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10 juillet 2006 1 10 /07 /juillet /2006 10:33
PANDORA d'ALBERT LEWIN

    

L'histoire que nous raconte le film Pandora, inspiré de la légende du Hollandais volant et du mythe grec de Pandore - cette femme que le dieu Héphaïstos façonna avec de la terre et de l'eau pour qu'elle devienne l'instrument de la vengeance divine - se situe en Espagne, dans un petit port de la Costa Brava, Esperanza. Des pêcheurs viennent de ramener dans leurs filets deux corps, celui du peintre Hendrick Van Der Zee et d'une femme nommée Pandora Reynolds, selon les dires de l'archéologue britannique Geoffrey Fielding qui les identifie. C'est d'ailleurs grâce à lui, successivement acteur et spectateur de ce drame, que celui-ci va être reconstitué pour les besoins du film. Il nous apprend, par exemple, que Pandora Reynolds se serait sentie irrésistiblement attirée vers un yacht, ancré dans la baie.

 

Ce yacht appartient à un peintre hollandais que nous découvrons, au tout début du film, en train de peindre un tableau consacré à l'irréelle Pandore, alors qu'une femme s'approche à la nage et débarque à son bord. Curieusement, cette femme, Pandora Reynolds, ressemble à la mythique héroïne et va connaître un destin assez semblable au sien. Pour elle, des hommes vont sacrifier leur vie : le poète Reggie Demarest s'empoisonnera lorsqu'elle se refusera à lui ; le pilote Stephen Cameron renoncera  à la course automobile et ira jusqu'à précipiter sa voiture du haut d'une falaise et le matador Juan Montalvo, après avoir poignardé son rival le peintre Hendrick Van Der Zee, mourra dans l'arène. Alors que la tempête se lève, Pandora comprenant que le peintre, dont elle s'était éprise et qui vient d'être assassiné par sa faute, se croyait chargé du destin du Hollandais volant, condamné à errer, se sacrifiera à son tour et le rejoindra dans la mort, afin qu'il puisse goûter au repos éternel.

 

 

" Percer les mystères d'une âme est aussi vain que de tenter de vider l'océan avec une coupe " - dit Geoffrey Fielding lorsque les pêcheurs remontent les corps des deux amants. Ainsi Pandora, admirablement interprétée par la splendide Ava Gardner, fascine-t-elle au point de détruire ceux qui ont le bonheur d'abord, puis très vite le malheur de croiser sa route, selon le mythe antique qui disait que malgré sa belle apparence, cette déesse était à l'origine de bien des maux... "Quand nous voyons pour la première fois le Hollandais volant, écrivait le cinéaste, il est occupé à peindre le portrait d'une femme qu'il n'a jamais vue. Voilà un aspect purement surréaliste de ce personnage. Il était donc naturel pour moi d'essayer de faire un film délibérément surréaliste. Ce désir prit forme pour Pandora. L'habitude qu'avaient les surréalistes de juxtaposer des images anciennes et modernes, qui est particulièrement remarquable dans l'oeuvre de Chirico et de Paul Delvaux, m'a surtout troublé. J'ai trouvé dans le personnage du Hollandais volant, qui avait été condamné à vivre pendant plusieurs siècles, un symbole de cette juxtaposition des époques."
 

 

Que l'intrigue, située en 1930, ait son équivalence avec un drame qui se passait, selon la légende, au XVIIe siècle trouve ainsi sa justification. Hendrick Van Der Zee, campé par un James Mason très convaincant dans le rôle de l'artiste en proie à un dilemme intérieur et en quête d'un amour impossible, ajoute sa part d'étrangeté et de fantastique. Tout est fait pour surprendre, troubler, fasciner. Un orchestre joue " you're driving me crazy ", tandis que des hommes en habit dansent avec des jeunes filles dénudées sous le regard des statues antiques. Le mélange des styles est savamment dosé et pratiqué avec un évident plaisir esthétique. Amoureux des peintres, Lewin a su utiliser au mieux les ressources du technicolor de l'époque. Ava Gardner y est magnifique et inaccessible à souhait, sorte de divinité qui semble n'avoir pris que momentanément l'apparence d'une femme. Venue d'une autre planète comme pour séduire et détruire les êtres réduits à leur éphémère condition humaine. Ce n'est pas sans raison qu'Albert Lewin ouvre l'opus sur cette citation d'Omar Khayyam : "La main mouvante écrit. Et va, ayant écrit. Ni ta piété ne la saura, ni ton esprit fléchir pour qu'elle remonte à la ligne et l'efface. Ni tes pleurs d'un seul mot n'en laveront la trace."
 

 

Un film (1951) rare de par son thème - le mythe de la séduction destructrice et de l'éternelle errance - son atmosphère sulfureuse parfois, et sa splendeur esthétique. Inutile de répéter que les acteurs sont parfaits et nous font vivre un grand moment de cinéma. D'ailleurs le couple Gardner/Mason n'est-il pas entré, avec quelques autres, dans la légende d'Hollywood ?

 


Pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, cliquer sur le lien ci-dessous :


LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

Et pour prendre connaissance de l'article consacré à Ava Gardner, cliquer sur son titre :

 

AVA GARDNER, LA FLAMBOYANTE

 

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PANDORA d'ALBERT LEWIN
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9 juillet 2006 7 09 /07 /juillet /2006 09:52
AUTANT EN EMPORTE LE VENT de VICTOR FLEMING

  

S'il est un film en tous points fidèle à un roman, c'est bien celui-ci. Margaret Mitchell n'a pas été trahie. L'histoire du tournage fut une épopée presque aussi riche en épisodes et rebondissements que celle relatée par la romancière. Avant même sa publication, l'ouvrage faisait l'objet de diverses spéculations, bien que la guerre de Sécession ait eu la renommée de n'être guère prisée du public. Et on le comprend : une guerre fratricide qui avait mis à feu et à sang le sud des Etats-Unis et avait vu les hommes d'un même pays se tuer sauvagement pour des idées, au lieu de tenter de s'écouter et de se comprendre... Le roman sortit le 30 juin 1936. Le 30 juillet, Margaret Mitchell signait le contrat de cession des droits cinématographiques de son livre - qui se révéla être, dès les premières semaines de sa mise en vente,  un incroyable succès de librairie - à David Seilznick qui les acquit pour la somme de 50 000 dollars et confia, sans plus tarder, la mise en scène à Georges Cukor et l'écriture du scénario à Sidney Howard. C'est donc Cukor qui fut chargé du travail de défrichage, longue élaboration qui nécessita des centaines de peintures d'atmosphère pour donner le ton du futur film. Dans le même temps, Seilznick cherchait sa Scarlett O'Hara, ce qui ne fut pas une mince affaire. Pas moins de 1400 candidates furent auditionnées. Paulette Goddard et Katherine Hepburn furent retenues et demeurèrent longtemps les favorites. Le personnage de Rhett Butler posa un problème différent. En écrivant son livre, Margaret Mitchell  pensait déjà à Clark Gable, mais il était sous contrat avec Louis B. Meyer et Selznick n'envisageait pas de se ruiner pour l'avoir dans sa distribution. Mais la pression populaire fut si forte, qu'il finit pas céder, et accepta de sortir les sommes astronomiques que nécessitait la rupture du contrat avec Meyer. Gable engagé, il restait toujours à trouver la Scarlett O'Hara idéale, au risque que la presse et le public, qui suivaient les négociations du film avec curiosité, ne croient Selznick incapable de mener à bien son projet.

 

 

On commence à tourner les scènes de l'incendie d'Atlanta alors que la vedette principale n'a pas encore été choisie. C'est le frère de David Seilznick qui lui présenta Vivien Leigh, de passage à Hollywood avec son mari Laurence Olivier. Seilznick fut séduit d'emblée, mais la presse se déchaîna contre cette anglaise qui entendait incarner une femme de la Louisiane traditionnelle. Enfin les rumeurs  faiblirent et le tournage put commencer. C'est à ce moment que Cukor quitta le plateau brusquement, en total désaccord avec Gable et au grand dam de Vivien Leigh et d'Olivia de Havilland qui appréciaient ce parfait directeur d'actrices. Clark Gable insista pour que Victor Fleming prenne la suite avec deux acolytes : Sam Wood et William Cameron Menzies. Le 1er juillet 1939, le film était en boîte après 125 jours de tournage et la première avait lieu à Atlanta le 15 décembre 1939, suscitant un enthousiasme spectaculaire. Sans doute est-ce la personnalité hors du commun de Seilznick, âgé seulement de 37 ans, qui contribua à apaiser les différends innombrables qui agitèrent le tournage et le rendirent pour le moins tumultueux. Certaines scènes nécessitèrent cinq à six versions différentes. Cependant, soixante ans après sa réalisation, Autant en emporte le vent  reste un exemple du savoir-faire hollywoodien et de la parfaite transposition d'un roman en film. Il est également une des rares évocations de l'époque de la guerre de Sécession, dont il a su rendre le climat, évoquant l'inconscience des Sudistes qui croyaient, à tort, être rapidement vainqueurs des Nordistes, sans cacher  sa nostalgie pour ces officiers vêtus de gris et ce Sud brutalement ravagé, humilié, incendié, pillé et livré aux soudards, si bien que nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, jugent que le film fait la part trop belle à un camp plutôt qu'à un autre. La complexité de la situation ne permettait pas alors le recul nécessaire pour une impartialité de bon aloi et l'auteur était une femme du sud.
 

                       

Aux malentendus dramatiques que la guerre avait déclenchés, aux haines brutales et soudaines s'ajoutent dans le film, comme dans le roman, les incompréhensions affectives des quatre héros : Scarlett, Rhett, Mélanie et Ashley, chacun se perdant dans les méandres de sentiments trompeurs. Alors que Scarlett et Rhett sont, à l'évidence, faits l'un pour l'autre, ils ne cesseront de se déchirer et de se perdre. Ainsi en emporte le vent de nos erreurs, de nos contradictions, de nos doutes, de nos illusions, de nos aveuglements. Seule la terre dure et c'est à elle que Scarlett se raccrochera à la fin de l'opus, à cette terre rouge de Tara qui l'a vu naître et qui a vu naître et mourir ses ancêtres. " La terre est l'unique chose dans ce monde qui mérite que l'on travaille pour elle, que l'on se batte pour elle, que l'on meure pour elle parce que c'est l'unique chose qui demeure" -  lui dit son père au début du film, alors qu'elle est en proie au désespoir que lui inspire le prochain mariage d'Ashley, l'homme qu'elle croit aimer. Face à un Clark Gable au sommet de sa carrière, la jeune Vivien Leigh se révélera inoubliable dans le rôle emblématique de Scarlett O'Hara et l'Oscar, qui couronnera son interprétation, sera, ô combien, mérité. Ce film fut d'ailleurs couvert d'oscars, celui de la meilleure interprétation d'un second rôle revenant à la merveilleuse Hattie Mc Daniel dans celui de Mammy. Ce film, dont le coût de production paraissait faramineux en 1939 - 4.000.000 dollars - en rapportera 20.000.000 durant son exclusivité. Il reste un monument du cinéma, un film qui, tout ensemble, nous propose un panorama saisissant de l'époque de la guerre de Sécession et une subtile analyse des rapports entre une femme fière et un monde d'hommes, passant, sans la moindre rupture, de la fresque historique à la peinture intimiste des sentiments. Autant en emporte le vent.
 


Pour lire l'article consacré à Vivien Leigh, cliquer sur son titre :   VIVIEN LEIGH

 

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LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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AUTANT EN EMPORTE LE VENT de VICTOR FLEMING
AUTANT EN EMPORTE LE VENT de VICTOR FLEMING
AUTANT EN EMPORTE LE VENT de VICTOR FLEMING
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13 juin 2006 2 13 /06 /juin /2006 08:03
UN VIOLON SUR LE TOIT de NORMAN JEWISON
UN VIOLON SUR LE TOIT de NORMAN JEWISON

 

Voilà bien un film étonnant qui alterne cocasserie et émotion. L'action se situe au début du XXème siècle dans une bourgade d'Ukraine nommée Anatevka. Dans ce village, la vie est réglée selon la tradition établie depuis des lustres, comme si le temps avait suspendu son vol, entre la communauté chrétienne orthodoxe et la communauté juive, l'une et l'autre ayant eu la bonne intelligence de se côtoyer sans se mélanger. Chacun respecte chacun et la vie s'y écoule dans une relative harmonie. Le laitier du village - Tevye - est un homme bienveillant qui mène avec sa famille une existence modeste et apparemment heureuse. Son seul souci est de trouver d'honnêtes maris à ses cinq filles. Cela va l'obliger à concéder bien des choses à ses proches, autant qu'à sacrifier certaines de ses convictions religieuses. Jusqu'au moment où ses certitudes seront gravement ébranlées par sa fille cadette, qui lui apprend qu'elle désire épouser un non-juif, le jeune russe Fyedka. C'est alors qu'un décret, promulgué par le tsar, somme les juifs de quitter la région, obligeant Tevye à s'exiler avec sa famille. Ce synopsis a le mérite de donner vie à une quantité de personnages ukrainiens et juifs : la marieuse, le rabbin, le boucher, le tailleur, le brigadier, le bolchevique, hauts en couleur, et de les placer dans des situations singulières, ce qui occasionne des sketchs savoureux, empreints de cet humour juif pittoresque, dont la charge comique et émotionnelle se révèle d'une efficacité remarquable. Ce qui explique, sans doute, le succès que remporta d'abord la pièce, puis le film. En effet, la première adaptation eut lieu à Broadway en 1964 et ne nécessita pas moins de 3242 représentations à guichet fermé. A Londres, en 1967, le nombre de représentations s'éleva à 2030, et ainsi de suite dans le monde entier, sans oublier Paris, avec sur les planches le magnifique chanteur Yvan Rebroff qui disposait - chose rare - d'un registre vocal de quatre octaves et demie. Le film a repris fidèlement le livret de la pièce, en y ajoutant l'ampleur que ne permettait pas une scène de théâtre. La seule différence avec la comédie musicale, montée par Jérôme Robbins, est celle-ci : le cinéaste Norman Jewison se vit dans l'obligation de porter à l'écran un spectacle plus coloré, plus mouvementé, s'inspirant d'un univers chagallien et  reconstituant minutieusement l'environnement mélancolique et austère des communautés juives de l'époque, dans les villages de la Russie profonde, pour amplifier l'oeuvre et lui donner ainsi sa tonalité cinématographique. Le rôle principal du laitier fut confié à Chaïm Topol, qui l'avait déjà interprété sur la scène de Tel Aviv, et où il se montre, égal à lui-même, aussi convaincant qu'au théâtre, dans ce personnage fantasque et touchant.

 

L'intrigue se déroule dans le monde clos d'une communauté juive de la Russie du début du XXème siècle. On y sent le poids des traditions et la crainte permanente des persécutions dont la population était couramment victime de la part du gouvernement. Les pogroms évoqués rappellent l'intolérance qui fut le lot des juifs à travers les siècles, mais la légèreté des dialogues, l'ironie toujours présente, la fantaisie des personnages, la cocasserie de certaines situations, la musique entraînante font que ce long métrage de 2h30 reste une comédie musicale à part entière, jamais pesante, dont l'intérêt ne faiblit pas, pour la raison que le sujet extrapole de beaucoup la seule existence de quelques villageois perdus dans l'obscure campagne russe. Le livret, inspiré d'une nouvelle de l'écrivain Sholem Aleichem, connu jusqu'en Chine, a su anticiper les événements immédiats et percevoir la fureur naissante du XXème siècle, ainsi que les bouleversements qui se profilaient à l'horizon,  frémissements d'un monde à l'aube de mutations capitales. Les courants d'idées qui ne vont plus cesser de le parcourir sont déjà subtilement évoqués : perte des valeurs traditionnelles, émancipation de la femme,  naissance du bolchevisme et du sionisme, attraction irrésistible de la modernité, au point que la liberté de ton de ce livret, que certains peuvent considérer comme subversive, aurait peut-être donné lieu à des difficultés de réalisation de nos jours. Pour toutes ces raisons, et pour ses qualités artistiques et musicales,  Un violon sur le toit  (1971) prend place parmi les plus belles, et surtout les plus originales, comédies musicales jamais portées à l'écran. Dans les années 1960-1970, aux lendemains du nazisme et des camps de concentration, le succès était assuré mais, depuis, il n'a pas pris une ride et ce spectacle grave et joyeux ne peut manquer d'émouvoir. De même que nombre de ses mélodies restent indémodables et présentes dans nos mémoires. Salué avec enthousiasme par une critique à l'unisson, il fut couronné par trois Oscars.

                             

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UN VIOLON SUR LE TOIT de NORMAN JEWISON
UN VIOLON SUR LE TOIT de NORMAN JEWISON
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9 juin 2006 5 09 /06 /juin /2006 09:11
LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT de JACQUES DEMY

                                                                                                                                                                    
Je ne pouvais passer sous silence cette comédie musicale française qui revient dans nos salles obscures avec sa fraîcheur inaltérable et ses jolies mélodies. Ne serait-ce que pour la simple raison qu'elle peut être considérée comme notre plus belle réussite dans un genre où la France, il est vrai, n'a jamais excellé. Grâce à l'association d'un musicien comme Michel Legrand et d'un cinéaste comme Jacques Demy - qui a également signé le scénario et les paroles, ce qui n'est pas son plus mince mérite - nous tenons là un film de qualité, qui ne cache pas sa filiation avec les comédies musicales classiques américaines. J'en veux pour preuve que la présence de deux stars incontournables, qui font ici des apparitions remarquées et surprenantes : Gene Kelly et Georges Chakiris,  les  danseurs inoubliables d' Un américain à Paris et de West Side Story.


demoiselles-de-rochefort-06-g.jpg

 
L
e film vaut surtout pour la musique jazzy et enjouée de Michel Legrand, l'univers coloré précurseur des sitcoms françaises et le jeu de miroir entre les jumelles, interprétées par les soeurs Dorléac, qui ajoute un charme supplémentaire à cette comédie. Il est évident que sur le plan de la chorégraphie et de la danse, Catherine Deneuve et Françoise Dorléac ne sont ni Ginger Rogers, ni Cyd Charisse, mais elles bougent bien, ont du piquant et de la présence et le film se laisse regarder avec plaisir.

 

L'histoire est celle des jumelles Delphine et Solange Garnier, qui aiment chanter et danser, mais s'ennuient fort dans leur province natale. Bien entendu, elles ne rêvent que d'une chose : gagner la capitale, s'y produire en spectacle et rencontrer l'amour. Pour l'heure, un festival local va leur permettre de monter sur les planches  et  de croiser, l'une un marin, l'autre un pianiste, qui leur feront découvrir le grand amour ( du moins on l'espère ).

 

Pas de quoi fouetter un chat ! Mais le charme des mélodies, les chansons joliment ciselées avec ce goût bien français du beau langage où, pour lors, nous excellons - et il est bon de le rappeler -  la ville de Rochefort merveilleusement filmée et transformée, pour l'occasion, en décor de conte de fée, ce qui est assez inattendu d'un ancien port de guerre, opèrent à coup sûr et finissent par nous séduire. Le film redora le blason de cette cité que l'on abandonnait à l'oubli, alors qu'elle est belle et riche de sa magnifique corderie royale et de ses bâtiments du plus pur style Grand Siècle. Ce fut, en effet, au XVIIe, que Louis XIV, soucieux de développer la puissance maritime du Royaume de France, chargea son ministre Colbert de bâtir sur les marais un arsenal, dans le but d'armer les frégates et les vaisseaux nécessaires à servir son ambition.  Le port fut alors le centre d'une grande activité et quelques-uns de nos plus invincibles navires sortirent de ces chantiers. Mais le temps passant, la ville sombra dans le sommeil et Loti eut beau y naître et y demeurer entre deux voyages, il ne parvint pas à rendre à l'Arsenal son éclat perdu. Ce que le film réussit à faire...

 

Les demoiselles de Rochefort furent un grand succès. Le public aima cette bluette charmante déclinée dans les tons pastels, qui transformait la réalité en une fiction idéale et où tout se terminait en chansons. Hélas ! les lendemains déchantèrent. La ravissante Françoise Dorléac devait trouver la mort un an plus tard dans un accident de voiture. Ce film, où le duo des soeurs Dorléac fonctionne à merveille, est donc le seul qu'elles ont eu le loisir de tourner ensemble. Aussi, le revoir aujourd'hui, c'est revoir un visage trop tôt disparu.

 

Pour lire les articles consacrés à Jacques Demy et Catherine Deneuve, cliquer sur leurs titres :

 

JACQUES DEMY, L'ENCHANTEUR                CATHERINE DENEUVE - PORTRAIT 

 

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LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS  

 

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les-demoiselles-de-rochefort-image.jpg                   

   

 

LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT de JACQUES DEMY
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7 juin 2006 3 07 /06 /juin /2006 15:31
CARMEN de FRANCESCO ROSI

          

Nombreuses furent les adaptions cinématographiques de Carmen, qui faisaient suite à l'opéra de Bizet créé en 1875, lui-même inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée publiée en 1845. A l'époque du muet, Cecil B. De Mille avait déjà signé une première réalisation, suivie de celle d'Ernst Lubisch en 1918. Lorsque le parlant prit la relève, plusieurs metteurs en scène furent à leur tour conquis par le sujet. Citons Charles Vidor en 1948, qui confia le rôle de Carmen à l'impériale Rita Hayworth, puis Carlos Saura en 1983 et, plus près de nous, la flamboyante version de Francesco Rosi. Ce n'est qu'en 1958, que le cinéaste italien, qui travailla longtemps avec Visconti, réalisa son premier film Le défi, un hommage à sa ville natale : Naples. En trente années, il ne produisit qu'une quinzaine de longs métrages, prenant le temps de les mûrir, de façon à ce qu'ils répondent à ses préoccupations personnelles sur les problèmes concernant les rapports de l'homme et de la société. Dans cette filmographie figurent : Main basse sur la ville (1963) - Le moment de vérité (1965) - Le belle et le cavalier (1967) - L'affaire Mattei (1971) - Cadavres exquis (1975) - Trois frères (1981) - et enfin Carmen en 1964. Par la suite, il y aura encore Chronique d'une mort annoncée (1987) et Oublier Palerme en 1989. Ce  Carmen  de  Francesco Rosi  a été entièrement tourné en décors naturels et en terre espagnole, pays où l'action se déroule. En effet, nous sommes alors au coeur de Séville en l'an 1820. Don José, fiancé à Micaëla, est chargé de surveiller la belle et provocante Carmen qui vient d'être arrêtée à la suite d'une bagarre dans la manufacture de cigares, où elle travaille. Celle-ci n'a guère de peine à le séduire et à obtenir qu'il la laisse s'évader. Ce qui aura pour conséquence de le faire dégrader et emprisonner à sa place. Dès sa libération, l'amoureux n'a qu'un désir : retrouver sa belle. Mais plus tard, cette dernière tombe sous le charme d'un sémillant toréador Escamillo. Entre les deux hommes, l'affrontement est inévitable et se conclura par la mort de l'un d'eux, si Carment n'intervenait pour sauver Escamillo. Désespéré, Don José n'aspire plus qu'à se venger.

 

Ce film splendide est une adaptation fidèle de l'oeuvre de Bizet, magnifiée par la caméra qui sait produire les images les mieux adaptées à l'intensité du drame, à la frénésie de la passion, au feu intérieur d'une indomptable Carmen, ivre de séduction, qui met bientôt à sa merci le brigadier Don José, puis le toréador Escamillo, suscitant leur jalousie et ouvrant grandes les portes à la tragédie qui suivra et s'achèvera dans l'arène, lieu symbolique de la mort. Rarement opéra n'aura bénéficié de tels moyens pour devenir un spectacle à part entière. A n'en pas douter, le mythe de la femme fatale, mi-ange, mi-démon, n'a jamais été mieux servi que sous la baguette d'un Lorin Maazel et par les voix de Julia Migenes-Johnson Placido Domingo et Ruggerio Raimondi. Ces trois grands chanteurs sont de plus des comédiens fabuleux et le film est à tous égards une réussite que seul, à mes yeux, égale la Flûte enchantée de Bergman, adaptation personnelle et magnifique de l'opéra de Mozart  que réalisa le metteur en scène suédois en 1975. Quant à Julia Migenes, elle reste pour moi la Carmen idéale, saisie et immortalisée dans sa passion, ses violences, sa ferveur, sa fougueuse beauté par le savoir-faire, l'art accompli du réalisateur.
 

   

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LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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CARMEN de FRANCESCO ROSI
CARMEN de FRANCESCO ROSI
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6 juin 2006 2 06 /06 /juin /2006 08:52

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L
a comédie musicale My fair lady est l'une des nombreuses adaptations du mythe de Pygmalion et de Galatée. Il  prit naissance chez Ovide, poète latin né en 43 av. J.C. et mort en 16, dont l'ouvrage Les métamorphoses traite du mystère de la création artistique et exalte le pouvoir de l'art. Celui de l'artiste qui modèle son oeuvre et découvre, avec émerveillement, qu'elle prend vie. La métaphore de la statue devient un idéal à atteindre, le vivant invité à imiter l'art. 
"De retour chez lui, l'artiste va vers la statue de la jeune fille. Penché sur le lit, il lui donne un baiser ; il croit sentir que ce corps est tiède. De nouveau, il en approche sa bouche, tandis que ses mains tâtent la poitrine ; à ce contact, l'ivoire s'attendrit ; il perd sa dureté, il fléchit sous les doigts, il cède. (...) L'amant reste saisi ; il hésite à se réjouir, il craint de se tromper ; sa main palpe et palpe encore l'objet de ses désirs ; c'était bien un corps vivant ; il sent des veines palpiter au contact de son pouce. Alors le héros de Pathos adresse à Vénus de longues actions de grâce ; sa bouche presse enfin une bouche véritable ; la jeune fille a senti les baisers qu'il lui donne et elle a rougi ; levant vers la lumière un timide regard, elle a vu en même temps le ciel et son amant."

 Les métamorphoses - Pygmalion - Livre X
 

 

Le mythe connut une fortune exceptionnelle tant picturale que littéraire. Bernard Shaw, le dramaturge irlandais, écrivit un Pygmalion en 1912 qui eut un grand succès et fut à l'origine de la comédie musicale créée à Broadway en 1954 et reprise à Londres en 1958. Le décalage est grand entre le mythe original et l'histoire d'un professeur de linguistique de réputation internationale, snob et misogyne, Henri Higgins qui, par amusement, parie avec l'un de ses amis le colonel Pickering, de faire d'une marchande de fleurs inculte, aux manières grossières et à l'épouvantable accent cockney, Eliza Doolittle, une dame de la haute bourgeoisie, capable de briller dans les mondanités. Il y parviendra, mais l'élève dépassera le maître et il perdra cette femme qu'il avait modelée à son goût et à sa convenance. A partir de ce scénario, Alan Jay Lerner et Frederick Loewe vont écrire un livret et une partition musicale pleins de charme et de fantaisie qui feront fureur sur les scènes américaines, puis anglaises. Ayant assisté à l'un des spectacles, George Cukor eut l'idée d'en faire un film à grand spectacle, avec une mise en scène fastueuse et des vedettes capables d'attirer les foules dans les salles obscures.  Rex Harrison, qui avait déjà joué sur la scène de Broadway, fut de nouveau choisi pour tenir le rôle du professeur Higgins et lui prêter sa distinction, son élégante désinvolture, sa coquette ironie. Il est parfait dans ce personnage qui lui va comme un gant. Par contre, Audrey Hepburn, sur laquelle George Cukor jeta son dévolu pour interpréter la petite marchande de fleurs Eliza, ne correspond pas du tout au modèle. Et c'est là où le bât blesse. En définitive, la performance demandée à l'actrice n'est pas celle de changer une fille des rues en aristocrate, mais de se changer, elle, la déesse, en souillon. Et  le contre-emploi est ici trop énorme. Le naturel revenant au galop, malgré le talent, la souveraine classe de l'actrice perce à chaque instant sous les haillons de la pauvrette.  Pour cette raison et pour d'autres encore, je n'ai pas totalement adhéré à ce film. Certes, il y a des scènes magnifiques et Audrey Hepburn, par la suite, nous enchante de sa grâce et de son charme ; la mise en scène est somptueuse mais souvent cède à l'exubérance, si bien que l'on a l'impression de se trouver dans l'arrière-salle d'un antiquaire ; les costumes sont eux aussi surchargés et la délicieuse Audrey - qui n'est jamais si belle que vêtue d'une simple robe noire de Givenchy  -  ploie sous les fanfreluches, rubans, babioles de tous genres, comme une icône orientale. Beaucoup ne seront pas de mon avis, mais je dis les choses comme je les pense.

 

La scène du bal reste pour moi le vrai moment inoubliable. Le professeur Higgins ( Rex Harrison ), découvrant son chef-d'oeuvre et éprouvant, pour la première fois, une réelle émotion - qui met à mal son cynique pari - est superbe. Mais il n'en reste pas moins que cette pâmoison de beauté finit par lasser au bout de 2h40. Le film fut néanmoins récompensé par 8 oscars et 3 golden globe. Il est vrai qu'il avait coûté très cher et que la quête de la beauté est toujours un argument valable. " Pour moi - affirmait Cukor - My Fair Lady est une pièce avec de la musique. Si j'avais pensé à My Fair Lady comme à une comédie musicale, je ne l'aurais pas adaptée." Il décide par conséquent de tourner le film en continuité, selon la montée dramatique de l'intrigue, afin de suivre au plus près l'évolution du personnage d'Eliza, déclarant à ce propos : " J'ai essayé de faire d'Audrey Hepburn une Eliza telle que l'a conçue Edgar Shaw ; la digne fille de son père, une force de la nature, déchaînée, et libérée de toute entrave, douée d'une intelligence encore en sommeil, et qui s'éveillera peu à peu. Elle comprend alors que son antagoniste cache sous une carapace rebutante une nature d'élite". Cukor déclare par ailleurs : " Je n'ai pas cherché à modifier My Fair Lady. C'était parfait à la scène. J'ai tenu à conserver l'aspect théâtral de certaines scènes, comme le numéro d'Ascot. Tout le film est naturellement très stylisé. Cela le devait, c'est un film musical. Gene Allen s'occupa des décors, laissant les costumes à Cecil Beaton qui est un spécialiste de l'époque edwardienne. La pièce était en fait inspirée non pas de l'oeuvre originale de Shaw mais du film de 1938. Ce qui m'a le plus intéressé est le fait que c'était moins une intrigue amoureuse et romantique qu'un affrontement de mentalités".  

 


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Effectivement, tout semble opposer le monde glauque qui hante le marché de Covent Garden et cette haute société post-victorienne qui se plaît aux courses d'Ascot et dans les bals à la mode. Le tournage ne sera pas pour autant idyllique, en raison de l'antagonisme qui existe également au sein de l'équipe, entre Cukor et Beaton. Cukor va très souvent succomber, comme nous, sous une avalanche de bibelots et de fanfreluches. Mais le film reste malgré tout une réalisation somptueuse, sinon pompeuse, et le charme d'Audrey opère, dès qu'elle est chargée d'illustrer la jeune femme, plus idéale encore que le rêve de son mentor. La musique est jolie, les voix agréables à entendre et, pour sûr, on n'a pas lésiné sur le luxe. Alors ne boudons pas notre plaisir et oublions, autant que faire se peut, le poids souvent exagéré de cette trop parfaite reconstitution d'époque, pour laquelle - ai-je lu quelque part - les tapis d'Orient de la demeure des Higgins furent reteints pour parfaire l'harmonie des couleurs.

 

                          

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AUDREY HEPBURN - PORTRAIT



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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 09:51
DANCER IN THE DARK de LARS VON TRIER

                                                            

Je voulais opérer une transition forte après la série des comédies délicieuses, suaves et délicates, que je venais de vous présenter. Et bien là nous sommes servis ! Après les féeries hollywoodiennes, nous voici avec le Zola de Gervaise ou le Hugo des Misérables. Dancer in the dark est, comme son titre l'indique, un film pathétique qui tient autant de la fable grinçante que de la tragédie réaliste. Rien de beau pour reposer le regard : décor gris et froid d'une usine, bleus de chauffe des acteurs, le mot de comédie ne convient guère à ce long métrage qui ressemble davantage à une tragédie musicale. Et pour cause. Voici l'histoire : Une jeune tchèque émigrée et mère célibataire cherche son réconfort et son salut, dans la musique, sa passion. Travaillant dans une usine au coeur de l'Amérique industrieuse, Selma cache un lourd secret : elle perd la vue et son fils, atteint du même mal, est condamné à partager son sort, si elle ne trouve pas l'argent nécessaire pour le faire opérer. Quand un voisin croit à tort qu'elle lui a volé ses économies, la malheureuse voit ses espérances anéanties et son avenir gravement compromis. Que va-t-il arriver ? Tout parait sombrer dans les profondeurs de la nuit qui gagne Selma devenue aveugle et que le monde quitte. C'est une fin silencieuse, rendue plus poignante, qu'elle est vécue de l'intérieur,  blessure qui s'ouvre au coeur,  mutilation de l'âme même.

 

Ce sixième film du cinéaste danois Lars von Trier n'est pas sans rappeler l'atmosphère oppressante dans laquelle baignaient les oeuvres de Carl Dreyer, auquel se réfère volontiers Von Trier, admirateur de l'auteur de Dies Irae et d'Ordet. Mais contrairement à ses films précédents, il s'agit ici d'une comédie musicale, dont la chanteuse islandaise Björk a signé la partition, exploitant la technique dite Bullet-Time, ce qui permet de donner une image en 3D et l'impression que les personnages flottent dans l'espace, effet onirique d'autant plus réussi que les images nous sont livrées, comme si elles étaient saisies au travers du regard voilé de l'héroine. La part du silence est grande et fait naître une émotion particulière, car le personnage de Selma - presque mythique et qui parait hors temps, comme attaché à un arrière-pays ou à un arrière-monde, inspire le respect, non la pitié.

 

A partir d'un scénario précis, nous découvrons un être attendrissant, une histoire touchante qui frise le mélo sans y céder totalement, peut-être à cause de la musique qui mêle habilement légèreté et gravité, la jeune femme vouant un culte aux comédies musicales des années 40-50. Grâce aussi au lyrisme avec lequel le drame est abordé et à la rencontre de deux talents d'exception, celui du réalisateur, sans doute l'un des plus novateurs  d'aujourd'hui, et de la musicienne Djörk, fabuleuse dans le rôle de Selma, considérée comme la meilleure chanteuse " underground" actuelle.


 

Ce film méritait incontestablement la palme d'or à Cannes. La charge émotionnelle est telle, et perdure si longtemps après la fin de la projection, que l'on comprend que les jurés aient été séduits par l'originalité et la dramaturgie de l'oeuvre. De même que la mise en scène, les cadrages sont surprenants, exécutés avec une caméra mobile numérique et les chorégraphies empreintes de nostalgie, puisque l'héroïne cherche à imiter les comédies musicales d'antan. Le contraste est d'ailleurs frappant  entre cette version inquiétante et douloureuse et l'insouciance des merveilleux divertissements hollywoodiens. Toutefois dans cette grisaille - qui participe de l'histoire de Selma - une certaine harmonie se dégage, tant il est vrai que le cinéaste sait flirter avec les genres, évoquer, donner à voir et à imaginer, à comprendre et à deviner. Il fait autant appel à notre sensibilité qu'à notre intuition, en jouant du clair et de l'obscur, du bruit et du silence, de la noirceur et de la pureté, de l'indifférence et de la tendresse, de la dureté et de la bienveillance. Un cocktail chavirant qui vous noue le coeur. Larmes assurées. 

 
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3 juin 2006 6 03 /06 /juin /2006 10:38
UN AMERICAIN A PARIS de VINCENTE MINNELLI

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Un américain à Paris se situe dans la lignée des comédies musicales qui ont fait le succès d'Hollywood et que les américains ont su élever au rang d'art complet, qui unit la danse, le chant, le music-hall, le tout enrobé dans des mises en scène sans faille et servi par des chorégraphes et danseurs au talent exceptionnel. Ainsi  en a-t-il été d'artistes comme Fred Astaire, Ginger Rogers, Cyd Charisse et Gene Kelly, que nous avions déjà remarqué dans l'euphorisant Chantons sous la pluie. Lors de ce tournage, le danseur choisit de prendre pour partenaire  la délicieuse Leslie Caron, qu'il imposa à Vincente Minelli, non seulement pour son minois mutin, mais pour ses qualités de danseuse qui ne lui avaient pas échappé, lors d'un voyage à Londres, où elle se produisait dans les ballets de Roland Petit. Quant au rôle du chanteur de music-hall, fiancé de Lise (Leslie Caron), Maurice Chevalier avait été pressenti dans un premier temps, mais, l'homme au canotier étant sous contrat, ce fut Georges Guétary, peu connu du public américain, que l'on engagea à sa place. Si ce film mérite notre intérêt et notre admiration à plus d'un titre, il a en outre un charme particulier, celui de nous promener dans le Paris des années folles et de nous le faire découvrir sous ses aspects les plus ludiques, avec ses voitures d'époque, ses rues encore villageoises, ses marchands des quatre-saisons, ses étals, ses quais, où l'on croisait les pêcheurs et les amoureux, un Paris d'une élégante désinvolture, où les femmes étaient toutes ravissantes et paraissaient sortir de la toile d'un peintre impressionniste ou du sonnet d'un poète. Réalisation d'autant plus surprenante que le film fut tourné aux Etats-Unis. La reconstitution est proprement fabuleuse.

 

Un américain à Paris est à part égale gai et nostalgique, enchanteur et romantique, teinté parfois d'une gravité à peine voilée, qui unit, en un mélange savoureux, l'imaginaire de son auteur Vincente Minelli et la fantaisie débridée de son héros principal  Gene Kelly. Cela semble plus marqué encore dans le ballet final qui dure plus de quinze minutes, prouesse technique et vision d'un monde qui ne se peut atteindre que de manière allégorique. Ayant obtenu de la soeur de George Gershwin les droits des chansons de son frère, Arthur Freed construisit le scénario du film à partir de cet élément majeur : la musique. Minnelli écrivit à ce propos dans sa biographie : " Le film représentait à mes yeux la synthèse de toutes les influences que j'avais essayé d'exprimer dans les années 40. Tout ce que je connaissais de Paris ou avait entendu dire de cette ville devait se matérialiser ici. Après avoir étudié des milliers de photos avec le décorateur de plateau Preston Ames, nous avons restitué ensemble un Paris si authentique que les Français furent très étonnés d'apprendre que le film fut tourné aux USA".



Arthur Freed et Vincente Minnelli avaient espéré travailler dans la capitale française, mais l'autorisation leur fut refusée par les producteurs, considérant que cela entraînerait des frais de déplacement considérables. Ce qui leur donna l'idée d'envisager les extérieurs selon une optique de peintre, en une symphonie de couleurs, et de créer les décors stylisés de Paris en s'inspirant des toiles impressionnistes. C'est ainsi que Un américain à Paris rend hommage à Dufy (la place de la Concorde), à Renoir (le marché aux fleurs), à Utrillo (les rues de Montmartre) et au douanier Rousseau (le jardin des Plantes), à Van Gogh (l'Opéra) ou à Toulouse-Lautrec (le Moulin-Rouge). Ce souci de mise en scène incita George Gibson, du département artistique, à organiser un concours de dessins et à sélectionner les tableaux qui évoquaient le mieux la facture de chacun de ces artistes, recréant en studio une capitale typique et pittoresque. Montmartre, les quais de la Seine, Notre-Dame apparaissent dès lors dans un mirage hollywoodien. Mais il restait à tourner le final que Minnelli, cédant à son imagination féconde, souhaitait à la fois audacieux sur le plan visuel et chorégraphique. Jamais, en effet, un ballet n'est apparu aussi artistique et intelligent, tourné en seulement quatre semaines pour un peu plus d'un million de dollars. Alors que le reste du film a parfois souffert d'influences contradictoires, le ballet final, éblouissant, parvient à réaliser une osmose parfaite entre le rêve de Minnelli et la volonté de Gene Kelly d'imposer sa marque personnelle. Si bien que cette comédie musicale est probablement celle qui recueillit le plus grand succès d'audience auprès d'un public enthousiaste et conquis et mérita, ô combien, d'être primée par l'Oscar du meilleur film, puis de la meilleure direction musicale, scénario, décors, photographie et costumes. Tous les meilleurs réunis en apothéose.

 

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UN AMERICAIN A PARIS de VINCENTE MINNELLIUN AMERICAIN A PARIS de VINCENTE MINNELLI
UN AMERICAIN A PARIS de VINCENTE MINNELLI
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29 mai 2006 1 29 /05 /mai /2006 09:33
ORFEU NEGRO de MARCEL CAMUS

                                                                                                                                  

Orfeu Negro
  n'est pas à proprement parler une comédie musicale, mais le film baigne dans l'actualité du Carnaval de Rio qu'il a contribué à faire connaître au public français, si bien que danses et rythmes sont intensément présents, de même que de belles mélodies qui ont immortalisé cette oeuvre d'une incontestable poésie. Le réalisateur Michel Camus a pris pour thème le mythe d'Orphée, comme West Side Story avait réactualisé l'histoire de Roméo et Juliette, avec un bonheur presque égal. Et ce mythe, quel est-il ?

 

Sans doute l'un des plus obscurs et des plus chargés de symboles de la mythologie hellénique. Orphée est d'origine thrace et, comme les Muses, voisin de l'Olympe. Il figure, par excellence, le chanteur, le musicien et le poète. Il joue de la lyre et de la cithare et ce, de façon si suave, que les bêtes fauves le suivent et que les arbres et les plantes s'inclinent à son passage. Il s'est épris de la belle Eurydice, peut-être fille d'Apollon.  Un jour, qu'elle se promène le long d'une rivière, elle est poursuivie par Aristée qui veut lui faire violence. Et, par malheur, en courant dans l'herbe haute, est piquée au talon par un serpent et meurt. Inconsolable, Orphée la cherche et descend jusqu'aux Enfers pour la retrouver. Grâce aux accents de sa lyre, il parvient à charmer les monstres, gardiens des Enfers, et Tantale qui en oublie sa faim et sa soif.  Emus par une telle preuve d'amour, Hadès, le dieu des morts et Perséphone, la déesse des Enfers, consentent à rendre Eurydice à son amant, à une seule condition : qu'il ne cherche pas à la regarder avant d'être revenu à la lumière du jour, c'est-à-dire dans le monde des humains. Orphée accepte et se met en route. Il est alors saisi d'un doute : Perséphone ne l'aurait-elle pas trompé, Eurydice est-elle bien derrière lui ? Pour s'en assurer, il se retourne. Aussitôt une force irrésistible entraîne à nouveau sa Belle vers les Enfers et Orphée se voit contraint de revenir seul sur la terre. Son impatience vient de tuer celle qu'il aime pour la seconde fois.


                           

Dans le film franco-brésilien de Michel Camus, Orphée n'est plus un fils de l'Olympe, mais un conducteur de tramway, de surcroit guitariste et directeur d'une école de danse dans un quartier pauvre de Rio, et Eurydice une jeune paysanne venue se réfugier dans la ville pour fuir les avances d'un homme brutal et jaloux. Malgré l'amour que le jeune homme éprouve immédiatement pour elle, la douce Eurydice n'échappera pas à la mort. Après une longue quête nocturne, Orphée retrouvera le corps inerte de sa bien-aimée et se précipitera du haut d'une falaise avec elle, afin qu'ils puissent se rejoindre dans l'éternité.


 

Ce film magnifique, interprété par des acteurs noirs inconnus, dont  Marpessa Dawn  et Breno Mello, fut une révélation de par la splendeur des images du Carnaval, la musique brésilienne de Tom Jobim et de Luis Bonfa, musique qui eut le mérite de promouvoir la bossa-nova dont la mélancolie ajoute à la dramaturgie du thème grec transposé de façon magistrale dans les favelas. Michel Camus a peu produit. Il est surtout connu pour ce film qui lui a mérité la Palme d'Or au festival de Cannes en 1959 et l'Oscar du meilleur film étranger en 1960. Suivront Le chant du monde en 1965 et Le mur de l'Atlantique en 1970. Mort en 1982, il est resté définitivement associé à cet Orphée brésilien et exotique qui réanime le vieux mythe et l'associe à tout jamais à la musique brésilienne et à cette population locale des favelas.
 

                    

Peut-être l'auteur n'a-t-il pas mesuré la profondeur de cette transposition qui révèle non seulement l'âme d'un peuple et sa musique, mais les paysages incomparables de la Baie de Rio et du Pain de Sucre, qui n'étaient pas les icônes qu'ils sont devenus depuis lors. Ce film se regarde, aujourd'hui, avec le même plaisir. On se laisse gagner par l'ambiance du Carnaval, le charme de l'histoire, la musique, les danses, les costumes et l'interprétation émouvante des deux héros qui prêtent à ces amants éternels une séduisante modernité.


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ORFEU NEGRO de MARCEL CAMUS
ORFEU NEGRO de MARCEL CAMUS
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26 mai 2006 5 26 /05 /mai /2006 16:27
WEST SIDE STORY

                                        

West side story est dans le genre "comédie musicale" le chef -d'oeuvre absolu.  Adaptation d'un spectacle créé à Broadway, il bénéficie de l'admirable chorégraphie de Jérome Robbins, de la musique de Léonard Bernstein et de la mise en scène originale de Robert Wise. Sans compter l'interprétation qui fut à la hauteur du challenge, dont celle de Natalie Wood, émouvante Maria et du magnifique danseur qu'était George Chakiris. Tout est donc réuni pour que cette romanesque transposition du Roméo et Juliette de William Shakespeare, dans l'Amérique des années 50, ne déçoive pas la critique la plus pointue. Il est vrai que, depuis lors, ce film, réalisé en 1961, n'a pas pris une ride et que les nouvelles générations l'adoptent avec le même enthousiasme. Le sujet est certes toujours actuel, puisque les Capulets et les Montaigus de l'époque de la Renaissance sont remplacés par les bandes rivales des Sharks et des Jets du quartier West Side de New-York. C'était la première fois qu'une comédie musicale osait aborder les affrontements ethniques (ceux entre Porto-Ricains, Italiens, Irlandais et Polonais) et la violence urbaine. Pour que l'on partage plus étroitement le sentiment d'étouffement qu'éprouvaient les jeunes protagonistes à être parqués dans des quartiers sinistres, le film s'ouvre sur une vue aérienne de Manhattan avec ses gratte-ciel gigantesques qui rendent les rues semblables à de minuscules artères pour lilliputiens. Pour le reste, le film fut tourné en studio et ne nécessita pas moins de 50 décors différents, la ville devenant un élément essentiel de l'action, avec ses terrains vagues, ses parkings déserts, ses éclairages inquiétants, ses graffitis qui exhalent l'atmosphère oppressante dans laquelle vivait quotidiennement la jeune population d'immigrés. Le film nous touche d'autant plus, que cette réalité est encore actuelle, qu'elle s'est même aggravée, si bien que l'on peut se demander à l'heure des " tournantes" si le tendre sourire de Maria ne s'est pas effacé à jamais...


 

Tout a été dit sur ce film, sa musique, ses acteurs, sa mise en scène. Rappelons-nous qu'il fut récompensé par dix Oscars et que des mélodies comme Maria, América, Cool, Somewhere, nous émeuvent autant que celles d'un Gershwin ou d'un Brahms, c'est dire à quel niveau se situe cette réalisation musicale et chorégraphique, servie par un livret en tous points réussi. Initialement la pièce devait opposer des Irlandais à des Juifs de New-York, mais les auteurs Arthur Laurents (le livret), Stephen Sondheim (les chansons), Leonard Bernstein (la musique) décidèrent finalement de porter leur choix sur des gangs de Blancs et de Portoricains qui correspondaient mieux aux tensions sociales de l'époque. Créée le 26 septembre 1957 au Winter Garden de New-York, West Side Story obtint immédiatement un succès immense. Lorsque le projet d'en faire un film prit de la consistance, les responsables cherchèrent aussitôt à obtenir la collaboration de Jérome Robbins, le créateur du spectacle et de sa chorégraphie et Robbins, à son tour, proposa de fixer le choix de la mise en scène cinématographique à Robert Wise. Dès sa sortie en salles, le film frappa par sa nouveauté, ouvrant à la comédie musicale de nouvelles perspectives. Mais il faut bien admettre aujourd'hui que celui-ci n'eut pas à proprement parler de descendance musicale, mais influença probablement des cinéastes comme Coppola ou Lars Von Trier.

 

L'ouverture demeure de nos jours encore un fabuleux moment de cinéma dans lequel l'intégration des danseurs au cadre new-yorkais est stupéfiante. L'entente entre le metteur en scène Robert Wise et le maître de ballet Jérome Robbins y est pour beaucoup 

"Notre collaboration s'est étendue à tous les niveaux du scénario, au choix des décors, des comédiens, bien que Robbins ne soit pas resté avec moi jusqu'à la fin du film - écrira Wise. Et savez-vous pourquoi ? - ajoutait-il. Parce que nous nous entendions trop bien. Notre complicité nous a mis terriblement en retard sur le plan du travail et le studio a jugé bon de nous séparer, surtout que nous avions longuement étudié et répété tous les numéros de danse et qu'il avait déjà tourné quatre ou cinq ballets."

Robert Wise a donc terminé seul la réalisation et ce film témoigne d'une parfaite osmose entre les deux metteurs en scène.


Pour lire l'article consacré à Natalie Wood, cliquer sur son titre :  


NATALIE WOOD - PORTRAIT

 

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WEST SIDE STORY
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  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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