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27 février 2008 3 27 /02 /février /2008 10:27
IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST de SERGIO LEONE

                                                               

Un inconnu, joueur d'harmonica à ses moments perdus, est attaqué dans une gare perdue de l'Ouest et parvient à tuer ses agresseurs. Mais d'autres tueurs, sous les ordres d'un certain Franck, l'homme de mains de Morton, assassinent le fermier McBain et ses trois enfants. Franck laisse les soupçons se porter sur un aventurier déjà bien connu de la police nommé Cheyenne. En réalité, Morton a fait tuer McBain par intérêt, afin de s'attribuer ses terres, que  le tracé de la voie ferrée doit emprunter prochainement, ce qui va leur assurer une valeur marchande. Jill, une pensionnaire de maison close, que McBain a épousée en cachette, arrive au ranch après le meurtre. Cheyenne est arrêté mais s'évade et rejoint l'homme à l'harmonica. Grâce à lui, Cheyenne sera innocenté. Plus tard, Harmonica tuera Franck qui lui avouera, avant de mourir, que c'était lui qui avait fait pendre le frère de McBain. Cheyenne et Harmonica partiront ensemble.

 

Avec un film comme Il était une fois dans l'Ouest (1968)  Sergio Leone a marqué de façon indélébile le 7e Art, grâce  à un don inouï de la mise en scène, l'utilisation des gros plans, la symbiose entre image et musique et une rigueur pointilleuse dans le découpage et le montage. Leone est de ceux qui interviennent à tous les stades du film. Rien n'est laissé au hasard, l'oeuvre est portée, assumée de bout en bout. En inventant le western spaghetti, il a parodié un style - celui du western traditionnel qui était en train de mourir, tout en le renouvelant et en plaçant le sien dans une perspective inédite. Par ailleurs, la musique d'Ennio Morricone est superbe ; quelques notes d'harmonica qui instaurent le fond sonore et contribuent à accroître la tension qui va crescendo. Avec cet opus qui vient deux années après Le bon, la brute et le truand, Leone atteint le sommet du genre. Il a réuni, pour ce faire, ce qu'il y avait de mieux : des acteurs de premier plan dont la belle Claudia Cardinale, des paysages magnifiques, parvenant ainsi, en joignant son talent à celui des autres, à réaliser un chef-d'oeuvre incontestable et incontesté. Tourné en Italie, en Espagne et aux Etats-Unis, Il était une fois dans l'Ouest est le reflet de la complexité profonde des individus et des événements. Complexité d'autant mieux exploitée par le metteur en scène que, ce dernier, a eu l'idée de faire entrer ses acteurs dans la peau de personnages à l'opposé de leur emploi habituel. C'est ainsi qu'Henry Fonda tient l'un des rôles les plus antipathiques de sa carrière, que Charles Bronson devient un vengeur taciturne après avoir été souvent le méchant de service, que Jason Robards,  familier des personnages intellectuels, est un simple d'esprit. 

                                   

On notera également la théâtralisation, la lenteur poussée à l'extrême, quasi exacerbée, que l'auteur a imprimé à la pellicule, un peu à la façon de certains réalisateurs japonais. Un pessimisme amer à la John Ford parcourt l'oeuvre le long des paysages grandioses et désolés, écrasés sous un soleil de plomb. Il faut savoir aussi que Sergio Leone a conçu ce film en pensant " au dernier souffle " de vie que laisse un homme avant de mourir, ultime instant suspendu avant que la vie ne s'arrête. Ce dernier souffle se doit d'être long, éprouvant, frustrant. Deux personnages incarnent cette vision : Franck et le Cheyenne. L'un meurt victime de ses actes passés, l'autre par erreur. Mais le fil conducteur reste le même : la mort est inévitable et présente à tous moments, embusquée dans les ruelles et les paysages, prête à s'avancer au-devant de chacun des héros avec une lenteur calculée et implacable. Au final, un film mythique, qui restera à tout jamais dans les annales du Septième Art, par la force qu'il dégage, son casting exceptionnel, sa mise en scène somptueuse, sa musique lancinante qui vous prend à la gorge et ne vous quitte plus. Le succès fut planétaire et permit à Sergio Leone d'obtenir la place qui lui revenait et qu'il avait été long à conquérir : celle d'un créateur à part entière, d'un esprit indépendant en mesure d'imprimer sa marque personnelle au cinéma. Un Sergio Leone au sommet de son art.

 

Pour lire l'article consacré à Sergio Leone, cliquer sur son titre :  

 

SERGIO LEONE OU LE CINEMA COMME OPERA BAROQUE

 

Pour consulter la liste complète de la rubrique CINEMA EUROPEEN et MEDITERRANEEN, cliquer sur le lien ci-dessous  :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST de SERGIO LEONE
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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 11:06

red-clown-giulietta-masina-strada-big.jpg

   

Giulia Anna Masina est née le 22 février 1920 dans une famille de musiciens à San Giogio Di Pinao (Bologne). Etudiante en lettres, elle se passionne pour l'art dramatique et se produit dans la troupe du théâtre universitaire de Rome. Puis, sans cesser pour autant ses études, elle entre pendant la guerre dans la Compagnie du théâtre comique et musical de la radio italienne, où elle remporte un franc succès personnel dans une série de sketches écrits par Fellini, qu'elle épousera quelques mois après leur première rencontre. Bien que licenciée ès Lettres, elle poursuit sa carrière théâtrale et radiophonique qu'elle abandonnera ensuite pour se consacrer au cinéma, presque exclusivement sous l'égide de son mari. Son premier grand rôle sera taillé pour elle par Fellini qui crée le personnage si émouvant de Cabiria, dont la première apparition a lieu dans Courrier du coeur en 1952, avant d'être sacralisé par les inoubliables Nuits de Cabiria en 1957. Entre temps, elle sera Gelsomina dans La Strada, autre personnage bouleversant de femme-clown qui lui vaut l'appellation de "female Chaplin", car, comme le souligne son metteur en scène, elle est singulièrement douée pour exprimer les stupeurs, les effarements, les douleurs, les airs sombres d'un clown.

 

Avec les personnages de Gelsomina et Cabiria, l'actrice atteint le sommet de son art. Dans le décor de la Rome baroque et nocturne que Fellini se plait tant à filmer, avec ses fontaines, ses places désertes, les lumières qui découpent les façades des immeubles endormis, apparaît ce petit personnage avec des chaussettes, un boléro en plume de poulet, un large parapluie et des yeux ronds écarquillés dans un étonnement perpétuel et gourmand. Ce célèbre boléro de plume, déjà aperçu dans Courrier du coeur, devient, avec les pathétiques chaussettes, l'uniforme, le signe de reconnaissance populaire et clownesque de son caractère. Cependant Cabiria s'efforcera d'évoluer, de s'éloigner de ce monde d'humiliés et d'offensés. Les contradictions dans l'histoire humaine de Cabiria sont multiples. Tout d'abord dans la représentation des sentiments non partagés au coeur d'une réalité déshumanisée pour laquelle Fellini n'essaie nullement de recourir à des justificatifs sociologiques inadaptées à sa sensibilité de narrateur, mais se contente de montrer, en l'inventant, l'âme double, bonne et mauvaise, de cette réalité, afin de parvenir à la conclusion suivante : que l'expérience ne sert à rien lorsque l'inconscient et l'amour se mettent à l'oeuvre. Et quand on parle d'amour avec un personnage comme Cabiria, il faut entendre un amour spécial qui découle de la nécessité d'avoir confiance en son prochain, une grâce laïque accomplie par le seul fait d'exister et de vivre ensemble. Soit l'amour de Cabiria pour Oscar, de Gelsomina pour Zampano. " En amour, tout se fait " - avoue ce petit personnage douloureux et confiant, qui existe à la manière du Charlot des Lumières de la ville ou de La ruée vers l'or.

                            

Giulietta est, à l'évidence, une authentique femme-clown. Avec elle, Fellini poursuit son exploration des ascendants populaires du cinéma, déjà à l'état embryonnaire dans le monde du cirque, son univers d'élection. Après La Strada, qui confère à Giulietta le statut de grande actrice, Les nuits de Cabiria vont lui assurer la consécration internationale et trois grands prix : ceux de la meilleure actrice au Festival de Cannes, puis de San Sebastian et le Nastro d'Argento. Elle sera ensuite la vedette de Juliette des esprits,  nouvel hymne d'amour de la part de son maestro de mari, mais elle s'accordera néanmoins une infidélité en tournant Fortunella avec Alberto Sordi en 1958. Au début des années 60, elle suspend ses activités pendant cinq ans et, après un bref retour dans La folle de Chaillot (1969) auprès de Katharine Hepburn, elle disparaît de l'écran et ne reviendra qu'en 1985 avec un nouveau succès signé Fellini : Ginger et Fred. Une dizaine de films auront suffi pour qu'elle marque de son exceptionnel talent le cinéma italien. Qui pourrait oublier le visage enfariné et pathétique de Gelsomina ou celui de la petite prostituée des Nuits de Cabiria, ou encore la femme émouvante de Juliette des esprits ? Personne, je suppose, tant ils se sont imprimés en nous comme ceux du bonhomme à la canne et au chapeau melon. Giulietta mourra à Rome le 23 mars 1994 à l'âge de 73 ans, n'ayant survécu que quelques mois à son mari avec lequel elle forme pour l'éternité un couple indissociable.


Pour consulter les films où figure l'actrice, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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GIULIETTA MASINA
GIULIETTA MASINA
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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 10:27

 363-La-Strada.jpg      

Né à Rimini le 20 janvier 1920 dans une famille de la petite bourgeoisie italienne, Fellini entre dans la vie active grâce au journalisme, puis aborde l'écriture de scénarios, avant de faire la connaissance de Giulietta Masina, qu'il épousera en 1943. Sa rencontre avec le grand metteur en scène Rossellini va être l'événement qui  le détermine à se consacrer désormais et exclusivement au cinéma. Il participera à la co-écriture du scénario de Rome, ville ouverte et d'Amore, deux films parmi les plus célèbres de Rossellini, avant de se lancer dans le long métrage. Son premier film à connaître une carrière internationale sera La Strada qu'il tourne en 1954 et où il affirme déjà son originalité en s'éloignant du cinéma néo-réaliste de son maître. Cette oeuvre est un véritable hymne d'amour à sa femme Giulietta, comme le seront peu de temps après Les nuits de Cabiria et Juliette des esprits.

 

Le film raconte l'histoire touchante de Gelsomina, gamine naïve et généreuse que sa mère, dans l'incapacité matérielle de l'élever, vend à un hercule de foire, brutal et obtu, nommé Zampano, qui se plait à éblouir les badauds en jouant sur les places publiques les avaleurs de feu et les briseurs de chaînes. Malgré la dureté avec laquelle il traite Gelsomina, celle-ci ne sait que faire pour amadouer le coeur aride de son compagnon. Arrive alors un autre saltimbanque Il Matto (le fou), à la fois funambule, musicien et poète, qui va séduire la jeune femme grâce aux merveilleuses histoires qu'il lui raconte sous forme de paraboles. Exaspéré par la relation qu'ils entretiennent et gagné, sans doute, par la jalousie, Zampano tue le musicien, plongeant Gelsomina dans un désespoir silencieux. Prostrée dans son chagrin, elle semble se détacher de ce qui l'entoure, être de plus en plus étrangère à ce monde sans amour. Voyant qu'elle ne lui est plus utile à rien, Zampano l'abandonne au bord de la route, comme une pauvre bête malade. Passent les années et revenant un jour sur les lieux, il s'inquiète d'elle, apprend qu'elle est morte et, pour la première fois de sa vie, pleure.

 

Ce long métrage ne reçut pas, lors de sa sortie, le succès qu'il méritait, bien que l'interprétation de Giulietta Masina fut saluée comme une prouesse et qu'elle eût accès d'emblée à l'Olympe des dieux et déesses de la pellicule. Il est vrai qu'elle est admirable dans ce rôle, où son jeu se concentre dans ses regards, ses expressions, ses mimiques. Créé pour elle par son mari,  le personnage de Gelsomina est celui d'une femme-clown qui vit dans un monde dur et brutal. Allégorie des victimes de la violence, elle aime et veut être aimée avec candeur. Ne dit-elle pas à propos de l'hercule de foire qui est devenu son maître : Si moi, je ne reste pas avec lui, qui donc restera ? Répétant cela comme pour s'en convaincre. Il est évident que c'est là une sorte de plaidoirie qui a pour objectif de montrer du doigt certaines anomalies de la condition féminine de l'époque, en Italie du Sud plus spécialement. D'autre part, cette oeuvre, qui ne fut pas toujours bien comprises de la critique, est une conte métaphysique qui, par le biais du personnage d' Il Matto (le fou), sorte d'archange qui défie les lois de la pesanteur en dansant sur une corde au-dessus d'une humanité pervertie et cruelle, développe une parabole chrétienne sur le sort dévolu à la pureté et à l'innocence. On pense à  L'Idiot  de Dostoïevski , à La Pesanteur et la Grâce de Simone Weil.

 

On est frappé également par la divergence qui existe entre Zampano et Gelsomina : l'un s'opposant à l'irrationalité de sa compagne par sa force animale, son insensibilité et son incapacité à comprendre son âme poétique ; l'autre, que tout émeut et ravit, confiante, naïve, résignée, sait, par contre, observer et surtout penser. Elle pense à l'avenir. Son optimisme vient de l'art du masque, fiction honnête opposée à celle de Zampano qui joue comme il vit, totalement dépourvu de regard intérieur. Il réagit instinctivement avec ce que lui a donné la nature : des muscles d'acier et une avidité gloutonne. Aussi une division nette entre deux réalités s'affirme-t-elle dès les premières images. Au cours du voyage de ces deux créatures qui sont ensemble sans trop bien savoir pourquoi, Gelsomina apparaît par contraste avec l'ombre massive et ténèbreuse de Zampano, singulièrement douée pour exprimer spontanément l'étonnement, les peurs, les joies frénétiques et les abattements. Incorrigiblement dissonant, Zampano, quant à lui, craint l'harmonie spontanée et se montre lâche à l'égard des sentiments, si bien que la jeune apprenti-clown fait en sorte, pour ne pas le froisser, d'étouffer le don reçu et d'apprendre par mimétisme. On la voit d'ailleurs s'insérer facilement dans le théâtre de rue et remporter un vif succès personnel dans " la farce pour rire " auprès des adultes et, plus particulièrement, des enfants qui se reconnaissent en elle.   

 

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Dans ce rôle, Giulietta Masina est poignante de réalisme et de poésie mêlés, personnage touchant s'il en est et sans malice, comme épargné par le mal, et qui fait tellement penser à son pendant masculin : Charlot. Quant à Anthony Quinn, il s'est totalement investi, immergé dans la peau de ce lutteur de foire, buté, vaniteux et violent, qui donne à ce film une force prodigieuse. Pour l'irascible bateleur qu'il est, seul le vent d'été sur la mer accompagnera - à la fin du film - les souvenirs que lui évoquent les notes de la triste chanson de la femme-clown qu'a entonnée une voix féminine, des notes qui lui ouvrent enfin les pleurs du repentir sur la plage solitaire de la condition humaine. L'incomparable effet de ce chef-d'oeuvre réside là, dans la cohabitation conflictuelle de la dure réalité et de la fable féroce, entre la magie cruelle de l'existence privée de pensée de Zampano et la pensée artistique privée d'existence de Gelsomina. Quand on parlait à Fellini du cinéma-vérité qui fut celui de l'après-guerre en Italie, il rétorquait qu'il était plutôt pour le cinéma-mensonge. " Le mensonge est toujours plus intéressant - affirmait-il - que la vérité. Le mensonge est l'âme du spectacle et moi, j'aime le spectacle". 

 

Pour lire les articles consacrés à Fellini et Giulietta Masina, cliquer sur leurs titres : 

 

FEDERICO FELLINI                  GIULIETTA MASINA
 


Et pour consulter les critiques que j'ai faites d'autres films de Fellini, cliquer sur leurs titres :

 

AMARCORD de FELLINI           LA DOLCE VITA de FEDERICO FELLINI

 

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LA STRADA de FEDERICO FELLINI
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3 février 2008 7 03 /02 /février /2008 10:44
LES PROFESSIONNELS de RICHARD BROOKS

 

En 1917 durant la révolution mexicaine, Maria (Claudia Cardinale), la femme de Grant (Ralph Bellamy), riche propriétaire américain, est enlevée par le bandit mexicain Jesus Raza ( Jack Palance ). Pour la rechercher, Grant engage quatre professionnels avec la mission de la délivrer au plus vite. La poursuite s'engage et les professionnels parviennent à libérer Maria. On apprend alors que la jeune femme n'a pas été enlevée mais a fui un mari tyrannique. C'est à ce moment que l'un des professionnels, Dalworth ( Burt Lancaster ), resté à l'arrière, parvient à abattre les hommes de Raza et à blesser ce dernier. Grant tente ensuite de le faire tuer par son bras droit Hooper ( Darwin Lamb ), mais les professionnels s'interposent. Renonçant à l'argent qui leur avait été promis, ils protégent la fuite de Maria et de Raza, ayant compris que tous deux s'aimaient. Tourné dans la "Vallée de la mort", qui avait déjà servi de cadre à Erich von Stroheim pour Les rapaces et à Antonioni pour Zabriskie PointLes professionnels (1966) ont permis à Richard Brooks de retrouver Burt Lancaster, avec lequel il avait travaillé pour Elmer Gantry, ce qui avait valu à celui-ci l'Oscar du meilleur acteur, et à Lancaster d'avoir à nouveau pour partenaire Claudia Cardinale, qui se trouvait trois ans plus tôt (1963) auprès de lui sous les lambris du palais du prince Salina dans Le Guépard  de Visconti. C'est par ailleurs Maurice Jarre, le compositeur du Docteur Jivago, du Jour le plus long et de Lawrence d'Arabie , qui sera chargé d'écrire la musique, ajoutant un atout supplémentaire à ce western qui bénéficie déjà d'une excellente distribution et d'un décor grandiose. Ayant pour toile de fond une histoire somme toute assez conventionnelle, le film s'impose cependant grâce au traitement particulier que le metteur en scène lui applique et qui rend le scénario très convaincant. Tout d'abord les quatre professionnels engagés par Grant ne sont pas de simples héros monolithiques qui ne seraient présents que pour courir au secours d'une femme séquestrée par un bandit sans foi, ni loi. De même que Jesus Raza n'est pas le ravisseur sordide que l'on suppose, mais un authentique patriote, si bien qu'au fur et à mesure que l'intrigue se déroule, la situation initiale s'inverse, au point que Grant se révèle n'être qu'un despote local, menteur et antipathique, assez lâche pour être obligé d'engager des mercenaires afin de récupérer sa femme, alors que Raza nous apparaît  animé des mobiles les plus respectables. " Dans les limites de leur action présente - déclarait Brooks - ces professionnels possèdent toujours les mêmes critères moraux et ne veulent pas les changer. Bien qu'ils n'aient plus été enrôlés dans la révolution, ils ont tâché de conserver ses valeurs de pureté, d'idéal, même dans leur métier de mercenaire. Ils pouvaient être "loués", mais ils devaient connaître le but de leur acte. Si c'était valable, ils étaient même prêts à perdre la vie. Si c'était un mensonge, ils se retireraient; se retourneraient même, comme cela se passe à la dernière minute. Ils préférent ne pas être payés que de trahir ce pourquoi ils s'étaient battus".



En définitive, ils partagent tous les quatre l'idéalisme et le courage de Raza et ont participé à des actions téméraires lors de la révolte mexicaine. Cette période troublée les a marqués dans leur chair et Fardan ( Lee Marvin ), l'un des quatre compagnons, a lui-même perdu sa femme, torturée et tuée par les troupes gouvernementales d'alors. Dolworth ne cache pas, par ailleurs, son admiration pour ces révolutionnaires indomptables et le personnage de Chiquita (Marie Gomez),  la "soldatera", qui lutte aux côtés de Raza, est l'un des plus émouvants du film. Dolworth sera obligé de lui tirer dessus sous peine d'être tué par elle, la blessant mortellement. Elle mourra dans ses bras. Il a d'ailleurs été un moment l'amant de cette impétueuse jeune femme à laquelle il avoue sa passion au moment où elle expire. Ce film est donc l'occasion, pour le réalisateur, de s'interroger sur le sens des révolutions. A Ehrengard (Robert Ryan), l'un des mercenaires, qui demande : Qu'est-ce que faisaient les Américains dans la révolution mexicaine ? - Dolworth répond : - Peut-être qu'il n'y a qu'une révolution. Toujours la même ". Quelques scènes plus tard, le même Dolworth, évoque avec Raza, qu'il affronte néanmoins, ces révolutions qui deviennent des causes perdues lorsque les politiciens remplacent les patriotes. "La révolution n'est plus alors la déesse des débuts, mais une vulgaire putain" - dit-il - précisant ainsi la pensée de l'auteur. C'est bien dans cet esprit que Richard Brooks a composé et dirigé Les Professionnels. Ce film  - ajoutait-il - n'est autre que l'histoire d'hommes en lutte contre leur époque. Les quatre hommes se réunissent pour prouver qu'ils peuvent encore avoir leur utilité. Ils ont participé autrefois à une grande cause. Ils n'y appartiennent plus aujourd'hui". C'est la raison pour laquelle ils en cherchent une nouvelle à servir. En laissant partir Maria et Raza, que font-ils d'autre ? - sinon  leur devoir de patriotes et d'honnêtes hommes, selon le vieux code d'honneur que, l'Amérique, livrée aux politiciens et aux causes marchandes, ne semble plus, désormais, en mesure de respecter. Telle est du moins la conclusion d'un film réussi qui compte parmi les meilleurs westerns hollywoodiens.

 

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, dont la plupart des westerns, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN
 

 

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LES PROFESSIONNELS de RICHARD BROOKS
LES PROFESSIONNELS de RICHARD BROOKS
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1 février 2008 5 01 /02 /février /2008 10:08
4 MINUTES de CHRIS KRAUS OU LA NOUVELLE VAGUE ALLEMANDE

     
Y a-t-il quelque chose de nouveau dans le 7e Art ? Oui, le cinéma allemand qui revient en force et, s'il poursuit sur sa lancée, s'apprête à ressusciter en 2010 le cinéma des années 20 où il brillait de mille feux aux frontons des salles de spectacle. C'est, en effet, une véritable renaissance qui s'amorce avec des films de la qualité de Good Bye, Lenin !  (2003), La Chute  (2004), La vie des autres  (2007) et, plus récemment encore, de  Libre arbitre  de Matthias Glasner et  De l'autre côté  de Fatih Akin. Sorti il y a une quinzaine de jours,  4 minutes  de  Chris Kraus  nous offre une oeuvre d'une authenticité et d'une profondeur à mi- chemin entre le film d'auteur et la mainstream*, cela malgré un budget poids plume et sur un sujet redoutable à envisager si on ne veut pas sombrer dans le pathos, ce que le cinéaste a su éviter avec maîtrise. Jusqu'à ces tout dernières années, le cinéma teuton ne représentait que 9% des films habituellement projetés en Allemagne ( la plus grande part revenant au cinéma américain ); il est actuellement en hausse continue et atteint le chiffre de 30%. Les salles sont à nouveau fréquentées par un public qui se passionne pour son 7e Art national et a repris confiance à la suite des succès de "Good Bye, Lenin !" et  "La vie des autres", ce dernier ayant remporté aux Etats-Unis l'Oscar du meilleur film étranger. "4 minutes" est déjà distribué dans 30 pays et recueille des critiques favorables ; ce, pour diverses raisons : d'abord l'intérêt du sujet et la qualité recherchée et assez sophistiquée de la mise en scène ; ensuite pour le jeu extraordinaire des actrices principales, duo percutant qui force l'admiration, ainsi que pour la musique dans laquelle le film baigne et qui n'est autre que son élément constitutif.



D'autre part, signe supplémentaire d'optimisme pour les Allemands, les studios de Babelsberg, créés en 1911 et qui furent le lieu de tournage légendaire du "Metropolis" de Fritz Lang et de Nosferatu de Murnau, plus récemment du "Pianiste" de Polanski et du "Stalingrad"  de J. Jacques Annaud, ont repris du service, après s'être dévoyés sous le nazisme et endormis sous le communisme, et voient affluer des metteurs en scène du monde entier qui se plaisent à tourner dans la banlieue de Berlin. Si bien qu'en cette décennie, ce n'est pas seulement quelques réalisateurs qui émergent mais un véritable vent de renouveau qui souffle, surtout depuis la réunification et la détermination du peuple allemand à affronter lucidement les fantômes de son passé. Dans ce domaine, le triomphe de "Mon Führer" de Dani Levy ( en France le 12 mars prochain ) est révélateur et donne l'occasion au décapant sens du comique juif allemand, qui avait été neutralisé par la Seconde Guerre mondiale, de réapparaître.


                 

Mais revenons à "4 minutes" qui ne donne pas précisément dans le registre comique, tant s'en faut, mais se présente comme un tête à tête implacable et révélateur entre un professeur de piano octogénaire, plutôt acariâtre, qui dispense ses cours dans une prison pour femmes et une détenue suicidaire et surdouée. Depuis un demi-siècle, cette enseignante est restée attachée à cette prison, car sa vie de soliste s'est arrêtée en 1945 sur un secret non avoué. Losqu'elle fait la connaissance de Jenny, une jeune femme violente et incontrôlable, âgée d'une vingtaine d'années, qui possède un don pianistique hors du commun, elle reprend goût à transmettre et souhaite la préparer au concours d'entrée au Conservatoire, malgré le peu d'enthousiasme de la jeune délinquante. Peu à peu, au rythme de Mozart, de Beethoven, de Schumann, de Schubert, les deux femmes vont finir par s'apprivoiser et accepter de regarder leur passé respectif lourd de silence et de refoulement. Chris Kraus a réalisé là une oeuvre magnifique malgré quelques maladresse, que l'on oublie vite, tant la dramaturgie est puissante et les thèmes abordés nombreux : réalité contemporaine, fantômes du nazisme, fable sociale, troubles de la jeunesse, homosexualité, fidélité et trahison ; oui, le cinéaste ne craint pas de les traiter avec courage, même s'ils plombent un peu le narratif, reproche que l'on peut lui adresser, en effet. Quant à la distribution, elle est excellente, mais il faut s'attarder sur le jeu prodigieux de Hannah Herzsprung et Monica Bleibtreu qui nous font assister à un face à face d'une suffocante intensité. Le réalisateur a d'ailleurs noté à ce propos :

 " Ce film est un duel. Je l'ai voulu comme un western moderne, qui joue sur les contrastes entre la tristesse de la claustration et la liberté absolue née de la musique. (...) Mes parents désespéraient de faire de moi un petit Mozart ! J'ai pris des cours de violon, de flûte, de piano, sans succès. Puis j'ai fait un rejet de la musique. Le personnage de Frau Krüger est sans doute une construction inconsciente née de ces frustrations enfantines ".

 

Frustation ou pas, Chris Kraus a su orchestrer un film que l'on ne peut oublier, qui donne à réfléchir et à entendre, et dont les partitions sont superbement interprétées, car dirigées de main de maître, jusqu'aux quatre dernières minutes où la musique ne se contente pas d'apaiser, mais se révèle capable de faire sortir de sa léthargie une société somnolente.


* auteur sorti des sentiers battus

 

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LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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4 MINUTES de CHRIS KRAUS OU LA NOUVELLE VAGUE ALLEMANDE
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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 10:19
L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE de JOHN FORD

          
L'histoire commence à Shinbone, une petite ville de l'Ouest, où le sénateur Stoddard (James Stewart), homme distingué et orateur accompli, vient assister, avec sa femme Hallie (Vera Miles), aux funérailles d'un certain Tom Doniphon (John Wayne). C'est l'occasion pour lui de raconter son histoire à des journalistes et de leur dire comment, et dans quelles circonstances, il a pu accéder au poste envié et respecté de sénateur. Nous voilà plongés quelques années en arrière. Ramson Stoddard n'est alors qu'un jeune avocat de l'Est désargenté qui cherche à se faire un nom dans les territoires de l'Ouest. Mais tandis qu'il approche de Shinbone, sa diligence est attaquée par un certain Liberty Valance ( Lee Marvin ), une brute redoutable qui fait régner la terreur dans toute la région. Ramson, fouetté et humilié au cours de ce guet-apens, se jure qu'il aura sa revanche et s'installe dans la petite ville où il est soigné par Hallie et fait la connaissance de Tom Doniphon. Ce dernier lui enseigne la loi de l'Ouest qui n'est autre que celle du plus fort. Par la suite Stoddard provoque Liberty Valance en duel et le tue. Hallie, qui était la fiancée de Tom, voyant en lui un preux chevalier, accepte de l'épouser, laissant Tom noyer sa peine dans l'alcool. Plus tard Ramson apprendra que c'est en réalité Tom qui a abattu Liberty Valance parce qu'il tirait plus rapidement et mieux. Mais la réalité est restée voilée et la légende ayant pris le dessus, personne n'est plus jamais revenu sur cet événement et Tom est mort oublié de tous, n'ayant jamais connu le respect, l'amour et la reconnaissance. C'est ainsi que Ramson Stoddard devait sa notoriété à une imposture.

 

 

Le film n'est pas seulement un chef-d'oeuvre signé Ford, c'est, de nos jours, une pièce maîtresse de la culture américaine, une méditation sur le sens de  son histoire, un poème testament entre faits réels et interprétations héroïques.  Avec cet avant-dernier film, Ford nous livre une réflexion désenchantée et crépusculaire de l'Ouest, là où la légende finit toujours par être plus forte que la réalité, où la mystification l'emporte sur la vérité, ce qui donne au réalisateur l'occasion d'approfondir la mise en place des justifications imaginaires de la réalité. Comme s'il était tenu de marquer d'emblée le ton et le style,  John Ford opta pour le noir et blanc, ainsi qu'il l'avait fait quatre ans plus tôt pour The last Hurrah ( La dernière fanfare ), autre méditation sur la notoriété, la vieillesse, le pouvoir et la mort. Et il utilise volontairement et à six reprises le thème musical d'Ann Rutledge composé par Alfred Newman, de même qu'il construit son oeuvre autour d'un long flash back, ce qui ne lui est pas habituel. Romanesque dans la description des rapports entre Hallie et Doniphon, l'homme qu'elle quittera pour Stoddard, truculent dans les séquences décrivant les réunions électorales, ce long métrage permet en outre à son auteur de montrer une même scène sous des angles différents. Ainsi  il y en a une qui laisse croire que Stoddard a bien tué Liberty Valance et une autre, quelques instants plus tard, qui infirme cette vérité et dévoile, grâce à un cadrage reprécisé, ce qui s'est réellement passé. Rarement Ford, qui rejoint ici Hitchcock, n'est allé aussi loin dans l'usage des possibilités ambivalentes de l'art cinématographique. Variation subtile sur les apparences et les erreurs qu'elles peuvent engendrer, L'homme qui tua Liberty Valance (1961) a été tourné presque exclusivement en studio, symbolisant une fausse réalité, plutôt que dans les grands espaces californiens dont on sait combien ils étaient chers à John Ford. Remarquablement interprété par un James Stewart parfait, un John Wayne véritable héros de cette histoire nostalgique dont ce sera le dernier film avec le metteur en scène, il fait également la part belle à Lee Marvin campant un bandit outrageusement colérique qui crève l'écran et se montre extraordinaire de réalisme et de cynisme. Et puis autre particularité du film,  il est l'adieu au western d'un maître incontesté du genre.

 

Pour lire les articles consacrés aux grands maîtres du western, à John Wayne et James Stewart, cliquer sur leurs titres :  

    

JAMES STEWART - PORTRAIT   

    

JOHN WAYNE

 

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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 10:04
KING AND THE CLOWN de LEE JUN -IK

                                                                                               

Au début du XVIe siècle, alors que la dynastie Chosun est en place et règne avec autorité, une troupe de comédiens, pour s'attirer les faveurs du public, se prête à des bouffonneries cocasses qui mettent en scène les relations du roi et de sa favorite, ainsi que les ministres de la cour. Arrêtée sur ordre d'un conseiller royal, celle-ci est amenée au palais et obligation lui est faite de provoquer l'hilarité de sa majesté, si elle veut assurer sa survie. Grâce à l'habileté de Jang Seng et au charme ambigu de l'eunuque Gong Gil, qui a toutes les grâces d'une jeune fille, le roi rit et la troupe est épargnée et invitée à résider  sur place, afin que, dorénavant, elle s'emploie à tromper l'ennui du souverain. King and the Clown, du cinéaste Sud- Coréen  Lee Jun-Ik, est l'adaptation cinématographique d'une comédie musicale et le film ne fait que reprendre, mais de quelle façon ample et fastueuse, le genre de la comédie musicale (le fond sonore est d'ailleurs très agréable), tout en adoptant un style plus grave, voire dramatique, de façon à proposer un message circonstancié sur le pouvoir institutionnel (nous ne sommes pas loin de la Corée du Nord et de son effrayante dictature)  et le contre-pouvoir de l'imaginaire, sur la violence du vécu et la puissance fictive de l'espéré. Dès l'épilogue, le réalisateur se réfère aux chroniques royales de la dynastie Chosun qui relataient fidèlement les faits et gestes de chacun des rois qui se succédèrent pendant plusieurs siècles (on  parle de 24 suzerains de la même lignée). Le roi ,qui est dépeint dans le film, a la triste réputation d'être cruel, violent et immoral. En définitive, il m'est apparu davantage comme un immature, un grand enfant capricieux, égocentrique et tyrannique, un personnage trouble et troublant, marqué, dès l'enfance, par la mort de sa mère empoisonnée par un haut dignitaire sur ordre de son époux, que comme un tout-puissant suzerain. A la suite de ces drames familiaux, il est resté un être éternellement  insatisfait, jouisseur, inconscient, donc incapable de se gouverner lui-même et, à plus forte raison, de gouverner son pays de manière responsable. Il est le jouet de son entourage et donc un homme sous influence, qui sera détrôné en 1502, à la suite d'une subversion aristocratique, pour ses brutalités et ses erreurs. Cet événement est d'ailleurs suggéré dans le final, où une image met en scène les comédiens s'élevant dans le ciel grâce à des pirouettes acrobatiques, tandis que le palais est envahi par une foule déchaînée.

 

Ce film, d'un esthétisme raffiné, qui se présente comme une réflexion sur le pouvoir politique et le pouvoir de l'art, l'un et l'autre mis en concurrence de façon habile et pertinente, joue magnifiquement de la couleur, des paysages, des ciels, des visages, mêle la farce et le drame, la comédie et la tragédie, sans aucune fausse note, tandis que se jouent mutuellement et, comme sous l'effet d'un double miroir réfléchissant, les tenants du pouvoir et les acteurs de cette commedia dell'arte. Il est, par ailleurs, intéressant à plus d'un titre : tout d'abord parce qu'il nous permet de découvrir le théâtre burlesque coréen dans lequel s'associent harmonieusement le mime, le chant, les marionnettes, les numéros d'équilibriste, les acrobaties diverses et qu'il nous fait entrer dans le vif de l'existence d'une petite troupe de saltimbanques trop souvent victime des exigences d'un directeur autoritaire qui n'hésite pas à prostituer certains de ses acteurs et à oser des insolences audacieuses pour de l'argent. Ensuite, parce qu'il nous peint de façon minutieuse, et idéalement chamarrée, la vie de la cour dans la Corée du début du XVIe, où le faste est grand, la vie réglée au détail près et où le souverain n'est, en fin de compte, qu'un être soumis, non seulement aux lois édictées par ses ancêtres, mais aux intrigues et malveillances manigancées par ses ministres corrompus. Enfin, parce qu'il aborde avec pudeur le thème de l'homosexualité masculine (ce qui n'est pas courant en Corée du Sud) à travers le personnage émouvant, tendre et faible de Gong Gil, être asservi doublement par sa nature physique et sa position sociale. Il semble d'ailleurs que sa destinée ne cesse de lui échapper et qu'il est le jouet, tout ensemble, du roi qu'il charme et envoûte et de Jang Seng qui l'aime et entend le protéger des fantasmes royaux. Alors que cette troupe parcourait tranquillement les villes du pays en interprétant des pièces et en se livrant à des pitreries et acrobaties,  leur sort bascule dangereusement lorsqu' ils sont repérés par un dignitaire et où, pour sauver leur peau, ils se voient dans l'obligation de devenir les amuseurs du palais et sont exposés aux foucades et aux imprévisibles caprices du souverain. King and the clown s'affiche aujourd'hui comme un succès sans précédent au box-office coréen. On ne s'en étonnera pas si l'on sait l'engouement, respectable ô combien ! de la Corée du Sud pour son passé et sa culture, d'autant  que ce film procède à une reconstitution magnifique de la Corée moyenâgeuse avec ses costumes, ses décors, ses fastes et aussi ses bouges, ses moeurs ; monde tantôt bigarré et grouillant, tantôt somptueux et figé et, ce, grâce à une photographie maîtrisée et une direction d'acteurs (ils sont tous éblouissants) magistrale. King and the clown est une fresque grandiose qui ajoute à sa réussite esthétique un message sur les ambiguïtés du pouvoir et  le sens de nos vies : est-il possible d'échapper aux règles qui régissent les sociétés ? Il semblerait que Lee Jun-ik n'en soit pas convaincu,  mais qu'il reconnaisse à l'homme en mesure d'assumer sa différence comme le cap'taine, tour à tour grossier, jovial mais loyal et responsable de ses choix et de ses engagements, une supériorité indiscutable en comparaison d'un serviteur de l'Etat contraint et soumis aux impératifs de sa charge. A la fin le cap'taine, devenu aveugle, dira qu'il voit désormais mieux qu'avant, parce qu'il n'est plus ébloui par l'or et les apparences.
 

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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 14:54
MASTER AND COMMANDER de PETER WEIR

                                                                                    
Master and Commander  (De l'autre côté du monde en français) de Peter Weir est un film d'aventure marine chevaleresque, dans la grande tradition des combats navals, qui relate un fait de l'histoire maritime commune entre la perfide Albion et la marine française. Cette fresque magnifique raconte la poursuite de deux navires ennemis au temps des guerres napoléoniennes, où l'on voit un commandant anglais prendre en chasse le navire Acheron et le poursuivre sans relâche jusqu'à l'affrontement final, l'abordage époustouflant de réalisme où le capitaine français perdra la vie et où son équipage sera fait prisonnier, du moins ceux qui auront survécu. Deux personnages centraux : le capitaine Jack Aubrey (Russell Crowe) au physique, à la carrure de l'emploi, le héros plus vrai que nature, impulsif, sanguin, volontaire, suscitant l'admiration et le respect par sa compétence, mais surprenant  de par sa sensibilité dissimulée sous l'indispensable autorité que nécessite son commandement. Le chef vers lequel les yeux se tournent pour y quêter l'exemple et affermir son courage. Quant au second personnage, il s'agit du médecin de bord Stephen Maturin (Paul Bettany), le naturaliste, le chercheur posé, intériorisé, humain, l'intellectuel, musicien de surcroît comme son capitaine, avec lequel il aime jouer lors de leurs rares moments de liberté, sensible certes, mais de même envergure que ces marins trempés dans l'acier lorsqu'ils sont confrontés à l'adversité. Entre eux deux, une amitié forte, faite d'admiration et d'estime, d'autant que la musique est un lien supplémentaire qui les unit par-delà les exigences de leur vie aventureuse et leur permet de prendre, pendant quelques instants, leurs distances avec les fureurs de la guerre et la cruauté des éléments. La beauté et la force du film résident en partie dans la relation entre ces personnalités très différentes mais unies par un destin partagé, où l'un chérit la connaissance et la modération et explore les mystères de la vie dans l'espoir d'en débusquer les secrets, tandis que l'autre entend embrasser son honneur et se plait à bourlinguer et guerroyer sur les océans pour la grandeur de sa nation. 

                    
Filmé de façon quasi documentaire, il nous livre une imagerie superbement animée de la vie à bord d'un navire de guerre du XIXe siècle, exaltant la bravoure de l'équipage, exhalant l'odeur de poudre et nous renseignant de façon précise sur les petites joies mais aussi les moments de doute et de désespoir, les amputations, le scorbut et la rudesse terrible des attaques navales et de la vie au milieu des flots déchaînés. Le réalisateur nous propose, en effet, une galerie de personnages captivants et complexes, remarquablement crédibles et, ce, des jeunes mousses aux sous-officiers et officiers qui sont campés avec vigueur et conviction et excellemment interprétés dans une succession de scènes hautes en couleur et habilement cadrées. D'ailleurs, ce long métrage est une suite de tableaux superbes, d'une qualité rare, inspirés de la peinture néo-classique, tantôt nimbés par les vapeurs d'eau, tantôt par la fumée des canons, lors des scènes de combat. Nous sommes dès le début du film, embarqués, tant est puissante l'évocation des faits et actions, grande la beauté des images, normale la vie qui s'organise en notre présence. L'oeuvre dégage une sollicitation telle que nous avons l'impression d'être les témoins privilégiés d'une aventure qui nous concerne,  nous bouleverse et nous prend à l'estomac. Mieux encore, le tour de force de cette narration est qu'aucun sentiment de vengeance ou de haine ne transpire. Chacun est là pour exécuter une tâche, remplir un devoir, honorer un engagement et s'y emploie sans barguigner, à l'exception de l'un d'entre eux qui préférera se suicider, lorsqu'il s'apercevra qu'il n'est pas en mesure de faire face à ses responsabilités. Par contre, le cadet le plus jeune force notre admiration par sa maturité, son sang-froid et son courage, digne fils et petits-fils d'une lignée de grands capitaines, quand il subit l'amputation d'un bras à vif sans émettre une plainte et retourne aussitôt à sa tâche.
Voilà un film qui nous donne à voir et à vivre l'une des plus belles pages de l'histoire maritime et s'y consacre avec un art consommé du détail, une richesse de reconstitution stupéfiante et une ferveur communicative. A se procurer en DVD. 



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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 14:53
ALAMO de JOHN WAYNE

                                                                                     

Il aura fallu dix ans et une énergie peu commune à John Wayne pour qu'il puisse porter à l'écran le projet qui lui tenait à coeur depuis longtemps : le siège de Fort Alamo, l'une des pages de gloire de l'histoire américaine, que ce patriote fervent avait le désir de réaliser. Dès 1950, il avait cherché à y intéresser Herbert J. Yates, le patron de Republic Pictures avec, pour interprète principal, l'acteur Johnny Weissmuller. Mais les hommes ne parvinrent pas à s'entendre et se séparèrent, Yates produisant pour sa part une version " bon marché " du scénario, réalisé en 1955 à moindres frais par Frank LLoyd et William Witney, avec pour titre français : "Quand le clairon sonnera". Quant à John Wayne, nullement découragé par cet échec, il continua à travailler avec obstination sur son projet, persuadé qu'il y avait place pour une reconstitution plus ambitieuse. Il prit alors la décision de s'investir financièrement dans "Alamo", se réservant le rôle secondaire, mais les Artistes Associés, avec lesquels il finit par passer contrat, exigèrent que ce soit lui et lui seul qui tienne le rôle le plus important, afin d'assurer la réussite commerciale de l'entreprise. C'est ainsi que Wayne devint le colonel David  (Davy Crockett ). Pour lieu de tournage, il choisira  Brackeville au Texas et pour parfaire cette fresque grandiose, louera 1500 chevaux et aura recours aux services d'un ex-sergent des Marines, vétéran des films de John Ford, Jack Pennick, de manière à instruire militairement les 4000 figurants. Il fit en sorte de disposer de tous les atouts nécessaires, ayant pour cette réalisation une détermination farouche, un enthousiasme qui ne l'était pas moins et une disponibilité de tous les instants.

                      


" Avant même qu'un pied de pellicule ne soit impressionné - écrira Maurice Zolotow dans Shooting Star - plus de deux millions de dollars avaient été dépensés ". La nourriture de la véritable armée réunie par John Wayne coûtera à elle seule 250.000 dollars. L'acteur fut obligé d'hypothéquer ses biens personnels pour subvenir aux dépenses d'un tournage de plus en plus onéreux. Le coût total du film atteindra 12 millions de dollars pour 81 jours de travail. Plus passionné que jamais, Wayne déclarera : " C'est un sacré bon film, une vraie page d'histoire américaine, le genre de films dont les gens ont besoin, plus que jamais ". Mais le public, toujours versatile, ne suivra pas comme l'avait tant espéré l'acteur et ce dernier ne récupérera son coût de production que beaucoup plus tard, lorsque les droits seront achetés par la télévision.

 

Pourtant "Alamo" est une réussite. Et d'abord un coup de maître de la part de John Wayne qui endosse avec une incontestable aisance les rôles conjugués de producteur, réalisateur, metteur en scène et interprète et, ce, avec un brio et une compétence qui forcent l'admiration. Les séquences de bataille, dont les cascades avaient été mises au point par Cliff  Lyons, sont admirablement ordonnées et possèdent une grandeur tragique. Il est difficile, par ailleurs, d'oublier la mort de Travis, tué d'une balle ; de même que celle de David Crockett qui, mortellement blessé, se fait exploser avec les réserves de poudre ; il y a là beaucoup d'héroïsme et de grandeur et une suite de combats réalistes qui prouvent l'ardeur et le courage de ces hommes qui, de part et d'autre, s'affronteront à la loyale.

 

1836, le Texas n'est alors qu'une province du Mexique et entend proclamer son indépendance. Mais à cette époque, l'armée texane, dirigée par le général Sam Houston ( Richard Boone ), n'est pas encore prête et celui-ci demande alors au colonel Travis ( Laurence Harvey ) de tenir coûte que coûte Fort Alamo, siège d'une ancienne mission, qui se présente comme une sorte de verrou sur la route où s'est engagé, avec une armée de 7000 hommes, le dictateur mexicain Santa Anna ( J. Carrol Naish ). Si bien que la défense s'organise et que 185 braves sont prêts à se sacrifier pour que le Texas se libère du joug mexicain. L'armée mexicaine investit la place, ne laissant partir que les femmes et les enfants, tandis que les défenseurs apprennent que les renforts, sur lesquels ils comptaient, ne viendront pas et qu'ils doivent dorénavant envisager le combat seuls, de façon à retarder, autant que faire se peut, l'avancée des Mexicains.

 

Voilà l'histoire édifiante que John Wayne voulait offrir à son pays et, en même temps qu'une leçon de courage, rendre hommage à ceux qui avaient donné leur vie pour que les hommes de leur pays puissent un jour y vivre libres. Il a fait en sorte que cette épopée soit, tout ensemble, une fresque spectaculaire et la description sensible et minutieuse d'un groupe d'hommes lié par un semblable idéal, que les événements condamneront à un destin tragique et glorieux. Depuis lors, ce film, d'une durée de 2h 47, s'est inscrit dans la lignée des grands classiques du western.

 

Voir le portrait de John Wayne en cliquant  ICI

 

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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 10:17
REVIENS-MOI de JOE WRIGHT

                   
Après Orgueil et Préjugés,  Reviens-moi,  le dernier opus d'un jeune cinéaste de 35 ans, présenté en ouverture à la Mostra de Venise, s'inspire d'une oeuvre littéraire - ce qui est de plus en plus courant dans le cinéma actuel - et est interprété par une Keira Knightley  lumineuse, déjà la vedette de la précédente réalisation, ce qui fait que le cinéaste, la connaissant bien, a su tirer le meilleur d'elle-même. Cette fois, Joe Wright a porté son choix sur Atonement (en français expiation, titre que le film aurait dû conserver) de Ian MacEwan, oeuvre introspective romanesque et romantique qui se déroule dans l'Angleterre encore puritaine de l'entre-deux-guerres et explore la conscience humaine autour de deux thèmes : la culpabilité et l'expiation. Tout se joue en une journée torride au coeur d'une propriété victorienne où Brionny, qui veut se consacrer à la littérature, épie sa soeur aînée Cecilia qui vit auprès de Robbie, le fils de la cuisinière, une passion amoureuse. Un geste équivoque, mal interprété par cette fillette de 13 ans, sera à l'origine d'un drame familial qui, en brisant leur vie, entraînera les principaux personnages vers un destin tragique. Ainsi est-on plongé dans un théâtre des apparences qui conduit le film à être le révélateur des interprétations diverses et complexes des protagonistes. La caméra (principalement dans la première moitié du film) s'attarde à nous livrer la vision personnelle de chacun d'eux par un recours un peu excessif aux flash-back, afin de nous prouver que chacun ne voit jamais de l'existence que ce qu'il veut bien en voir. La subjectivité est ici un prisme qui modifie en permanence la nature des choses.

 

                    
Film d'une grande intensité romanesque, Reviens-moi met en scène trois personnages dont l'un d'eux ne nécessitera pas moins de trois actrices pour l'incarner dans trois périodes différentes de sa vie : à 13 ans, lorsque tout va basculer, Brionny a les traits de la jeune Saoirse Ronan d'une maturité et d'une présence extraordinaire ; ensuite ceux de la délicieuse Keira Knightley qui a travaillé le rôle de façon à rendre la métamorphose aussi crédible que possible, reprenant des attitudes, des expressions de la jeune Saoirse ; enfin, au crépuscule de sa vie, ils seront ceux très poignants de Vanessa Redgrave. Ce film est donc essentiellement féminin, bien que la guerre de 39/45 soit présente, guerre à laquelle le jardinier Robbie Turner (James McAvoy) participera malgré lui, seul personnage aimable et victime sacrifiée aux perfides stratagèmes d'une enfant exaltée et fabulatrice. A l'intimité feutrée et manquant de dynamisme de la première moitié du film,  succède, comme un chapitre très différent, une seconde moitié traitée de manière à ouvrir l'écran sur un monde en plein conflit mondial, si bien qu'après le huit-clos du château victorien, nous plongeons en plein coeur de la drôle de guerre et assistons à l'embarquement de troupes alliées à Dunkerque, ce qui a obligé le réalisateur à faire appel à deux mille figurants, démesure inattendue dans un film qui s'amorçait sur un registre tout autre :  l'analyse des états d'âme. Esthétiquement, la mise en scène est parfaite et compense certains défauts inhérents à des scènes trop languissantes vers le milieu du film, ce qui autorise le cinéaste à renouer avec un rythme plus rapide et à redonner une densité complexe et énigmatique à cette oeuvre qui joue sur les variations  sentimentales de la nature humaine. A recommander aux amateurs de romanesque.


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  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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