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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 10:54
Lady Bird de Greta Gerwig

Sur les affiches françaises de Lady Bird, on peut lire que le film est nommé à l’Oscar du meilleur réalisateur. C’est pourtant bien une femme qui a dirigé ce portrait d’ado sensible et rebelle, incarnée par Saoirse Ronan. Greta Gerwig, 34 ans, icône du jeune cinéma indépendant américain a, pour ses débuts derrière la caméra, rejoint d’emblée le club très fermé des rares femmes à accéder à une reconnaissance immédiate grâce à un film personnel, à la fois drôle, fantasque et touchant. Si Lady Bird a fait l’unanimité de la critique, il n’a rien glané aux Oscars 2018 mais qu’importe ! ce long métrage bien maîtrisé révèle une jeune metteur en scène qui sait traiter les sujets difficiles d’une caméra légère et néanmoins très sure.  Mais également parce que Greta Gerwig symbolise, à elle seule, le combat des femmes pour s’imposer dans une industrie où elles étaient à peine 4% à diriger l’un des 100 plus gros succès au box-office l’an dernier. En janvier, son absence dans la liste des nommés au Golden Globe du meilleur réalisateur avait fait grincer des dents, tant cette toute jeune réalisatrice a déjà obtenu le plus difficile : l’adhésion du public et des médias.

 

Née comme son personnage à Sacramento, Greta Gerwig a écrit  et réalisé un film très personnel et a su confier le rôle principal à une jeune actrice épatante Saoirse Ronan qui crève l’écran dès les premières répliques  et prête à son personnage d’adolescente, en plein apprentissage de la vie et à cette croisée des chemins où se profile déjà son avenir, une incroyable aisance et un réalisme teinté d’une extrême sensibilité. Tout y est des nuances infinies  de cette jeunesse en quête de soi, de cette adolescente à la croisée de multiples chemins, ceux de l’amitié, de l’amour, des études, des relations familiales, autant de choix palpitants et d’adieux anticipés. Christine, qui se fait appeler Lady Bird, est une jeune fille douée, intelligente et rebelle, un peu honteuse de sa famille qui tire le diable par la queue, de son père qui ne s’affirme pas assez et souffre constamment de dépression et d’une mère aimante, certes, mais qui, dans le souci de son éducation, ne cesse de lui rappeler des obligations désuètes et de lui seriner les sacrifices  consentis pour son éducation. Car Lady Bird est ambitieuse  et rêve d’accéder à l’une des universités de la côte Est qui serait  fatalement plus prestigieuse que celles de la côte Ouest. En quelque sorte, l’adolescente ne rêve que d’ailleurs, si bien que ce désir, sans cesse réitéré, n’est ni plus ni moins qu’un reniement des origines. Mais les choses changeront bientôt car les lendemains qui déchantent se profilent et la jeune fille comprendra les valeurs de l’éducation parentale et celles de son collège catholique où se nouaient des amitiés si fortes, où  l’on s’initiait au chant et au théâtre, où l’on vivait en quelque sorte en famille.

 

Greta Gerwig a le grand mérite de renouveler un thème maintes fois traité au cinéma comme au théâtre et de lui insuffler une fraîcheur et une tendresse qui en font tout le charme. A cela s’ajoute une belle dimension comique nourrie par un réel sens de l’observation, une véracité jamais lourde ou excessive, l’ensemble étant à la fois réaliste mais ciselé avec tact et finesse. Greta ne juge aucun de ses personnages, pas plus le curé maître de chant que la religieuse chargée de l'orientation professionnelle, elle leur laisse la bride sur le cou et plonge l’ensemble dans une atmosphère de bienveillance sans céder jamais au pathos ou au à un quelconque souci de moralisme. Ainsi confère-t-elle à son récit intelligence du cœur et intelligence de l’esprit. Pour un coup d’essai, un coup de maître.

 

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Lady Bird de Greta Gerwig
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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 10:04
Le retour du héros de Laurent Tirard

Sanglé dans son costume de hussard d’un rouge flamboyant, la moustache frétillante et le sourire narquois, on comprend vite que ce héros de pacotille va nous la jouer  sur le ton du vaudeville truculent et que tout, dans sa nature, est fait pour la flagornerie et la filouterie les plus excentriques et les plus excessives. Dans la peau de ce capitaine Neuville, soldat en partance pour une guerre napoléonienne et laissant derrière lui une fiancée inconsolable, Jean Dujardin endosse une nouvelle fois les habits d’un de ces personnages qu’il affectionne et dont le second degré et le ridicule sont assumés dans l’emballage d’une forfaiture troussée de la façon la plus perfide. Sauf qu’on se trouve cette fois sous l’Empire, dans une comédie en costumes, dont le ton, le rythme et les dialogues ne sont pas sans évoquer ceux de Jean-Paul Rappeneau ou de Philippe de Broca, d’autant que ce personnage sans scrupules va devoir affronter une jeune femme  (la délicieuse Mélanie Laurent) qui assume son indépendance d’esprit et son célibat avec une audace plus proche de notre XXIe siècle que de l'Empire, si bien que ce décalage entre le passé et le présent n’est pas sans donner un peu de sel à cette comédie qui, sans cela, aurait  vite sombré dans le conventionnel et le banal.

 

Derrière les apparences du militaire sûr de lui et portant beau, Neuville est un homme lâche et hâbleur qui s’empresse d’oublier la promesse faite à sa fiancée de lui écrire tous les jours. Face au désarroi de celle-ci, Élisabeth, sa sœur aînée, n’a d’autre choix que d’inventer une fausse correspondance et de parer le militaire de faits d’arme et d’exploits admirables puis, la campagne d’Autriche étant achevée, de lui inventer un avenir vers des terres lointaines où elle suppose son existence menacée par toutes sortes de dangers rocambolesques.   

 

De retour, le capitaine déserteur va jouer à qui perd gagne avec Elisabeth qui ne peut désormais plus détruire son savant montage épistolaire sans dénoncer sa propre imposture, aussi ce jeu de fléchette prête-t-il à cette comédie une joyeuse amoralité et assure-t-il ce divertissement d’un ton léger et plaisant. Certes on passe un moment agréable dans ce décor raffiné, au milieu d’une société aimable, mais il manque toutefois un grain de folie à ce marivaudage trop appliqué, trop peu subversif, où les situations s’enchevêtrent sans aller jusqu’au bout de leur ridicule malgré des acteurs excellents qui étaient disposés, sans nul doute, à oser davantage. En effet, Jean Dujardin a toujours assuré avec brio les rôles de fanfaron et Mélanie Laurent a toujours su s’imposer avec grâce et intelligence, de même que les seconds rôles sont eux aussi bien campés et donnent une impression très juste de la facilité avec laquelle une petite société conventionnelle peut facilement se laisser duper et arnaquer par un filou sans foi, ni loi. Se regarde sans déplaisir mais sans enthousiasme non plus. Est-ce un peu trop salé ou pas assez poivré ?

 

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Le retour du héros de Laurent Tirard
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31 janvier 2018 3 31 /01 /janvier /2018 09:52
Pentagon Papers de Steven Spielberg

Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham (Meryl Streep) s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee (Tom Hanks) pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles … Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…

 

Le nouveau film  de Steven Spielberg, après celui sur Churchill « Les heures sombres »  de Joe Wright, tombe lui aussi à point nommé pour nous rappeler les vraies valeurs, celles de l’engagement moral et de la détermination face au découragement et au mensonge, un film qui revient sur une vérité historique qui, pendant  trois décennies, a conduit un pays à mener une guerre inutile et sanglante en Indochine. Cet opus nous remet en phase avec un épisode méconnu de l’histoire américaine où le premier amendement, garant de la liberté d’expression, notamment celle de la presse, était attaqué par une administration Nixon qui avait tout à perdre des révélations du New York Times sur l’ingérence américaine au Vietnam. Un dossier confidentiel qui confirmait que la guerre en Asie était considérée comme vouée à l’échec par les dirigeants américains depuis ses premiers jours, mais perpétuée néanmoins de façon irrationnelle, et ô combien meurtrière, pour les jeunes soldats.

 

Le New York Times, qui est en possession du dossier, sera muselé pendant quelques jours pour des raisons judiciaires, alors le moment est venu pour le Washington Post de prendre la relève et d’assumer le risque encouru par la publication de ces documents interdits. Se pose également la question du prix du scoop : tomber à son tour sous la pression judiciaire sans avoir la solidité financière du Times, mettre au chômage des dizaines d’employés, détruire l’accomplissement d’une famille et se retrouver en prison pour ses convictions ? Les interrogations de Katharine Graham sont d’autant plus légitimes que tout se passe quelques jours après l’entrée en Bourse du journal qui se doit de présenter des garanties à ses investisseurs.


Spielberg, bien inspiré, met en scène  la carrière de cette  femme Katharine Graham, fille et veuve des précédents dirigeants, prise soudain dans l’étau entre le copinage avec les politiques, les décisions déontologiques et l’avenir de sa société, choix cornélien où elle prouve sa détermination et son courage en bravant un aéropage d’hommes qui souhaiterait qu’elle se retire. Pour affronter le plus grand combat de sa vie, elle doit s’interroger sur ses raisons personnelles, ses engagements et l’avenir de ce journal familial. Question primordiale : pour qui l’exécutif  gouverne-t-il ? Lui-même ou le peuple, et pour qui les médias travaillent-ils ? Pour flatter et satisfaire les amis ou informer les citoyens des limites du système ? Et quelle est l’urgence : publier afin de sauver l’honneur et réhabiliter la vérité ou se taire et laisser perdurer le mensonge d’état ? Le personnage  joué par Meryl Streep est  celui de l’héroïne de ce bras de fer contre le pouvoir de la Maison Blanche à une époque – celle des années 60/70 - où la société patriarcale l’attend davantage comme épouse, mère et femme au foyer qu’à la tête d’une telle insubordination  qui vient rappeler aux hommes politiques leur devoir de vérité face à leur peuple.
 

Ce film tombe au bon moment pour deux raisons : primo, il rend compte du devoir de vérité d’une presse indépendante et courageuse ; secundo, il se glisse dans l’actuel débat féministe sur les inégalités de traitement faites aux femmes, les humiliations quotidiennes qu’elles subissent en affirmant leurs convictions, leur intelligence et leur perspicacité, y compris dans les décisions historiques de la nation. Les armes de Spielberg, afin de laver les femmes des affronts socio-culturels qu’elles subissent, est d’avoir recours à une actrice formidable Meryl Streep, qui confère à son personnage une force liée à une grâce merveilleuse et de la placer au cœur de ce combat d’idées tellement masculin qu’elle apparaît comme l’incontournable déesse de la sagesse et de la vérité. Un rôle idéal pour cette actrice rompue à toutes les disciplines du 7e Art. Face à elle tous les acteurs sont justes et convaincants et le film prend au final une ampleur wagnérienne en nous rappelant les mérites du bon droit et de la lucidité. Mais on sait aussi que ces vertus ont été vite oubliées et que la presse a suivi l’Amérique lors de  sa première ingérence en Irak et en bien d’autres encore … hélas ! Quant aux médias français, n’en parlons pas, chouchoutés par des présidents sans scrupules et des directeurs de presse sans honneur, ils ont trop souvent falsifié la vérité.

 

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Pentagon Papers de Steven Spielberg
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22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 11:54
Les heures sombres de Joe Wright

Quelle idée magnifique d’avoir choisi pour thème celui d’un homme seul confronté à un choix terrible qui met en perspective l’avenir de son pays et ne lui accorde que deux possibilités : céder aux sirènes de la soumission ou résister ! Ces heures sombres sont celles traversées par l’Angleterre du 9 mai 1940 au 4 juin de la même année lorsque Winston Churchill, nommé premier ministre, retourne le pays et la chambre, obtient le soutien du roi Georges VI et décide d’affronter l’ennemi plutôt que d’accepter, comme le désiraient Neville Chamberlain et lord Halifax, de négocier avec lui. Ce sont par conséquent ces heures lourdes de conséquences que relate Joe Wright, d’après le scénario d’Anthony McCarten, dans un opus qui a su unir avec finesse et subtilité la grande histoire et la sphère plus intime d’un homme confronté à un gigantesque défi.


A l’époque Churchill est très critiqué. Il est considéré comme un politicien brouillon qui «  a cent idées par jour, dont 96 sont désastreuses », et « n’a qu’une seule conviction : lui-même ». Mais il a pour lui la vitalité, une énergie indomptable, l'intelligence et surtout l’art de convaincre par les mots. «  Nous irons jusqu’au bout. Nous nous battrons en France, nous nous battrons sur les mers et sur les océans, nous nous battrons dans les airs avec une force et une confiance croissantes, nous défendrons notre île quel qu’en soit le prix, nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains d’aviation, nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les collines. Nous ne capitulerons jamais. » - dira-t-il lors de son discours du 4 juin à la chambre des Communes.
 

Gary Oldman est absolument stupéfiant de réalisme et surtout de sensibilité dans le rôle d’un homme en proie au doute, à la complexité d’une situation inextricable où se joue  la survie d’une nation. Il confère à son personnage, fragilisé par son passé et les responsabilités écrasantes qui lui incombent, une humanité bouleversante. A ses côtés sa femme  (interprétée par Kristin Scott Thomas) dont le soutien indéfectible lui est si précieux et bientôt celui du roi, remarquablement campé par Ben Mendelsohn, qui l’épaulera durant toute la guerre, demeurant sur place au palais de Buckingham avec son épouse. Mais Churchill le sait : rien ne peut se faire sans l'appui du peuple et c’est à lui qu’il va demander de l’aide, à lui qu’il ne cessera de rendre des comptes durant les pires moments des bombardements, auprès de lui qu’il se tiendra en permanence. Une magnifique scène, qui se déroule dans le métro londonien et qui est totalement imaginée par le scénariste, montre la solitude de l’homme de pouvoir qui vient chercher auprès des petites gens – dont il prend ainsi le pouls - le réconfort dont il a besoin à la veille de prendre une décision qui engage à jamais le pays. Ainsi grâce à des scènes intelligentes et une interprétation remarquable, le film sert avec souffle et ampleur la ténacité de cet homme seul face au destin tragique qui menace sa nation. A une époque où trop souvent les gouvernements cèdent aux sirènes  de la facilité et de la démagogie, ce très beau film est une magnifique réponse aux valeurs de courage et de résistance confrontées aux accommodements avec la barbarie.

 

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Les heures sombres de Joe Wright
Les heures sombres de Joe Wright
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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 09:33
Julia Roberts- Portrait

Son sourire radieux, sa gaieté communicative et sa parfaite anatomie l’ont révélée avec éclat dans « Pretty Woman » en 1990. Ce succès populaire la propulse d’emblée comme la nouvelle star hollywoodienne et la vedette la mieux payée du cinéma. Née le 28 octobre 1967 à Atlanta, elle débute dans des téléfilms et en 1888 se fait remarquer dans la comédie dramatique « Mystic Pizza » de Donald Petrie et sera bientôt citée aux Oscars et gratifiée d’un Golden Globe. Puis sa carrière se stabilise définitivement grâce à « Pretty Woman » où elle forme avec Richard Gere un couple quasi mythique. Si bien qu’elle enchaîne les films qui, tous, ne lui mériteront pas une critique unanime mais confortent sa popularité au box-office.

 

En 1993, elle parvient de nouveau à s’imposer comme une valeur sûre, dont la célébrité ne repose pas sur son seul physique, en interprétant le premier rôle féminin du thriller politique « L’affaire Pélican » de Alan J. Pakula. En 1997, elle renoue avec son genre de prédilection, la comédie romantique grâce à « Le mariage de mon meilleur ami » de P.J. Hogan en compagnie de Cameron Diaz et Rupert Everett. Puis, « Coup de foudre à Notting Hill » de Roger Michell où elle joue son personnage de star tombant sous le charme d’un libraire londonien interprété par le séduisant Hugh Grant, avant de retrouver Garry Marshall et Richard Gere dans « Just married  ou presque » une fausse suite de leur succès passé qui sera accueillie fraîchement par le public. Les années 2000 vont renouveler son habituel répertoire avec « Erin Brockovich, seule contre tous » où elle se livre à une véritable performance et crève l’écran par son naturel et son humour. Une performance saluée par l’Oscar de la Meilleure actrice, une dizaine d’années après sa première nomination. En 2001, elle est la partenaire de Brad Pitt dans « Le Mexicain » de Gore Verbinski, enfin George Clooney lui confie un rôle dans « Confession d’un homme dangereux » qui lui conserve sa place dans le peloton de tête des valeurs sûres du 7e Art. Enfin, pour compléter son assise, elle devient l’égérie des parfums Lancôme en 2008.

 

Les années 2010 sont moins brillantes, bien que « Mange, prie, aime » soit un succès commercial et qu’elle donne la réplique à Meryl Streep dans un film honorable « Un été à Osage County » de John Wells qui lui vaut une nouvelle nomination à l’Oscar dans la catégorie « Meilleur Second rôle ». C’est lors du Festival de Cannes 2016 qu’elle montera pour la première fois les marches du Palais du Festival de Cannes lors de la présentation du film de Jodie Foster  "Money Monster", au côté de George Clooney. Mariée depuis 2002 au directeur de la photographie Daniel Moder, elle est mère de trois enfants et semble traverser les âges avec une égale sérénité, icône souriante et majestueuse du cinéma d’aujourd’hui.

 

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Julia Roberts- Portrait
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25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 10:37

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Visage taillé à la serpe, chevelure blanche, l'acteur Harvey Keitel, l'inoubliable interprète de " Mean Streets " de Scorsese (1973), de " La leçon de piano " de Jane Campion (1993) ) et de " Pulp Fiction " de Quentin Tarantino (1994) n'hésite pas à dire ce qu'il pense du 7e Art de son pays, lui qui fut tour à tour acteur et producteur : " Il s'infantilise - avoue-t-il - et sur une grande échelle. La culture s'effondre et c'est un phénomène mondial qui s'est développé pour toutes sortes de raison : politiques, économiques, religieuses. Et surtout par avidité et cupidité. Quand l'argent parle, c'est la culture qui déguste ! L'esprit d'aventure, de découverte ne souffle plus dans ce business. Autrefois, les jeunes n'avaient pas de budget, ils tournaient les week-ends parce qu'il fallait bien travailler durant la semaine pour payer le loyer ! A l'époque, on se rencontrait dans la rue ; j'ai connu Martin Scorsese alors qu'il était étudiant. J'étais moi-même sténo au tribunal de Manhattan. Plus tard, j'ai fait la connaissance de Quentin Tarantino par l'intermédiaire d'une amie de l'Actors Studio. Lorsque j'ai lu le scénario de " Réservoir dogs ", j'ai vu tout de suite l'étendue de son talent et j'ai co-produit le film, en même temps que j'entrais dans la peau de l'implacable M. White.

Alors aujourd'hui, à l'exception de quelques-uns comme Spielberg, on dicte ce que l'on veut faire. Les enjeux économiques interfèrent dangereusement avec l'art. Et les séries télévisées ne valent pas mieux. Certaines comme " Mad Men " sont épatantes. Mais le reste du temps, je les trouve pathétiques. J'en sais quelque chose ! J'ai joué dans " Life on Mars " avec des équipes talentueuses, malheusement dirigées par des gens guidés par le profit. Mon parcours a été effectué comme un long cheminement, souvent difficile, parsemé de chutes et de moments de grâce. Avec une étape marquante, l'Actors Studio, où j'ai eu le privilège d'apprendre auprès des plus grands comme Elia Kazan. Je n'oublie pas non plus une autre expérience fondamentale : mon engagement dans les marines à 17 ans. Je suis issu d'un milieu pauvre et je voulais être le héros de ma propre vie. J'ai bourlingué pendant trois ans pour finalement rentrer au bercail parce que ma mère me manquait. C'est chez les marines que j'ai lu mon premier livre "Dear and glorious physician " de Taylor Caldwell !

Après je me suis lancé dans le cinéma et parce que je ne trouvais pas de bons rôles aux Etats-Unis, j'ai beaucoup tourné avec des cinéastes européens. C'est Bertrand Tavernier qui, le premier, a cru en moi. Après avoir vu  " L'horloger de Saint Paul ", j'avais dit à ma petite amie du moment combien j'aurais aimé tourner un film avec un tel réalisateur. Trois jours après, je recevais une proposition pour jouer dans " La mort en direct ". Une incroyable coïncidence et le début d'une grande aventure internationale avec Ettore Scola, Abel Ferrara, Jane Campion et qui, à ce jour  je l'espère, n'est pas terminée.

 

De père roumain et de mère polonaise, Harvey Keitel est né à New-York le 13 mai 1939. Dès le début de sa carrière, il a su se singulariser en acceptant de s'engager avec des metteurs en scène débutants mais dont il avait deviné le potentiel de talent. C'est ainsi qu'il a tourné dans le premier film de Scorsese  "Who's that knocking at my door", ainsi qu'avec Ridley Scott et James Toback. Son jeu, tout en intensité intérieure, le place parmi les plus grands acteurs du 7e Art. Ancien marine, il est bientôt aux côtés de Scorsese et de Robert de Niro et fréquente l'Actors Studio. Ayant une idée très précise de l'art cinématographique, il lui arrive de quitter un studio pour divergence de vue. C'est ainsi qu'il fera lors du tournage d'"Apocalypse Now" du réalisateur Francis Ford Coppola et sur celui de "Eyes Wide Shut" de Stanley Kubrick. Son franc parler lui vaut d'être en disgrâce avec les studios hollywoodiens et lui donne l'occasion de tourner avec des metteurs en scène français et européen. 

En 2012, il est d'ailleurs l'invité d'honneur du 38e Festival du cinéma américain de Deauville et en 2014, il participe à une campagne publicitaire pour l'agence britannique "Direct Line" où il parodie son personnage de Winston Wolf de "Pulp Fiction". Depuis ses débuts dans les années 1970, il n'a cessé de tourner et la liste de ses apparitions sur la pellicule est impressionnante. Il compte parmi elles quelques-uns des films les plus importants du cinéma américain et européen dont "Taxi driver", "Réservoir dogs" "Les duellistes" ou "La dernière tentation du Christ". 

Sobre et juste, très exigeant, cet acteur inclassable est actuellement à l'écran dans l'opus d'Amanda Sthers "Madame" et le sera bientôt, en 2018, dans "L'île aux chiens" de Wes Anderson.

 

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HARVEY KEITEL - PORTRAIT
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9 novembre 2017 4 09 /11 /novembre /2017 11:04
Jalouse de David et Stéphane Foenkinos

Décidément le cinéma français nous surprend chaque jour agréablement avec des films très différents et une même réussite dans la façon de traiter leurs sujets dont certains pourraient être casse-gueule si les metteurs en scène ne savaient les aborder avec inventivité et le ton qu’il faut pour nous séduire et nous surprendre. Le dernier opus des frères Foenkinos dont j’avais apprécié «La délicatesse» ne déroge pas à ce souci de décrire un personnage complexe avec la finesse et la subtilité nécessaires pour éviter de tomber dans le piège de la caricature et de l’outrance. Avec celui-ci, les frères Foekinos s’attaquent  à un sujet difficile, la jalousie, celle d’une femme qui approche de la cinquantaine et dont la ravissante fille de 18 ans devient subitement une rivale.  Que faire, comment s’aimer encore lorsque l’on sent que les êtres et les choses vous quittent peu à peu, que l’on n’est plus le centre d’attraction dans sa profession et son milieu familial, quand le goût de soi se délite et vous fait perdre peu à peu le goût des autres ?

 

La difficulté de cette étude psychologique, soit la perte progressive de contrôle d’une femme en proie à ses propres démons, était de maintenir le ton juste, de décrire cette personnalité complexe sans alourdir le trait, sans céder à des excès qui confineraient le personnage dans le ghetto des lieux communs et c’est là que les metteurs en scène conduisent leur démonstration avec subtilité grâce à des dialogues, certes cruels, mais justes. En effet Nathalie, professeur de lettres, ressent comme une agression le bonheur des autres, de son mari qui l’a quittée pour une autre, de sa fille qui est amoureuse et réussit dans l’art difficile de la danse, de son amie la plus proche qui file le parfait amour depuis vingt ans avec le même homme, de sa collègue de travail qui lui vole un moment la vedette ; oui, Nathalie perd pied, saisie par le démon d’une jalousie aveugle, d’un ressentiment permanent qui altère son comportement et son jugement. L’aigu et le grave sont les tons employés par les réalisateurs mais sans surcharge et, grâce à une interprétation parfaitement maîtrisée, nous suivons cette femme dont les turpitudes nous sont proposées sous une forme nuancée sans laquelle cette despote autodestructrice risquait de nous rester étrangère.

 

La qualité de l’interprétation est le second atout  de ce film bien conduit et raconté à hauteur humaine et, en premier lieu, celle de Karine Viard qui donne une densité touchante à ce personnage qu’elle nourrit grâce à une palette émotionnelle dense et variée, tantôt méchante et agressive, tantôt hagarde et perdue, toujours juste face à une Anne Dorval qui forme avec elle un duo d’amies au bord de la crise de nerf mais d’une belle intensité et à la ravissante Dara Tombroff, ancienne danseuse de l’Opéra de Bordeaux, qui imprime au film sa touche d’élégance et de grâce.

 

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Jalouse de David et Stéphane Foenkinos
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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 09:07
Au revoir là-haut d'Albert Dupontel

Voilà une très bonne nouvelle, le cinéma français reprend des couleurs. Après le comique de bon aloi du « Le sens de la fête », la promenade rafraîchissante de « L’école buissonnière », le 7e Art français passe à la vitesse supérieure avec le dernier opus  d’Albert Dupontel, baroque, magique, poétique qui est, selon moi, le grand film de l’année.  Tiré du roman éponyme, prix Goncourt 2013 de  Pierre Lemaître, le cinéaste a su le réinventer à sa façon, lui imprimer sa marque et donner aux personnages une densité, une humanité absolument bouleversante. Le cinéma, lorsqu’il est porté à ce niveau d’excellence, peut être supérieur à la littérature car il ajoute à l’histoire, l’image, l’interprétation et la musique. Tous les arts sont ainsi conviés à participer à une oeuvre universelle.
 


Bien que pour la première fois Albert Dupontel ait emprunté le narratif à un écrivain, ce film est totalement empreint de son style, charge romanesque où l’on reconnait aussitôt sa facture, celle d’un lyrisme maîtrisé, d’une inventivité époustouflante et d’une interprétation hors pair. Tout est réuni pour faire de  ce  long métrage une fable étonnante, un opéra burlesque de la plus belle veine où l’humour côtoie le drame, où l’image ne cesse d’être créative et le récit, celui  d’une amoralité de débrouillardise qui n’est que la face loufoque et touchante de celle autrement lourde de conséquences de l’Etat, reflet policé d’une société où la loi du plus fort est toujours la meilleure.

 
 

En effet, le 9 novembre 1918, lors d’un ultime assaut, le jeune Edouard Péricourt (Nahuel Pérez Biscayart) a le bas du visage emporté par un obus alors qu’il vient de sauver de la mort son camarade Albert Maillard (Albert Dupontel). La démobilisation étant venue, le jeune homme ne veut plus revoir sa famille dans l’état pitoyable où il se trouve et cela, d’autant plus, que son père (Niels Arestrup, une fois de plus formidable) l’a toujours considéré comme un bon à rien. Or, ce garçon est un artiste surdoué qui dessine et va désormais se cacher derrière une infinie diversité de masques et s’inventer un monde  plein de poésie, un monde d’enfance où tricher est une façon de prendre sa revanche sur le monde des puissants. Je ne vous en dirai pas plus, mais le récit est fort bien articulé dans sa caricature d’un monde gouverné par le profit et, entre autre, celui florissant des cimetières militaires.  

 

Dupontel a su faire de sa révolte contre un monde régi par les lois les plus basses de l’immoralité et du profit une fable savoureuse, où la souffrance est constamment sublimée par une extravagance d’une émouvante tendresse. Si le film n’échappe pas à quelques «  potacheries », il décolle constamment par son souffle romanesque, sa profonde humanité, son inspiration permanente et un final supérieur à celui du livre. Un film à voir de toute urgence.

 

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Au revoir là-haut d'Albert Dupontel
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20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 09:26
DANIELLE DARRIEUX

                  

Elle était la grâce et la féminité même, avec une voix de violoncelle. Elle a honoré le cinéma français par son talent (110 films à son actif), son charme, son espièglerie et son élégance. Elle était de ces rares actrices qui peuvent tout jouer avec le même naturel. Elle était née un premier mai, le jour du muguet, et elle s'est éteinte comme une petite bougie à cent ans et demi au coeur d'un automne qui sait nuancer et harmoniser les couleurs. Une vie d'exception pour une femme d'exception. Alors qu'elle étudiait le violoncelle au conservatoire, Danielle Darrieux, née en 1917, est remarquée et retenue pour tenir le rôle principal dans  "Le Bal" de Wilhelm Thiele. Elle a 14 ans et n'a encore suivi aucun cours d'art dramatique. Qu'à cela ne tienne ! Sa fraîcheur, sa beauté, sa spontanéité en font la plus délicieuse ingénue et on parle d'elle comme d'une révélation, si bien qu'elle tourne successivement  "La crise est finie" et "Dédé" (1934) de Guissart,  "L'or dans la rue" (1934) de Kurt Bernhardt et  "Quelle drôle de gosse" (1935) de Léo Joannon et, qu'âgée de seulement 18 ans, elle n'a pas moins de quinze films à son actif.



En 1935, Anatole Litvak lui offre un premier rôle dramatique, celui de la tendre et fragile baronne Vetsera dans "Mayerling" au côté de Charles Boyer, où elle va se révéler une vraie comédienne capable non seulement de séduire mais d'émouvoir et, sans forcer son jeu, de traduire des sentiments complexes et douloureux. Au début de l'Occupation, elle remporte un triomphe avec "Premier Rendez-vous" (1941) d'Henri Decoin qu'elle a épousé. Suivront quelques films sans grand intérêt, avant qu'elle ne renoue avec des personnages plus consistants et trouve un second souffle avec "Occupe-toi d'Amélie "(1949) de Claude Autant-Lara ou "La Ronde" de Max Ophuls. Ophuls, qui a découvert en elle son interprète idéale - il dira à son propos " Regardez ce tendre mouvement de l'épaule et ce sourire qui ne sourit pas mais qui pleure. Ou qui fait pleurer " -  lui confie le rôle principal dans  "Madame de" où elle est inoubliable dans le personnage d'une femme coquette prise au piège d'un grand amour. Affectueusement surnommée D.D., un critique de l'époque écrira  : " Elle a incarné comme Gabin, autant que lui et de façon légère, l'insouciance des années 1930 et la gravité des années 1950".

 

A propos d'Ophüls, on parle de la trilogie qui réunit les trois films les plus importants :" La ronde", "Le plaisir" et "Madame de". L'actrice y donnera la pleine mesure de son talent et surprendra son public en lui révélant des ressources insoupçonnées : ainsi sera-t-elle tour à tour une bourgeoise, une fille publique et une aristocrate avec la même aisance. Dans "La Ronde", elle incarne avec délicatesse et humour Emma Breitkopf, femme mariée, victime d'une panne de son jeune amant (Daniel Gélin), avant de se retrouver auprès de son mari (Fernand Gravey) dans la chambre conjugale aux lits jumeaux. Elle est ensuite la Madame Rosa du "Plaisir", une des pensionnaires de la maison Tellier qui recouvre un peu de sa dignité  devant les excuses que lui adresse le menuisier de la campagne normande (Jean Gabin) et, pour finir, sera l'interprète insurpassable d'une femme saisie d'une violente passion, oiseau qui se croyait volage et se découvre captif, dans "Madame de"... L'actrice légère, apparemment lisse, pouvait devenir une admirable tragédienne. Le génie d'Ophüls eut, entre autre mérite, celui de tirer d'elle les sons d'un stradivarius.



A partir de ces années 50, elle sera considérée comme l'une des meilleures actrices françaises avec Michèle Morgan et Micheline Presle, sensible, touchante, parfaite dans des rôles aussi divers que celui de Madame de Rénal dans "Le Rouge et le Noir" de Autant-Lara, dans "La Maison Bonnadieu" de Carlo Rim ( 1952) ou "Pot-Bouille" de Duvivier (1957). Elle prêtera également ses traits et son talent à des personnages comme la "Lady Chatterley" de Max Allégret (1955), la Montespan de "L'affaire des poisons" d'Henri Decoin et, également, à des femmes contrastées comme Agnès Sorel, favorite de Charles VII ou Marie-Octobre, une résistante de la dernière guerre. Tant et si bien que la Nouvelle Vague n'hésitera pas à faire appel à une actrice aussi accomplie et qu'elle tournera avec Chabrol dans "Landru" (1962), avec Jacques Demy dans "Les demoiselles de Rochefort" (1967) - où elle sera la seule à ne pas être doublée sur le plan musical - ainsi que dans "Une chambre en ville" (1982), avec Dominique Delouche dans "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme" (1968) et "Divine" (1975), avec Philippe de Broca dans "Le Cavaleur" (1978) et avec Téchiné dans "Le lieu du crime" (1985) ; ces cinéastes contemporains n'ayant pas hésité à lui confier des rôles de femme mûre ou même d'adorable grand-mère. Au théâtre, sa carrière n'en est pas moins brillante. Ses plus grands succès seront : "Les jeux dangereux" en 1937, "La robe mauve de Valentine" en 1963 et "Harold et Maud" en 1995.           

 

En 2005, à 88 ans, elle tourne  "Nouvelle Chance" d'Anne Fontaine. Un record pour une actrice qui a débuté sa carrière à 14 ans et n'a pas moins d'une centaine de films à son palmarès. Cette longévité, elle la doit à une incroyable jeunesse de caractère, d'autant qu'elle n'a pas dit son dernier mot et qu'elle a encore joué devant la caméra de Pascal Thomas  dans "L'heure zéro" en 2007 et dans "Pièce montée" de Denys Granier-Deferre en 2010.  Ainsi a-t-elle tout interprété sans éprouver la moindre lassitude et conservé, malgré les épreuves et les chagrins, une formidable joie de vivre. Ce qui a fait dire à son metteur en scène Anne Fontaine : J'ai été complètement charmée par sa personnalité, son énergie, le mélange de joie, de gaieté et de mélancolie totalement surmontée. Danielle est entièrement tournée vers l'avenir, elle a un rapport unique avec le temps.                                 

 

Cette grande actrice s'est vu couronnée par le prix de la meilleure interprétation féminine à Berlin en 2002 pour "Huit femmes" de François Ozon, d'un César d'honneur à Paris en 1985 et d'un Molière d'honneur en 1993. Toujours débordante d'activité alors qu'elle avait passé le cap des 90 ans, elle avouait : " J'ai du mal à me voir vieillir. Du coup, je regarde mes anciens films. Mes deux petits liftings sont ridicules à côté de ceux qu'on voit aujourd'hui ! Le secret, c'est d'aimer la vie, de se poser des questions et de ne pas avoir d'oeillères. La comédie, c'est la vie. La seule chose qui m'emmerde, c'est de devoir mourir ". Mais le 7e Art ne l'a-t-il pas depuis longtemps immortalisée ?

 

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DANIELLE DARRIEUX
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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 09:07
L'école buissonnière de Nicolas Vanier
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Le jeune Paul (Jean Scandel) n’a  connu jusqu'à présent qu’un seul horizon : les hauts murs de son orphelinat parisien, mais le directeur veut lui trouver une famille d'accueil qui lui offrira des lendemains moins austères et moins douloureux. Confié à Célestine (Valérie Karsenti) pour le temps des vacances d’été, une femme qui demeure dans le même village que sa supposée mère, le petit citadin arrive en Sologne, région âpre et sauvage. L’immense forêt, les étangs embrumés et les landes, sont la propriété du comte de la Fresnaye (François Berléand), un veuf taciturne qui vit solitaire dans son château. S’il tolère les braconniers sur son domaine et parfois même les manouches, Borel, quant à lui, les traque sans relâche et s’acharne sur le plus rusé d’entre eux, Totoche (François Cluzet). Aux côtés de ce braconnier, grand amoureux de la nature, Paul va faire l’apprentissage de la vie mais aussi de la forêt et de ses secrets. A commencer par le sien trop teinté de mystère. Cela au cœur de la France rurale de l’entre-deux- guerres où l’homme vit encore, dans l’intimité des bêtes, au rythme des saisons.

 

L’enfant, habitué à la vie austère de l’orphelinat, a quelque difficulté à s’habituer à son nouvel environnement et à sa nouvelle famille. S’il se méfie de Borel (Eric Elmosnino), le garde-chasse peu amène et mari de Célestine, il se lie vite d’amitié avec Totoche, le braconnier bougon et rusé qui a tôt fait de l’initier aux choses de la nature, de lui faire goûter aux joies de la pêche, de la chasse et des promenades dans cette nature sauvage épargnée par le temps. A l’étonnement de tous, il parvient également à éveiller l’intérêt du taciturne comte de la Fresnaye qui ne quitte jamais son immense château où il vit retiré depuis la mort de sa fille dont il n’avait pas accepté le mariage avec un cheminot. Par ailleurs son fils, peu sensible à la vie des champs et des bois, gaspille son existence en mondanités à la grande déception de ce père mieux en phase avec la vie rurale. François Berléand campe ce personnage déçu et amer de façon très juste. La qualité de l’interprétation, dans son ensemble, mérite d’être soulignée, que ce soit François Cluzet méconnaissable dans ce personnage pittoresque et marginal d’homme des bois, Valérie Karsenti en femme sensible mais visiblement tenue par un secret, Eric Elmosnino plus royaliste que le roi dans son souci de protéger du braconnage la forêt de son maître, enfin le jeune et ravissant Jean Scandel qui rend son personnage de jeune orphelin sensible  dans sa naïveté et son souci de mieux comprendre les êtres et les animaux.

 

A cela s’ajoute le charme des paysages solognots de landes et de marais peuplés de cerfs, de sangliers, de renards, d’oiseaux surpris dans leur cadre, grâce aux talents conjugués de Nicolas Vanier, le metteur en scène, et de Laurent Charbonnier, le documentaliste, qui, tous deux, nous immiscent au cœur même de cette vie sauvage grâce à des images d’une incontestable beauté. Ce dépaysement et cette fresque animalière en séduiront beaucoup mais l’histoire trop lente, les descriptions de cette existence rurale trop appuyées peuvent en lasser certains, ce qui n’est pas mon cas. J’ai aimé au contraire cette lenteur si bien accordée à celle immuable de la nature, loin des bruits discordants du monde, de même  que ce retour plein d’émotion aux choses essentielles et aux valeurs perdues.

 

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  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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