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20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 09:26
DANIELLE DARRIEUX

                  

Elle était la grâce et la féminité même, avec une voix de violoncelle. Elle a honoré le cinéma français par son talent (110 films à son actif), son charme, son espièglerie et son élégance. Elle était de ces rares actrices qui peuvent tout jouer avec le même naturel. Elle était née un premier mai, le jour du muguet, et elle s'est éteinte comme une petite bougie à cent ans et demi au coeur d'un automne qui sait nuancer et harmoniser les couleurs. Une vie d'exception pour une femme d'exception. Alors qu'elle étudiait le violoncelle au conservatoire, Danielle Darrieux, née en 1917, est remarquée et retenue pour tenir le rôle principal dans  "Le Bal" de Wilhelm Thiele. Elle a 14 ans et n'a encore suivi aucun cours d'art dramatique. Qu'à cela ne tienne ! Sa fraîcheur, sa beauté, sa spontanéité en font la plus délicieuse ingénue et on parle d'elle comme d'une révélation, si bien qu'elle tourne successivement  "La crise est finie" et "Dédé" (1934) de Guissart,  "L'or dans la rue" (1934) de Kurt Bernhardt et  "Quelle drôle de gosse" (1935) de Léo Joannon et, qu'âgée de seulement 18 ans, elle n'a pas moins de quinze films à son actif.



En 1935, Anatole Litvak lui offre un premier rôle dramatique, celui de la tendre et fragile baronne Vetsera dans "Mayerling" au côté de Charles Boyer, où elle va se révéler une vraie comédienne capable non seulement de séduire mais d'émouvoir et, sans forcer son jeu, de traduire des sentiments complexes et douloureux. Au début de l'Occupation, elle remporte un triomphe avec "Premier Rendez-vous" (1941) d'Henri Decoin qu'elle a épousé. Suivront quelques films sans grand intérêt, avant qu'elle ne renoue avec des personnages plus consistants et trouve un second souffle avec "Occupe-toi d'Amélie "(1949) de Claude Autant-Lara ou "La Ronde" de Max Ophuls. Ophuls, qui a découvert en elle son interprète idéale - il dira à son propos " Regardez ce tendre mouvement de l'épaule et ce sourire qui ne sourit pas mais qui pleure. Ou qui fait pleurer " -  lui confie le rôle principal dans  "Madame de" où elle est inoubliable dans le personnage d'une femme coquette prise au piège d'un grand amour. Affectueusement surnommée D.D., un critique de l'époque écrira  : " Elle a incarné comme Gabin, autant que lui et de façon légère, l'insouciance des années 1930 et la gravité des années 1950".

 

A propos d'Ophüls, on parle de la trilogie qui réunit les trois films les plus importants :" La ronde", "Le plaisir" et "Madame de". L'actrice y donnera la pleine mesure de son talent et surprendra son public en lui révélant des ressources insoupçonnées : ainsi sera-t-elle tour à tour une bourgeoise, une fille publique et une aristocrate avec la même aisance. Dans "La Ronde", elle incarne avec délicatesse et humour Emma Breitkopf, femme mariée, victime d'une panne de son jeune amant (Daniel Gélin), avant de se retrouver auprès de son mari (Fernand Gravey) dans la chambre conjugale aux lits jumeaux. Elle est ensuite la Madame Rosa du "Plaisir", une des pensionnaires de la maison Tellier qui recouvre un peu de sa dignité  devant les excuses que lui adresse le menuisier de la campagne normande (Jean Gabin) et, pour finir, sera l'interprète insurpassable d'une femme saisie d'une violente passion, oiseau qui se croyait volage et se découvre captif, dans "Madame de"... L'actrice légère, apparemment lisse, pouvait devenir une admirable tragédienne. Le génie d'Ophüls eut, entre autre mérite, celui de tirer d'elle les sons d'un stradivarius.



A partir de ces années 50, elle sera considérée comme l'une des meilleures actrices françaises avec Michèle Morgan et Micheline Presle, sensible, touchante, parfaite dans des rôles aussi divers que celui de Madame de Rénal dans "Le Rouge et le Noir" de Autant-Lara, dans "La Maison Bonnadieu" de Carlo Rim ( 1952) ou "Pot-Bouille" de Duvivier (1957). Elle prêtera également ses traits et son talent à des personnages comme la "Lady Chatterley" de Max Allégret (1955), la Montespan de "L'affaire des poisons" d'Henri Decoin et, également, à des femmes contrastées comme Agnès Sorel, favorite de Charles VII ou Marie-Octobre, une résistante de la dernière guerre. Tant et si bien que la Nouvelle Vague n'hésitera pas à faire appel à une actrice aussi accomplie et qu'elle tournera avec Chabrol dans "Landru" (1962), avec Jacques Demy dans "Les demoiselles de Rochefort" (1967) - où elle sera la seule à ne pas être doublée sur le plan musical - ainsi que dans "Une chambre en ville" (1982), avec Dominique Delouche dans "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme" (1968) et "Divine" (1975), avec Philippe de Broca dans "Le Cavaleur" (1978) et avec Téchiné dans "Le lieu du crime" (1985) ; ces cinéastes contemporains n'ayant pas hésité à lui confier des rôles de femme mûre ou même d'adorable grand-mère. Au théâtre, sa carrière n'en est pas moins brillante. Ses plus grands succès seront : "Les jeux dangereux" en 1937, "La robe mauve de Valentine" en 1963 et "Harold et Maud" en 1995.           

 

En 2005, à 88 ans, elle tourne  "Nouvelle Chance" d'Anne Fontaine. Un record pour une actrice qui a débuté sa carrière à 14 ans et n'a pas moins d'une centaine de films à son palmarès. Cette longévité, elle la doit à une incroyable jeunesse de caractère, d'autant qu'elle n'a pas dit son dernier mot et qu'elle a encore joué devant la caméra de Pascal Thomas  dans "L'heure zéro" en 2007 et dans "Pièce montée" de Denys Granier-Deferre en 2010.  Ainsi a-t-elle tout interprété sans éprouver la moindre lassitude et conservé, malgré les épreuves et les chagrins, une formidable joie de vivre. Ce qui a fait dire à son metteur en scène Anne Fontaine : J'ai été complètement charmée par sa personnalité, son énergie, le mélange de joie, de gaieté et de mélancolie totalement surmontée. Danielle est entièrement tournée vers l'avenir, elle a un rapport unique avec le temps.                                 

 

Cette grande actrice s'est vu couronnée par le prix de la meilleure interprétation féminine à Berlin en 2002 pour "Huit femmes" de François Ozon, d'un César d'honneur à Paris en 1985 et d'un Molière d'honneur en 1993. Toujours débordante d'activité alors qu'elle avait passé le cap des 90 ans, elle avouait : " J'ai du mal à me voir vieillir. Du coup, je regarde mes anciens films. Mes deux petits liftings sont ridicules à côté de ceux qu'on voit aujourd'hui ! Le secret, c'est d'aimer la vie, de se poser des questions et de ne pas avoir d'oeillères. La comédie, c'est la vie. La seule chose qui m'emmerde, c'est de devoir mourir ". Mais le 7e Art ne l'a-t-il pas depuis longtemps immortalisée ?

 

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DANIELLE DARRIEUX
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7 octobre 2017 6 07 /10 /octobre /2017 08:59
JEAN-LOUIS TRINTIGNANT

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Jean-Louis Trintignant vient de nous quitter. En apparence seulement, car il restera sur l'écran de notre souvenir, tant il était un acteur qui a marqué le 7e Art. Il faisait parti de notre paysage cinématographique depuis si longtemps qu'on avait l'impression de le bien connaître, alors qu'il était un homme timide et pudique dont nous ne savions que peu de choses, sinon que ses prestations au théâtre, comme au cinéma, ont toujours été de qualité et qu'il a mené sa carrière avec une étonnante lucidité. Né le 11 décembre 1930 à Piolenc (Vaucluse) dans un milieu aisé d'industriels du Sud de la France, neveu du pilote de course Maurice Trintignant, le jeune Jean-Louis fut très tôt sensible aux beaux textes en découvrant la poésie d'Apollinaire, d'Aragon et de Prévert. A 19 ans, sans doute pour plaire à sa famille, il entre à la Faculté de droit d'Aix-en-Provence, mais n'y reste pas car, entre-temps, est intervenu un événement qui va l'orienter différemment : il assiste à la représentation de l'Avare de Molière dans une mise en scène de Charles Dullin. Ce choc est si déterminant que le jeune homme n'attend pas plus longtemps pour s'inscrire aux cours du célèbre acteur avec un second objectif, celui de vaincre sa terrible timidité. En 1951, la thérapie est si positive qu'il débute au théâtre dans la Compagnie Raymond Hermantier et la pièce A chacun selon sa faim. Ses débuts au cinéma seront moins heureux avec deux films Une journée bien remplie et Le maître-nageur qui seront deux échecs. Cela ne se reproduira plus. En 1956, après quelques figurations, il fait ses vrais débuts à l'écran dans un film de Christian-Jaque "Si tous les gars du monde", ensuite dans le sulfureux long métrage de Roger Vadim  "Et Dieu..créa la femme". Celui-ci misait alors sur l'affolante plastique de sa femme Brigitte Bardot. Ce film, assez médiocre, aura du moins le mérite d'assurer au jeune acteur la notoriété internationale et de lui valoir une idylle tapageuse avec la star, dont les conséquences seront de faire exploser le couple qu'elle formait très bourgeoisement avec le metteur en scène.

 

 Mais il lui faut faire son service militaire, d'abord en Allemagne, puis en Algérie durant trois longues années, ce qui le marquera à jamais et l'éloigne de la scène et de l'écran, alors même qu'il venait de réaliser des débuts prometteurs. A son retour, par chance on ne l'a pas totalement oublié et il retrouve la scène avec Hamlet de Shakespeare et l'écran avec Roger Vadim (qui n'est guère rancunier) et s'apprête à tourner un nouveau film, tout aussi sulfureux que le précédent, inspiré du roman de Pierre Choderlos de Laclos, "Les liaisons dangereuses", avec Gérard Philipe, Jeanne Moreau et sa nouvelle épouse Annette Vadim. En 1962, il est le partenaire de Vittorio Gassman dans "Le fanfaron" de Risi, une réussite éclatante. En 1966, ce sera la gloire internationale avec un film culte sur les amours romantiques de deux veufs : "Un homme et une femme" de Claude Lelouch qui obtiendra la Palme d'or à Cannes la même année et l'Oscar du meilleur film étranger aux Etats-Unis. On le voit également, toujours en cette année faste, dans un film politique, à l'opposé du précédent, "Z" de Costa-Gravas au côté d'Yves Montand, film qui aura un incontestable retentissement et lui méritera le Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 1967. Désormais, il mènera sa carrière en se partageant entre la scène et l'écran et, après avoir divorcé de Stéphane Audran, épousera l'actrice, scénariste et réalisatrice Nadine Marquand avec laquelle il tournera de nombreux films et aura trois enfants, un fils et deux filles, dont Pauline qui moura subitement en 1966 et dont la disparition inspirera à sa mère le film "Ca n'arrive qu'aux autres" (1971), où Jean-Louis devait tenir son propre rôle auprès de Catherine Deneuve, mais il y renoncera et sera remplacé par Marcello Mastroïanni qui, lors de ce tournage, tombera amoureux de sa partenaire. Et puis, il y a Marie qui sera actrice comme lui et jouera très souvent avec son père, avant de trouver une mort tragique à la suite d'une dispute avec son compagnon. Jean-Louis sortira brisé de cette épreuve. Il disait : Il ne peut y avoir que des moments de bonheur et certains peuvent être exceptionnels. Moi, je n'ai jamais été aussi heureux que quand j'étais avec Marie. Notre relation était unique. Ma fille Marie, j'éprouve un tel bonheur quand je la vois. C'est ainsi depuis qu'elle est toute petite. Un cadeau du ciel. C'est un peu injuste, cette passion, mais l'amour vient de nous deux. Nous nous sommes connus au bon moment. Le moment où j'avais envie d'être père.

 

La filmographie de Jean-Louis Trintignant est impressionnante et prouve son discernement, car elle ne comporte que peu d'oeuvres médiocres. On le verra dans "Ma nuit chez Maud", le meilleur Eric Rohmer selon moi, dans "Le train"  de Granier-Deferre en 1973 auprès de Romy Schneider, dans "Les violons du bal" de Michel Drach en 1973, "La terrasse" d'Ettore Scola en 1980 et dans "Passion d'amour"  toujours de Scola en 1981, dans "Vivement dimanche" de Truffaut en 1983, dans "L'été prochain" de Nadine Trintignant en 1985, dans "Merci la vie"  de Bertrand Blier en 1990 et on l'appréciera d'autre part sur scène, lors de ses récitals de poésie qui sont pour lui l'occasion de renouer avec ses amours de jeunesse. Depuis 1996, il s'est retiré à Uzès et lancé dans une nouvelle aventure en achetant le domaine vinicole Rouge Garance (un hommage à Arletty). Il y produit 20.000 bouteilles de côtes du Rhône chaque année. Je passe mon temps dans les vignes, je veille aux assemblages - dit-il. Après une carrière exemplaire, conduite avec intelligence, et des épreuves très douloureuses, l'acteur avait retrouvé la paix dans ce tête à tête avec la nature, le seul poème qui les surpasse tous. Néanmoins, il sortait de cette réserve pour des récitals de poésie et pour le film "Amour" de Michael Haneke au côté d'Emmanuelle Riva qui obtint la Palme d'or du Festival de Cannes  2012. Bien qu'atteint d'un cancer, Jean-Louis avait encore tourné avec Haneke "Happy End", peut-être le film de trop pensaient certains critiques qui ne cessaient de l'étriller, tout en reconnaissant que Trintignant parvenait à tirer son épingle du jeu de cet opus affligeant. Et puis n'oublions pas  "Un homme et une femme" de Claude Lelouch en 1966 dont la musique, comme les visages des deux acteurs, resteront à jamais en nos mémoires.

 

Pour prendre connaissance de mes critiques sur certains films où apparaît Jean-Louis Trintignant, dont  MA NUIT CHEZ MAUD, UN HOMME ET UNE FEMME et Le FANFARON cliquer sur les liens ci-dessous :



LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS      

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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JEAN-LOUIS TRINTIGNANT
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1 août 2017 2 01 /08 /août /2017 09:44
JEANNE MOREAU

                    
                                                                                                              
Jeanne Moreau, plus de 60 ans de cinéma, un magnifique parcours qui a fait d'elle la  formidable interprète de quelques-uns des plus prestigieux metteurs en scène contemporains, nommons Louis Malle, François Truffaut, Bunuel, Antonioni, Fankenheimer, Losey, Peter Brook, sans oublier Orson Welles qui fit appel à elle à deux reprises pour Le Procès en 1962 et Falstaff en 1965 et disait, à son intention, qu'elle était "la meilleure actrice du monde". Sa carrière n'a été qu'une longue suite de succès, de coups de coeur, d'emballements et de travail, car il y a toujours, à la clé d'une telle réussite, un immense labeur et une grande exigence.

 

Fille d'une danseuse anglaise de music-hall et d'un père hôtelier français, elle est née à Paris le 23 janvier 1928. Après avoir vécu une partie de sa jeunesse à Vichy, elle poursuit des études secondaires à Paris et commence, sans en rien dire à ses parents, à suivre des cours de théâtre auprès de Denis d'Inès. Ses premiers pas sur les planches auront lieu au Festival d'Avignon en 1947 dans "La terrasse de midi". Six mois plus tard, elle intègre le Conservatoire, ce qui la conduira en 1960 à débuter à la Comédie Française dans " Les caves du Vatican " d'André Gide, mise en scène de Jean Meyer, où elle tient le rôle d'une prostituée. Elle y est déjà si remarquable qu'elle fait (elle, la débutante) la couverture de Paris-Match et reçoit les félicitations d'un écrivain, pourtant peu enclin aux louanges, Paul Léautaud, celui-ci ayant été frappé par son insolence et son indépendance d'esprit. Ainsi s'annonce une carrière qui fera d'elle l'une des muses de la Nouvelle Vague et l'égérie du monde des Lettres et des Arts. Car nul doute, cette amoureuse des livres et des beaux textes fut l'amie de nombreux écrivains. Parmi ceux-ci et celles-là, il y eut Tennessee Williams l'américain, Blaise Cendrars le poète, Paul Morand l'homme pressé, Nimier le jeune hussard et, enfin, deux femmes : Anaïs Nin et Marguerite Duras. Et n'oublions pas ses liens avec des personnalités comme Jean Vilar qu'elle suivra au TNP en quittant la Comédie-Française et sa rencontre avec Louis Malle qui lui ouvrira les portes de la renommée avec deux films où elle s'impose  comme l'une des grandes, dans le sillage d'une Simone Signoret : Ascenseur pour l'échafaud  (1957) et  Les Amants  (1958). Puis viendront Jules et Jim de Truffaut où elle chante une romance qui fera le tour du monde et quelques 130 films dont Le journal d'une femme de chambre de Bunuel et La Notte d'Antonioni qui, de toutes ses interprétations, sont celles que je préfère.

 

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Elle a également collectionné les récompenses les plus prestigieuses dont le Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 1960, le British Academy Award de la meilleure actrice étrangère pour La vieille qui marchait dans la mer (1991) de Laurent Heynemann, enfin elle a été élue membre de l'Académie des Beaux-Arts le 29 mars 2000, première femme à être gratifiée de cet honneur. Son entrée dans cette estimable assemblée fut justement saluée par le discours de réception de l'un de ses proches : l'impérial Pierre Cardin. La seule chose que je regrette de la part d'une femme aussi intelligente : qu'elle ait participé au remake des Rois Maudits, événement télévisuel que je me suis empressée d'oublier... Malgré son âge, elle avait conservé une activité étonnante, puisque dans le cadre des Atelier d'Angers, qu'elle pilotait de main de maître, elle avait aidé sept jeunes réalisateurs à se lancer dans l'aventure du long métrage, ce qui prouve qu'elle n'avait rien perdu de son enthousiasme et de sa passion pour le 7e Art. D'ailleurs, n'avait-elle pas assuré à maintes reprises -  le cinéma, c'est à la vie, à la mort. Aussi comment  la mort pouvait-elle menacer une immortelle ?

 

Retirée progressivement de la vie publique par le grand âge, elle avouait avoir vécu dans ses rôles des passions extraordinaires : " On dit toujours qu'en vieillissant les gens deviennent plus renfermés sur eux-mêmes, plus durs. Moi, plus le temps passe, plus ma peau devient fine, fine ... Je ressensee tout, je vois tout." L'âge ne l'avait pas privé de sa vigilance. Elle sortait peu mais suivait l'actualité. C'est son aide ménagère qui la trouvera endormie pour toujours au matin du 31 juillet 2017. Adieu Jeanne.

 

Pour consulter ma critique d'Ascenseur pour l'échafaud et Jules et Jim, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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JEANNE MOREAU
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29 juillet 2017 6 29 /07 /juillet /2017 09:45
Claude Rich ou la légèreté faite art

Il était la légèreté incarnée et a conservé toute sa vie son étonnante juvénilité, de même que cette grâce qui l’apparentait à un elfe et le rendait insaisissable, comme absorbé en permanence par une rêverie, ce qui ne l’empêchait nullement d’habiter et d’habiller ses rôles nombreux et divers d'un dosage savant de puissance et de fantaisie. Rappelons-nous qu’il fût au théâtre un Talleyrand extraordinaire de rouerie et de préciosité aristocratique. En réalité, il pouvait tout jouer à la scène comme à l’écran, tant ce stradivarius savait unir ironie et intelligence, malice et perspicacité. Son air juvénile cachait une connaissance de l’être humain nourrie par l’expérience et le recul qu’il savait prendre à l’égard des réalités de la vie. Claude Rich s’empressait de se moquer d’elle avant qu’elle ait eu le temps de se moquer de lui, semble-t-il. Cet homme, qui fuyait les mondanités, savait se ressourcer auprès de sa femme (comédienne elle aussi) dans leur maison de campagne, loin des intrigues et des modes volatiles, afin de nourrir ses rêveries, mûrir ses rôles, écrire - il fut l’auteur de trois pièces -  et s’évader vers des lointains imaginaires.

 

Né à Strasbourg le 8 février 1929, Claude Rich, orphelin tout enfant, éprouva très tôt le goût des beaux textes et de la scène et s’inscrivit au Conservatoire d’art dramatique de Paris où il se liera d’amitié avec Girardot, Belmondo, Marielle, Rochefort, Crémer, de joyeux drilles avec lesquels il saluera l’existence avec optimisme. Apte à tout interpréter et entièrement donné à son art, il est vite remarqué par les metteurs en scène et son palmarès sera aussi impressionnant par sa qualité que par sa diversité. Au théâtre, il jouera du Shakespeare comme du Sagan, du Musset comme du Vitrac, du Guitry comme du Brisville. Au cinéma, il débutera très fort avec « Les tontons flingueurs » et sera présent sur la pellicule d’un René Clair, d’un Renoir, d’un Deville, d’un Duvivier, d’un Chabrol, d’un Mocky, d’un Molinaro, d’un Truffaut, d’un Resnais, sachant inculquer à chacun de ses personnages son petit grain de folie, son élégance faussement désinvolte.

 

« Ce qui m’amuse » - disait-il - « c’est qu’on ne sache plus très bien si le personnage que j’interprète est gai ou triste, idiot ou intelligent, tendre ou moqueur, malade ou en pleine forme. (…) Je veux qu’on s’interroge, que le public se pose des questions, qu’il joue avec moi tandis que je joue avec mes partenaires. Le jeu doit être perpétuel. »

 

Aujourd’hui, Claude Rich est parti vers d’autres cieux avec cette légèreté qui savait se faire précise et nuancée, inoubliable et nécessaire. Il était le seul à la conjuguer ainsi sous toutes ses formes, sur toutes les octaves, à la rendre inoubliable et captivante. Bon vent pour cette nouvelle traversée des apparences, cher Claude Rich. Vous allez nous manquer…

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Claude Rich ou la légèreté faite art
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21 mars 2017 2 21 /03 /mars /2017 10:47
JESSICA CHASTAIN OU L'AUDACE EN PRIME TIME

Il y a seulement trois ans Jessica Chastain était ce que l’on appelle une actrice célèbre dont personne n’avait entendu parler. En 2011, elle apparaît dans un grand succès commercial "L’affaire Rachel Singer" et un film d’auteur primé "Take Shelter" qui va achever de la lancer dans la jungle du cinéma et du spectacle. C’est également l’année où elle va présenter "The tree of Life" au Festival de Cannes et entend les journalistes se demander perplexes qui est cette rousse étincelante qui monte les marches au côté de Brad Pitt. Son talent lui avait pourtant mérité une bourse d’études à la prestigieuse Julliard School de New-York, parrainée par le regretté Robin Williams. Mais sa carrière va s’amorcer dès 2004 dans des séries télé et au théâtre où elle aime les rôles de femmes réfléchies que les studios californiens ne trouvent pas assez modernes à leur goût et qui est un prétexte insuffisant pour lui valoir les lumières de la renommée.

 

Tenace, Jessica Chastain s’accroche ; soudain le miracle va se produire car elle crève littéralement l’écran dans "La couleur des sentiments", puis sa carrière fait un bond spectaculaire avec "Zero Dark Thirty", le brûlot réalisé par Kathryn Bigelow qui lui vaut un Golden Globe de la meilleure actrice dans un drame. La suite ne va plus cesser de s’accélérer tant chacun de ses choix l’installe dans la lignée des vrais acteurs. Ses deux nouveaux films révèlent cette quête d’exigence qui est la sienne et l’autorise à se sentir aussi à l’aise dans le rôle tragique de "Mademoiselle Julie", film d’époque réalisé par Liv Ullmann avec Colin Farrel qu’en héroïne de science-fiction dans "Interstellar" de Christopher Nolan qui sera l’événement de la rentrée. A 37 ans la jeune femme est devenue une actrice incontournable du 7e art, aussi Le 40 e Festival du film américain de Deauville a-t-il tenu, en son temps, à l’honorer comme il se doit.  Lors des interviews, l’actrice n’avait pas caché le plaisir qu’elle avait pris à tourner avec Liv Ullmann et à incarner ce personnage torturé qu’est Julie, un être hybride où elle a retrouvé une part d’elle-même. Elle n’a pas craint non plus de se mettre en danger, danger qui est pour elle un stimulant puissant. "Le manque de passion, c’est la mort pour un artiste" – dit-elle. "Mais je me sens très vulnérable lorsque je me découvre à l’écran, face à un public, et je me reconnais dans des moments très intimes" – poursuit-elle.

 

Le cinéma, qui, désormais, a envahi son existence, ne la détourne pas de son désir de fonder une famille. C’est un défi qu’elle s’est donné car - dit-elle, "cela me fait peur. Que se passera-t-il si je m’interromps pour me consacrer à ma vie privée ? Est-ce que l’envie de jouer va disparaître ? Mais je ne veux pas non plus me réveiller dans six ans et constater que je suis passée à côté d’une part essentielle de mes rêves". Non, à l'évidence, le goût du cinéma ne l'a pas quittée, ni celui de fonder une famille, preuve en est qu'elle vient de se marier et qu'elle ne cesse de tourner, récemment dans deux films dont elle était la vedette : "Molly's Games" de Aaron Sorkin auprès de Kevin Costner et "Miss Sloane" de John Madden qui, hélas ! n'ont  figuré ni l'un, ni l'autre, aux Oscars. Et on vient de la voir dans  "La femme  du gardien de zoo" de Niki Caro qui a été projeté tout dernièrement au Festival du Film américain de Deauville et déjà deux opus sont annoncés : "X-Men : Dark Phoenix" de Simon Kinberg dont la sortie est prévue le 2 novembre aux Etats-Unis et "The death and life of John F. Donovan" de Xavier Dolan en 2018. Par ailleurs, la jeune actrice s'implique beaucoup dans la vie philanthropique, entre autre contre la discrimination faite aux femmes et aux minorités et soutient les associations caritatives oeuvrant pour la santé mentale. Longue vie à cette actrice flamboyante qui a su donner sens à sa vie.

 

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ACTEURS DU 7e ART

 

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JESSICA CHASTAIN OU L'AUDACE EN PRIME TIME
JESSICA CHASTAIN OU L'AUDACE EN PRIME TIME
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28 février 2017 2 28 /02 /février /2017 11:11
Emma Stone - Portrait

J'ai eu beaucoup de mal au début avec le jeu et surtout le physique de cette jeune actrice qui, par ailleurs, ne manque pas de présence. Mais sa mâchoire carnassière ne se conformait pas aux rôles de jeune icône qu'elle était sensée interpréter dans des films comme "Magic in the moonlight". C'est avec "La La Land" que j'ai vraiment apprécié son jeu et sa grâce, l'actrice s'étant métamorphosée en une femme plus coquette, la chrysalide étant devenue enfin papillon et dansant et chantant avec beaucoup d'aisance. 

 

Née le 6 novembre 1988 dans l'Arizona d'un père entrepreneur et d'une mère au foyer, Emma Stone se produit très jeune dans différentes productions théâtrales et suit des cours par correspondance. A l'âge de 15 ans, elle convainc ses parents de s'installer à Los Angeles pour se lancer dans la comédie et s'y installe avec sa mère. Elle fait ses véritables débuts en 2007 dans un premier film "SuperGrave" où elle est une lycéenne qui s'amourache d'un camarade de classe. L'année suivante, elle apparaît dans "The Rocker" où elle est une jeune musicienne et apprend à jouer de la basse pour être plus près de son personnage. Elle aura toujours ce souci de ne jamais rien laisser au hasard en actrice très scrupuleuse et très professionnelle.

 

En 2010, elle obtient son premier grand rôle dans la comédie "Easy Girl" qui lui permet d'être citée pour un Golden Globe l'année suivante. En 2011, elle est l'interprète principale de "La couleur des sentiments" dont on sait le succès international, opus qui assoie définitivement sa notoriété. Bientôt sa prestation sera de nouveau saluée dans un film de Woody Allen "Magic in the moonlight" où personnellement - comme je le notais plus haut - la magie n'a pas opéré pour moi. Trop grimaçante, elle ne me semblait pas être le personnage de cette déesse qui détenait le pouvoir de captiver son entourage et de rendre folle la gente masculine. Elle tournera de nouveau avec Woody Allen dans "L'homme irrationnel", devenant la nouvelle muse du cinéaste après Scarlett Johansson. Mais là où elle m'a vraiment séduite, c'est dans la comédie musicale "La La Land" qui lui mérite l'Oscar de la Meilleure actrice. Dans ce film, qui semble correspondre à sa nature, elle donne sans retenue  l'ampleur de son talent avec charme, élégance et beaucoup de classe. En 2017, elle revient sur les écrans avec un drame historique "Battle of the sexes", film qui échouera au box office. Elle apparaît ensuite dans "The favourite", sixième long métrage du cinéaste Yorgos Lanthimos qui lui vaut une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Depuis octobre 2017, elle est la compagne du réalisateur américain Dave McCary. 

 

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Emma Stone - Portrait
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30 décembre 2016 5 30 /12 /décembre /2016 12:23
LISTE DES ARTICLES - ACTEURS DU 7e ART



 

JEAN-LOUIS TRINTIGNANT

 

JEAN-PAUL BELMONDO

 

MICHELE MORGAN    

 

GERARD PHILIPE


DANIELLE DARRIEUX    

 

 INGRID BERGMAN - PORTRAIT   

    

JEAN GABIN     

 

SIMONE SIGNORET      

 

BOURVIL       

 

ANNIE GIRARDOT         

 

BERNARD BLIER

 

JEAN-CLAUDE BRIALY - PORTRAIT    

 

ROMY SCHNEIDER - PORTRAIT    

 

 HENRY FONDA - PORTRAIT

 

GARY COOPER - PORTRAIT        

 

JOHN WAYNE      

 

GRACE KELLY    

 

JAMES STEWART - PORTRAIT       

 

YUL BRYNNER       

 

CARY GRANT OU L'ART DE SEDUIRE

 

ARLETTY, LA VOIX DES FAUBOURGS
      

GONG LI - PORTRAIT       

 

BURT LANCASTER - PORTRAIT        

 

NATALIE WOOD - PORTRAIT

 

AUDREY HEPBURN - PORTRAIT     

 

VITTORIO GASSMAN     

 

JEANNE MOREAU           

 

GIULIETTA MASINA         
 

CATHERINE DENEUVE

 

 SEAN PENN - PORTRAIT         

 

CLINT EASTWOOD - PORTRAIT    



MERYL STREEP - PORTRAIT      

 

TONY LEUNG CHIU WAI     

 

VIVIEN LEIGH     LOUIS DE FUNES       

 

EMMA THOMPSON          

          

ISABELLE HUPPERT - PORTRAIT      

 

DUSTIN HOFFMAN            

 

PHILIPPE NOIRET - PORTRAIT

       

MICHELLE PFEIFFER - PORTRAIT             

 

PENELOPE CRUZ - PORTRAIT               

 

 JEAN-PIERRE CASSEL - PORTRAIT          

 

JULIE CHRISTIE             

 

ANDY GARCIA - PORTRAIT   



HARRISON FORD - PORTRAIT          

 

CHARLTON HESTON  

 

 

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LAURENT TERZIEFF : UNE VOIX         

 

BRUNO CREMER       

 

 SHIRLEY MACLAINE - PORTRAIT        

 

NAOMI WATTS - PORTRAIT

 

LEONARDO DICAPRIO - PORTRAIT               

 

MARILYN MONROE - UNE ETOILE PERSISTANTE      

 

AVA GARDNER, LA FLAMBOYANTE

 

GENE TIERNEY, L'ATTENDRISSANTE      

 

ELISABETH TAYLOR, L'ENSORCELEUSE

 

RITA HAYWORTH, DEESSE DE L'ECRAN       

 

PAUL NEWMAN         CATHERINE FROT       

 

ROBERT de NIRO - PORTRAIT

 

KATE WINSLET         DANIEL DAY-LEWIS - PORTRAIT      

 

KATHARINE HEPBURN,L'INSOUMISE


INTERVIEW de UGGIE, LE CHIEN de "THE ARTIST"   

       

CATE BLANCHETT - PORTRAIT

 

MAURICE RONET, L'ETERNEL FEU FOLLET

 

NIELS ARESTRUP, UN LOUP SOLITAIRE

 

NICOLE KIDMAN - PORTRAIT


LAUREN BACALL, LE PLUS BEAU REGARD D'HOLLYWOOD S'EST ETEINT

 

FABRICE LUCHINI, LE CROQUEUR DE MOTS

 

MARIE DUBOIS, LA LUMINEUSE

 

KEIRA KNIGHTLEY - PORTRAIT

 

COLIN FIRTH        OMAR SHARIF       

 

MAGGIE SMITH - PORTRAIT

 

ROBERT REDFORD - PORTRAIT

 

MELANIE LAURENT, UNE VIE DEVANT ET DERRIERE LA CAMERA

 

MARION COTILLARD - PORTRAIT         

 

EMMA  STONE

 

JESSICA CHASTAIN OU L'AUDACE EN PRIME TIME

 

CLAUDE RICH OU LA LEGERETE FAITE ART
 

HARVEY KEITEL


JULIA ROBERTS                 

 

STEPHANE AUDRAN

 

BERNADETTE LAFONT, LE SOURIRE DE LA NOUVELLE VAGUE

                               

 


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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 10:45
MICHELE MORGAN

 

Michèle Morgan, de son vrai nom Simone Roussel, née à Neuilly-sur-Seine le 29 février 1920, est une des stars qui a le mieux illustré le cinéma français des années 40 à 60 et même au-delà, par son élégance, sa classe, la beauté énigmatique de son regard, qui rappelait celui de Garbo, et par son jeu empreint de sensibilité et de retenue. Dès l'aube de sa carrière, elle partagera l'affiche avec les plus grands acteurs. Marc Allégret, qui la fait débuter dans "Gribouille" en 1937, ne craint pas de lui donner pour partenaire Raimu, véritable monstre sacré du cinéma d'avant-guerre, mais la novice de 17 ans ne se laissera pas impressionner et tiendra son rôle avec simplicité et naturel. L'année suivante, elle tourne "Quai des brumes" de Marcel Carné avec Jean Gabin, film qui fera de la jeune fille un peu timide une vedette internationale. Elle n'a pas vingt ans mais son regard a marqué d'une trace indélébile le cinéma de l'époque par sa clarté et sa mélancolie. Suivent en 1959 "La loi du Nord" de Jacques Feyder et "Remorques" de Jean Grémillon où elle est de nouveau au côté de Jean Gabin.

 

En 1942, fuyant l'Occupation, elle part aux Etats-Unis. Elle y restera jusqu'en 1946, épousera l'acteur américain William Marshall qui lui donnera un fils Mike en 1944. Sa carrière aux USA l'ayant déçue (il est en effet inutile de citer les quelques navets où elle figure), elle revient en France pour être l'émouvante Gertrude de "La symphonie pastorale" de Jean Delannoy, triomphe personnel qui lui méritera le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 1946. Elle devient alors l'actrice la plus représentative de ce cinéma français dit "de qualité" qui devait être, par la suite, tant moqué et décrié par les cinéastes de la Nouvelle Vague. Son extraordinaire photogénie, sa distinction, son naturel lui permettent d'entrer dans des personnages très divers sans rien perdre de son autonomie et de sa classe. Si bien qu'elle ne cesse plus de tourner. Ce seront en 1953 "Les Orgueilleux" d'Yves Allégret avec Gérard Philipe qu'elle retrouve en 1955 dans "Les grandes manoeuvres" de René Clair, film où elle apparaît éblouissante de charme et de féminité. Suivront "Le miroir à deux faces" de Cayatte avec un Bourvil bouleversant et "Fortunat" d'Alex Joffé en 1960 toujours avec Bourvil.

 

Star aux soixante-cinq films, héroïne affranchie de l'avant-guerre, symbole érotique d'une époque dominée par la femme fatale, elle achèvera sa carrière dans la douceur d'une vie bourgeoise en peignant pour son seul plaisir. "J'ai toujours incarné l'image d'une femme française dans laquelle on pouvait se retrouver. Je ne me voyais pas en femme de mauvaise vie et, d'ailleurs, personne n'y aurait cru. Surtout pas les femmes qui sont les trois-quarts de mon public" - écrira-t-elle dans ses mémoires. Après avoir divorcé de William Marshall, elle épouse Henri Vidal en 1950. Ils apparaissent ensemble dans plusieurs films, mais ce dernier meurt en 1959 des suites d'une longue maladie et, désormais, Michèle Morgan associera sa vie à celle du cinéaste Gérard Oury jusqu'à la disparition de celui-ci.
 


A partir de 1960, elle va se faire rare au cinéma, privilégiant le théâtre, la poésie et la peinture qu'elle exerce avec talent depuis de nombreuses années. Elle joue, entre autres pièces, "Chéri" de Colette et rédige trois ouvrages qui s'inspirent de sa carrière d'actrice : "Mes yeux ont vu" (1965), "Avec ces yeux-là" (1977) et "Le Fil bleu" (1993). On la voit encore lumineuse et irrésistible dans "Benjamin ou les Mémoires d'un puceau" de Michel Deville en 1967, puis dans "Le chat et la souris" de Claude Lelouch en 1975 et, enfin, dans "Ils vont tous bien" de Giuseppe Tornatore en 1989. En 1990, elle se retire définitivement pour poursuivre son activité de peintre et aura la douleur de perdre son fils unique Mike Marshall en 2005 et son compagnon Gérard Oury en 2006. Plusieurs récompenses témoignent de son talent d'actrice et de son rôle d'ambassadrice du cinéma français auquel elle s'est employée avec son élégance habituelle : le lion d'or pour l'ensemble de sa carrière à la Mostra de Venise en 1996 et un César d'honneur à Cannes en 1992. En quelque sorte une carrière exemplaire menée de conserve par une actrice de talent et une femme d'exception. Elle s'est éteinte le 20 décembre 2016 à Neuilly à l'âge de 96 ans.

 

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MICHELE MORGAN
MICHELE MORGAN
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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 09:43
MARION COTILLARD - PORTRAIT

 

Pour sa remarquable interprétation d'Edith Piaf dans le film "La môme", et après les Globes d'or, Marion Cotillard allait s'offrir un doublé historique en recevant, coup sur coup, le César et l'Oscar de la meilleure actrice, portée aux nues comme jamais comédienne ne l'avait été auparavant, au point qu'à son sujet on a parlé d'un sacre plus encore que d'une consécration. " Merci l'amour, merci la vie... C'est vrai qu'il y a des anges dans cette ville de Los Angeles" - s'était-elle exclamée en anglais, bouleversée sous les vivats des 3.400 spectateurs du théâtre Kodak situé dans le quartier historique du 7e Art, quarante-huit ans après que Simone Signoret ait reçu la statuette pour "Les chemins de la haute ville".



Née en 1975 à Paris, fille de deux comédiens et professeurs d'art dramatique, bercée dès son plus jeune âge dans le monde du spectacle, Marion Cotillard prend très vite goût à l'interprétation et décide de suivre la voie ouverte par sa famille. L'adolescente entre au conservatoire d'art dramatique d'Orléans où son père sera son professeur et puise dans ce creuset son goût pour le théâtre qui va la sortir d'un mutisme qui, très tôt, l'avait incité au repliement sur soi. Le théâtre joue ainsi le rôle d'une thérapie et la pousse à entrer dans la peau de personnages divers afin d'échapper à ses propres angoisses existentielles. "Le théâtre m'a aidée à retrouver les mots qui m'avaient tellement manqué, à m'ouvrir." - avouera-t-elle. Elle fera ses premières armes chez Arnaud Desplechin et Coline Serreau, mais elle atteint une certaine notoriété grâce au rôle de Lilly, fiancée excédée par les absences trop fréquentes de son petit ami Samy Naceri, chauffeur dans un certain "Taxi 2"  ( 1999 ). Elle se voit alors nommée pour le César du meilleur espoir féminin. Sa voie est dès lors tracée. Les dix millions d'entrées que totalise le film lui assurent une popularité qui ne va cesser de s'amplifier lorsqu'elle incarne les rôles des soeurs jumelles dans  "Les jolies choses"  ( 2000 ), d'après le roman de Virginie Despentes. Ce rôle difficile se voit récompensé par une nouvelle nomination au César du meilleur espoir féminin. L'année 2002 est particulièrement chargée pour cette comédienne travailleuse et talentueuse qui sera à l'affiche de trois films dont  "Taxi 3",  "Jeux d'enfants"  face à Guillaume Canet et "Big Fish" sous la direction de Tim Burton, déjà un succès américain.

          

Pour avoir incarné l'ange noir dans "Un long dimanche de fiançailles" de Jean-Pierre Jeunet, elle remporte le César de la meilleure actrice pour un second rôle et son ascension ne cesse de s'affirmer avec le drame "Cavalcade", la comédie romantique "Ma vie en l'air", son rôle dans "Mary" d'Abel Ferrara face à Juliette Binoche, autre oscarisée, le thriller "La boite noire" et enfin  "Une grande année" avec Ridley Scott, odyssée vinicole, tous films de qualité qui lui permettront d'obtenir le rôle d'Edith Piaf dans "La môme" sous la direction éclairée d'Olivier Dahan, dont on regrette que le film n'ait même pas été couronné par la France, alors qu'il avait été plébiscité par 5 millions de spectateurs français et 10 millions d'américains, portant haut les couleurs du cinéma français sur le plan international.

                   

Piaf aura été le bon ange de Marion Cotillard qui, pour sa part, sut faire revivre de façon juste et vraie l'inoubliable chanteuse, au point que les spectateurs, comme les jurés, ne s'y sont pas trompés. " La première chose dont j'ai rêvé " - a dit la jeune actrice lors d'une de ses interviews - c'était d'avoir de grands rôles et celui-là, était immense, ma première composition digne de ce nom". Un avenir américain s'ouvrait pour elle tant sa performance avait été appréciée Outre-Atlantique. Ce triomphe international lui octroie une médiatisation qui ne sera pas de tout repos. En effet, des déclarations maladroites l'obligeront à exprimer publiquement des regrets et écorneront momentanément sa réputation. Cela ne l'empêche nullement d'entamer une carrière aux Etats-Unis où elle tourne "Inception" de Christophe Nolan au côté de Leonardo DiCaprio, puis "Nine", un remake musical du film "Huit et demi". Je dois avouer avoir été déçue par sa prestation dans "Inception" - une oeuvre absconse qui fait la part belle aux effets spéciaux  et où le talent de la jeune femme semble se figer à force d'être si peu sollicité. Heureusement, elle nous revenait bientôt avec un film "De rouille et d'os" (2012) qui la remettait en selle dans une composition à nouveau complexe et difficile comme elle sait le faire, prouvant que nous avions vu juste en décelant en elle un tempérament et un vrai talent qui  ne demandaient qu'à être mis en danger pour donner le meilleur.

 

En 2013, elle nous bouleverse à nouveau dans "Deux jours, une nuit" des frères Dardenne "où elle se coule avec infiniment de sensibilité dans la peau d'une jeune femme acculée au chômage. Personnellement je pense qu'elle excelle dans des personnages vibrants, tout en dualité psychique, ce qui lui donne l'occasion de livrer une multiplicité de sentiments qui  se partagent entre force et faiblesse, doute et conviction. Cette jeune actrice possède d'étonnantes ressources qui ne demandent qu'à s'exprimer, aussi serait-il dommage de la réduire à des rôles caricaturaux ou trop formatés comme c'était le cas dans "Inception" et "Minuit à Paris" de Woody Allen où elle était, à mon grand regret, une femme fatale sans consistance. L'actrice se plaît à prêter sa voix à des documentaires animaliers comme "Terre des ours" réalisé par Guillaume Vincent ou un dessin animé comme "Avril et le monde truqué" de Franck Ekinsi et Christian Desmares. Elle double par ailleurs la Rose dans l'adaptation américaine du "Petit Prince" de Saint-Exupéry et également la voix de Scarlet Overkill dans la version française de "Les Minions". Enfin elle est Jeanne dans l'Oratorio "Jeanne d'Arc au bûcher" d'Arthur Honegger sur le livret de Paul Claudel et sera sacrée "Femme de l'année" en 2013 par l'Université de Harvard. Voilà un parcours d'exception qui ne cesse de s'actualiser, puisque Marion Cotillard vient encore de nous bouleverser dans le dernier opus de Nicole Garcia "Mal de pierres" où elle est une femme  en mal de passion amoureuse, égarée par ses propres fantasmes. Et ce n'est pas fini, cette jeune femme a encore une longue carrière devant elle.

 

Pour prendre connaissance des critiques des films interprétés par l'actrice, dont La môme, Inception,  Minuit à ParisDe rouille et d'os, Deux jours, une nuit, Mal de pierres" cliquer sur les liens ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS     

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN 

 

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MARION COTILLARD - PORTRAIT
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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 09:27
Arletty, la voix des faubourgs

Elle était gavroche et insolente, aujourd’hui elle figure comme une des légendes du 7e Art français pour avoir tenu la vedette dans quelques-uns de nos plus grands chefs-d’œuvre : « Hôtel du Nord », « Les visiteurs du soir », « L’assassin habite au 21 » et surtout « Les enfants du paradis ». Si au-delà des aléas de sa vie et de sa carrière, elle parvint à marquer les esprits, c’est parce qu’elle a eu – comme Henri Jeanson, son dialoguiste préféré – le sens de la répartie et la verve des filles du faubourg qui apprennent la vie sur le tas et ont l’élégance de ne jamais renier leurs origines. « La vie m’a détachée du peloton, mais je n’oublie pas que je viens de ce peloton » - disait-elle avec cet instinct indéfectible de la liberté de ton et d’expression qui la caractérisait.

 

Pour incarner une population, ou plutôt un peuple, rien ne vaut d’en avoir traversé les strates sociales et d’avoir évolué du plus bas au plus haut sans se renier, de conserver envers et contre tout cet esprit français que l’actrice brandissait comme un drapeau et qui lui collait à la peau. Frondeuse et volontiers anarchiste, Arletty était née Léonie Bathiat le 15 mai 1898 à Courbevoie : Courbevoie, patrie des blanchisseuses-repasseuses, repasseuses à l’argot savoureux, souligne-t-elle dans ses souvenirs. Sa mère est d’ailleurs blanchisseuse et son père ajusteur, puis chef d’équipe, chez l’ancêtre de la RATP. Son premier amoureux, baptisé « Ciel », tombera au champ d’honneur le 15 août 1914 et, désespérée, elle écrira : « C’est décidé, je ne me marierai jamais ; je n’aurai pas d’enfant. Ni veuve de guerre, ni mère de soldat ». Deux ans plus tard, son père décède, écrasé par un tramway. Il lui faut désormais travailler. Très belle, elle devient mannequin chez Poiret jusqu’à ce que, lassée de jouer les belles de jour, elle démissionne, d’autant que l’un de ses admirateurs lui a remis une lettre de recommandation à l’adresse des directeurs de théâtre. Passant devant celui des Capucines, elle entre, chante un refrain, est embauchée d’emblée et prend le nom de scène d’Arletty dans une revue parfaitement idiote, soulignera-t-elle, toujours lucide. Mais dans la salle, il y a des personnalités prestigieuses : Colette et Willy, Anna de Noailles, Boni de Castellane, Robert de Flers qui la remarquent, aussi va-t-elle multiplier les rôles avec un succès croissant car elle est intelligente et a l’art de capter l’attention par son physique, sa voix et sa gouaille. Elle débute ainsi en 1930 et tourne dans 25 premiers films dont « Pension Mimosas » de Feyder, « Faisons un rêve », « Désiré » et « Les perles de la couronne » de Guitry. En 1938, Marcel Carné lui offre sa chance  en lui proposant le rôle de Mme Raymonde, la prostituée au verbe haut de « Hôtel du Nord ». Son duo avec Louis Jouvet et la célèbre réplique « atmosphère » emportent l’adhésion du public. Dès lors, elle accède à la tête d’affiche dans « Fric-Frac », « Le jour se lève » de Carné/Prévert où elle forme un couple mythique avec Jean Gabin. Elle devient même l’actrice la mieux payée du cinéma français et déplace des foules dans les salles obscures.

 

Mais l’occupation sera son chant du cygne. Après avoir tourné « Madame Sans-Gêne », « Les visiteurs du soir » et « Les enfants du paradis » où elle prête sa silhouette à l’inoubliable Garance, elle commet l’erreur fatale de tomber amoureuse d’un officier allemand et ne s’en cache pas, s’affichant à son bras dans les endroits où il ferait bon ne pas être vue. A un indiscret qui lui demande si elle est gaulliste, elle répond tout à trac : « Non gauloise ». Enceinte de son bel officier, elle se fait avorter mais ne reniera jamais cette romance douloureuse qui sera certainement son plus grand amour. En août 1944, son nom figure sur la liste des condamnés à mort diffusée par la BBC. Elle refuse cependant de fuir en Allemagne et se fait arrêter. A un enquêteur qui lui demande comment elle se sent, elle rétorque : « Pas très résistante ». Après un an d’assignation à résidence et deux ans de procédure, elle s’en sort avec un blâme mais sa carrière en subira fatalement les conséquences. Heureusement elle revient au théâtre dès 1949 dans « Un tramway nommé désir » et jouera par la suite du Achard, du Tennessee Williams, du Félicien Marceau, du Cocteau, jusqu’à ce qu’une terrible épreuve la frappe : elle perd la vue. Garance est désormais plongée dans le noir et ne connaitra plus de 1966 à 1992, année de sa mort, que les séances de lecture et les promenades au bras de ses amis ou de sa dame de compagnie, toujours digne et pleine d’esprit car Arletty s’en tiendra à cette ironie et cette pudeur naturelle qui masquent la douleur et, ce, jusqu’à sa fin dernière.

 

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Arletty, la voix des faubourgs
Arletty, la voix des faubourgs
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Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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