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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 11:43

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L'histoire se passe à Téhéran. Simin demande le divorce, car son mari, Nader, qui s'y refuse, ne veut pas la suivre à l'étranger en compagnie de leur fille de onze ans, Termeh, afin que celle-ci soit assurée d’un meilleur avenir. Dépitée, la jeune femme part habiter chez sa mère. Nader, resté seul avec sa fille, ne peut s'occuper de son vieux père atteint de la maladie d'Alzheimer et engage une femme de ménage, Razieh. Celle-ci est enceinte mais le dissimule sous un large tchador. Elle vient travailler le premier jour, suivie de sa petite fille Samayeh, mais s'effraie à l'idée de devoir laver le vieillard incontinent. Le lendemain, Razieh laisse le vieil homme sans surveillance : furieux, Nader, rentré plus tôt que d'habitude, la congédie. Razieh réclame le paiement de ses heures travaillées. Nader la repousse violemment sur le palier ; celle-ci tombe dans l'escalier. La jeune femme fait une fausse couche et intente un procès à Nader, soutenue par son mari qui n'était au courant de rien, mais cette fausse couche a-t-elle été provoquée par Nader ? Simin, revenue soutenir son mari, paie la caution qui permettra à Nader de ne pas se retrouver en prison…Cependant Razieh a-t-elle dit la vérité ? Et Nader s’est-il retranché derrière un mensonge ?

 

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Une histoire simple mais si admirablement détaillée et interprétée que cette séparation a été l'événement de l'année cinématographique 2011, couronnée par le Lion d'or et l'Oscar du meilleur film étranger et que la France, à elle seule, a enregistré près d'un million d'entrées. Oui, un événement ! Malheureusement j'avais raté le film que j'ai pu visionner et apprécier sur ARTE hier soir et pour lequel je joins mon adhésion à celle de l'immense public qui l'a salué avec enthousiasme. Nous sommes là au coeur d'une fiction qui ne cesse de nous dérouter par l'intelligence et la précision implacable de son scénario et la qualité du jeu des acteurs, tous excellents, particulièrement les deux fillettes, principales victimes de ce drame intime et dont le regard ne cesse de nous interpeller.  La Séparation nous met en présence de deux milieux sociaux, l’un plus aisé que l’autre, mais tous deux prisonniers d’un système de pensée où l’honneur, le religieux, l’orgueil masculin tiennent une large part. Asghar Farhadi décrypte ainsi les difficultés quotidiennes que l’on rencontre dans ce pays, l’Iran, qui a bien du mal à concilier tradition et modernité. Le regard du spectateur est habilement sollicité par le rôle du juge, cet arbitre judiciaire qui, à certains moments, ne sait plus qui a raison, qui à tort. C’est, par conséquent, la principale réussite de La séparation d’amener le spectateur à douter comme lui, à changer de camp à maintes reprises et à prêter à cette affaire, où milieux et familles s'affrontent, une portée d’abord familiale, puis sociale et enfin politique. Par ailleurs, le cinéaste nous décrit habilement les scènes de cette vie ordinaire – qui sont souvent peu éloignées des nôtres – et où le mensonge et les petits arrangements font florès. Il apparaît que les femmes ont, en définitive, le rôle décisif , les hommes cédant trop facilement à la colère et à l'outrance et, ce, sous le regard interrogatif des enfants mêlés malgré eux à des situations douloureuses et conflictuelles. Par conséquent, à chacun sa lecture de ce  drame social et humain où intimidation et mensonge se taillent la part du lion. Une vraie réussite.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA MEDITERRANEEN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 14:33

 

 

 

LA MAISON AU TOIT ROUGE de YOJI YAMADA

 

A CAPPELLA de LEE SUJIN

 

LE PROMENEUR D'OISEAU de PHILIPPE MUYL

 

REAL de KIYOSHI KUROSAWA

 

LES CHIENS ERRANTS de TSAI MING-LIANG

 

16e FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE de DEAUVILLE - MONSTERZ de HIDEO NAKATA

 

16e FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE de DEAUVILLE - NO MAN'S LAND de NING HAO

 

L'ILE NUE de KANETO SHINDO
 

SHOKUZAI ( PENITENCE ) de KIYOSHI KUROSAWA

 

HERO de ZHANG YIMOU

 

CAUGHT IN THE WEB de CHEN KAIGE

 

THE GRANDMASTER de WONG KAR-WAI

 

THE LAND OF HOPE de SONO SION

 

MAI RATIMA de YOO JI-TAE

 

11 FLEURS de WANG XIAOSHUAI

 

SAYA ZAMURAI de HITOSHI MATSUMOTO

 

I CARRIED YOU HOME de TONGPONG CHANTARANGKUL

 

I WISH - NOS VOEUX SECRETS de HIROKAZU KORE-EDA

 

HIMIZU de SONO SION          

 

LA BALLADE DE L'IMPOSSIBLE de TRAN ANH HUNG

 

ONCLE BOONMEE de APICHATPONG WEERASETHAKUL

 

POETRY de LEE CHANG DONG        

 

LOLA de BRILLANTE MENDOZA           

 

L'ENFANT DE KABOUL de BARMAK AKRAM

 

LES 3 ROYAUMES de JOHN WOO        

 

REVES de AKIRA KUROSAWA

 

THE CHASER de NA HONG-JIN        

 

SECRET SUNSHINE de LEE CHANG DONG           

 

CHANTS DES MERS DU SUD de MARAT SARULU      

 

LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRES LA PLUIE de MIZOGUCHI

 

LA VIE D'OHARU, FEMME GALANTE de KENJI MIZOGUCHI

 

LES SEIGNEURS DE LA GUERRE de PETER CHAN

 

UN MILLIER D'ANNEES DE BONNES PRIERES de WAYNE WANG

 

SOUVENIR de IM KWON-TAEK         

 

EPOUSES ET CONCUBINES de ZHANG YIMOU

         

FLOWER IN THE POCKET de LIEW SENG TAT

 

WONDERFUL TOWN de ADITYA ASSARAT       

          

KING AND THE CLOWN de LEE JUN -IK

 

JE SUIS UN CYBORG de PARK CHAN-WOOK

 

MY BLUEBERRY NIGHTS de WONG KAR WAI

 

ADIEU MA CONCUBINE de CHEN KAIGE

 

LA FORET DE MOGARI de NAOMI KAWASE

 

IN THE MOOD FOR LOVE de WONG KAR-WAI

 

GETTING HOME de ZHANG YANG      

 

LE MARIAGE DE TUYA de WANG QUAN'AN

 

BEFORE WE WALL IN LOVE AGAIN DE JAMES LEE

 

SYNDROMES AND A CENTURY de APICHATPONG WEERASETHAKUL

 

LA CITE INTERDITE DE ZHANG YIMOU          

 

 

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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 10:49

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Le film aurait pu se nommer " Une vie " comme le roman de Guy de Maupassant, à la différence que l'héroïne du film est une jeune femme actuelle, éprise de liberté qui envisage son avenir de toute autre façon que la Jeanne du roman. Suzanne, à peine sortie de l’adolescence, supporte mal l’autorité d’un père pourtant très attentif, veuf depuis des années et qui élève seul, avec courage et dignité, ses deux filles. Magnifique personnage que ce routier qui partage son existence entre son travail et l’éducation de ses  enfants. Il est remarquablement bien interprété par un François Damiens profondément immergé dans son rôle d’homme de devoir, dont la vie n’est éclairée que par la présence et l’amour de ses filles.

 

Suzanne est visiblement la plus rebelle, face à une sœur, émouvante Adèle Haenel, qui l’adore et lui passe tous ses caprices. Un jour, le père est appelé par une conseillère familiale qui lui apprend que Suzanne est enceinte de 3 mois. C’est le choc, car il est visible que cette femme/enfant n’est pas en mesure d’élever son bébé. D’ailleurs elle va bientôt l’abandonner pour suivre Julien, un jeune malfrat qui l’entraînera dans sa dérive, larguant définitivement les amarres. Coup de cœur dont s’ensuivra une cavale, la prison, l’amour fou, le petit garçon placé dans une famille d’accueil, un autre enfant, une autre cavale et,  pour finir, la réclusion avec son deuxième bébé, une petite fille, dans un lieu de détention pour femmes.

 

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Lorsqu'elle s'est présentée à l'audition, nous dit la cinéaste Katell Quillévéré, Sara Forestier s'était vêtue comme elle pensait que Suzanne s'habillerait et avait préparé une des scènes les plus difficiles, celle où, au parloir de la prison, elle apprend par son avocate que son fils a été placé dans une famille d'accueil : "Sara est la première actrice que j'ai vue pour le rôle et j'ai su aussitôt que ce serait elle. Elle dégage une énergie phénoménale, qui contrebalance le caractère tragique de la trajectoire de son personnage. Elle veut toujours aller au bout de l'exploration, demande des prises supplémentaires et livre une infinité de variations, c'est un stradivarius." Dans le rôle de la soeur cadette, Adèle Haenel est éblouissante, "très drôle dans la vie de tous les jours, mais à l'écran elle dégage une forme de gravité qui donne beaucoup de densité à Maria, qui, dans le film, fait figure d'aînée". Le père, joué par François Damiens, "est de la même famille que ses filles de cinéma, toujours dans le plaisir du jeu."

 

Des femmes comme Suzanne, Katell Quillévéré en a rencontré lorsqu'elle a présenté son film dans une prison lyonnaise : "C'est là que j'ai mesuré la violence de mon film. Une mère séparée de son enfant comme Suzanne m'a dit, après la projection, qu'elle aurait aimé voir le film, mais dehors. Vous imaginez une histoire, vous racontez la vie de quelqu'un qui n'existe pas et voilà qu'elle apparaît devant vous… Des Suzanne,  il y en a plein les prisons." 


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L’originalité de l'opus de Katell Quillévéré est de se dérouler par séquences, laissant aux spectateurs la liberté de combler, à leur gré, les espaces vides, les lignes en suspens, ces vies entremêlées et toutes douloureuses, sans cesse contrariées dans leurs espérances. Ce sont bien des vies qui volent en éclats, des existences ratées et pourtant lourdes de sens, de souffrances quotidiennes, d’aspirations renoncées et d’une luminosité déchirante, tant nous les côtoyons chaque jour. Le réalisme du film n’en reste pas moins teinté d’une poésie tendre, celle des visites au cimetière sur la tombe de la mère disparue, celle d’un père en sanglots au chevet de sa fille, d’une sœur qui abdique ses désirs personnels pour rester proche de son père et toujours disponible pour sa sœur, d’un environnement modeste et provincial, France profonde qui cache tant bien que mal ses drames et ses deuils. Un film qui vous prend à la gorge et dont l’émotion pudique ne vous quitte pas, peut-être parce que les images restent dans un cadre intime, dans une intériorité expressive et parce que les acteurs sont d’un bout à l’autre bouleversants et vrais. Il faudra 25 ans pour que Suzanne tente de recoller les morceaux épars de sa vie chaotique. Elle le fera, désormais sans rêve, ni illusion, soumise à la seule loi qui vaille : celle du cœur.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous 
 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS
 

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 09:50

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Au soir de sa vie, une vieille dame raconte à sa fille l'histoire qu'elle a cachée à tous. Dans les années 50, après une étreinte hâtive sous les étoiles avec un joli garçon, elle s'est retrouvée enceinte. Chassée du domicile familial  par ses parents, elle a été placée dans une institution religieuse où elle a donné naissance à un fils Anthony qui restera auprès d'elle dans le couvent où la jeune femme est employée comme lingère, jusqu'à l'âge de trois ans. Mais, bientôt, l'enfant lui est retiré car, adopté comme beaucoup d'autres  par des Américains aisés, et emmené vers une destination que l'on se refusera toujours à lui communiquer. Alors que tout espoir de retrouver Anthony est définitivement perdu, Philomena croise la route d'un journaliste désabusé par la politique, un certain Martin Sixsmith (Steve Coogan) qui, après bien des tergiversations, accepte de mener l'enquête avec elle, supposant qu'au final cet article "people" risque de redorer son blason.

 

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Dès la conception du film, les scénaristes Steve Coogan et Jeff Pope ont choisi de changer l'optique du livre-témoignage de Martin Sixsmith " The lost child of Philomena Lee" dont le scénario est tiré, afin de faire de la relation entre la vieille dame et le journaliste le centre de l'histoire. Le couple, à l'écran, fonctionne parfaitement, nous donnant deux versions de l'existence totalement opposées mais fort bien senties, tant il y a d'humanité entre ces personnages différents par l'âge et la mentalité, mais habités l'un et l'autre par une absolue sincérité. D'une grande finesse, le scénario va de découverte en découverte et traite les enjeux sans tomber dans la polémique ou l'hostilité. Traité en demi-teinte, il  surfe sur l'antagonisme des caractères, en conservant la mesure et en prenant sans cesse de la hauteur. Finalement, ce sera Philomena, par sa sagesse et sa tolérance, qui saura donner à l'histoire sa philosophie constructive, ce que Judi Dench excelle à faire grâce à son jeu subtil. Elle prête à Philomena une bouleversante densité humaine et nous émeut profondément en optant pour une grande sobriété d'interprétation. C'est là où l'on juge une actrice. Un regard, un sourire suffisent à traduire l'essentiel. Face à elle, Steve Coogan, également scénariste, se révèle convaincant. 

 


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L'intérêt de l'opus réside en cette double vision des choses : chez Philomena, une incitation constante à voir au-delà des apparences en se gardant de juger et de condamner ; chez Martin, le journaliste, ce sera le contraire, la mansuétude et la bienveillance n'existant pas, la vie est un combat qu'il faut tenter de remporter à n'importe quel prix, sans s'embarrasser de scrupules. Le regard qu'il porte sur le monde est manichéen, à l'opposé de celui de Philomena, ce qui fait de lui un homme amer et désenchanté, alors qu'une joie profonde et simple habite la vieille dame. Et  cette dualité est admirablement traduite, sans lourdeur aucune, avec autant de justesse que d'intuition et d'audace et ce qu'il faut d'humour pour éviter les écueils de la sensiblerie pleurnicharde et du mélo classique. Aussi, saluons une démarche qui veille à ne sombrer ni dans les préjugés hâtifs, ni dans les jugements arbitraires et a, entre autre privilège, celui d'être bien orchestré, bien ficelé et bien joué ; de même qu'il faut se réjouir de cette savoureuse et intelligente leçon de vie que nous propose Stephen Frears, à nouveau bien inspiré. Cette leçon de vie se résume en quelques mots mais ils ont leur importance : Philomena se contente de mettre les Evangiles dans sa vie, sans chercher à imposer quoi que ce soit aux autres, ce que l'Eglise, au cours des siècles, a trop souvent oublié de faire.

 

Pour consulter l'article que j'ai consacré à Stephen Frears, cliquer sur son titre :

 

STEPHEN FREARS OU LA DIVERSITE DES GENRES

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 10:49

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Ce biopic français, élégant et sophistiqué, repose sur les épaules menues d'un jeune acteur éblouissant Pierre Niney. Surdoué du théâtre, pensionnaire à la Comédie française, il s'est véritablement incarné en Yves Saint Laurent au point d'en avoir adopté les tics, la voix, les gestes, le phrasé, les mains. Réincarnation troublante qui méritait un scénario mieux ficelé, une véritable approche de ce qu'est l'enfer du génie, une plongée dans cette créativité libre et colorée, exaltante et usante, au lieu que le film insiste lourdement sur l'aspect sombre du personnage, son addiction à l'alcool et à la drogue, son instabilité affective, son vieillissement prématuré, bien qu'il ne se concentre que sur les 20 premières années de la vie professionnelle de Saint Laurent. Dommage ! C'est malheureusement une mode tristement actuelle d'appuyer sur tout ce qui relève du domaine le plus intime et d'obliger ainsi le spectateur à devenir un voyeur en lui assénant des scènes de sexe parfaitement inutiles, se plaisant à souligner les détails les plus crus. Yves Mathieu Saint Laurent méritait mieux. Ce n'est pas son homosexualité et son comportement instable  qui ont suscité l'admiration du monde mais son génie créateur, son inventivité, son goût inné de la beauté. C'est cette part de lui-même que nous attendions et espérions, celle d'un esthète incomparable, d'un homme amoureux des arts, d'un collectionneur éclairé et novateur qui a changé nos habitudes vestimentaires, créant un style reconnaissable entre tous. C'est également l'amoureux des écrivains et des peintres, l'initiateur d'une mode nouvelle qu'il était intéressant de mettre en scène, non les soucis d'un être fragile.

 

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Né à Oran en 1936 dans une famille de la bourgeoisie modeste, le jeune Yves Mathieu monte à Paris pour suivre des cours de modélisme et très vite se fait remarquer par son talent. Choisi par Christian Dior pour devenir son assistant, il assure la relève à sa mort, bien qu'il n'ait que 24 ans. Le petit prince de la mode, comme on l'appelle, rencontre immédiatement le succès avec les 178 modèles proposés qui imposent déjà sa propre inspiration. Ce sera une coupe trapèze très différente de celle du maître disparu. Mais appelé en 1960 à faire son service militaire qui, à l'époque, durait 27 mois, Yves Mathieu redoute plus que tout d'aller se battre dans son pays natal, l'Algérie, et tombe malade ; il sera hospitalisé au Val de Grâce pour dépression et finalement réformé et licencié par la maison Dior que gouverne le tout puissant Marcel Boussac. Grâce à Pierre Bergé, dont il partage déjà la vie, Yves Saint Laurent gagnera son procès pour rupture abusive de contrat et créera, toujours avec le soutien de Pierre Bergé qui en sera le directeur financier, sa propre maison de couture dont on sait le renom mondial qu'elle obtiendra, faisant de la griffe Saint Laurent une vitrine pour le commerce de luxe français et le fleuron incontesté de la Haute couture.

 

C'est donc cette vie que Jalil Lespert était sensé nous raconter et qu'il fait par bribes, avec de très beaux moments : ceux des collections sur une musique d'opéra où nous voyons défiler quelques-unes des plus belles toilettes sorties des mains inspirées du couturier. Mais à côté de ces moments de grâce, l'opus insiste non sans complaisance sur les pages sombres, les orgies très romaines dans la splendeur du palais marocain, les traits qui s'épaississent, les débauches courantes qui sont si peu en harmonie avec la beauté ambiante des intérieurs et des collections. J'ai déjà dit combien Pierre Niney est absolument génial dans son interprétation et il est curieux de remarquer que nombre de films récents doivent plus aux acteurs qu'aux metteurs en scène. Ce fut le cas pour "La Vénus à la fourrure" de Roman Polanski qui repose sur les interprétations remarquables d'Emmanuelle Seignier et de Mathieu Almaric. Même chose avec le film de Lespert qui ne serait rien sans Pierre Niney et Guillaume Gallienne, l'un et l'autre formant un duo extrêmement crédible, Gallienne transformé en un Pierre Bergé attentif et implacable, véritable mentor qui assure le bon fonctionnement de l'empire Saint Laurent/Bergé. Le final est un peu bref. On s'arrête en l'an 1976, alors que l'empire demeure toujours, simplement parce qu'il devait être bien difficile de confier au jeune Niney la face vieillissante de Saint Laurent. Quant aux autres personnages, que ce soit Loulou de la Falaise, Betty Catroux, Bernard Buffet, Victoire, ils ne font que de la figuration et se perdent dans les décors toujours somptueux.

 

Pour consulter les articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 10:02

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C’est à la suite d’un voyage autour du monde durant lequel il s’inquiète des effets de la crise économique de 1929 que Charlie Chaplin écrit le scénario des Temps modernes. Après avoir rédigé une version définitive de son scénario, d’abord intitulé "Les masses", Chaplin commence un tournage marathon le 11 octobre 1931 dont le dernier tour de manivelle aura lieu le 30 août 1935. La première projection mondiale est organisée au Rivoli Theater de New York le 5 février 1936. S’ensuivirent alors trois grandes projections, respectivement à Londres, Hollywood et Paris. Malheureusement, le film reçoit un accueil mitigé, une partie de la presse reprochant à Chaplin une tentative de propagande des idéologies communistes.

 

Dès le générique, Chaplin affiche ses ambitions, non pas de construire un film consacré uniquement à Charlot mais de réaliser une satire prenant pour cible le modèle social américain. Ainsi le personnage qu’il interprète est-il un « factory worker » (un ouvrier d’usine) autrement dit un rouage auquel on a retiré toute forme d’humanité. Chaplin filme les hommes allant chercher un travail à l’usine comme les vulgaires moutons d’un immense troupeau. Ces premières images plantent le décor : les nouvelles aventures de Charlot seront fortement ancrées socialement avec une ambition politique, résumée dès les premières images, évoquant "Un récit sur l’industrie, l’initiative individuelle et la croisade de l’humanité à la recherche du bonheur", ce qui ne sera pas du goût de tout le monde.

 

Chaplin montre également les conséquences du travail à la chaîne sur la santé des ouvriers. Devenu fou, Charlot ne cesse de vouloir serrer des boulons, que ce soit ceux des pièces qu’il fabrique ou les boutons de la « grosse femme » qu’il croise dans la rue. Il finit par être interné dans un hôpital psychiatrique. Chaplin aborde ensuite les thèmes du chômage et de la pauvreté. « Le chômage est la question vitale. L’humanité devrait profiter de la machine. La machine ne devrait pas signifier la tragédie et la mise au chômage » - confiera Chaplin à une journaliste. ( "Charlot entre rire et larmes"  de David Robinson.)

 

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En effet, Charlot ne garde jamais très longtemps son travail. Il enchaîne les petits boulots : ouvrier dans un chantier naval, gardien de nuit ou serveur. Il n’est pas le seul personnage à souffrir de la crise. Dans le magasin, où il a été engagé comme veilleur de nuit, Charlot retrouve Big Bill, son camarade de l’usine, devenu voleur après la perte de son emploi. De même, la Gamine, dont le père est au chômage, vole des bananes et du pain pour nourrir sa famille. Le père meurt d’ailleurs tragiquement lors d’une manifestation. Charlot et elle rêvent d’une vie bourgeoise et sécurisante où le mari partirait le matin au travail et où la femme s’occuperait de la maison. Dans leur masure, la Gamine tente de mettre en scène cette vie rêvée en préparant un « festin » composé d’un sandwich et d’une boîte de conserve.


Le monde extérieur est si hostile que Charlot, emprisonné à plusieurs reprises, préfère rester enfermé pour s’assurer le gîte et le couvert. L’omniprésence de la police est un autre thème récurrent. Charlot, avec ou sans la Gamine, se fait arrêter cinq fois. Ces arrestations, avec la sirène qui retentit et le véhicule de police qui emmène Charlot, ponctuent le film et marquent symboliquement la fin d’une étape. Après l’espoir d’une vie meilleure, tout doit être reconstruit. La police, qui représente l’état, ne se manifeste que par son caractère répressif. Mais l’espoir n’abandonne jamais les deux héros convaincus qu’un jour ils trouveront enfin la sérénité et surtout que leur amour est leur rempart contre le malheur.

 

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"Les temps modernes" est, selon moi, le chef-d’œuvre absolu, l’œuvre d’un génie unique dans l’histoire du 7e Art, ce que l’on a fait de mieux dans la critique d’une modernité qui parvient à déshumaniser l’homme. Le rire le dispute à l’émotion toujours présente d’un Charlot qui sait les manier comme nul autre. Son comique n’a jamais été surpassé et semble défier le temps parce qu’il touche chacun de nous en nos points les plus sensibles et que la dérision y est en permanence une soupape sécuritaire. A côté de Chaplin infiniment touchant, il y a Paulette Goddard, la gamine, belle comme le jour, pleine de charme et insubmersible tellement la vie en elle est ardente et fraîche. Le couple qu’elle forme avec Charlot est l’un des plus marquants du cinéma et leurs silhouettes, s’éloignant sur la route du destin, n’ont cessé d’habiter l'imaginaire depuis plus de 70 ans.

 

Pour consulter l'article que j'ai consacré à Charlie Chaplin, cliquer sur son titre :
 

 

CHARLIE CHAPLIN, LE VAGABOND DE GENIE
 

 

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LES TEMPS MODERNES de CHARLIE CHAPLIN
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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 09:43
TITANIC de JAMES CAMERON

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Le 19 décembre 1997, un vendredi,  "Titanic", le film le plus attendu de la décennie, sort enfin sur les écrans américains, après moult péripéties raillées par la presse depuis des mois. Ce week-end là, le film rapporte 28,6 millions de dollars au box-office: c'est encourageant, mais pas spectaculaire. "Jurassic park - le monde perdu" a empoché 72 millions en trois jours cette même année. Mais quelque chose de miraculeux se passe : la majorité des critiques est subjuguée par la vision de Cameron et les premiers spectateurs sortent bouleversés des projections. Le bouche à oreille fonctionne et Leonardo DiCaprio devient une idole du jour au lendemain. Balayant  les lugubres prophéties, "Titanic" prend la tête du box-office pendant quinze semaines consécutives, devient un phénomène de société, conquiert le monde entier et s'impose en 1998 comme le plus gros succès commercial de tous les temps, encaissant 1,8 milliard de dollars de recettes. À la fois romance épique dans la tradition établie par "Autant en emporte le vent", film-catastrophe qui métamorphose un naufrage réel en spectacle jamais vu et accomplissement technologique sans précédent, "Titanic" a acquis, dès son lancement, le statut de classique. 

 

 

La tragédie du navire anglais a inspiré plusieurs films, dont une curieuse production nazie en 1943, un mélo en 1953 avec Barbara Stanwyck et un très applaudi drame anglais en 1959. Mais James Cameron, obsédé par la catastrophe, tenait absolument à en donner sa propre version. "C'est très personnel, expliquait-il. J'ai fait ce film parce que je voulais aller visiter l'épave. En 1995, j'ai fait douze expéditions sous-marines sur les lieux avant de commencer à tourner. Au total, j'y suis allé trente-trois fois. Extérieurement, le bateau est très abîmé, mais quand on y pénètre, on en découvre l'incroyable élégance et la grandeur, qui ont été protégées. J'ai ainsi trouvé un miroir intact dans une chambre. De telles choses créent une connexion. Explorer cette épave reste mon plus beau souvenir du film."

 

 

Pour Cameron, "si le récit du naufrage n'en finit pas de fasciner, c'est qu'il contient de multiples paraboles qui résonnent dans nos existences contemporaines. Les métaphores liées au Titanic se répètent à travers l'histoire. Ce que le film a rajouté, c'est une histoire d'amour sur fond de mort qui a parlé à tout le monde, qui a transcendé les barrières linguistiques, culturelles, et sociales". Il n'a pas tort, l'amour fou qui, dans son scénario, unit l'héritière Rose (Kate Winslet) et l'émigrant, sans le sou, Jack (Leonardo DiCaprio), est le coeur battant du film, auquel se sont identifiés tant de spectateurs.  L'aventure commença néanmoins dans le doute, ainsi que le rappelle Jim Gianopulos, coprésident de la Fox, qui finança le film avec Paramount: "Tout le monde, au studio, était perplexe. Tout particulièrement quand ils nous ont dit qu'ils allaient reconstruire le Titanic, grandeur nature, sur un plateau et qu'ils allaient aussi avoir besoin d'un réservoir gigantesque pour les scènes d'eau. Et, comme aucun studio n'était assez grand pour le contenir, qu'il faudrait construire un studio, et comme nous n'avions pas le terrain pour ça, qu'il faudrait en acquérir un... Nous voilà donc à acheter un plateau, à bâtir un bateau de 274 mètres de long et un réservoir pour le remplir avec des millions de litres d'eau. De quoi avoir peur ! "Titanic" n'a pu voir le jour que grâce à l'incroyable énergie et à la passion de James Cameron." 

 

 

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Passion, ego ou folie ? Le tournage éreintant, qui passe de cent trente-huit jours à cent soixante, est à la hauteur de la personnalité un peu mégalo de Cameron. Des techniciens sont littéralement épuisés, certains sont victimes d'accidents, au point que leur syndicat mène une enquête. Le réalisateur est perçu comme un impitoyable tyran: "Par moments, j'avais vraiment peur de lui" - avoua ensuite Kate Winslet. Un membre de l'équipe se venge en empoisonnant la nourriture et cinquante personnes se retrouvent à l'hôpital. Le budget atteint la somme inimaginable de 200 millions de dollars. La sortie en août est annulée. La Fox panique et tente d'imposer des coupes. Tout cela, bien sûr, sous le regard narquois des médias. "Mon pire souvenir, c'est quand nous étions en postproduction - raconte le metteur en scène. Tout le monde était contre nous, nous passions pour les plus grands nigauds de l'histoire, nous ne savions pas encore ce que nous avions entre les mains. J'ai accroché un rasoir au-dessus de ma table de montage pour me rappeler quoi faire si le film était raté. Mais la pression m'a poussé à ne pas faire de compromis  et à rendre le meilleur film possible." 

 

Parmi les éléments les plus iconiques du film, il y a, bien sûr, le couple Leonardo DiCaprio/Kate Winslet. James Cameron se souvient du casting : - "Je voulais une Audrey Hepburn et on a regardé toutes les jeunes actrices du moment - dit-il. Kate était sur la liste. J'ai visionné certains de ses films. Elle était surnommée "corset Kate" car elle semblait spécialisée dans les films en costumes. Je me suis dit: c'est un peu paresseux de la prendre juste pour ça. Nous avons filmé une audition, à l'ancienne, en 35 mm, dans un décor conçu pour. Et elle nous a complètement soufflés. On l'a engagée quasi immédiatement : nous avions notre ancre. Maintenant, il fallait trouver Jack. DiCaprio était sur la liste des finalistes. Baz Luhrmann m'a envoyé des scènes de Roméo+Juliette, qui n'était pas encore sorti et je l'ai trouvé très impressionnant. J'ai rencontré Leo pour un entretien dans mes bureaux, j'étais entouré de personnel féminin. Ces femmes ne voulaient pas quitter la pièce, je me demandais ce qui se passait : c'était le début de la Leomania ! Kate est venue pour faire une lecture avec lui, mais lorsque j'ai donné des pages de script à Leo, il a dit qu'il ne travaillait pas comme ça. Quand je lui ai dit que c'était ça ou rien, il a rechigné mais il l'a fait et il a été sensationnel. J'ai pensé : il me le faut absolument. Lui a alors décidé qu'il n'avait plus envie de faire le film ! Il voulait incarner un personnage torturé, ce que Jack n'était pas. J'ai passé deux mois à le persuader. À la fin, je lui ai dit que s'il pouvait jouer comme l'aurait fait un James Stewart trompeusement simple, il serait un grand acteur: il a alors compris le défi que représentait le personnage." 

 

 

Le 23 mars 1998, Titanic remporte onze Oscars. James Cameron a gagné son pari. Quand il brandit son trophée et s'écrie, à l'instar de son héros : "Je suis le roi du monde ! » - il est taxé d'arrogance. Oui, Cameron est arrogant. Mais il est aussi, cette année-là, le vrai roi du monde. En tout cas d'Hollywood. Et son "Titanic", oeuvre démesurée, adorée des uns et détestée des autres, n’en demeure pas moins  un monumental témoignage. 

 

 

 

 

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TITANIC de JAMES CAMERON
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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 09:51

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Laura est l'adaptation sur grand écran du roman policier éponyme rédigé par Vera Caspary en 1942, c'est-à-dire deux ans avant son adaptation cinématographique. 

La genèse de Laura fut particulièrement mouvementée. Après une longue mise au ban d'Hollywood, conséquence d'un profond conflit avec le producteur Darryl F. ZanuckOtto Preminger décide d'adapter le roman de Vera Caspary. Le temps est venu pour lui de mettre en œuvre son projet : Zanuck parti à l'armée, il est en effet revenu à la Fox avec l'accord de William Goetz, l'assistant du producteur. Mais le retour de Zanuck change la donne : celui-ci accuse Goetz de trahison et n'autorise la production de Laura qu'à la condition que Preminger officie derrière la caméra.

Otto Preminger débute l'écriture du scénario de Laura qui, surprise, plaît énormément à Zanuck. Nanti d'un budget amélioré, le long métrage se cherche maintenant un réalisateur : John Brahm (Jack l'Eventreur) et Lewis Milestone (L'Inconnu de Las Vegas) refusent l'offre, et c'est finalement Rouben Mamoulian qui est choisi par Zanuck. Les rushes sont catastrophiques aux yeux de ce dernier. Au pied du mur, presque à contrecœur, il se résout à confier les rênes du projet à Preminger, qui impose ses idées, reprenant le tournage à zéro et éliminant tous les plans tournés par Mamoulian. Un scénario rocambolesque qui allait révéler un cinéaste et donner naissance à un chef d’œuvre du septième art...
 

Le conflit ouvert entre le producteur Darryl F. Zanuck et le réalisateur Otto Preminger faillit faire une victime : l'acteur Clifton WebbZanuck était en effet fortement opposé à sa présence au casting de Laura en raison de son homosexualité, connue de tous. Mais Preminger eut le dernier mot et donna l'occasion à Clifton Webb de faire sa première apparition parlée à l'écran après dix-neuf ans d'absence et un début de carrière dans le cinéma muet.

 

Le choix original d'Otto Preminger pour incarner le personnage de Laura était l'actrice Jennifer Jones. Celle-ci refusa l'offre, tout comme Hedy Lamarr un peu plus tard, et le rôle fut finalement dévolu à Gene Tierney qui s’y révéla absolument sublime.

 

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Le film s'ouvre sur la phrase : « I shall never forget the week-end Laura died » (« Je n'oublierai jamais le week-end où Laura est morte »). Laura, qui travaillait dans la publicité, a été découverte abattue d'une décharge de chevrotine en plein visage dans le hall de son appartement. Le lieutenant McPherson enquête auprès de ses proches, principalement Waldo Lydecker, un journaliste et critique à la plume acide, qui a fait de Laura une femme du monde, et Shelby, un Adonis sans le sou qu'elle devait épouser. Au fil de ses recherches, où il apprend à la connaître, au travers des témoignages, de la lecture de ses lettres et de son journal intime, et subjugué par un tableau qui la représente, l'inspecteur tombe sous le charme de la défunte Laura.

 

Laura se nourrit donc de deux traditions de littérature policière, très en vogue dans les années quarante. Cette confrontation se trouve d’emblée incarnée dans le duel qui oppose Waldo Lydecker à Mark McPherson. Dans sa rhétorique et ses manières distinguées, Waldo évoque un certain type de roman policier anglais, dans lequel le mystère est résolu en huis clos grâce à la perspicacité du détective. L’enquête de Laura se déroule presque exclusivement en intérieurs, dans de luxueux appartements décorés avec faste. Cette omniprésence des intérieurs, conjuguée à une concentration du temps et à un nombre limité de personnages, montre l’influence directe du théâtre dans lequel Otto Preminger a fait ses débuts à Vienne et aux Etats-Unis. Par ailleurs, Clifton Webb est un acteur qui a connu la gloire sur les planches de Broadway avant de commencer une carrière à Hollywood. C’est l’écrivain et poète Samuel Hoffenstein qui a façonné le personnage de Waldo Lydecker, dont les répliques savoureuses se heurtent à la rudesse de celles de Mark McPherson.

 

Ce policier dur à cuir, le chapeau vissé sur le crâne, la mâchoire serrée, la cigarette au bec et vêtu d’un long imper beige à la Humphrey Bogart se caractérise  par ses manières grossières et ses propos machistes. Cependant, le lieutenant se révèle bien plus complexe qu’il n’y parait : il passe d’une posture d’enquêteur à celui d’amant passionné. A l’inverse, Waldo cache ses pulsions meurtrières envers les femmes derrière une galanterie de façade. Le journaliste est d’ailleurs un personnage ambivalent à plus d’un titre. Sa jalousie dissimule une identité sexuelle ambigüe. S’il veut mettre hors-jeu les amants de Laura, c’est parce qu’ils sont « beaux » et « musclés ». Son manque de virilité, qui l’empêche de posséder totalement Laura, le conduit en définitive à la tuer. A la fin, il lui avoue qu’elle est la meilleure partie de lui-même. En appuyant sur la gâchette du fusil, il chercherait donc à prendre définitivement possession de celle qu’il considère comme sa création, en plus de s’affirmer en tant qu’homme. Troisième protagoniste masculin, Shelby Carpenter se distingue par sa faiblesse de caractère et ses mensonges à répétition. Ce personnage à la forte carrure sert avant tout à brouiller les cartes dans le triangle amoureux qui se forme autour de Laura et à rendre plus complexe l’intrigue policière.
 

 

A l’image de la personnalité ambivalente de Mark McPherson, tous  les codes  sont déréglés : les scènes attendues du genre - la course poursuite sous une pluie battante, l’interrogatoire musclé avec une lampe aveuglante - sont seulement esquissées, voire détournées. En fait, l’intrigue tient bien plus du huis clos policier cher à Agatha Christie. Otto Preminger se montre très habile dans l’utilisation d’espaces souvent surchargés d’objets. Comme dans les enquêtes d’Hercule Poirot, ceux-ci possèdent une signification particulière et aident à la résolution du crime. Dès le premier et impressionnant plan séquence, qui plante le décor avec brio, la voix off met l’accent sur la pendule. Celle-ci est mentionnée à deux autres reprises par Waldo qui, comme dans un jeu, aiguillonne le détective et le spectateur vers la solution de l’énigme. La pendule a d’ailleurs une symbolique intéressante. Elle met en valeur deux thématiques essentielles du film noir : le timing, donnée déterminante dans la réussite d’un meurtre, et la fatalité, centrale dans les tragédies mettant en scène des relations amoureuses à sens unique. Avec sa dernière tirade très théâtrale, Waldo Lydecker se transforme en effet en héros tragique qui a échoué dans sa quête d’amour éternel avec Laura. Quant à Mark McPherson, son attrait quasi-fétichiste pour les objets appartenant à la défunte est révélateur de son désir obsessionnel pour la jeune femme. Ceux-ci ne sont donc pas dotés d’une unique fonction explicative, mais permettent également de tisser des liens fort entre les diverses séquences narratives.
 

 

Les relations entre les êtres sont dominées par le mensonge et la manipulation. Journaliste de profession, Waldo Lydecker est un expert dans la déformation des faits. L’histoire est introduite à travers son point de vue au moyen d’une voix-off subjective. En tant que puissance omnisciente qui cherche à tout contrôler, Waldo apparaît comme un double fictif du cinéaste. Il bouge ses pions, modèle Laura comme une star, anticipe le déroulement des événements, met en scène les coups de théâtre, notamment celui à l’origine de la première rupture entre Laura et Carpenter. Le premier tiers du film nous est conté à travers son regard. Au cours du flashback relatant l’ascension de Laura dans la société, les rapports de force entre les personnages, signifiés à travers leur disposition précise dans chaque plan, permettent d’interpréter ce qui aurait pu pousser les deux principaux suspect à tuer Laura : la jalousie dévorante pour Waldo et la honte du rejet pour Shelby. Après le récit de Waldo à Mark, le point de vue glisse de l’un à l’autre grâce à un léger zoom sur le visage du lieutenant. Le spectateur suit alors Mark McPherson dans son enquête, qui se transforme en quête de la femme désirée. Se placer du point de vue des personnages permet au scénariste de ne pas révéler plus d’informations que ce que savent déjà Waldo Lydecker et le détective. Otto Preminger peut alors manipuler à sa guise le spectateur, en ménageant un coup de théâtre de taille : la résurrection de Laura, celle-là même dont on annonçait la mort dès la première phrase du film. 

 

Avant ce mystérieux retour, elle n’existait qu’à travers le regard des trois hommes qui la convoitaient. La beauté photographique du portrait qui orne le salon de son appartement et le charme romantique du thème musical qui lui est associé font d’elle une véritable icône cinématographique, toujours désirée après sa mort. Dans la manière de représenter le corps et le visage de la femme, le film noir a participé à forger la dimension iconique des actrices d’Hollywood. Ici, Laura Hunt n’est même pas encore apparue en chair et en os qu’elle est déjà une source de fantasmes pour les hommes. L’éternel leitmotiv d’Eros et Thanatos transperce alors irrémédiablement l’écran. Son appartement est comme un mausolée où viennent se recueillir ses anciens et futurs amants, qui ne trouvent pas meilleur endroit pour converser que sa chambre à coucher. Dès le début du film, Mark s’étend mine de rien sur le lit de Laura : il ne l’a encore jamais vue mais succombe déjà au vent de passion qui souffle autour de la jeune femme. Peu à peu, il pénètre son intimité en s’appropriant par le toucher et le regard les objets qui témoignent de sa beauté et de sa sensualité. La séquence où il entre de nuit dans l’appartement de la victime est matinée d’onirisme : la frontière entre le rêve éveillé et la réalité est mince lorsque Laura Hunt, fantomatique dans son imperméable gris pâle, le surprend en train de dormir. Cette fragile frontière est symbolisée par le portrait de Laura qui trône entre les deux personnages. De femme rêvée, elle devient une femme réelle et humaine.

 

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Laura est un pôle magnétique qui relègue les autres femmes au second plan. Dans sa carrière de publiciste, elle a connu l’ascension fulgurante, si bien que Laura est un film qui questionne sur la place de la femme dans une société traditionnellement dominée par les hommes. Dénigrée par Waldo au cours de leur première rencontre, elle parvient à inverser la situation et prend le dessus sur ce personnage hautain, qui en retour la façonne selon son bon goût, tel Pygmalion et sa Galatée. Admirée pour sa beauté mais aussi pour son intelligence, elle s’impose vite comme une figure indépendante et transgressive, qui n’hésite pas à désobéir. « Je n’aime pas qu’on me donne des ordres », rétorque-t-elle à Mark McPherson qui s’étonne qu’elle ne se soit pas pliée à sa volonté. Bien que séductrice et manipulatrice, Laura ne correspond pas totalement au prototype de la femme fatale. Si elle ment au lieutenant, c’est à des fins vertueuses, puisqu’elle croit Carpenter innocent. Mais pour la conquérir, le détective est obligé de l’amener sur son propre terrain, l’interrogeant dans une salle dont le dépouillement contraste avec le luxe de son appartement où les nombreux miroirs ne renvoient qu’une image édulcorée de la réalité. Lorsque le lieutenant consent à éteindre les projecteurs braqués sur son visage, aveuglé comme celui d’une femme qui n’assume plus son statut d’icône, la vérité peut enfin surgir et les masques tombent. Dans la manière de confronter ses personnages, Otto Preminger active certains leviers du huis clos. Très mobile, la caméra élimine progressivement dans chaque scène les distances entre les personnages, au fur et à mesure que la tension monte, à l’image des petites billes du jeu de Mark qui finissent par s’entrechoquer au moindre déséquilibre.

 

Laura est une pièce maîtresse dans l’œuvre d’Otto Preminger, non seulement parce que le film lance pour de bon sa carrière à Hollywood, mais aussi parce que le cinéaste réutilisera à plusieurs reprises le leitmotiv du crime passionnelPar son dispositif narratif innovant et la représentation de la femme qu’elle véhicule, Laura est une pierre angulaire du film noir. La manipulation des points de vue, l’onirisme et les nombreux coups de théâtre s’accompagnent d’une mise en scène dont toute l’intelligence se manifeste dès le plan-séquence introductif. Mais l’influence de Laura dépasse le simple cadre du film noir.  On en retrouve de nombreux motifs dans la filmographie de Joseph L. Mankiewicz  par exemple : l’utilisation du portrait dans L'Aventure de Mme Muir, la manière de dépeindre la femme dans Eve et  La comtesse aux pieds nus. A plus d’un titre, Laura est une œuvre incontournable dans le cinéma américain, car Otto Preminger a su dépasser les modèles dont il s’est inspiré pour réaliser un film d’une puissante modernité. 

 

 

 

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 11:13
La corde d'Alfred Hitchcock

Féroce et implacable, le premier film en couleurs d’Hitchcock est une véritable prouesse dans tout le sens du terme. Les sous-entendus et la perfection technique sont si évidents que cet opus compte parmi les chefs-d’œuvre incontournables du maître. L’histoire est celle de deux  étudiants qui en suppriment un troisième, pour la seule beauté du geste. Défi suprême, le meurtre précède de peu une soirée où ils reçoivent les parents de la victime et leur ancien professeur, ce qui est cynique à souhait.

 

 

«  La corde » (1948) est tout d’abord une œuvre spéciale, inattendue, corrosive, dont le réalisateur semblait peu satisfait. Il l’aurait souhaitée plus efficace, ce qui me semble difficile. Dans cet opus apparaît pour la première fois l’acteur James Stewart qui bénificiera, par la suite, d’une longue collaboration avec Hitchcock et, d’ores et déjà, fait preuve d’une présence remarquable de persuasion. Pour donner plus de mordant à la pièce d’origine, signée Patrick Hamilton, Hitchcock a mis l’accent sur l’homosexualité des deux meurtriers. Le code Hays, alors en vigueur, empêche les auteurs de le déclarer ouvertement, mais de nombreux indices nous mettent sur la piste de cette appartenance sexuelle. Avec un sens de l’humour noir décapant, Hitchcock, en subtil démiurge, manipule ses acteurs comme de véritables marionnettes, avec une audace diabolique, invitant les spectateurs à se faire ses complices. Pervertissant l’adage selon lequel les élèves cherchent toujours à surpasser le maître, il montre les dangers d’un enseignement philosophique mal interprété. Faisant de la violence et du meurtre un jeu, l’auteur pointe du doigt toute forme de dogmatisme, sans jamais s’appesantir sur un message qu’il estimerait trop  moralisateur.



Ironique et subversif, « La corde » est aussi d’une inventivité incroyable qui se joue de l’unité de temps et de lieu et ne perd aucun de ses atouts à être tourné en vase clos. Composé de  onze plans séquences enchaînés de façon à donner une impression de totale continuité, le film surprend  par son brio technique et ses joutes oratoires. Effectivement, le procédé contraint chaque acteur à être parfaitement synchronisé à ses collègues. Un exploit technique qui a inspiré bon nombre de cinéastes dont Brian De Palma ou Alex de la Iglesia. Si James Stewart impose sans problème son personnage de professeur aux théories douteuses, il ne faut pas oublier le couple Farley Granger - John Dall. Ce dernier est implacable dans sa démonstration cynique et ajoute encore à la montée en puissance du climat de suspense qui s’établit dès les premières scènes. Ludique et souvent jubilatoire, « La corde » peut être considéré comme un condensé de l’oeuvre hitchcockienne, mêlant avec une habilité exemplaire l’humour le plus sombre et l’habileté la plus caustique. Epoustoufflant.

 

 

 

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La corde d'Alfred Hitchcock
La corde d'Alfred Hitchcock
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 10:39

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Thomas, un metteur en scène, se lamente dans un théâtre parisien vide. Sa journée passée à auditionner des comédiennes pour son adaptation de «La Vénus à la fourrure» a été un échec et l’a mis hors de lui. Désespéré par le niveau des aspirantes, il voit soudain débarquer Wanda, trempée par la pluie et en retard pour l'audition. Le metteur en scène est d'abord rebuté par l'arrogance et la vulgarité de la jeune femme et la jette dehors. Mais, celle-ci insiste, se déguise en Vanda, l’héroïne de la pièce qu’elle a visiblement lue, et plus l'audition avance, plus la jeune femme fait preuve de subtilité, parvenant régulièrement à surprendre Thomas, qui, peu à peu, se laisse séduire par la comédienne. Un étrange jeu va dès lors s'installer entre les deux artistes...

 

Voilà, le décor est planté, les personnages en place et ce huit-clos commence entre deux êtres que tout sépare et qui s'apprêtent à confronter leur vécu et leur fantasmé dans un climat tendu comme ceux qu'affectionne de plus en plus, au fil du temps, Roman Polanski, homme complexe et metteur en scène habile et provoquant. On retrouve, dès les premières images, son goût pour les travestissements, l'érotisation des situations, le burlesque et l'intellectualisme sulfureux et surtout l'enfermement de soi et des autres. Il semble bien que, mal remis de certains drames, le réalisateur polonais se plaise à gratter ses plaies et à se polariser sur les situations les plus extravagantes et surtout les plus confinées, dans une claustration  inquiétante. Je dois l'avouer, j'ai eu du mal à entrer dans ce film parce que la claustration n'est pas mon fort, que j'aime trop l'espace, l'air, la lumière pour prendre plaisir à une mise en abîme aussi castratrice, dans un décor composite fait de bric et de broc, car c'est de cela qu'il s'agit : deux personnages pris dans les rets du sado-masochisme qui se confrontent  pour mieux tenter de se détruire, grande scène des genres redistribués. 

 

Et qui est ce metteur en scène officiant dans le film ? Un homme visiblement insatisfait qui se cherche dans les textes des autres, comme dans celui-ci qu'il s'applique à adapter de Léopold von Sacher-Masoch et revisite sans en connaître vraiment les  tenants et les aboutissements, enclin à le modifier au cours de ce face à face avec une comédienne qui elle-même a besoin de s'affirmer, de donner un sens à sa vie et de dominée devenir dominante. Qui l'emportera ? Personne, au final,  sinon  Polanski qui nous propose un cheminement dans l'inconscient où chacun ne voit que ce qu'il veut bien voir... On sort de la projection dans un état de perplexité et de confusion tant on devine qu'il s'agit en tout premier lieu d'une introspection personnelle, où le metteur en scène nous livre ses sentiments les plus secrets en ce qui concerne ses rapports avec les femmes et tout d'abord avec la sienne. Car Emmanuelle Seigner est  ici au centre de l'écran : elle est la femme fatale qui éblouit et fait perdre pied, séduit et captive, inspire et désespère. Elle est magnifique de beauté et d'assurance, tellement forte face à un Mathieu Almaric qui est véritablement le double de Roman, émouvant à force d'être terrassé, constamment en position de faiblesse, victime de ses appréhensions, de son physique ingrat,  de ses propres leurres. Leur duo est déséquilibré dès le départ parce que l'on sent tout de suite que la femme est la plus forte, la plus acharnée à vivre,  à lutter, à survivre. Alors que son partenaire est déjà engagé sur la pente du déclin et que son intelligence est laminée par trop de  doutes. 

 


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Souligné par la musique aigre et parfois hurlante d'Alexandre Desplat, le film vaut surtout par la formidable interprétation du duo Seigner/Almaric, tous deux maîtrisant leur texte et leur jeu de façon  remarquable, elle s'imposant, lui se cherchant et s'interrogeant jusqu'à s'annihiler. Emmanuelle Seigner donne ici la mesure de son talent et surfe sur un vaste registre où elle passe de la femme vulgaire à l'intellectuelle inspirée et finaude, de la femme objet à la femme déesse, extase d'un homme aux prises avec ses démons les plus récurrents, ses rêves les plus improbables. Ce n'est certes pas un film que j'aime pour la raison que j'ai donnée un peu plus haut, mais qui éclaire de ses lueurs sauvages l'oeuvre complexe et ambiguë de Polanski. 

 

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Pour consulter l'article que j'ai consacré à Roman Polanski, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

ROMAN POLANSKI OU UN CINEMA MARQUE PAR L'HOLOCAUSTE

 

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  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

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