon moment, il a passé la main à Brad Pitt, côté belle gueule, mais n’a pas réussi  le virage de Eastwood en tant que réalisateur. Son dernier film « All is Lost » en 2013  le voit interpréter, seul face à la caméra, un marin perdu en mer et luttant contre les éléments déchaînés. Ce qui prouve que les risques ne lui ont jamais fait peur…

 

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Robert Redford - portrait
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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 10:09
Ettore Scola ou la nostalgie de l'histoire

 

Ettore Scola, né en 1931 et mort à l'âge de 85 ans en 2016, est l'un des plus grands cinéastes italiens de l'après guerre.  Après des études de droit, il se consacre d’abord au journalisme et à la radio avant de devenir gagman pour des films de l’acteur Toto. En 1952, il débute dans l’élaboration de scénarii et devient très vite l’associé de Ruggero Maccari, un des plus réputés en matière de comédies. Pendant une dizaine d’années, Scola va écrire une cinquantaine de films et collaborer notamment avec Dino Risi à L’homme aux cent visages (1960), La marche sur Rome (1962), Le Fanfaron (1962), Les Monstres (1963), Il gaucho (1964), Moi la femme (1971) et également, avec Antonio Pietrangeli, aux films suivants : Les joyeux fantômes (1961), Annonces matrimoniales (1964), Le cocu magnifique  et L’amour tel qu’il est (1965).  En 1964, grâce à Vittorio Gassman, il réalise son premier long métrage Parlons femme, où il entend bien imposer son style  en s’efforçant de braquer un regard critique sur la société italienne sans se réduire à un simple spectacle humoristique. Ce seront Cent millions ont disparu en 1965, Belfagor le Magnifique en 1966,  Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami disparu en Afrique ? en 1968.

 

En 1969, Le fouineur  indique plus nettement encore que Scola ne craint pas de porter le bistouri dans les plaies de la société tout en conservant un sens très sûr du divertissement. Avec Drame de la jalousie en 1970, il pose sans détour la question des rapports entre les sentiments et l’idéologie. Pour cet opus, son acteur principal Marcello Mastroianni recevra le grand prix d’interprétation au Festival de Cannes. Suit l’expérience ascétique de Trevico-Torino en 1973 sur l’émigration intérieure entre le Sud et le Nord de l’Italie, puis Nous nous sommes tant aimés en 1974, l’oeuvre qui l’imposera définitivement dans le club fermé des grands réalisateurs. Chronique amère de l’histoire de l’Italie de l’immédiat après-guerre à l’époque actuelle, le film examine sans complaisance le devenir de la société. Scola oeuvre désormais dans la perspective constante d’un va-et-vient entre passé et présent, alternant les œuvres inscrites dans la contemporanéité comme Affreux, sales et méchants en 1976, Les Nouveaux monstres en 1978, La Terrasse en 1979, Une journée particulière en 1977, Passion d’amour en 1981, La nuit de Varennes en 1982 et Le bal en 1983. Gagné par une certaine nostalgie inhérente au passage du temps, Scola s’intéresse également au problème des relations générationnelles, problème omniprésent dans La famille (1987), qui survole quatre-vingt années de l'existence d’une famille bourgeoise, thème de nouveau présent dans Splendor (1989), évocation attendrie d’une salle de cinéma condamnée à être démolie – ou encore dans Quelle heure est-il, sorte de remake de Une journée particulière, au cours de laquelle un père et son fils tentent désespérément de lier une relation durable. En effet, très ancré à gauche, Scola est avant tout un cinéaste soucieux de communiquer avec le public et de partager avec lui ses convictions. Il tente toujours de concilier un discours critique sur la société transalpine avec les nécessités du divertissement, qualités que l’on retrouve dans ses œuvres plus récentes comme Le voyage du capitaine  Fracasse (1990) d’après Théophile Gautier, Le roman d’un jeune homme pauvre (1995), un drame de la pauvreté où Alberto Sordi campe un vieux beau d’anthologie, Le dîner (1998) fresque sociologique pleine d’un humour récurrent et de sarcasme pour décrire une soirée dans un restaurant romain, Concurrence déloyale (2001) est, elle aussi, une comédie corrosive sur les lois antijuives votées en Italie en 1938 et Gente di Romana (2003), un documentaire romancé sur les diverses facettes sociales et culturelles de la capitale italienne d’aujourd’hui. Cette oeuvre importante porte, dans son ensemble, le sceau d'une joyeuse amertume, d'une défiance à l'égard des hommes si vite abusés, et une passion pour leur histoire et les grandes causes à défendre sans exaltation fébrile, davantage avec le regard d'un homme sans illusion.

 

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 09:18
Le pont des espions de Steven Spielberg

 

En 1957, la CIA arrête sur le territoire américain un espion soviétique qui se fait appeler Rudolf Abel et se nomme en réalité William Fisher. Il a transmis, grâce à son réseau d’agents, les secrets de la bombe atomique à l’URSS, il est donc promis à la chaise électrique. Comme les Américains tiennent à faire les choses dans les règles – la campagne internationale en faveur des Rosenberg, finalement exécutés en 1953, a laissé des traces - ils offrent à leur prisonnier un avocat d’office, James Donovan, plutôt spécialisé dans les assurances. Intelligent et malin, ce dernier sait qu’il va se mettre à dos l’Amérique bien  pensante qui n’accepte pas qu’on défende un espion communiste. Mais Donovan a aussi une haute idée de son métier d’avocat et ira  jusqu’à la Cour suprême pour sauver son client. Cet homme est un visionnaire. Il a anticipé l’épisode haut en couleur qui se déroulera quelques années plus tard. Quand l’avion U-2 du pilote Francis Gary Powers, qui photographiait l’URSS du haut du ciel, est abattu en 1960, le gouvernement américain est bien content de pouvoir échanger son pilote avec l’espion qui n’a pas été exécuté grâce à la formidable anticipation de James Donovan (1916-1970). L’échange aura lieu sur le pont de Glinicke, entre Berlin et Postdam, surnommé le pont des espions.

 

 

Eclairée de quelques traits d’humour, l’histoire est inspirée de faits réels et se déroule  à une époque où les Etats-Unis tenaient à afficher, à la face du monde, et contrairement à leurs rivaux soviétiques, qu’ils étaient un Etat de droit. Ce qui n’était pas prévu, c’est que l’avocat James Donovan allait tenir son rôle si magistralement qu’il parviendra à éviter à son encombrant client la chaise électrique, ce, à la grande fureur de l’opinion américaine qui le lui fera savoir par un attentat  à son domicile en présence de sa femme et de ses enfants. Son opiniâtreté et sa compétence le désigneront néanmoins à négocier, peu de temps après, l’échange de l’espion russe contre le pilote américain de l’avion espion U-2 abattu au-dessus de l’Union soviétique et retenu dans les geôles  sordides de l’URSS. Une fois encore, Donovan ne fera rien comme les autorités américaines l’envisageaient puisque, à rebours de leurs instructions, il informera ses interlocuteurs russes et est-allemands que l’échange ne pourra se dérouler que s’il inclut, en plus du pilote de chasse, un étudiant américain arrêté à Berlin-Est au moment où il tentait de franchir le fameux mur dont la construction venait à peine de se terminer.

 

 

Cette histoire captivante, qui voit un homme seul, étranger à ce monde de l’espionnage, manœuvrer avec une telle maestria et un esprit visionnaire pour sauver la force du droit, l’honneur de son pays et également la solidarité inconditionnelle entre compatriotes, méritait que le célèbre metteur en scène nous la conte avec cette rigueur, cette limpidité, ce sens  du rythme et de l’alternance et une reconstitution de l’esprit et de l’ambiance de l’époque absolument remarquables. Par ailleurs, Spielberg a su s’entourer de scénaristes de talent, les frères Cohen et Matt Charman qui nous ont concocté un scénario et des dialogues d’une qualité irréprochable. Avec eux, c’est l’attention portée aux personnes et un humour discrètement sarcastique qu’ils privilégient. S’ajoutent  l’interprétation de Mark Rylance dans le rôle de Rudolf Abel, peintre à ses heures et d’une parfaite rigueur professionnelle, espion couleur passe muraille à l’apparente banalité contredite par un humour désabusé et une intelligence supérieure, et celle, tout aussi sobre et convaincante de Tom Hanks dans celui de James Donovan, homme debout, si seul dans son combat, mais qui ne restera pas moins fidèle, envers et contre tout, à sa conviction que chaque individu mérite une défense équitable. Servi par de belles images dont certains regretteront l’académisme, mais que j’ai appréciées pour l’atmosphère qu’elles parviennent à créer, ce portrait contrasté de l’Amérique d’alors et des tensions qui régnaient entre les deux blocs m’apparaît comme une grande réussite. 

 

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Le pont des espions de Steven Spielberg
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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 10:41
L'Hermine de Christian Vincent

Michel Racine est un Président de cour d’assises redouté. Aussi dur avec lui qu’avec les autres, on l’appelle " le Président à deux chiffres ". Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Malade au début de ce nouveau procès, quitté par une épouse plus riche que lui, Racine couche désormais à l’hôtel en traînant sa petite valise. Tout bascule le jour où il retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir juger un homme accusé d’infanticide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Médecin anesthésiste, elle l’a arraché à la mort physique lors d’une grave opération. Retrouvée par hasard et connue par hasard, elle va, au cours de cette audience, le sauver d’une nouvelle mort, la mort morale. Ainsi la guérison de cet homme passe-t-elle par un procès dont l’intérêt principal réside dans le rôle des jurés, tous très différents, qui sont mis en présence d’un cas d’autant plus douloureux qu’il s’agit de la mort d’un enfant. Les témoins défilent sans apporter de notables éclaircissements. Qui juge qui, au final ? A un moment donné le président malmène l’un des policiers qui a découvert la mort de ce bébé de 7 mois. A chacun sa vérité, celle de ce policier honnête n’est pas plus certaine que celle du père qui attend le verdict dans le box des accusés. Michel Racine, touché par la présence de Ditte, leur rappelle qu’il faut accepter de ne pas savoir… Ainsi l’irruption de la douceur et de la tendresse dans sa vie bancale et solitaire est-elle le début d’une véritable rédemption, rédemption qui lui révèle une autre vérité : si un procès change le cours des choses, c’est peut-être d’abord vis-à-vis de soi. Nous voyons que les sentiments ont le droit de siéger dans l’enceinte stricte d’un tribunal.

 

Sidse Babeth Knudsen, qui interprète le rôle de Ditte, a été choisie par Christian Vincent à la suite de son visionnage de la série « Borgen » où il l’avait beaucoup appréciée. Et, il est vrai, qu’elle illumine le film de son rayonnement où s’allient en un dosage idéal la beauté et l’intelligence. Quant à Fabrice Luchini, qui a reçu pour le rôle de Michel Racine le prix d’interprétation à la Mostra de Venise, il est remarquable de sobriété et de naturel, homme intransigeant, droit dans ses bottes en apparence, mais plus vulnérable qu’il n’y parait, proie de toutes les perplexités de la conscience et de la vie. Sa soudaine guérison est celle du doute sur l’évidence intérieure, ce qui est vraisemblable n’étant pas obligatoirement certain. Un film qui suggère plus qu’il ne démontre et laisse à chacun son interprétation personnelle.

 

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 11:02
Le nouveau stagiaire de Nancy Meyers

Depuis la mort de sa femme, Ben Whittaker se sent seul et la retraite n'a rien arrangé. Afin de donner du piment à sa vie, il décide de postuler à un stage pour un site Internet de mode. Contre toute attente, il est pris. Jules Ostin, la patronne de l'entreprise, est d'abord surprise de sa présence et charge ses confrères de s’occuper de lui car elle estime ne pas savoir gérer les personnes âgées, mais elle s'apercevra bientôt que cette nouvelle et atypique recrue sait se faire apprécier de son équipe. Et pour cause, Ben est un homme chaleureux qui prodigue de judicieux conseils. Jules finira par se prendre d'amitié pour lui et le présentera à sa famille, si bien que le septuagénaire devient une figure quasi paternelle, très vite incontournable...

 

La réalisatrice de "Ce que veulent les femmes" (2000) consacre sa nouvelle comédie à illustrer la collaboration d'une jeune patronne de start-up et d'un retraité de 70 ans, engagé comme stagiaire dans le cadre d'une expérience intergénérationnelle, qui se révélera parfaitement efficace, malgré les handicaps supposés de son âge. Avec habileté et une bonne dose d’optimisme, Nancy Meyers tente d’échapper aux conventions et de donner une tournure joyeuse et positive à une actualité pétrie de bons sentiments. Et si les personnes du troisième âge avaient toujours un rôle à jouer et une expérience à apporter à la société déboussolée qui est la nôtre, engagée dans une constante course contre la montre où toutes les valeurs sécurisantes volent en éclats ? Oui, si la sagesse, le bons sens, la générosité, l’indulgence étaient encore de mise et pouvaient servir de béquille à certains jeunes chefs d’entreprise que leurs emplois du temps surchargés et anxiogènes mènent au désastre ? Car Jules est bien sur la voie de la dépression et de l’épuisement à tenter de mener de front vie privée et vie professionnelle. La réalisatrice a su doser avec finesse les divers éléments qui font qu’une jeune femme pleine de courage et de compétence  peut soudain perdre pied, se laisser gagner par le découragement et voir sombrer en peu de temps ce qu’elle a édifié avec talent et opportunité. Cette comédie plaisante a le mérite de nous immerger dans une atmosphère où le meilleur l’emporte sur le pire et, sans rien  cacher des obstacles inhérents à la situation, de les régler avec une tendresse amusée et bienveillante.  

 

Les acteurs sont pour beaucoup dans le charme de cette comédie légère et bien conduite et en premier lieu Robert de Niro, incroyablement séduisant dans le rôle du septuagénaire qui entend vieillir avec intelligence et altruisme et qui, soudain, se prend d’affection pour cette jeunesse courageuse et un brin déboussolée. Quant à la ravissante Anne Hathaway, elle est délicieuse de naturel et de spontanéité en chef d’entreprise dépassée par les événements et bousculée par sa soudaine notoriété dans le monde des affaires. Monde des affaires qui ne craint pas de broyer les plus performants. Voilà un film excellent pour le moral et si réconfortant que le public de la salle a applaudi, sans doute parce qu’un opus sans violence est suffisamment rare pour qu’on l’apprécie et le savoure. Certains parlent de guimauve, de mièvrerie, de sentimentalisme désuet, pas moi.

 

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Le nouveau stagiaire de Nancy Meyers
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18 octobre 2015 7 18 /10 /octobre /2015 10:25
L'homme irrationnel de Woody Allen

Une fois encore, avec son dernier opus, mené au rythme d’un scénario serré, accompagné de dialogues ciselés, Woody Allen fait mouche, malgré les grimaces presque habituelles des critiques cinématographiques qui, depuis quelques décennies, n’en finissent pas de dédaigner le maître d’hier. Oui, une fois encore, l’habile réalisateur séduit. S’ajoute le jeu d’acteurs qui s’investissent pleinement dans leur rôle comme Emma Stone, que j’avais trouvée falote dans «Magic in the moonlight», et qui s’affirme dans «L’homme irrationnel» avec assurance dans son personnage de jeune étudiante subjuguée par son professeur de philosophie, dépressif et alcoolique, qui semble accablé par la stérilité de la pensée spéculative. Cela, jusqu’à ce qu’il surprenne une inconnue en train de se plaindre d’un juge dont l’obstination réduit sa vie à une peau de chagrin et que ce récit le sorte de sa torpeur, au point  que sa raison, en pleine dérive, lui fasse envisager un plan machiavélique propre à rompre le dernier barrage de la lucidité. Persuadé qu’il a trouvé un sens à sa vie, il va accomplir l’irréparable et agir de façon à délivrer une malheureuse victime de son supposé bourreau.

 

Mais peut-on trouver le bonheur dans le crime ? La question avait déjà été posée par Barbey d’Aurevilly et analysée dans le détail par un Dostoïevski ou une Hannah Arendt. Nous savons qu’elle fascine depuis longtemps Woody Allen qui en a fait le thème de plusieurs de ses films dont «Crimes et délits», «Le rêve de Cassandre» et l’admirable «Match Point». Puisque la philosophie semble impuissante à donner sens à sa vie, Abe, non content de séduire sa jeune élève et convaincu de la désespérante impuissance du bien, se laisser aller à la tentation de choisir la voie opposée. Cette dérive est menée avec la maestria habituelle de Allen qui sait jouer des thématiques les plus contradictoires et des subversions les plus cyniques au point de les rendre presqu'acceptables. On s'amuse de le voir jongler avec les registres et les genres, le mal se savourant avec plus de gourmandise que le bien…

 

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L'homme irrationnel de Woody Allen
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16 octobre 2015 5 16 /10 /octobre /2015 10:10
Taxi driver de Martin Scorsese

 

De retour du Vietnam, Travis Bickle (Robert de Niro) est engagé dans une compagnie de taxi new-yorkaise. Mais l’ennui, l’angoisse et la mélancolie gagnent. Ses aventures nocturnes ratées par maladresse et la violence quotidienne dont il est le témoin lui font peu à peu perdre la tête. Sa rencontre avec une jeune prostituée de 14 ans (Jodie Foster) va tout faire basculer. Torturé par une obsession politique et sociale de "propreté", il s’assigne la tâche de redresser une humanité qu’il perçoit décadente et de protéger la jeune femme livrée aux sinistres obsessions de pourvoyeurs obscènes.


« Taxi driver » est d’abord une entrée dans le froid processus de la folie paranoïaque et la lente progression d’un être fruste qui s’enfonce dans les ténèbres. La descente aux enfers de Travis Bickle est proprement saisissante. De Niro est époustouflant dans ce personnage gagné par la détresse et la peur au cœur d'une mythologie urbaine qui le cerne. Malgré un narratif déprimant, l’acteur a le mérite de nous subjuguer dans le rôle de ce justicier de la ville, victime d’une humanité livrée à ses pulsions les plus abjectes.


Le monde criminel, la mafia, la cité représentent l’enfer dans la vision pessimiste de Scorsese. Les êtres sont faits pour se perdre dans des dédales qui ne mènent nulle part et où les voix de la justice sont couvertes par le bruit. Pas une seule image de lumière, de clarté, d’arbre, de fleur, toutes évoquent une nuit sinistre envahie de lueurs artificielles, de flashs rougeoyants et aveuglants qui dissolvent le réel. New-York n’est autre qu’une jungle qui réveille chez Travis les traumatismes de la guerre et les obsessions les plus funestes. Scorsese peint à merveille le glauque de ces nuits subies par cet homme qui se dit poursuivi par la solitude et l'adversité et vit dans une perpétuelle psychose où nul sourire, nulle amabilité ne sont là pour l’éclairer et l’humaniser ; oui, une nuit où les repères éclatent et où les codes se bousculent irrémédiablement. Un film éminemment désespéré sur un monde déshumanisé qui tend tout entier vers la scène finale et la tragédie illustrée par une imagerie lancinante et hallucinatoire. Un film qui n’a pas pris une ride et vous hante longtemps tant il s’inscrit dans une démarche culturelle et historique qui lui confère un sens universel.

 

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Taxi driver de Martin Scorsese
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14 octobre 2015 3 14 /10 /octobre /2015 09:42
"New-York, New-York" de Martin Scorsese"New-York, New-York" de Martin Scorsese

New York, 1945, l'Amérique fête la fin de la guerre. A cette époque-là, Jimmy Doyle, un saxophoniste, fait la connaissance de Francine, une chanteuse. Ils tombent amoureux, non sans que Jimmy ait dû multiplier les tentatives de séduction avec un culot teinté de malice. Bientôt le jeune musicien obtient un job auprès de sa conquête, dans l'orchestre où elle chante, et ils partent en tournée ensemble. Le talent de Jimmy lui vaut une rapide promotion. Bientôt, Jimmy et Francine se marient et ont un enfant. Mais la vie les sépare de plus en plus car leurs ambitions ne sont pas les mêmes. Si Jimmy tient à rester le saxophoniste bohème de ses débuts qui se produit dans des sous-sols de boîtes enfumées avec un orchestre fait de bric et de broc, Francine entame une carrière brillante qui la pousse vers Hollywood et veut élever son fils dans de bonnes conditions, sans être constamment sur les routes. Par ailleurs, c’est un peu l’histoire du film qui se projette sur le tournage. Scorsese s’enlise dans cette grosse production envisagée comme un hommage aux films des années 40 et 50. Une histoire d’amour qui va mal finir. Francine, la chanteuse (Liza Minnelli) et Jimmy, le saxophoniste (Robert De Niro) vont s’aimer, se produire ensemble dans des cabarets, mais peu à peu les divergences artistiques auront raison de leur couple. Dépassement de budget et de planning, décors trop oppressants, psychologie trop douloureuse, Scorsese n’arrivera pas, selon lui, à donner assez d’espace à ses rôles principaux. Et cependant, les scènes intimistes entre les deux protagonistes sont puissantes ! Le mal de vivre est constamment présent entre deux êtres totalement opposés et une rivalité d’artistes qui enflamme les esprits.

 


Comédie musicale ou drame en musique reflétant les angoisses d’un jeune cinéaste souffrant à l’idée d’être adulte et abandonné par l’art et l’amour, » New York, New York » est paradoxalement l’une des plus belles déclarations à la vie, au cinéma et à la musique qui se soit imprimée sur l’écran. Le chant d’amour d’un cinéaste vénérant l’art avec une foi profonde. Et la question posée à la fin du film (lorsque Francine décide de ne pas prendre la porte de sortie pour rejoindre Jimmy) est peut-être celle-ci : un artiste doit-il sacrifier son art aux dépens de l’amour ? La beauté du film et ses clins d’œil amoureux (à Vincente Minnelli, Michael Powell ou Stanley Donen) semblent y répondre par une autre question : servir son art ne serait-ce pas déjà l’amour ? D'autre part, au coeur du chaos psychologique de ses personnages, le cinéaste se plaît à faire progresser un être fruste vers la lumière. Ce sera le cas de Jimmy. Scorsese a toujours été un visionnaire qui s'est appliqué à saisir l'homme de son temps pour l'inscrire dans une perspective culturelle et historique qui lui conférera un sens universel. Dans « New-York, New-York », si peu aimé du réalisateur, les acteurs donnent la pleine mesure de leur talent et acceptent de se rendre parfaitement malléables à l'invention de leur metteur en scène, prêtant à cet opus une émotion incroyable : Robert de Niro est l’acteur exceptionnel qui ne fera que s’affirmer de film en film, d’une conviction et d’une subtilité rares ; Liza Minelli, fille de Judy Garland et de Vincente, prouve que bon sang ne saurait mentir. Un film attachant qui laisse une longue empreinte dans la mémoire. 

 

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"New-York, New-York" de Martin Scorsese"New-York, New-York" de Martin Scorsese
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11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 09:36
Un taxi pour Tobrouk de Denys de la Patellière

 

En 1942, à Tobrouk, un commando français fait sauter des dépôts d’essence allemands. Quatre soldats parviennent à s’enfuir et se retrouvent bientôt perdus en plein désert. Après une journée de marche harassante, ils repèrent une automitrailleuse allemande et ses cinq occupants. Un seul échappe à la mort et est fait prisonnier. C’est le début d’une aventure étonnante où, face au danger, chacun découvrira l’entraide pour sortit vivant d’un tel guêpier.

 


Denys de La Patellière, auteur d’un certain nombre de comédies légères, souhaitait en ce début des années 60 évoquer l’absurdité d’une guerre qui avait emporté plusieurs membres de sa famille. Il réunit alors le scénariste René Havard et le dialoguiste Michel Audiard pour construire une histoire se déroulant durant la campagne de 1942 en Libye et mettant en scène un groupe de soldats perdus dans le désert. Grâce à Michel Audiard, le scénario va se doter d’un ton ironique qui transforme progressivement le film en une comédie féroce sur l’imbécilité de tout conflit armé. Sublimé par ses dialogues savoureux, « Un taxi pour Tobrouk » évoque sur le ton de la plaisanterie des thèmes délicats comme l’obéissance aveugle à une autorité supérieure, la fraternité entre les peuples, tout en se moquant ouvertement des règles et usages imposés par l’armée, cela de façon absolument iconoclaste.

 



Opus au budget limité, il sera tourné à Almeria en Espagne (l’Afrique du Nord en pleine décolonisation était trop risquée pour les assureurs) afin de profiter d’espaces désertiques sans sortir de l’Europe. Malgré ces moyens réduits, l’équipe parvient à un résultat convaincant jusque dans les séquences de combat, cela grâce au jeu des acteurs, tous d’un naturel désarmant, c’est le cas de le dire, et d’une franche liberté de ton. Conscient des limites formelles imposées par la production, Denys de la Patellière s’est concentré sur ses personnages et les liens qui les unissent. Glissant au passage quelques vérités sur la France de la collaboration, sur l’attentisme d’une large partie de la population ou encore sur l’héroïsme de pacotille mis en avant au moment de la Libération. Aussi le film heurta-t-il quelques personnalités choquées par cet antimilitarisme, mais reçu un accueil bon enfant du public. La présence de Lino Ventura, à l’époque très populaire, y est aussi pour quelque chose. Et on y découvre un Charles Aznavour, qui lui fait face sans complexe, et confirme son réel talent d'acteur. Un film qui garde aujourd’hui encore son côté burlesque et cocasse et son cynisme de bon aloi.

 

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  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

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