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1 novembre 2021 1 01 /11 /novembre /2021 11:48

600px-Charlton Heston in The Ten Commandments film trailer

 


En 1950, un danger se profile qui peut miner l'essor du cinéma américain : l'envahissement du petit écran dans les foyers, soit cette lucarne qui a le pouvoir de retenir chez lui le spectateur et de le dissuader de se rendre dans les salles obscures. Peu importe que les images télévisées soient encore en noir et blanc, les écrans petits et les émissions proposées de piètre qualité, le cinéma est en danger et les professionnels sont tenus de réagir au plus vite, s'ils ne veulent pas que le 7e Art périclite inexorablement. C'est alors que les exploitants des salles lancent une campagne d'affiches où l'on peut lire ceci : " Prenez votre auto, dînez dehors, allez voir un bon film!" De son côté, l'industrie cinématographique multiplie les innovations et se lance un défi : au petit écran, elle oppose ... l'écran panoramique, les couleurs de plus en plus travaillées et des essais de films en 3D (en 1954 la Warner en sortira trois). Quant aux producteurs, ils se ressaisissent à leur tour en innovant dans des superproductions que le petit écran serait bien peine de concurrencer, instituant un cinéma spectaculaire sensé asseoir à tout jamais sa suprématie. Ce mouvement hollywoodien vers un cinéma qui suppose des moyens colossaux sera incarné par Cécil B. De Mille qui, dès 1918, avait appliqué le mot d'ordre d'Adolph Zukor : "Tournez des pièces prodigieuses avec des acteurs de premier ordre." En 1956, De Mille décide de tourner Les dix commandements avec Charlton Heston, Yul Brynner et Anne Baxter qui s'avèrera son film-testament ;  il y multipliera les prouesses de mise en scène en dirigeant 15 000 figurants dans les péplums bibliques dont on sait déjà qu'ils enthousiasment le public (il y avait eu en 1951 le Quo Vadis de Mervyn LeRoy). La Rome antique et l'ancienne Egypte sont des sujets porteurs qui permettent des images grandioses et des reconstitutions flatteuses à l'oeil du spectateur, si bien qu'après Les dix commandements, ce sera le Ben-Hur de William Wyler, superproduction des superproductions qui recueillera tous les superlatifs : son coût de 15 millions de dollars, ses milliers de figurants, ses quatre mois de répétition, sa séquence de course de chars qui a nécessité un réalisateur spécifique, ses trois mois de tournage, sa longueur exceptionnelle de trois heures et demie, sans compter qu'au final le film récoltera neuf Oscars et se placera au premier rang du box-office aux côtés de  Autant en emporte le vent

 


eman02-ben-hur-n-est-plus.jpg

 

A sa suite, mais sans le surpasser, il y aura Le tour du monde en 80 jours de Michael Anderson, Barabbas de R. Fleisher et la magnifique fresque historique de David Lean Lawrence d'Arabie qui fera souffler dans les salles obscures les vents du désert. Production anglo-américaine, le scénario se conformait au livre de Thomas E. Lawrence lui-même "Les sept piliers de la sagesse", où l'on voit le colonel britannique tenter de promouvoir auprès des représentants du Royaume-Uni et de la France l'indépendance des pays arabes. Trois ans plus tard, David Lean signera, avec le même scénariste Robert Bolt, une adaptation très réussie du roman de Boris Pasternak : Docteur JivagoPourtant rien n'y fera et le nombre de spectateurs continuera de chuter de façon vertigineuse. Si en 1955, on recensait chaque semaine 50 millions de spectateurs aux Etats-Unis, le nombre ne sera plus que de 30 cinq ans plus tard. L'inflation des superproductions n'est pas parvenue à gagner la guerre contre le petit écran. Néanmoins, de ce combat perdu, il nous reste quelques scènes d'anthologie inoubliables qui ont nourri notre imaginaire et contribué à parfaire à jamais la légende du 7e Art.



Pour lire les articles relatifs à cet article, cliquer sur leurs titres :

 

LAWRENCE d'ARABIE, DE LA REALITE A LA LEGENDE          

DAVID LEAN, L'IMAGIER PRESTIGIEUX

CHARLTON HESTON    

 

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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 13:48
Eugénie Grandet de Marc Dugain

Filmé par une caméra qui sait s'attarder sur les visages et les lenteurs de la vie provinciale, Marc Dugain, s'inspirant du roman d'Honoré de Balzac auquel il reste fidèle pour l'essentiel, nous met en images la vie austère d'un négociant en vins  Monsieur Grandet, qui demeure près de Saumur. Ce dernier fait vivre sa femme et sa fille Eugénie dans une austérité qu'elles croient toutes deux due à la pauvreté familiale, ne soupçonnant pas un instant qu'elle est le fruit d'une avarice incroyable, alors même qu'elles dorment sur des réserves d'or. Félix Grandet envisage, bien entendu, pour sa ravissante fille, un mariage d'argent avec un notable de la région, mariage qui n'inspire qu'inquiétude à cette jeune fille tendre et imaginative. C'est alors qu'un cousin parisien est envoyé à Saumur par son père qui a décidé de se suicider à la suite de mauvaises affaires et que Félix Grandet va s'empresser d'éloigner, ayant deviné les sentiments qui se sont emparés des jeunes gens. 

 

C'est à la mort de son père qu'Eugénie se trouvera  à la tête d'une fortune considérable qu'elle ne soupçonnait pas mais, n'ayant pu unir sa vie à celle de son cousin, elle envisage d'abord de rembourser les dettes de son oncle, ce que son fils, revenu des îles et sur le point d'épouser une noble héritière, a omis de faire. Ensuite, elle laissera vagabonder son imagination et sans doute voyagera-t-elle. Sur ce canevas proche du roman, le cinéaste a su créer une atmosphère provinciale remarquable d'authenticité et consacrer l'essentiel de l'histoire à deux acteurs de talent : Olivier Gourmet dans celui de Monsieur Grandet qui, chargé d'exprimer  la monstruosité du personnage, s'en empare avec force et conviction, et Joséphine Japy dans celui d'Eugénie, qui rassemble sur son visage délicat le feu intérieur, marque indélébile de sa résistance aux événements. Voilà un opus qui séduit par la qualité de l'interprétation, la modestie d'une chaumière campagnarde centralisant autour de la table familiale et de la cheminée le drame en train de s'accomplir, enfin la détermination des trois femmes, la mère, la fille et la servante qui acceptent l'inéluctable, confrontées à la violence abrupte d'un homme qui sacrifie tout à sa terrifiante ladrerie.  
 


Pour consulter la liste des articles de la rubrique "CINEMA FRANCAIS", cliquer  ICI

 


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Eugénie Grandet de Marc Dugain
Eugénie Grandet de Marc Dugain
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7 septembre 2021 2 07 /09 /septembre /2021 08:39
Jean-Paul Belmondo

C'est ainsi qu'il restera dans ma mémoire avec son galurin penché sur l'oeil et son mégot au coin des lèvres, tel qu'en lui-même on le découvrait dans "A bout de souffle", l'un des films qui intronisait la Nouvelle Vague et le cinéma des jeunes turcs. Belmondo, une gueule à la Gabin, une démarche un peu chaloupée, un regard qui savait se faire pesant, insistant, moqueur, et l'air éternellement gavroche d'un dandy à la mode des années 60. La notoriété, elle lui était venue avec la Nouvelle Vague et le film manifeste de Jean-Luc Godard. Il devint grâce au rôle de Michel Poiccard le symbole masculin, voyou, séducteur, désinvolte et romantique, de la génération des sixties. Par la suite, il se transformera en figure mythique du héros moderne, ivre de liberté et d'amour, capable de s'affronter à la réalité criminelle de l'argent à travers un autre personnage de Godard : "Pierrot le fou" (1969). 

 

Entre-temps, il aura tenté une autre expérience avec Jean-Pierre Melville - afin de ne pas être catalogué trop systématiquement dans un personnage marginal - en revêtant la soutane d'un jeune ecclésiastique torturé par le doute dans "Léon Morin, prêtre", prouvant qu'il était un grand acteur, en mesure d'endosser des rôles aussi différents.  Et, certes, acteur, il l'était. Né à Neuilly le 9 avril 1933 d'un père d'origine italienne, sculpteur de grand talent, et d'une mère artiste-peintre, il s'était très vite orienté vers une carrière artistique après une jeunesse tumultueuse et un détour dans un sanatorium d'Auvergne à la suite d'une primo-infection. Reçu au conservatoire en même temps que Rochefort et Marielle, il était entré dans la classe de Pierre Dux où il restera 4 années à se familiariser aux arcanes du métier. Il aspire alors au Grand Prix, mais celui-ci lui échappera, les jurés s'étant rebiffés contre l'insolence débonnaire de son interprétation, tandis que le public lui faisait un triomphe. Tant et si bien que ce sera sa photo qui apparaîtra en première page sur tous les quotidiens du soir, présageant d'un avenir prometteur. Et pour lui, cet avenir ne sera pas la Comédie-Française, comme cela est le lot habituel des premiers prix, mais des rôles où sa truculence, sa gouaille, sa drôlerie bondissante feront merveille et où son physique, aussi peu classique que son jeu, sera plébiscité. Par chance, grâce à un flair étonnant, des hommes comme Godard et Chabrol comprendront d'emblée qu'il est l'acteur en mesure d'exprimer leurs aspirations de par cette spontanéité et cette insouciance insolente qui le caractérisaient et qu'il conservera aussi longtemps qu'il tournera avec des metteurs en scène comme eux et, par la suite, comme Melville, Resnais, Malle, Lelouch, voire de Broca et Sautet. Mais le succès et la facilité aidant, il sera tenté de stéréotyper son personnage et de cabotiner fatalement, devenant en quelque sorte le champion toute catégorie du cinéma commercial. Malgré des films moins bons et élaborés en fonction de lui seul, il sauvegarde son aura et son capital de sympathie qu'un public, époustouflé par ses prouesses de cascadeur et sa gouaille communicative, ne cessera jamais de lui assurer. Belmondo, c'est l'acteur français par excellence, celui avec lequel on est assuré de passer un vrai bon moment de détente. C'est ainsi qu'il aura été tour à tour, et avec la même élégante désinvolture, Stavinski, l'As des as, Borsalino, le Marginal, le Magnifique, l'homme de Rio.

 

Après un passage à vide aux alentours des années 90, il revient à l'écran avec un film de Lelouch qui lui vaudra un César : "Itinéraire d'un enfant gâté" et surtout au théâtre avec un rôle qui lui sied comme un gant dans "Kean", puis dans "Cyrano" sous la direction de Robert Hossein. Ce sera pour lui un grand bonheur de se retrouver sur les planches en contact direct avec son public qui lui fera un triomphe. Victime d'un accident vasculaire en 2001, lors d'un séjour en Corse, il sera rapatrié d'urgence et devra à une longue, patiente et douloureuse rééducation de récupérer en grande partie son autonomie et de revenir sur nos écrans dans un film de Francis Huster, remake du Umberto B. de Vittorio de Sica : "Un homme et son chien", que je n'irai pas voir, préférant garder de ce si sympathique acteur, l'image de l'éternel casse-cou, séducteur et espiègle, telle que celle qui lui collait tellement à la peau de "l'As des as" ou "L'homme de Rio".
 

Il nous a quittés à l'âge de 88 ans après une vie où il aura fait en sorte de ne jamais perdre son temps. Cet homme pressé aimait l'action, les femmes, mais également sa famille qui l'a accompagné lors de ses épreuves de santé. Nous conserverons de lui le souvenir d'une personnalité qui s'est beaucoup amusée à exercer le métier qu'il avait choisi comme le plus beau rempart à  l'ennui et à la monotonie. Merci l'artiste. 

 

Pour prendre connaissance des articles consacrés aux films de Belmondo, dont "A bout de souffle" et  "Pierrot le fou", cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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Jean-Paul Belmondo
Jean-Paul Belmondo
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7 juin 2021 1 07 /06 /juin /2021 09:56
DINO RISI

                        

Dino Risi, le cinéaste de la comédie italienne par excellence, s'en est allé à l'âge de 91 ans, sans tambour, ni trompette, nous laissant le souvenir d'une filmographie hilarante et de qualité, allant du magnifique "Parfum de Femme" (1975) à "Le Fou de guerre" (1985). Auteur d'une oeuvre savoureuse, ce fils de médecin, qui se destinait dans un premier temps à une carrière de psychiatre, a géré le genre avec un immense talent et une fine intelligence. C'est lui qui, après la vague du néo-réalisme, fit revenir le sourire dans les salles obscures. Après avoir été l'assistant de Soldati et de Lattuada, Dino Risi sauta le pas et devint réalisateur avec un premier long métrage en 1952. Il y évoque alors les classes défavorisées dans "Pauvres mais beaux" (1956) avant de signer les troisième volet de "Pain, amour et ..." où il révélait la sculpturale Sophia Loren qui prenait le relais de Gina Lollobrigida.  Ainsi s'est-il plu à brosser des portraits jubilatoires des personnages de la vie quotidienne italienne, sans oublier de pointer du doigt avec ironie et férocité les vestiges toujours sombres du fascisme.

                          

Cela avant de réaliser ce que certains considèrent comme son chef-d'oeuvre  "Le Fanfaron" (1962), où les ressorts conventionnels de la comédie s'effritent dans une confrontation cruelle entre Vittorio Gassman et  Jean-Louis Trintignant, le quadragénaire hâbleur et le jeune homme timoré, symboles d'une société que le metteur en scène pointait du doigt sans complaisance. Il excelle également dans un film à sketchs comme "Les Poupées" et réussit une prodigieuse satire avec "Les Monstres" (1963), où il épingle, non sans délectation, la sottise de ses contemporains. Ce metteur en scène avait choisi de traiter les tragédies de l'histoire en jetant sur le faciès des montres de notre époque ou des laissés-pour-compte un masque bouffon, abordant le terrorisme par le biais de l'ambiguïté ou le mariage des prêtres par celui de l'émotion. Artisan moraliste, pudique et lucide, il le prouve encore dans "Parfum de femme" qui valut à Gassman un prix d'interprétation au Festival de Cannes 1975 et osa s'approcher d'un sujet difficile - celui d'un aveugle coureur de jupons - sans hypocrisie, où il apparaît que le désespoir peut se déguiser et s'étourdir afin que le drame vire à la farce et que le cynisme finisse par déposer les armes devant le sentiment. Avec "Parfum de femme" (1974) commence sa période pessimiste : de l'aveugle exubérant de ce film au fou dédoublé d'"Ames perdues" (1976)  et jusqu'au vieil acteur déchu de  "Dernier amour" (1978),  tous représentent les facettes révélatrices de leur auteur de plus en plus obsédé par un monde qui semble fasciné par ses abîmes.

 

Pour lire les articles de la rubrique consacrée aux réalisateurs, cliquer sur son titre :


LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART

 

Et pour consulter les critiques que j'ai faites des films de  Risi dont Parfum de femme et Le fanfaron, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN 

 

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DINO RISI
DINO RISI
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28 mai 2021 5 28 /05 /mai /2021 10:10
VITTORIO GASSMAN

                                                       
Vittorio Gassman est l'un des grands acteurs italiens qui a marqué de sa présence et de son talent le 7e Art transalpin, au même titre qu'un Marcello Mastroïanni, un Ugo Tognazzi ou un Nino Manfredi. Né à Gênes le 1er septembre 1922 d'un père autrichien et d'une mère florentine, il s'inscrivit très jeune à l'Accademia Nazionale d'Arte Drammatica de Rome après avoir tâté d'un peu de droit à la Faculté. D'emblée, il se démarque par une forte présence scénique et un fougueux tempérament qui allie insolence et panache, qualités qui lui vaudront le surnom de "matamore" ce qui signifie "le tueur" en français. Sur scène, il s'impose sans peine, grâce à un physique, certes avantageux, mais surtout par une personnalité à multiples facettes qui lui permet d'ambitionner aussi bien les rôles romantiques que la comédie et les personnages cyniques où il excelle. Il fait bientôt la connaissance de Luchino Visconti qui le mettra en scène dans des oeuvres de Shakespeare et de Pasolini, alors que le cinéma lui fait déjà des avances et, qu'en 1945, il débute dans un film de Carlo Alberto Felice : "Rencontre avec Laura" qui ne laissera pas un souvenir impérissable. Par la suite il tournera dans plus de 130 films en véritable maestro qui régnera sur cinquante ans de cinéma italien, sans pour autant renoncer au théâtre.  

 

                                                                            
En 1949, il partage l'affiche de "Riz Amer" avec Silvana Mangano, un drame qui se déroule dans l'Italie de l'après-guerre et brosse le tableau d'ouvrières travaillant dans les rizières de la plaine du Pô. Marié durant quelques années à l'actrice Shelley Winters, il fait une courte incursion dans le cinéma hollywoodien et apparaît dans " Guerre et Paix" (1956) de King Vidor auprès d'Henry Fonda, de Mel Ferrer et de la délicieuse Audrey Hepburn. De retour dans son pays, Gassman se révèle pleinement dans "Le Pigeon" (1958) de Mario Monicelli qui marque d'une pierre blanche le début de la comédie italienne, faisant suite aux films graves de l'après-guerre, satire des moeurs de la petite et moyenne bourgeoisie. Fréquemment employé pour interpréter des rôles de traître, Vittorio Gassman se plaît à divertir et la palette des personnages composites, qu'il a incarnés avec un naturel époustouflant, est impressionnante. En 1962 il crève l'écran auprès de Jean-Louis Trintignant dans "Le fanfaron" de Dino Risi où il s'impose comme un atout majeur  du cinéma italien. Un moment marquant de sa carrière sera "Parfum de femme" (1974), toujours de Dino Risi qui sait superbement l'utiliser et qui lui méritera un prix d'interprétation au Festival de Cannes. Cette même année, faste entre toutes, la sortie de "Nous nous sommes tant aimés", le chef-d'oeuvre d'Ettore Scola, contribue également à faire de lui une vedette internationale appréciée des cinéphiles. Avec Scola, il poursuivra sa participation en jouant dans "La terrasse", portrait au vitriol d'une poignée d'intellectuels, puis dans "La Famille" (1986) et enfin "Le Dîner" (1998), son avant dernière apparition sur le grand écran. Cet immense acteur, qui pouvait tout faire avec humour, émotion, lyrisme et séduction, s'éteint à Rome le 29 juin 2000, à l'âge de 78 ans, laissant une trace indélébile dans l'histoire du 7e Art.

 

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Pour lire les critiques des films où figure l'acteur dont "Riz amer", "Nous nous sommes tant aimés", "Parfum de femme" et "Le fanfaron", cliquer sur le lien ci-dessous :
 


LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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Avec sa dernière épouse Diletta d'Andrea

Avec sa dernière épouse Diletta d'Andrea

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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 10:51
THE ROAD MOVIE OU LES CARNETS de VOYAGE du 7e ART

 

La pellicule aime le voyage et il n'y a pour s'en convaincre qu'à considérer le nombre de films que le départ, la route, l'évasion ont inspiré aux cinéastes du monde entier. Je n'en veux pour preuve que le dernier Sur la route de Wim Wenders qui reprend un thème souvent traité et passe, à cette occasion, de la plume à l'image. Et comment ne pas être inspiré par un sujet aussi envoûtant, la quête permanente de l'ailleurs qui sollicite constamment l'homme et le jette dans des aventures sans cesse recommencées. En 1960, le film de voyage s'impose aux Etats-Unis comme un genre nouveau après le western et la comédie musicale. Les héros sont le plus souvent des contestataires qui soignent leur mal de vivre en prenant la route. Il est vrai qu'il y a au voyage de sérieux antécédents littéraires, L'Odyssée et Don Quichotte pour ne citer que les plus emblématiques. Le cinéma ne pouvait pas ignorer longtemps un genre aussi riche et si l'errance a si profondément inspiré les Américains, n'est-ce pas parce que leur pays est issu d'une longue épopée : la conquête de l'Ouest. Charlie Chaplin était déjà ce vagabond en quête d'un paradis imaginaire et Les raisins de la colère de John Ford ne raconte-t-il pas l'histoire de paysans chassés de leur terre  par la crise qui fuient vers la Californie afin d'y trouver du travail ? Dans les années 60, alors que le pays s'embourbe au Viêt Nam, la jeunesse cherche un exutoire et beaucoup de jeunes partent sur les routes, le voyage apparaissant comme une solution en mesure d'apaiser leur mal de vivre. Les routes symbolisent la liberté, l'insoumission et a le mérite de vous faire faire des rencontres et voir du pays. C'est au jour le jour une constante improvisation qui n'a plus rien à voir avec la monotonie habituelle du quotidien. Coppola illustrera le thème avec Les Gens de la pluie en 1969 et Denis Hopper avec Easy rider, la même année. 

 

David Lynch, jamais en panne d'imagination, poussera très loin son goût de malmener le spectateur à coups de sensations fortes, à travers l'équipée sauvage de Sailor et Lula, Palme d'or à Cannes en 1990. Ce road movie mène ni plus, ni moins au pays du cauchemar. Avec son conducteur poursuivi par un camion fou, Duel de Steven Spielberg (1971) est plus proche du thriller et du fantastique, alors qu'avec Honkytonk Man, Clint Eastwood nous invite à une escapade cocasse avec un musicien, sorte de road movie nonchalant qui est dans l'esprit d'un réalisateur qui aime faire cavalier seul. Avec Thelma et Louise en 1991, Ridley Scott nous propose une randonnée à haut risque avec deux héroïnes qui ont décidé de s'offrir un week-end entre filles, le temps d'une virée sur la route. Quand un macho tente de violer Thelma, Louise fait feu et les voilà obligées de fuir vers le Mexique. De meurtrières, elles deviendront braqueuses avant de finir cernées de toutes parts, au-dessus du Grand Canyon du Colorado, cavale jubilatoire magnifiée par des paysages grandioses. Avec ce film, Ridley Scott dénonce la brutalité de l'Amérique profonde où il n'est pas facile pour une femme d'être considérée à l'égal de l'homme. Les actrices Susan Sarandon et Geena Davis donnent un relief très convaincant à leurs rôles. Mais pour moi le plus accompli du genre est sans nul doute Into the Wild de Sean Penn, petit chef-d'oeuvre où un jeune homme trouvera la mort seul dans une caravane après une épopée personnelle d'une rare intensité. Un film dont je fais l'éloge dans l'article suivant. Cliquer sur le titre pour en prendre connaissance :   INTO THE WILD de SEAN PENN

 

 

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Les Européens ont également un style qui leur est propre et en 1974 avec Alice dans les villes, Wim Wenders commence une trilogie du voyage, en suivant un journaliste et une petite fille dans l'Europe des années 70. Traité par sa caméra, le film se teintera volontiers de métaphysique.  Faux mouvement adaptera les tribulations du Wilhelm Meister de Goethe et dans Au fil du temps (1976) un projectionniste itinérant sillonnera l'Allemagne en quête de sa vision très personnelle des choses. En France, dans Sans toit ni loi (1985), Agnès Varda met en scène une jeune vagabonde qui marche sans but et finira dans un fossé, le road movie s'avérant sans issue, alors qu'avec Tandem (1987), Patrice Leconte s'amuse des étapes successives de deux animateurs de jeux radiophoniques, un road movie quasi professionnel. Et n'oublions pas de citer la virée bretonne de Paco l'Espagnol et de Nino le Russe dans Western (1997) de Manuel Poirier. Le plus frappant reste Paris,Texas, toujours de Wim Wenders en 1984 où, sortant du désert, un homme épuisé s'effondre. Transporté à l'hôpital, il reste muet mais son frère l'identifie - il s'appelle Travis - et le ramène à Los Angeles. Palme d'or au Festival de Cannes 1984, Paris, Texas est d'abord la rencontre de plusieurs talents : celui de Wenders, qui a rarement été aussi sensible, de Sam Shepard pour un scénario qui tient vraiment la route, de Ry Cooder pour la musique, sans oublier les superbes images de Roby Müller et la performance de l'acteur Harry Dean Stanton, bouleversant Travis, qui renaît lentement au monde. La scène où il retrouve sa femme (Nastassja Kinski) est restée mythique.

 

 

paris texas Paris, Texas

 

En l'an 2000, s'il a perdu beaucoup de son esprit contestataire, le road movie n'a jamais quitté les écrans, comme en témoignent des films aussi différents et originaux que Une histoire vraie (1999), où David Lynch suit un vieil américain parcourant des kilomètres sur une tondeuse à gazon. Il fallait être Lynch pour trouver cela. Inspiré lointainement  de l'Odyssée d'Homère, O Brother de Joel Coen (2000) montre trois bagnards en cavale lancés à la recherche d'un trésor dans l'Amérique de la Grande Dépression, alors que dans Twentynine (2003), Bruno Dumont prend pour décor les amples espaces désertiques qu'affectionnait tant John Ford et nous fait participer à un voyage érotico-horrifique que l'on peut oublier de voir. Enfin dans Sideways (2005) d'Alexander Payne, nous voyons deux amis qui choisissent de parcourir la route des vins californiens pour faire le point de leur existence. Les voyages continuent et ont encore un bel avenir devant eux.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique MES BILANS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DE MES BILANS CINEMATOGRAPHIQUES

 

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Sailor_et_Lula_front.jpg 

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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 09:34
JEAN DELANNOY ET LE CINEMA LITTERAIRE

                  

Né le 12 janvier 1908, Jean Delannoy, après des études de lettres à la Sorbonne, travaille comme journaliste et critique d'art, avant de débuter au cinéma avec le court métrage. Il sera ensuite l'assistant de Jacques Deval et de Félix Gandéra, puis réalisera pour son propre compte en 1942 "Pontcarral, colonel d'empire". En 1943, "L'Eternel Retour", sur un scénario de Jean Cocteau, inspiré de la légende de Tristan et Iseult, le révèle au grand public. Ce film sera même l'un des rares succès cinématographiques sous l'Occupation. Par la suite, Jean Delannoy va s'attacher à porter à l'écran des oeuvres littéraires, dont trois grandes réalisations : La symphonie pastorale, d'après le roman d'André Gide qui remporta le Grand Prix du Festival de Cannes 1946 ; "Dieu a besoin des hommes" (1949) d'après le roman d'Henri Queffélec avec Pierre Fresnay et Madeleine Robinson et "Maigret et l'affaire Saint-Fiacre" (1959) d'après Simenon. Au total, ce ne sera pas moins de 47 films, auquel s'ajoutera son travail d'adaptateur, de scénariste et de dialoguiste. Citons parmi ses films les plus populaires : "Le bossu" (1944), "Notre-Dame de Paris" (1956) avec Gina Lollobrigida, "Le baron de l'écluse" (1959), "La princesse de Clèves" (1960) et "Les amitiés particulières" (1964), tous inspirés de romans, si bien que l'on peut parler chez Delannoy d'un cinéma littéraire.  Il est vrai que sous l'Occupation le recours à ces ouvrages présentait deux avantages : d'une part, ne pas susciter de tracasseries avec la censure allemande ; d'autre part, promouvoir auprès des Français - et au nez des Allemands - un patrimoine littéraire, dont ils avaient toutes raisons d'être fiers. C'est dans ce souci que Jean Giraudoux écrivit l'adaptation de "La duchesse de Langeais" de Balzac pour Jacques de Baroncelli, puis les dialogues des "Anges du péché", le premier film de Robert Bresson. Pour le même Bresson, Jean Cocteau modernisa un argument emprunté à Diderot. Enfin, aussitôt après la guerre, grâce à l'essor des ciné-clubs, le cinéma devint un tel phénomène culturel, auquel la Cinémathèque d'Henri Langlois ne fut pas étranger, que l'on jugea utile de joindre à cet engouement naissant celui de la littérature et que les cinéastes ne se privèrent pas de puiser dans les bibliothèques, et parmi nos plus grands classiques, les thèmes de leurs films. Delannoy pensait qu'un long métrage tiré d'un roman d'André Gide, auteur reconnu d'une certaine élite et gratifié d'un parfum de scandale, inciterait un plus large public à se familiariser avec son oeuvre. D'autant que l'affrontement entre le devoir religieux et l'amour terrestre ne pouvait en aucune façon lui attirer les foudres de la censure. Et puis Michèle Morgan, star adulée des Français, venait de rentrer des Etats-Unis. Cette inoubliable partenaire de Jean Gabin - " t'as d'beaux yeux, tu sais - n'avait pas été remplacée pendant ses années d'absence. A n'en pas douter, Jean Delannoy tenait là les ingrédients d'un film à succès et celui-ci jouissait, avant même d'être programmé en salles, d'un à-priori  favorable. 

                  

En voici l'histoire : un pasteur découvre dans une chaumière isolée, perdue dans les neiges, une fillette aveugle qu'il décide aussitôt de recueillir et d'élever avec ses propres enfants, malgré les réserves de sa femme. Au fil du temps, l'enfant sauvage va se métamorphoser en une jeune fille belle et sensible, au point d'inspirer à son protecteur des sentiments très vifs. Egalement vifs et passionnés sont ceux ressentis par le fils aîné, revenu au bercail après une longue absence. Par honnêteté, il s'en ouvre à son père. Celui-ci, probablement inspiré par la jalousie, l'enjoint de renoncer à cette inclination, lui conseillant d'épouser Piette Castéran, une amie d'enfance. Finalement le drame va se nouer et Gertrude, qui vient de recouvrer la vue à la suite d'une opération, découvre la réalité des choses et préfère se donner la mort que de causer la destruction d'une famille qui l'a accueillie et élevée. Le film, qui ne dessert nullement le roman de Gide, reçut un accueil triomphal. D'une facture classique, il compte parmi les plus grandes réussites de Delannoy et offrit à Michèle Morgan un rôle émouvant qui lui permit de renouer avantageusement avec le public français. Elle est une Gertrude touchante et délicate auprès de Pierre Blanchard et Jean Desailly, deux grands acteurs qui insufflent à leurs personnages la densité et l'acuité souhaitées. Avec "Dieu a besoin des hommes", le cinéaste s'attaque à un sujet différent. L'action se situe au coeur de la Bretagne, à l'île de Sein, où le curé, découragé par le comportement de ses ouailles que la misère incite à devenir des pilleurs d'épaves, quitte l'île brusquement et se voit remplacé par son sacristain, Thomas. Celui-ci va peu à peu se croire investi de ce ministère, écouter les îliens en confession, jusqu'au moment où un certain Joseph, qui vient de tuer sa mère par pitié, le supplie de lui donner l'absolution. Mais voilà qu'arrive un nouveau curé, en même temps que des gendarmes en charge d'éclaircir la sombre affaire du meurtre. Joseph, affolé à l'idée d'être arrêté et jeté en prison, se pend et le prêtre refuse de lui accorder des obsèques religieuses, ce qui provoque la colère de Thomas et des îliens. Ceux-ci vont passer outre et immerger au large le corps de leur camarade, parmi les chants et les prières. Ce film, comme le précédent, bénéficia d'un accueil enthousiaste. Le thème, l'interprétation de Pierre Fresnay,  un des plus grands acteurs de l'époque, et de Madeleine Robinson, dont le jeu fut toujours sobre et juste, avaient toutes les raisons de séduire, d'autant que Delannoy était un technicien habile et que le décor de cette Bretagne sauvage ne pouvait qu'enchanter le public. Ce film reste d'ailleurs dans les annales du 7è Art comme une oeuvre méritoire qui, si elle n'ouvre pas de perspectives personnelles, jouit d'un scénario solide de Bost et Aurenche et d'une belle mise en scène.

                         

Le troisième long  métrage qui, selon moi, figure au palmarès de la filmographie de Delannoy est "Maigret et l'affaire Saint-Fiacre", dont le thème est le suivant :  A Moulins, le commissaire répond à l'appel de la comtesse de Saint-Fiacre qui a reçu une lettre anonyme lui prédisant sa mort prochaine. Et le lendemain, au cours de l'office des Cendres, elle succombe à une crise cardiaque. Maigret , arrivé sur place, se met aussitôt en relation avec les personnes qui gravitaient habituellement autour d'elle. D'abord son secrétaire et amant qui a fait vendre à la comtesse la plupart de ses biens, ensuite son régisseur qui raconte au commissaire comment et pourquoi la majorité des terres a dû être cédée pour satisfaire les goûts dispendieux du fils aîné Maurice. Survient alors Maurice, scandalisé que son suicide ait été annoncé par erreur dans les pages d'un journal local. En réalité, cette fausse nouvelle a été téléphonée au journal qui l'a publiée sans s'assurer de sa véracité. Par la suite, quelqu'un a eu l'idée machiavélique de découper l'annonce et de la glisser dans le missel de la châtelaine à la page de l'office des Cendres, ce qui a provoqué sa mort. Aussi, le soir même, Maigret réunit-il l'ensemble des suspects et n'a guère de peine à démasque l'assassin qui n'est autre qu'Emile Gautier, le fils du régisseur. En agissant ainsi, il espérait récupérer ce qui restait encore des biens immobiliers, tout en faisant retomber les soupçons sur les héritiers : Maurice et Lucien. Ce film de Delannoy, qui fait suite à un précédent Maigret - "Maigret tend un piège" (1957) - est certainement la meilleure adaptation qui fut faite du roman de Georges Simenon. Jean Gabin, endossant le personnage du commissaire à la pipe, est resté dans toutes les mémoires, tant son jeu est convaincant et me parait insurpassable. D'ailleurs Simenon le reconnaissait lui-même : "Gabin a fait un travail hallucinant. Ca me gêne d'ailleurs un peu, parce que je ne vais plus pouvoir voir Maigret que sous les traits de Gabin". Quel compliment à l'intention du comédien ! D'ailleurs Gabin entrera dans la peau de ce personnage une troisième fois : après les deux Delannoy, il sera le Maigret de Gilles Grangier dans "Maigret voit rouge" (1963). De nos jours, le cinéma de Delannoy est passé de mode. La raison en est que cet auteur n'a pas su ou voulu innover et s'est contenté d'initier un cinéma commercial  de qualité, mais insuffisamment original pour figurer parmi les initiateurs du 7e Art. Classons-le néanmoins  parmi  les réalisateurs estimables de par un cinéma, certes académique, mais élégant, une technique parfaite, une habileté indéniable à bien conduire ses acteurs et à s'entourer de collaborateurs compétents. Parfois, une force dramatique et psychologique laisse entrevoir ce qu'aurait pu être cet artiste s'il avait osé lâcher la bride à son imagination et s'aventurer hors d'un cadre trop conventionnel qui l'a limité et contraint. Malgré le regret que l'on ne peut manquer de formuler à cet égard, ses films se laissent revoir sans déplaisir et Delannoy tient une place respectable dans l'histoire du cinéma français.

 

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  MICHELE MORGAN           JEAN GABIN      

 

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JEAN DELANNOY ET LE CINEMA LITTERAIRE
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25 avril 2021 7 25 /04 /avril /2021 09:22
OMAR SHARIF - PORTRAIT

 

On se souviendra de lui arrivant au galop sur son étalon noir dans le désert rouge du Wadi Rum, beau et fier en prince oriental venant défier le colonel Lawrence  dont le rêve rejoignait le sien. On l’appréciera tout autant dans le rôle du docteur Jivago auprès de la belle Julie Christie, chassé de son domaine par les milices communistes lors des premiers pas de l’URSS soviétique. Ce qui frappait chez lui, c’était probablement son regard, sa prestance, son romantisme, cette allure altière qui savait se faire proche, tendre et humaine. David Lean avait tout de suite mesuré son potentiel de séduction et lui confiera  deux rôles légendaires qui ont fait de lui un mythe, l’un de ces acteurs voués aux galaxies les plus  hautes et les plus inaccessibles.

 

Né en avril 1932 à Alexandrie dans une famille d'origine libanaise, Michel Dimitri Chalhoub est le fils de Joseph Chalhoub, marchand  de bois précieux, et de Claire Saada. Élevé dans le rite grec catholique, il se convertit à l’islam pour pouvoir épouser l'actrice égyptienne Faten Hamama, dont il a plus tard divorcé et dont il aura un fils Tarek. Après de bonnes études au Collège britannique Victoria d’Alexandrie où il étudie les mathématiques et la physique ainsi que plusieurs langues dont le français, le grec, l’italien, l’anglais et le turc, il travaille quelques années dans l’entreprise de bois précieux de son père avant d’aller parfaire son métier d’acteur, pour lequel il se sent une vocation, à la prestigieuse Royal Académie of Dramatic Art de Londres. De retour en Egypte, il est découvert par son compatriote, le cinéaste Youssef Chahine qui le fait débuter dans "Le démon du désert", puis le fera jouer dans "Les eaux noires" auprès de la star égyptienne de l’époque Faten Hamama qu’il épousera en 1954. Devenu une vedette en Egypte, il y tournera 26 films sous le pseudonyme de Omar El Sharif qui ne seront pas tous des chefs-d’œuvre.

 

En 1962, il est remarqué et engagé par David Lean pour être le prince Ali Ibn Kharish dans son premier film occidental et international « Lawrence d’Arabie », au côté de Peter O’Toole, film pour lequel il prend son pseudonyme définitif d’Omar Sharif, film qui lui méritera une célébrité mondiale et un Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle, ainsi qu’une nomination pour l’Oscar du Meilleur Second Rôle 1963. C’est alors qu’il divorce, malgré des sentiments partagés  pour « incompatibilité de la vie de couple avec la vie d’acteur international »  et s’installe avec son fils à Hollywood, ayant signé un contrat de sept ans avec les studios « Colombia Pictures ».

 

En 1965, il récidive avec un triomphe mondial dans « Le docteur Jivago », une autre réalisation du cinéaste britannique David Lean pour lequel il obtiendra le Golden Globe du meilleur Acteur, consécration d’une carrière exceptionnelle. Par la suite, il jouera dans une soixantaine de films américains et français dont « Mayerling » de Terence Young,  auprès de Catherine Deneuve en 1968, « Funny Girl » de William Wyler en 1968 avec Barbra Streisand avec laquelle il aura une liaison, « Le Rendez-vous » de Sidney Lumet en 1969, « La case » d’Henri Verneuil en 1971, « 588 rue Paradis » d’Henri Verneuil en 1992 auprès de Claudia Cardinale. En 2003, son rôle d’épicier philosophe dans « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » de François Dupeyron lui permet d’être récompensé par le César du meilleur acteur 2004.

 

Dans la vie, cet amateur de bridge et de chevaux se partage entre Le Caire et Deauville et mène une vie dilettante où il consacre  de nombreuses heures à hanter les  hippodromes et les salles de jeux. Il est l’un des joueurs de bridge les plus réputés du monde et sera vice-champion du monde en 1971 face à Pierre Jaïs et vice-champion d’Europe seniors en 1999 à Malte. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il entre dans une clinique privée au Caire où il meurt en  juillet 2015 d’une crise cardiaque. 


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Lawrence d'Arabie, de la réalité à la légende

 

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OMAR SHARIF - PORTRAIT
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19 avril 2021 1 19 /04 /avril /2021 08:43
PIER PAOLO PASOLINI OU UN CINEMA METAPHORIQUE

La mort de Pasolini, dans des circonstances dramatiques, a conféré une touche tragique à l'auréole de poète maudit dont l'oeuvre, tout autant littéraire que cinématographique, portait déjà la trace. Cette auréole de martyr, on la trouve aussi bien dans les imprécations lyriques des "Cendres de Gramsci" (1957) que dans le chant homosexuel de "Théorème" (1968), dans ses traductions libres d'Eschyle ou de Plaute ou encore dans  "Le Décaméron", les "Contes de Canterbury" et dans les "Mille et une Nuits". Partout se fait entendre le même cri  : " Je suis ... comme un serpent réduit en bouillie de sang ... comme un chat qui ne veut pas crever " - un cri dont l'écho s'identifie avec la souffrance du Christ, liée à celle complémentaire de Judas l'Iscariote, telle que le cinéaste l'a décrite dans sa version très personnelle de  "L'Evangile selon Matthieu" (1964). Son itinéraire de poète et de metteur en scène a toujours eu quelque chose de désespéré et de suicidaire marqué par un constant besoin de transgression, ainsi a-t-il donné naissance à une suite d'ouvrages disparates emplie de béances fascinantes et irrécupérables.

 

Pasolini est venu relativement tard au 7e Art, alors que sa notoriété, en temps que poète, était déjà bien assise. Il débuta en force avec "Accattone" (1961), une fable néo-réaliste cumulant les influences de De Sica et de Visconti, suivie d'un mélodrame freudien "Mamma Roma" (1962) aux accents plutôt bunuéliens. Le cinéma devient très vite pour lui, et selon ses propres termes, " la langue écrite de la réalité qui permet de traquer les vestiges des grands mythes universels, au travers de mes fantasmes personnels, le tout syncrétisé dans la gangue du lieu commun".  Tous ses films seront à double face : à la fois simples et complexes, dérisoires et sublimes, ouverts à l'abstraction mais souvent dépourvus de cohésion externe. L'inspiration est à chaque fois résolument composite, alternant le profane et le sacré, mélange de temps et d'espace, récits entrecroisés, ainsi dans des films comme "Porcherie", "Oedipe roi" et "Médée". Après avoir dédié son "Evangile" à la mémoire de Jean XXIII, il scandalise une fraction de l'opinion catholique avec "Théorème" et en enthousiasme une autre au point de se voir décerner au Festival de Venise le prix de l'Office catholique. La représentation des grands textes classiques ne l'empêchera nullement de les accompagner d'érotisme, de scatologie et de pornographie, ni de faire appel à Maria Callas pour un rôle quasi muet.

 

Dans un recueil de textes théoriques, il exaltera " la nature profondément artistique du cinéma, sa force expressive, son pouvoir de donner corps au rêve, c'est-à-dire son caractère essentiellement métaphorique ". Son exégète, Marc Gervais, décrit le projet pasonilien comme "déchiré, contradictoire, marqué par une sorte d'hystérie apocalyptique mais qui, par les moyens de l'art, cherche sans cesse le lieu et l'instant de la réconciliation ". Pour Pasolini, cette vision épico-religieuse du monde a valeur d'exorcisme. La diversité de ses dons explique sans doute son éclectisme et les exercices de funambule auxquels il aime à se livrer. Le tout ne va pas sans maladresses, rançon d'une combinaison singulière de témérité, d'élégance, de maniérisme et d'amateurisme, ce que l'on ne manquera pas de lui reprocher. Ainsi les terrains vagues à l'infini, les accoutrements baroques, les trognes patibulaires de nombre de figurants, les chairs féminines lourdement étalées ne convaincront pas toujours le public qui déplorera un manque d'harmonie et de cohésion.  Pasolini reste et restera un météore du 7 e Art dont la leçon est indéfiniment méditée. Comme l'écrit Dominique Noguez - il y a désormais un mot qui dit bien ce mélange de réalisme et de mythologie imaginaire, de sculpture moderne et de fausse préhistoire, toute cette féerie sous-prolétarienne, ce bric-à-brac de Tiers-Monde, cet exotisme hétéroclite et superlatif, ce style d'Eisenstein marocain ou de Fellini de banlieue ouvrière. Ce mot n'existait pas avant Pasolini. Il existe désormais : pasolinien.

 

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17 avril 2021 6 17 /04 /avril /2021 09:08
BARRY LYNDON de STANLEY KUBRICK

          

"Barry Lyndon" de Stanley Kubrick est un film d'une rare richesse visuelle. Chaque scène, chaque image sont dignes d'un grand maître de la peinture, tant au niveau des costumes (somptueux), des décors (qui le sont tout autant) et de l'exceptionnel travail sur les couleurs et la lumière. L'emploi de torches et de bougies crée très souvent des halos irréels qui contribuent grandement à la magie qu'il exerce. Cela a été possible grâce à l'évolution de la technique et, en particulier, de l'optique, ainsi que du traitement de la pellicule en laboratoire. Il n'en reste pas moins que le travail du chef opérateur John Alcott a fait date et fut récompensé par l'un des quatre Oscars qui couronna cette oeuvre. Enfin la musique est très présente. Pour cela, l'auteur a fait appel à Bach, Haendel, Mozart, Schubert, Vivaldi et l'ensemble contribue harmonieusement au ravissement de l'oreille. Par conséquent un long métrage qui enchante par son extrême beauté esthétique et se révèle être une adaptation exemplaire du roman de Thackeray, auquel Kubrick s'est montré fidèle comme il l'avait été avec "Lolita" de Nabokov ou "Orange mécanique" de Burgess.

 

Film à part néanmoins dans sa production cinématographique, car sans portée morale, psychologique ou politique, mais probablement son chef-d'oeuvre ( le monument du genre historique ) par sa perfection rigoureuse dans la restitution de l'atmosphère de l'époque ( on pense à Gainsborough et à Constable ) et le plus touchant et humain dans le déroulement de son intrigue et le portrait psychologique des principaux protagonistes. D'autant plus humain que ce récit d'apprentissage est digne des plus grandes oeuvres littéraires ( comment ne pas évoquer Stendhal  !) et synthèse idéale entre toutes les formes de l'art. Y contribuent, en partenariat, le cinéma par son mouvement, la peinture par ses plans sophistiqués, la musique qui berce et emporte - grand merci à Schubert plus spécialement - auxquels s'ajoute une construction dramatique qui ne sombre jamais dans le pathos et se nourrit des résonances émises par la complexité humaine des divers personnages.

 

L'Irlande dépeinte est celle du XVIIIe siècle. Ambitieux et naïf, le jeune Barry est bien décidé à s'élever dans l'échelle sociale mais, épris de sa cousine Nora, qui en préfère un autre, il provoque son rival en duel, si bien que sa victoire signe son exil et que, d'aventure en aventure, il se retrouve enrôlé dans l'armée britannique. Déserteur, il est rattrapé par les Prussiens et contraint d'espionner un compatriote irlandais : le chevalier Baribari. Les deux hommes s'enfuient et, pour survivre, s'adonnent au jeu, en trichant bien entendu, et en provoquant les mauvais payeurs en duel. Cynique et corrompu, Barry parvient cependant à séduire une jeune veuve très belle qu'il épouse, la comtesse Lyndon, avec laquelle il aura un fils et qui lui assurera, non seulement une position sociale enviable, mais la jouissance d'une immense fortune. Mais le rustre irlandais ne saura garder ni l'une, ni les autres. Il trompera sa femme et s'attirera la haine de son beau-fils qui le provoquera en duel. La déchéance suivra : il verra mourir son fils Bryan, sombrera dans l'alcoolisme avant de perdre une jambe et d'être banni d'Angleterre. Ryan O'Neal prête toute sa fougue au personnage d'un naïf ambitieux devenu, au contact du monde et des hommes, un débauché brutal et paillard, tandis que Marisa Berenson traverse le film de son élégante fragilité. L'un des sommets du 7e Art de par une magnificence rarement égalée.

 

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STANLEY KUBRICK OU LE REGARD CAMERA

 

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LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

 

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BARRY LYNDON de STANLEY KUBRICK
BARRY LYNDON de STANLEY KUBRICK
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Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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