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16 septembre 2007 7 16 /09 /septembre /2007 09:15
LA VENGEANCE DANS LA PEAU de PAUL GREENGRASS

                                  

Le héros de La vengeance dans la peau  nous avait habitué à l'action dans les deux précédents films de cette trilogie qui a révolutionné le cinéma d'aventure grâce à un ton résolument réaliste, une quasi-absence d'effets spéciaux, une grande nervosité de mise en scène, un rythme qui ne faiblit jamais et un personnage principal, ce fameux Jason Bourne, amnésique, d'une profondeur inhabituelle qui tente à la fois de découvrir les clés de son passé et de s'en libérer. Le jeu sobre et intense de Matt Damon fait à nouveau beaucoup pour le succès de ce troisième opus, présenté comme étant l'ultime ... mais qui nous dit qu'on ne verra pas d'ici quelques années revenir le fringant héros, tempes grisonnantes et moral d'acier pour nous faire part d'une maturité gagnée au pas de charge ? Tout comme la mise en scène formidablement tendue de Paul Greengrass, l'auteur du brillant second volet, qui suit son héros de Moscou à New-York, de Madrid à Tanger, sans lui laisser (et pas davantage à nous spectateurs) le temps de souffler. Cette fois Jason Bourne s'essaie à découvrir, malgré la noria de tueurs lancée à ses basques, le comment et le pourquoi qui l'ont transformé en machine à tuer. C'est la quête d'un passé qui ne parvient ni à justifier le présent, ni à favoriser l'avenir, que le personnage s'évertue à comprendre. En sorte que l'espion amnésique n'en finit pas d'en faire voir de toutes les couleurs aux employés véreux de la CIA. Un bon moment assuré par un film qui ne trahit pas ses promesses et se laisse regarder avec beaucoup de plaisir. Egal à lui-même, Matt Damon est un excellent Jason Bourne, astucieux, ardent, courageux, il crève littéralement l'écran, nous emporte dans sa course folle et ne nous lâche plus. Le film grand public par excellence.

 

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16 septembre 2007 7 16 /09 /septembre /2007 09:04
LE CRABE-TAMBOUR de PIERRE SCHOENDOERFFER

   

Depuis "La grande illusion" de Jean Renoir en 1937, Pierre Schoendoerffer est pratiquement le seul cinéaste français à avoir traité, sous un jour véridique, la guerre et l'armée, trop souvent caricaturées. Or les films de Schoendoerffer ont le mérite d'avoir été nourris par une expérience personnelle irréfutable. Après une jeunesse vagabonde, le cinéaste, né en 1928, s'engage comme volontaire pour l'Indochine et devient photographe, puis cameraman du service cinéma-presse du corps expéditionnaire français. Nous sommes en 1952, il a 24 ans. Pendant trois années, il va filmer à bout portant les opérations et les combats jusqu'à la chute de Diên Biên Phu, où il est fait prisonnier par le Viêt-minh. Démobilisé, il restera en Indochine - devenue le Viêt-nam - comme correspondant de guerre du journal Life. A Hong-Kong, il rencontre Joseph Kessel et avec lui élabore le scénario de "La Passe du diable". Ce film sera tourné en Afghanistan, au milieu de grandes difficultés, et recevra le prix de la ville de Berlin et un succès suffisamment estimable pour que le cinéaste puisse poursuivre sa carrière. Ce seront deux films d'après des romans de Pierre Loti : "Ramuntcho" (1958) et "Pêcheur d'Islande"  (1959). Ces réalisations d'un autre âge furent un fiasco retentissant à une époque où sortaient des longs métrages comme "Les 400 coups" et "A bout de souffle", que les fringants mousquetaires de la Nouvelle Vague réussissaient à imposer à un public déjà gagné à leur cause. Cet échec allait avoir pour conséquence d'éloigner pendant quelques années Schoendoerffer du cinéma, l'incitant à renouer avec son métier de reporter-photographe de grands magazines, travaillant entre autre pour la télévision (Cinq colonnes à la Une).

 

Egalement tenté par l'écriture, il publie "La 317e Section", récit inspiré de ses souvenirs d'Indochine et transforme l'année suivante le roman en un film magnifique, peut-être l'un des plus représentatifs sur la guerre, qui obtient le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 1965. A partir de là, Schoendoerffer est considéré comme un cinéaste de grand talent et cette réputation ne se démentira pas. Il est vrai que ces histoires de baroudeurs lui conviennent mieux que les romans désuets de Pierre Loti. En 1967 avec "La Section Anderson", filmée sur le vif, le cinéaste décroche une moisson de récompenses, dont un Oscar à Hollywood et le prix Italia. Malgré cela, il attendra dix ans pour produire son neuvième film, se consacrant à l'écriture, où il rencontre le même succès. Influencé par des écrivains comme Conrad et Kipling, il publie un très beau livre "L'adieu au roi", couronné en 1969 par le prix Interallié. Il réitère en 1976 avec un roman puissant et original  "Le Crabe-Tambour" qui obtint, quant à lui, le grand prix du roman de l'Académie française. Ce sera l'adaptation cinématographique de ce livre à succès qui occasionnera le retour de Schoendoerffer derrière la caméra.

 

"Le Crabe-Tambour" est avec "La 317e Section" son film le plus abouti. Le sujet nous ramène aux guerres coloniales, à l'Indochine et à l'Algérie, aux officiers perdus, aux serments non tenus et aux vies brisées par respect de la parole donnée, le goût de l'honneur et du devoir, toutes valeurs tombées en désuétude en ce XXe siècle finissant. Cette fois, Schoendoerffer ne se contente pas de relater les actions de guerre, les actes de courage et la fureur des combats, il a désormais l'ambition de fouiller plus profond, de faire référence à la mémoire, au sens de la vie, au tête à tête avec soi-même et avec la mort.



A bord d'un bateau de la Marine Nationale, chargé d'escorter une septième flottille de chalutiers sur les bancs de Terre-Neuve, le commandant et le médecin évoquent leur passé et le souvenir qu'ils gardent d'un compagnon d'armes, l'enseigne de vaisseau Wilsdorff dit le Crabe-tambour, héros devenu légendaire qui les a marqués irrémédiablement et qu'ils ont connu lors de circonstances différentes : l'un en Indochine, l'autre en Algérie. Tous deux semblent taraudés par un remords : le médecin parce qu'il a laissé son ami repartir seul  sur une vieille jonque avec les dangers que cela comporte ; le commandant parce qu'il a renié l'ami et le compagnon d'armes pour des divergences d'opinions. Pour ce dernier, atteint d'un cancer, le moment revêt un caractère plus tragique et émouvant. Les deux officiers ont choisi la pleine mer afin d'adresser, au-delà du temps et des lieux, cet adieu au héros lointain qui hante leur mémoire. "Le Crabe-Tambour" renoue ainsi avec le sentiment de la grandeur que Schoendoerffer est l'un des seuls à savoir évoquer avec cette force et ce dépouillement. Proche d'un John Ford ou d'un Raoul Walsh, il utilise une mise en scène d'un rigoureux classicisme, toute au service de son objet, avec des plans à couper le souffle de par la simplicité et la sobre beauté qui les a motivés. Le cinéaste fait preuve d'une maturité souveraine qui lui méritera le grand prix du Cinéma français. Admirablement interprété par Jean Rochefort, César du meilleur acteur, Jacques Dufilho, César du meilleur second rôle, Jacques Perrin et Claude Rich, ces quatre acteurs donnent à leurs personnages respectifs et au film une intériorité intense. Ils savent exprimer les interrogations secrètes, les dilemmes, la nostalgie, le sentiment d'abandon, d'inutilité qui ont atteint ces officiers en pleine force de l'âge, figures emblématiques d'un héroïsme militaire voué à l'oubli  auquel Schoendoerffer rend ici un bouleversant hommage crépusculaire. 

 

 

Pour lire l'article consacré à Jacques Perrin, acteur, réalisateur et producteur, cliquer sur son titre :

 

JACQUES PERRIN OU UN PARCOURS D'EXCELLENCE

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

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LE CRABE-TAMBOUR de PIERRE SCHOENDOERFFER
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15 septembre 2007 6 15 /09 /septembre /2007 09:27
GARY COOPER - PORTRAIT
GARY COOPER - PORTRAIT

         

L'un des plus célèbres et prestigieux acteurs américains Gary Cooper est né à Helena le 7 mai 1901 dans un ranch du Montana que dirigeait son père. Elève dans une école anglaise réputée, il reçut une parfaite éducation et fit preuve, dès son jeune âge, de dons visibles pour le dessin. Blessé lors d'un accident de voiture, alors qu'il étudie à l'Université de Wesleyan, il reste en convalescence au ranch familial, se familiarise avec les chevaux et perfectionne son niveau d'équitation qu'il saura utiliser dans sa future carrière d'acteur, en particulier dans les innombrables westerns auxquels il participera. Après quelques essais infructueux dans le domaine de la caricature politique, le jeune homme propose ses services comme figurant dans des films afin de gagner un peu d'argent et a vite fait de se faire remarquer pour son physique, son élégante nonchalance, ce qui lui permet d'obtenir un rôle important dans "Barbara", "La fille du désert" d'Henry King et d'entrer ainsi sous contrat avec la Paramount. Par la suite, il va alterner les rôles de gentleman et ceux d'aventuriers et en 1941 reçoit un Oscar pour le rôle-titre de "Sergent York" de Howard Hawks, rôle pour lequel il avait été choisi par le vrai héros de la première Guerre Mondiale, Alvin York.

                                                          

L'année suivante, il obtient un immense succès dans une autre biographie, celle du joueur de base-ball Lou Gehrig. Bien qu'il n'ait jamais pratiqué ce sport, son interprétation est si convaincante qu'elle impressionne durablement le public. Le 15 décembre 1933, Gary se marie et épouse à New-York Véronica Rocky Balfe avec laquelle il aura son unique enfant, une fille prénommée Maria Véronica qui sera, par la suite, l'épouse d'un célèbre musicien. Trop âgé pour participer à la Seconde Guerre Mondiale, l'acteur donne inlassablement de son temps pour se joindre à des tournées dans le Sud Pacifique et remonter ainsi le moral des troupes. En 1945, il produira son seul film en tant que producteur Le grand Bill, réalisé par Stuart Heisler. Parmi ses films les plus connus : "Le train sifflera trois fois", "L'extravagant Mr Deeds", "Le Rebelle", "Le jardin du diable", "L'homme de la rue", "Pour qui sonne le glas", "La loi du Seigneur", "L'adieu aux armes". Par ailleurs, il ne comptabilise pas moins de six nominations aux Oscars.

         

Converti au catholicisme en 1956 sous l'influence de sa femme et de sa fille, il est bientôt atteint d'un cancer du poumon qui l'obligera à renoncer à participer au film "Horizons sans frontières", où il sera remplacé par Robert Mitchum. Les médecins lui cacheront un certain temps la gravité de son mal pour lui permettre de tourner un dernier film "La lame nue" de Michael Anderson. Le président John Kennedy et la reine Elisabeth II d'Angleterre, le sachant très malade, lui adressent des lettres de réconfort, tandis que son ami Jimmy Stewart reçoit, à son intention, un Oscar qui consacre l'ensemble de son exceptionnelle carrière. Il s'éteint à Los Angeles le 13 mai 1961, six jours après son soixantième anniversaire et six mois après la disparition d'un autre grand de Hollywood Clark Gable.

   

 Pour consulter les articles des films où figure l'acteur dont Vera CruzLe train sifflera trois fois et Le rebelle, cliquer sur le lien ci-dessous :

 


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2 septembre 2007 7 02 /09 /septembre /2007 09:51
HENRY FONDA - PORTRAIT

                       
Henry Jaynes Fonda naquit le 16 mai 1905 à Grand Island d'une famille d'anciens colons qui s'était établie, dès le XVIIe siècle, au nord de New-York dans une ville qui porte encore leur nom. Son père était imprimeur et sa mère femme au foyer. L'harmonie régnait au sein de ce couple sans histoire qui aura deux autres enfants. Ceux-ci seront élevés dans un esprit de justice et son père le fera assister, à l'âge de 14 ans, au lynchage d'un employé noir, ce qui le marquera à jamais. A 18 ans, il rêve de devenir écrivain et quitte Omaha pour suivre des cours à l'Université du Minnesota. C'est en 1925 qu'une amie de la famille lui propose un rôle de figurant dans une pièce que monte le théâtre municipal d'Omaha. Cette femme, du nom de Dorothy Brando, n'est autre que la mère de Marlon et va, de ce fait, orienter sa vie très différemment de ce que le jeune homme envisageait. Il est vrai qu'il possède un physique avantageux : il est grand, alluré, avec des yeux bleus perçants et une aisance naturelle. Dès l'année suivante, on lui propose le rôle principal dans "Merton of the Movies" où il surprend par sa présence, d'autant mieux qu'en jouant il parvient à surmonter ses inhibitions. C'est donc décidé : il sera acteur. Dans cet environnement créatif, Henry s'épanouit, stimulé par l'esprit de camaraderie qui sévit dans la petite troupe. Bientôt une jeune femme les rejoint ; elle s'appelle Margaret Sullivan et les jeunes gens vont vivre un amour d'autant plus complice qu'ils partagent la même passion pour la scène. Après leur mariage en décembre 31 à Baltimore, ils décident d'aller tenter leur chance à Broadway. Mais les difficultés rencontrées ruinent leur union et ils se séparent. Henry est anéanti et a bien du mal à trouver du travail dans une Amérique en crise. Pour survivre, il se voit dans l'obligation d'accepter un emploi de vendeur chez un fleuriste.



Mais la chance va, de nouveau, lui sourire. Après avoir passé des centaines d'auditions, il est retenu pour une comédie musicale "New faces of 1934" et reprend confiance. Un soir, dans le public, se trouve l'agent de Greta Garbo et de Fred Astaire, un certain Leyland Hayward qui le remarque et le prend sous contrat. Sa vraie carrière commence mais il ne part pas pour Hollywood sans une certaine réticence. Henry Fonda a 30 ans et quitte le théâtre pour le cinéma, où il apparait successivement dans quatre films, dont "The Trail of the Lonesome Pine" produit par la Paramount.  A 31 ans, il est un acteur déjà très demandé. De passage à Londres pour les besoins de "Wings of the Morning" (La Baie du destin - 1936) avec Annabella, il rencontre une riche veuve de 27 ans Frances Seymour Brokaw qu'il épouse trois mois plus tard et qui lui donnera, l'année suivante, une fille Jane. Les films vont dorénavant s'enchaîner et font de lui une valeur sûre. Mais nous sommes en 1940 et la guerre fait rage en Europe. Aussi Henry part-il dans le Sud Pacifique pour deux ans. Il échappera à la mort de justesse, lorsque le cuirassier sur lequel il se trouve est bombardé par un kamikase. Il sera d'ailleurs décoré et cité à l'ordre de l'armée. Dès son retour, la Fox le remet au travail et il tourne de nouveau pour Zanuck "La poursuite infernale" en 1946 qui reçoit un accueil triomphal de la part du public. Si sa carrière semble maintenant stable, sa vie sentimentale ne l'est pas. La guerre, les séparations fréquentes ont eu raison de son couple. Sa femme lui reproche de ne pas s'occuper de ses trois enfants et souffre de sa nature renfermée. Ils se séparent en 49. Frances se suicidera peu de temps après, victime d'une terrible dépression. Il se remariera en 1950 avec Susan Blanchard, auprès de laquelle il tentera de récréer une ambiance familiale sereine avec ses enfants. Par la même occasion, il renoue avec la scène en jouant "Mister Roberts" à Broadway plus de mille fois, pièce dont on tirera un film qu'il interprétera à nouveau dans le rôle titre. Avec "Douze hommes en colère" en 1957 de Sidney Lumet, il revient au cinéma en jouant un personnage qui exprime fondamentalement sa nature d'homme libre, soucieux de paix et de justice. Grâce à son jeu tout en sobriété et à sa présence, il est considéré comme l'une des références incontournables du cinéma américain, d'autant qu'il sait donner à ses personnages une épaisseur et une profondeur que les critiques se plaisent à souligner.

 

Pour lire les critiques des films interprétés par Henry Fonda, dont La poursuite infernale et Douze hommes en colère, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

 

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HENRY FONDA - PORTRAIT
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29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 18:06
CEUX QUI RESTENT d'ANNE LE NY

                 

Une bonne surprise que le premier long métrage d'une jeune cinéaste qui vient enrichir l'affiche très encourageante d'un cinéma féminin de qualité, prêt à assurer la relève des aînés, et que l'on décline de façon jubilatoire avec les noms de Pascale Ferran, Marjane Satrapi, Nadina Labaki et aujourd'hui  Anne Le Ny. Un cinéma qui a cette fraîcheur, mais également cette audace des premières oeuvres, quand elles savent mêler force et tendresse, originalité et innovation et trouver un style, un ton, un souffle.


C'est le cas de Ceux qui restent, histoire d'un homme et d'une femme qui vont se rencontrer, se croiser, se parler, s'apprécier, alors qu'ils se rendent l'un et l'autre au chevet de leur conjoint atteint d'un cancer et en phase terminale ( on ne les verra d'ailleurs jamais ) dans les couloirs tellement neutres d'un hôpital, dans une cafétéria, un kiosque à journaux ou la voiture qu'ils partageront ensuite pour rentrer chez eux. Un film qui aborde  un sujet difficile et le traite entre espérance et douleur, avec autant de pudeur que de justesse. Une page se tourne pour chacun d'eux, creusant un abîme au fond du coeur, tandis qu'un espoir se dessine non sans tâtonnements et atermoiements, grâce à des bribes de phrases échangées, à des regards qui s'évitent et se cherchent, à une pudique relation tissée dans le malheur. Oui, oseront-ils franchir le pas et s'avouer qu'ils se désirent et s'aiment, quand bien même leur conjoint meurt dans la chambre voisine ?

 

Cette valse hésitation fait le charme du film qui dose admirablement  paroles et silences, scrupules et résolution, retenue et hardiesse dans un patchwork étonnant de sentiments. Et puis le metteur en scène a su utiliser au mieux les ressources de deux comédiens formidables : Emmanuelle Devos et Vincent Lindon qui sont Lorraine et Bertrand avec une finesse, une subtilité dont on ne peut que les remercier, tout en félicitant la réalisatrice d'avoir su si bien les diriger et tirer la quintessence de leurs personnages respectifs : lui qui n'est guère heureux à la maison auprès d'une belle-fille et d'une soeur qui ne lui passent rien ; elle, qui se débat au milieu de mille difficultés quotidiennes qu'elle ne sait pas gérer. Avec ce joli rôle de mari triste et dévoué, Vincent Lindon est bouleversant de naturel, alors qu'Emmanuelle Devos montre, à l'inverse, un aspect de sa personnalité plus vif et effronté que dans ses films précédents. Ensemble, ils trouvent leur place dans un drame discret, où la culpabilité apporte sa touche sombre et grave. Un film à voir d'urgence. Emotion garantie.

 

Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

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22 août 2007 3 22 /08 /août /2007 10:19
ROMY SCHNEIDER - PORTRAIT

                                                                                                                                                                     

Romy Schneider, passante inoubliable, a traversé le cinéma comme un météore, y laissant une empreinte indélébile. Plus de trente ans que s'est éteint ce regard où la gaieté finissait toujours par s'embuer de mélancolie. Comme Audrey Hepburn, avant même d'être belle, Romy était le charme, la féminité et la grâce. C'est pourquoi elle nous a tant touchés, tant émus. Elle réunissait ce que la femme symbolise le mieux : la ferveur et la fragilité, l'opiniâtreté et la douceur, la tendresse et  la docilité, la simplicité et la coquetterie, le courage et l'abandon. Elle était la femme parce qu'elle savait être toutes les femmes.



Rosemarie Magdalena Albach voit le jour le 23 septembre 1938 à Vienne d'un père et d'une mère acteurs qui, absorbés par leur carrière respective, n'eurent guère de temps à lui consacrer. Ce sont de ces années les plus tendres que date son syndrome de l'abandon qui la poursuivra sa vie entière : Romy adulée, admirée, enviée restera toujours cette petite fille sans enfance qui craignait qu'on ne l'aimât point, une sorte de crainte irrépressible que personne ne saura apaiser. La chance va cependant lui sourire de bonne heure. Alors qu'elle n'a que quatorze ans, elle fait de courtes apparitions dans des films, chaperonnée par sa mère Magda. Son minois ravissant, qui sait accrocher la lumière, plait au public, si bien qu'elle sera choisie quelques années plus tard pour interpréter le rôle de l'impératrice d'Autriche Elisabeth, dite Sissi, dans une trilogie qui connaîtra un incroyable succès international. Projetée dans un tourbillon frénétique de bals, d'interviews, de séances de photos, elle se laisse porter un moment par cette vie dorée qui lui apparaît bientôt futile et risque, à la longue, de l'enfermer dans un carcan dont elle subodore les conséquences désastreuses. Il lui faut, sans tarder, prendre son destin en main et faire en sorte de s'évader d'un cinéma qui ne la satisfait plus. Le salut viendra avec "Christine",  une romance à crinoline qui lui donne pour partenaire Alain DelonSur cette jeune fille pétrie de convenances, le jeune chien fou aura une incontestable influence et l'aidera à s'extraire d'un milieu étroit et d'un cinéma dépassé et vieillot. C'est grâce à Delon qu'elle rencontre l'homme qui sera son Pygmalion : le cinéaste Luchino Visconti. Derrière la jeune fille de bonne famille, le maestro devine un vrai tempérament. Il décide alors de la mettre en scène dans "Dommage qu'elle soit une putain". Terrifiée, elle relève le défi, prend des cours de diction et de français et finit par triompher et s'imposer comme une véritable comédienne. Romy Schneider est née.     

                  

La suite sera sa rupture avec Delon et sa rencontre avec le metteur en scène Harry Meyer qui va la subjuguer par sa culture et son intelligence. Ensemble, ils auront un fils David qui sera le point d'ancrage de cette jeune femme fragile. Car le couple bat de l'aile, Meyer s'étant révélé un géant aux pieds d'argile, un être rongé par une névrose d'échec. Heureusement pour Romy, une opportunité se présente : Delon l'appelle pour devenir sa partenaire dans le prochain film de Jacque Deray "La piscine".  Ce film  va révéler au public une actrice de trente ans au sommet de sa beauté et de son talent. La maternité a fait d'elle une femme épanouie, resplendissante et apparemment sûre d'elle. C'est grâce à ce long métrage que Claude Sautet découvre la vedette qu'il cherche et qu'il saura utiliser comme personne dans plusieurs de ses réalisations : "Les choses de la vie", "Max et les ferrailleurs", "César et Rosalie", installant Romy au panthéon des actrices françaises et l'imposant comme l'égérie radieuse des années 70. C'est lui qui élaborera son personnage définitif : une femme libre ou qui s'efforce de l'être et en qui se reflète l'évolution des moeurs. Et puis il y avait de la part de l'actrice, qui n'était pas exempte de rouerie, une authenticité qui faisait tout passer. Le moment fort de leur collaboration sera  "Une histoire simple",  qui est, par ailleurs, l'oeuvre la plus retorse de ce metteur en scène. C'est un récit sans intrigue réelle où la jeune femme sert de référence à des couples pris dans des tourments affectifs, aggravés de problèmes de statut social. L'actrice trouve là un rôle à sa mesure qui correspond à l'image que le public avait d'elle, non point celle d'une figure mythique comme Marilyn Monroe mais d'une femme qui évoquait à la fois la beauté de la maturité et une certaine liberté d'allure et de comportement qui leur semblait familière et proche.

 



                           romyschneider.jpg

                      
 

C'est probablement avec "L'important, c'est d'aimer" qu'elle ira le plus loin dans un univers crépusculaire qu'elle portait en elle et où elle incarne, sous la direction de Zulawski, une actrice sans envergure et exprime remarquablement sa solitude face à un monde déboussolé et sinistre. Puis elle tournera avec Chabrol  "Les innocents aux mains sales",  mais le courant ne passera pas entre eux et avec Robert Enrico  "Le Vieux Fusil" où, face à un Philippe Noiret remarquable, elle fait une composition d'une grâce bouleversante, avant d'être "La Banquière" de Francis Girod, un film à costumes qui retrace la montée puis la chute d'une femme d'affaires et où Romy se montre séduisante et déterminée. Elle retrouvera aussi le personnage de Sissi dans "Le Crépuscule des dieux", sous la direction de Visconti qui, plus soucieux de la réalité historique, transformera la suave Sissi en une grande dame volontaire et douloureuse. Malheureusement, sa vie privée n'est pas au diapason de sa réussite professionnelle. Son mariage s'est peu à peu transformé en un conflit permanent où l'alcool joue un rôle maléfique. Aussi demande-t-elle le divorce et va-t-elle prendre plaisir à jouir d'une liberté qui la voit avide d'aventures. D'autant que le succès lui apporte sans cesse de nouveaux rôles qu'elle interprète avec cette flamme dont elle est habitée et qui semble jaillir du plus profond d'elle-même. Un César de la meilleure actrice, puis un second viendront récompenser le travail acharné et le professionnalisme d'une comédienne toujours inquiète de n'être pas à la hauteur de ce que son metteur en scène attend d'elle. Après des années d'errance amoureuse, elle croit avoir trouvé le bonheur auprès de Daniel Biasini, qu'elle avait engagé comme secrétaire et qui deviendra son mari et le père de sa petite Sarah. Mais comme elle l'avoue elle-même : elle ne sait pas garder l'enfant en même temps que le père. Daniel et elle se sépareront peu après la naissance de l'enfant. C'est alors que le suicide du père de David rompt son fragile équilibre. Assaillie de culpabilité, l'actrice renoue avec ses vieux démons et les barbituriques dont on sait qu'ils ne font pas bon ménage avec l'alcool. Et de l'alcool, elle est tentée d'abuser...  Puis survient la mort accidentelle de David qui se perfore l'artère fémorale en escaladant la grille du jardin de ses grands-parents à Saint-Germain-en-Laye. C'est le coup fatal. A cela s'ajoute l'ablation de son rein droit atteint d'une tumeur. Elle tourne encore "La passante du Sans-Souci" avant de tirer sa révérence à l'âge de 43 ans. Moins d'un an après la mort de David. Les épreuves, les barbituriques, l'alcool auront eu raison de sa santé. Mais il nous reste ses films, une soixantaine, le souvenir de sa silhouette, de son pas vif, de son sourire des yeux, de ses larmes, de la grâce de ses gestes, de son rire délicieux et de cette mélancolie toujours présente comme un adieu éternel à la vie.

 

Pour prendre connaissance des critiques de films où apparaît Romy, dont "César et Rosalie", "Une histoire simple", "La piscine", "Ludwig ou le crépuscule des dieux" et "Le vieux fusil", cliquer sur les liens ci-dessous : 

 

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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 17:17
SMOKING/NO SMOKING d'ALAIN RESNAIS

                         

SMOKING  : un village du Yorkshire, Celia Teasdale, l'épouse du directeur de l'école, fait son ménage. Elle prend une cigarette... Arrive le jardinier auquel elle se confie : Toby, son mari, boit et la délaisse. Cinq jours plus tard, elle a bien envie de le quitter. Cinq semaines après, un ami l'en dissuade. Cinq années plus tard, le jardinier a épousé la soubrette des Teasdale et Celia s'est fait une raison, alors qu'elle aurait pu refaire sa vie, Toby l'abandonner, ou bien encore la soubrette rendre son tablier et ne pas épouser Lionel, ou bien ou bien...

 

NO SMOKING - Celia Teasdale fait son ménage dans sa maison du Yorkshire. Elle aimerait bien prendre une cigarette mais s'abstient. Arrive Miles, un ami de son mari, et, ensemble, ils se mettent à parler des vices de ce dernier qui boit trop et néglige son travail d'instituteur.. Cinq jours plus tard, lors d'un dîner en tête à tête avec Celia, c'est au tour de cet ami de se plaindre de sa femme Rowena qui le trompe. Cinq semaines après, les deux couples se retrouvent au golf et chacun campe sur ses positions. Cinq ans plus tard, Toby est mort et Miles, l'ami, est parti refaire sa vie en Australie. Mais cela aurait pu se passer autrement : Toby aurait pu rompre avec sa femme, ou bien Miles se tuer lors d'une excursion, ou bien, ou bien...

 

Smoking/No smoking ( 1993 ),  films jumeaux, films gigognes en forme de puzzle dont les pièces s'emboîtent à volonté, part d'une idée simple : tout dans notre vie aurait pu se passer différemment, car elle n'est autre que le produit d'une myriade de possibles, auquel  le jeu du hasard s'emploie à participer allégrement. "Elle ressemble toujours - nous dit Alain Resnais - à une esquisse, à un tableau qui ne sera jamais achevé". Pour développer ce schéma assez banal, le cinéaste décortique huit pièces d'un dramaturge anglais, Alan Ayckbourn, bien connu pour ses expériences de manipulation de la durée. Huit pièces, dont chacune comporte deux fins probables, soit seize combinaisons au total, donnant lieu à de diaboliques échafaudages. Alors même que Resnais ne parvient à l'écran  qu'à nous donner à voir un aimable divertissement avec deux acteurs en face à face - Sabine Azéma et Pierre Arditi - qui endossent à eux seuls tous les personnages. Pour l'une, ce sera tour à tour l'épouse coquette, la mère vénérable, la soubrette astucieuse, l'institutrice à cheval sur les principes. Pour l'autre, le mari intempérant, l'ami empressé, le jardinier énamouré, le père cacochyme. Cela produit une succession de scènes aux bifurcations multiples, dont l'humour n'est pas absent, mais qui reste dans le cadre de la démonstration un peu vaine. Dommage, car Resnais est un cinéaste de grand talent, un amoureux de la belle ouvrage, auquel le jeu des miroirs, avec ses infinités de combinaisons, plait beaucoup. Lecteur assidu de Proust, de Wells et de Borges, il conçoit le travail filmique comme une variation sur le phénomène du temps et les méandres insoupçonnés de la mémoire. Ce qui l'incite à user des théories de Bergson, selon lesquelles l'espace ne serait qu'une projection de notre cerveau qui mémoriserait nos perceptions afin de les adapter aux besoins de l'action. Si bien que le diptyque Smoking/No smoking n'est, en quelque sorte, que l'illustration exemplaire de cette double démarche : théâtralisation des situations et démantèlement de la chronologie.



L'adaptation de cette pièce n'en reste pas moins un défi dans la filmographie de Resnais qui, il est vrai, n'a jamais opté pour la facilité et toujours aimé les sujets difficiles, la réflexion sur des thèmes comme le hasard, le déterminisme, le libre arbitre, qu'il semble traiter ici avec un particulier souci d'équité. En une phrase, nous pouvons la résumer ainsi : un geste banal, ne serait-ce que celui de prendre ou ne pas prendre une cigarette, peut, en cinq secondes, faire basculer une vie dans un sens ou dans un autre. La vie, nos vies sont en permanence ouvertes à tous les possibles et nous jouons continûment aux dés avec notre destin. Ces ramifications entre ce qui pourrait être et ne pas être, aussi complexes et fragmentées soient-elles, donnent lieu à une comédie de moeurs où le marivaudage ne se conçoit qu'à deux personnages, dans un huit-clos finalement trop théâtral. Je regrette que le cinéma, en l'occurrence, n'apporte pas l'ouverture et le renouvellement espéré. Ou bien, c'est du théâtre à part entière, ou bien du cinéma muet, ou bien un livre que l'on ouvre et referme à volonté sur ces deux volets offerts dans l'ordre ou le désordre, ou bien je n'ai pas tout saisi et assimilé, ou bien la composition discontinue a un peu lassé ma bonne volonté, mais, certes, cette réalisation d'un metteur en scène que j'admire n'a pas su pleinement me séduire.



Pour lire l'article consacré à Alain Resnais, cliquer sur son titre :

 

ALAIN RESNAIS OU UN CINEMA DE LA MEMOIRE

 

Et pour consulter les critiques des autres films de ce réalisateur, cliquer sur leurs titres :

 

L'année dernière à Marienbad

 

Les herbes folles

 

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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 09:27
LE JARDIN DES FINZI CONTINI de VITTORIO DE SICA

                                                                                                         
 
Le jardin des Finzi Contini, l'un des derniers films produit par le cinéaste et acteur Vittorio de Sica, peut-être le plus beau, le plus abouti de l'auteur, après avoir fait l'objet d'une remise en circuit dans la diffusion cinématographique, a été récemment, et pour notre plus grand plaisir,enregistré sur DVD. Avec ce long métrage d'une force et d'une grâce bouleversantes,  De Sica s'est haussé à un niveau supérieur, faisant de cette oeuvre (tirée du roman éponyme de Giorgio Bassani) une sorte de symphonie douloureuse et immensément belle. Tout au long de la pellicule, le cinéaste nous dépeint la sombre période de l'histoire italienne où, à la suite du rapprochement entre les idéologies fasciste et nazie, la population juive de la péninsule se vit pourchassée, puis emportée dans des rafles dont on sait comment elle s'achevèrent.



A Ferrare, en 1938, une jeune bande d'amis aime à se rejoindre, dès qu'elle en a l'occasion, dans les magnifiques jardins et sur les courts de tennis du palais des Finzi Contini, aristocrates juifs d'un niveau social élevé et fort bien intégrés dans la société de cette ville du nord de l'Italie. Les mesures antijuives se multiplient, en effet, et les clubs sportifs sont bientôt interdits aux membres non aryens. Cependant la famille ne peut croire à cette menace voilée, tant elle se sent en osmose totale avec cette terre sur laquelle elle vit, travaille, naît et meurt depuis des générations et dont elle a fait, à tout jamais, son pays d'adoption. C'est ainsi que les jeunes gens se plaisent à se retrouver dans le parc - qui semble à l'abri des risques comme un paradis clos - et où Giorgio, le voisin des Finzi Contini, rencontre la belle Micol dont il est amoureux. Peu à peu, l'ombre du malheur s'intensifie, se fait plus oppressante au coeur de ce lieu idyllique où les choses paraissent s'être agencées naturellement pour le seul plaisir des sens, la seule sérénité de l'esprit. On assiste, dès lors, à une progression dramatique qui s'organise autour de l'évolution des états d'âme des principaux personnages que les événements ne peuvent manquer d'influencer.


                     

Pour cette démonstration magistrale, De Sica use d'une lumière excessivement travaillée, afin de placer ses héros dans un halo qui rehausse encore leur beauté et leur séduction, les idéalisant à l'extrême, de façon à les faire ressembler aux dieux d'une olympe fatalement inaccessible au commun des mortels et qui, malgré cela, seront emportés et anéantis par les tourments meurtriers de l'Histoire. A travers ces images enchanteresses, le message est clair : ce qui était apparu jusqu'alors comme un microcosme social quasi irréel, comme protégé du malheur par l'invisible puissance d'un privilège exceptionnel,  la seule magie de l'élégance et de la richesse, oui, la fatalité le broiera, à l'égal des autres et peut-être plus impitoyablement que les autres, dans son étau infernal. Oui, la beauté d'un monde fait d'agrément, de charme et d'harmonie est désormais menacée...

 


Nous assistons ainsi à la montée de l'antisémitisme et voyons s'actualiser ce qui, dès le début, s'annonçait comme la fin inévitable, la mort programmée de cette jeunesse trop belle et insouciante qui échangeait des balles sur un court de tennis cerné de toutes parts par un jardin faussement édénique. Fin d'un monde, fin d'un temps, fin d'une société qui sombrent dans l'horreur et l'inhumanité, sacrifiant une jeunesse qui n'aura jamais été qu'un fruit vert, qu'un blé en herbe.  Lors de la dernière scène, la famille s'avance sur le perron de la demeure tout de noir vêtue, après qu'elle l'ait été de blanc dans la plénitude de son bonheur. Puis s'éloignent dans un fondu mordoré le palais, les arbres du parc et le parc lui-même. Les Finzi Contini, chassés de leur paradis, font planer sur l'assistance un muet désespoir et naître chez chacun des spectateurs une nostalgie prégnante, longue à évacuer. Quelques trente-cinq ans après sa sortie, la copie restaurée de ce chef-d'oeuvre est disponible pour enrichir nos vidéothèques et nous assurer de la même émotion inspirée par la vision tragique de cette page de notre histoire, par les douleurs provoquées et la mélancolie que suscite immanquablement l'impossible amour de Micol et de Giorgio. Inoubliable.

 

Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA EUROPEEN, cliquer sur le lien ci-dessous :  

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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LE JARDIN DES FINZI CONTINI de VITTORIO DE SICA
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 09:15
PERSEPOLIS de MARJANE SATRAPI


Voilà un film qui, malgré ses qualités, n'est pas parvenu à gagner pleinement mon adhésion, aussi pour être la plus honnête possible envers une oeuvre qui ne manque ni d'intérêt, ni d'intelligence, vais-je tout d'abord vous faire part de mes réticences avant de conclure sur les éléments qui m'ont séduite. Commençons par ce qui m'a bloquée dès le départ : la discordance entre le son et l'image. A cause de l'extrême simplicité du graphisme en noir et blanc, les voix des actrices (Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et Danielle Darrieux) semblent venir d'ailleurs et ne pas coïncider avec les petits personnages qu'elles sont sensées animer et,  je l'avoue, cela m'a gênée. D'autre part, ce qui aurait pu donner un vrai relief à cette odyssée se noie dans un conformisme qui finit par enlever au film une part de son originalité, d'autant que la succession des sketchs et flash-backs n'ont d'autre fil conducteur que la chronologie des événements, sans que cela donne lieu à une réflexion particulière sur leurs conséquences. Les faits s'enchaînent de manière très linéaire et on se lasse assez vite de ce narratif composé d'une imagerie trop plate. Il en est de même des personnages qui, eux aussi,  manquent de relief et restent, à mon goût, trop conventionnels, ne donnant pas suffisamment d'impact aux paradoxes d'une époque troublée. 

                                           

Néanmoins, le caractère volontairement naïf des dessins n'est pas sans émouvoir, ni la réalité des faits sans nous toucher infiniment, même si la leçon qui s'en dégage reste d'un retentissement limité. Mais il faut souligner qu'il s'agit là de l'histoire vue par une enfant, puis une adolescente, et que nous devons relativiser et séparer le politique de l'intime. L'auteure (qui est déjà celle des quatre albums de bande dessinée dont ce long métrage s'inspire) a choisi de nous narrer le destin de l'Iran contemporain en partant de son histoire personnelle, supposant - sans doute à juste raison - que le spectateur s'identifierait plus facilement à l'héroïne et ses proches qu'à un peuple en général et qu'il parviendrait ainsi à mieux intérioriser ce vécu particulier. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé : le film ayant un succès constant auprès du public depuis le Festival de Cannes, où il fut ovationné et  primé. En conclusion, cette oeuvre d'animation auto-biographique mérite d'être vue en famille  pour son charme, sa poésie, son hymne à la liberté et parce qu'elle est une page de l'Histoire saisie, dans son implacable dureté, par le regard d'une jeune fille rebelle qui, au milieu des pires épreuves, n'a perdu ni le sens de l'humour, ni celui  du bien et du mal,  ni l'espérance.

 

Pour prendre connaissance de deux articles en relation avec ce film, cliquer sur leurs titres :

 

L'IRAN ET LE 7e ART               LES REALISATRICES PRENNENT LE POUVOIR

 

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LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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PERSEPOLIS de MARJANE SATRAPI
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17 juillet 2007 2 17 /07 /juillet /2007 09:34
MA SAISON PREFEREE d'ANDRE TECHINE

              

Antoine aime sa soeur Emilie qui l'aime en retour. Exclusif, cet amour ne suscite, en apparence, aucune équivoque : leurs rapports demeurent fraternels. Cependant Emilie craint que la chasteté ne soit qu'une étape de leur amour, la dernière avant l'inceste. Pour conjurer cette fatalité, elle se donne à un inconnu, croyant ainsi creuser un abîme infranchissable entre elle et son frère. Celui-ci tente de se suicider mais échoue. Alors, au terme d'un repas familial, comme pour mettre un point d'orgue apaisé et replacer chacun dans la direction qui est sensée être la sienne,  Emilie offre à Antoine cet émouvant poème : " Mais où est donc l'ami que partout je cherche. Dès le jour naissant mon désir ne fait que croître et quand la nuit s'efface, c'est en vain que j'appelle. Je vois ses traces, je sens qu'il est présent partout où la sève monte de la terre, où embaume une fleur et où s'incline le blé doré. Je le sens dans l'air léger dont le souffle me caresse et que je respire avec délice. Et j'entends sa voix qui se mêle au chant d'été ".

 

Car la mort et l'amour cheminent aux côtés des vivants et s'emparent de leur existence sans crier gare. Rien n'est assuré, tout est précaire dans les sentiments qui se saisissent des coeurs et les malmènent. Le cinéma d'André Téchiné sait admirablement témoigner de cette précarité, de cette tension entre le possible et l'impossible, entre l'amour et la haine. " J'aime filmer les sentiments en action " dit-il volontiers. Et il est vrai qu'il confère une intensité maximum à ces instants où tout peut basculer ; où un regard, un mot sont en mesure de changer le cours d'une vie. Réunis autour de leur mère mourante, Emilie et Antoine n'ont pas seulement à faire front à cette disparition prochaine, qui les met en présence de tant de souvenirs partagés, mais également à la nature de leur amour réciproque que leurs retrouvailles se plaisent à aggraver. L'oeuvre du cinéaste, angoissée jusqu'alors, semble néanmoins aboutir avec Ma saison préférée  ( 1993 ) a une conclusion plus sereine, et s'ouvrir sur un été où les personnages finissent par puiser en eux les raisons de leur survie et de leur épanouissement.



Belle méditation sur la vieillesse et la mort ( celle de Berthe la mère ), le film développe une tension psychologique de chaque instant et ajoute, à une écriture fluide, une réalisation discrète et d'une extrême pudeur. Les dialogues sont mis en valeur par une interprétation sans faille : celles de Catherine Deneuve et Daniel Auteuil qui donnent à leurs personnages la gravité et la profondeur requises. Quant à Marthe Villalonga, elle dévoile ici une facette trop méconnue de son immense talent. D'une chaude densité dramatique, le film s'impose comme l'un des meilleurs de Téchiné, à l'instar des Roseaux sauvages  ( 1994 ), chronique d'une adolescence bouleversée par la guerre d'Algérie, traumatisme récurrent dans ses films. Voici résumé  l'oeuvre lyrique et fragile d'un sédentaire inquiet.

 

Pour lire l'article consacré à Catherine Deneuve, cliquer sur son titre :  

 

CATHERINE DENEUVE - PORTRAIT



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LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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MA SAISON PREFEREE d'ANDRE TECHINE
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  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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