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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 10:26

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Des films sur l'identité sexuelle et le travestissement, peu sont réussis et rares ceux qui ont échappé au ridicule. Ce n'est certes pas le cas de "Tootsie" qui, dans le genre, est un petit chef-d'oeuvre de finesse, de tact, de drôlerie et une performance inoubliable de la part de Dustin Hoffman absolument désopilant dans ce personnage, celui d'un acteur sans succès qui se fait passer pour une femme dans l'espoir de décrocher un rôle. Tourné en 1982, trente huit ans plus tard, le film n'a pas pris une ride et séduit par un scénario brillant, des dialogues percutants et une interprétation où la délicieuse Jessica Lange rejoint dans l'excellence son inénarrable partenaire.

 

Et pourtant le film était un pari risqué. Il pouvait à tout moment sombrer dans le mauvais goût ou simplement le ridicule. On reconnaît là le doigté de Sydney Pollack qui n'était pourtant pas réputé pour ses productions comiques, mais a su jouer sur la corde sensible et apporter à cette histoire de travestissement une humanité touchante à la Charlie Chaplin.  Encensé par la critique et le public, le film ne remporta pas l'Oscar, coiffé sur le poteau par le "Gandhi" de Richard Attenborough - beau film il est vrai - ne laissant à la charmante Jessica Lange que le plaisir d'être sacrée meilleure actrice dans un second rôle.

 

 

Quant à Dustin Hoffman, il ne faisait que confirmer un talent indiscutable qui lui a permis d'aborder les personnages les plus divers avec le même brio. Probablement une des comédies les plus irrésistibles où la métamorphose de l'acteur est réellement bluffante et l'approche de la féminité, abordée sous un angle inattendu, un vrai bonheur.

 

Pour consulter l'article que j'ai consacré à l'acteur Dustin Hoffman, cliquer sur son titre :

 

 

DUSTIN HOFFMAN

 

 

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TOOTSIE de SYDNEY POLLACK
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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 11:46

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Péplum et mise en scène hollywoodienne, l'Ulysse  de Mario Camerini n'échappe pas aux défauts du genre, mais n'en est pas moins de ces films que l'on aime à revoir car ils marquent un temps où l'on ne lésinait pas sur les moyens, ni sur le casting, ni sur les compétences associées de deux continents afin d'adapter, autant que faire se pouvait, le plus ancien texte littéraire de l'humanité. Produit à l'initiative de la société Lux Films dont les producteurs n'étaient autres que Carlo Ponti et Dino de Laurentis, Ulysse n'en est pas moins une commande américaine destinée à contrer l'influence grandissante du petit écran aux Etats-Unis et le début de désaffection des salles obscures. Côté américain, le scénario est confié à Ben Hecht et c'est une star américaine qui sera la tête d'affiche : Kirk Douglas. Ce film va d'ailleurs marquer un tournant pour l'acteur, lequel, la même année, créera sa propre société de production et contrôlera désormais la plupart des films dans lesquels il jouera.

   

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                            Kirk Douglas et  Rossana Podesta

 

Par contre, les seconds rôles seront issus de la péninsule. Ainsi celui de Pénélope sera confié à Silvana Mangano, l'épouse de Laurentis, qui endossera également celui de Circé. Agée de 23 ans à l'époque, la très belle Silvana sera aussi à l'aise dans ces deux rôles qui est l'une des trouvailles de la production. En effet, le pouvoir de séduction de Circé sur Ulysse est d'autant plus fort qu'elle a les traits de son épouse et que l'actrice a ainsi l'occasion unique de jouer les deux faces d'un même personnage : Pénélope la tendre et fidèle et Circé la séductrice maléfique.

 

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                       Kirk Douglas et Silvana Mangano

 

Collaboration financière et technique, le film est également une collaboration artistique exemplaire. Le sujet : une légende grecque typiquement européenne qui permet des décors fastueux et quelques belles scènes d'action. L'histoire - que tout le monde connaît - est celle d'Ulysse, conquérant de Troie, qui regagne Ithaque, sa mère patrie. Mais ce retour va être l'occasion de péripéties multiples et de confrontations périlleuses, la plus grave étant peut-être celle qui l'attend à Ithaque où le trône laissé vacant fait l'objet de nombreuses convoitises, les prétendants briguant tout ensemble la main de la belle Pénélope et la couronne. Pressée de toutes parts, Pénélope a réussi à refuser les demandes des prétendants grâce à un subterfuge : une tapisserie qu'elle entend terminer comme elle l'a promis jadis à son époux, mais qu'elle défait chaque nuit pour en retarder l'achèvement. C'est seulement lorsqu'elle sera finie que Pénélope considérera qu'elle est désormais libérée du lien qui l'unit à Ulysse, et sera donc en mesure de choisir celui auquel elle unira son destin parmi les hommes qui aspirent à faire d'elle leur femme. Bien que soutenue par son fils Télémaque, Pénélope se sent faiblir et le doute l'envahit, surtout face à l'impétueux Antinoüs interprété par Anthony Quinn. Sur les conseils de Télémaque, elle annonce alors qu'elle ne se donnera qu'au vainqueur des jeux d'Apollon qui doivent bientôt se dérouler dans la ville.

 

Pendant ce temps, non loin de là, Ulysse a échoué sur l'île de Corfou, à la suite du naufrage de son bateau pulvérisé par la colère du dieu de la mer Poséidon. Recueilli par la gracieuse Nausicaa ( Rossana Podesta ), Ulysse, devenu amnésique, ne sait plus ni d'où il vient, ni où il va et ignore jusqu'à son nom. Mais par chance, la mémoire lui reviendra pour enfin regagner Ithaque après 10 années d'absence et les innombrables péripéties qui auront jalonné son parcours. Cette histoire, qui finit bien, se laisse regarder sans déplaisir, d'autant que le metteur en scène n'a lésiné ni sur la beauté de ses actrices et acteurs, ni sur les effets spéciaux à l'ancienne. Les puristes trouveront, non sans raison, que cela est kitch, très kitch même, et difficile à digérer, les autres se laisseront séduire par ce fastueux album d'images comme savait les composer l'Amérique des années 50. En le revisionnant à la télévision, la plupart des décors carton-pâte et la laideur des costumes féminins, dont ceux de la pauvre Rossana Podesta, apparaissent ridicules. Certes, le film a vraiment beaucoup vieilli. Mais Silvana Mangano et Kirk Douglas tirent leur épingle du jeu  Et puis on peut relire l'Odyssée et là nul danger d'être déçu.

 

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 10:34
MILLION DOLLAR BABY de CLINT EASTWOOD

 

"Million Dollar Baby",  adapté d'une nouvelle d'un ancien soigneur de boxe professionnel intitulée "Rope Burns" par le scénariste Paul Haggis, nous conte l'histoire d'un vieil entraîneur et d'une jeune boxeuse novice que ce dernier va finir par prendre sous son aile, après avoir refusé longtemps d'être son  manager. Haggis écrit une première version acceptée par la Warner qui pense lui en proposer la mise en scène et donner le premier rôle à Eastwood. Mais ce dernier décide de réaliser le film lui-même, tout en interprétant le rôle de l'entraîneur. Hilary Swank sera chargée d'interpréter celui de la jeune boxeuse de 31 ans, dont l'existence n'a été jusqu'alors qu'une suite de chagrins et d'humiliations et qui espère retrouver sa fierté et donner sens à sa vie en se battant sur un ring.

 

 Le tournage a lieu à Los Angeles au début de l'année 2004. Eastwood endosse à la fois le rôle de compositeur en plus de ceux d'acteur, réalisateur et producteur. A sa sortie, le film soulève une vive polémique, car il y est question d'euthanasie et que la société américaine n'est pas du tout disposée à l'accepter. Eastwood réplique, piqué au vif,  "qu'il n'est pas nécessaire d'être pour l'inceste pour aller voir Hamlet". Mais le film ne décolle pas et la Warner n'accepte de le distribuer que parcimonieusement dans 147 salles. Cela, avant que les nominations, lors des festivals, ne replacent l'oeuvre sur le devant de l'écran et commencent à susciter l'engouement de la part d'un public touché par le regard si humain que Eastwood pose sur ce sujet délicat. Ce seront deux Globes d'or et pas moins de 4 Oscars que ce film va recueillir en 2005 : Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, de la meilleure actrice pour la touchante Hilary Swank et du meilleur second rôle pour Morgan Freeman, sobre et juste dans le personnage d'un ancien boxeur qui a perdu l'oeil droit lors de son ultime combat et qui est le seul à connaître la cause secrète des souffrances de son patron.

 

Vingt-septième film de l'acteur-réalisateur, "Million Dollar Baby"  nous initie aux codes, aux habitudes de langage et d'esprit de ce milieu singulier autour des trois personnages centraux et fait en sorte que le ring devienne le lieu où se nouent des relations humaines, d'une particulière intensité, au vu des enjeux et des peurs qui en découlent. Car derrière le schéma officiel, c'est l'officieux - celui du combat contre soi-même - vers lequel se porte l'intérêt du film. A la violence jetée an pâture, ce sont les violences secrètes, les plaies intimes et inguérissables que nous dévoile l'auteur. La tendresse qu'il porte à ses personnages fait de ce ring étroit un lieu mythique où les passions s'affrontent plus et mieux que les coups de poing et où la rage de vaincre cède parfois à la douleur d'aimer. Entre ces êtres déchirés par le destin et leurs drames personnels s'élabore une relation bouleversante, où les carapaces se fendent et où les coeurs mis à nu révèlent leur grandeur et leur faiblesse, instruisant sur et autour du ring un impossible rêve de sueur et de sang. Admirable.

 

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CLINT EASTWOOD - PORTRAIT

 

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MILLION DOLLAR BABY de CLINT EASTWOOD
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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 09:32

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En Afrique, dans l’une des régions les plus sauvages du monde, les animaux vivent libres, loin des hommes. Au sud du fleuve, qui divise ces magnifiques terres, règne le clan des lions mené par Fang, tandis que la lionne Layla y élève la jeune Mara. Entre chasse et liens familiaux puissants, c’est la vie d’une famille qui s’écrit. Au nord du fleuve, le lion Kali et ses quatre fils rêvent d’étendre leur territoire. Bientôt, les eaux seront assez basses pour que les maîtres du nord tentent leur chance au sud… Dans cet environnement où chacun joue sa survie, Sita, une splendide femelle guépard, tente d’élever seule ses petits. Au fil des saisons, ces destins vont se croiser à travers une histoire qui n’est ni inventée ni mise en scène, mais captée comme jamais auparavant, dans sa bouleversante intimité et sa spectaculaire beauté.

 

Des semaines de repérage, deux ans et demi de tournage, une équipe de techniciens spécialisés et une technologie de pointe auront été nécessaires pour produire ce document animalier tourné dans la réserve du Masaï-Mara au Kenya, et pour saisir la nature dans ce qu'elle a de plus authentique : la vie des félins filmée au coeur de paysages grandioses, au rythme des pluies et des ensoleillements. Et si la voix humaine, qui se croit dans l'obligation d'expliquer ce que les images démontrent avec tant de réalisme et de splendeur, semble parfois un peu envahissante, le spectacle n'en reste pas moins fascinant, provoquant notre émerveillement. Car lions, léopards et guépards composent un casting formidable qui, à lui seul, mérite tous les Oscars, tant ces animaux crèvent l'écran et sont, dans leur lutte pour assurer leur survie quotidienne, d'une élégance, d'une dignité et d'une noblesse inouïes. Quand une lionne ne se sent plus en mesure de servir sa fratrie, elle s'éloigne pour aller mourir seule, confiant sa fille à la garde des femelles incroyablement bien organisées en société familiale pour la protection et l'éducation des plus jeunes. Cette éducation monopolise leur attention. Ne s'agit-il pas d'apprendre à chasser, à se défendre à leur progéniture dans une jungle où le danger est embusqué derrière chaque buisson d'épineux, chaque repli de terrain, chaque marécage  peuplé de crocodiles. Cela demande des mois de patience,  une vigilance de tous les instants, des reprises incessantes car les lionceaux sont souvent indisciplinés. Mais les mères sont les plus attentives, les plus câlines qui soient. Et leurs jeux avec leurs petits composent d'inoubliables tableaux où la tendresse est constamment présente. Quant aux mâles, que l'on sait plus paresseux que les femelles, ils ont sacrément fière allure. Ce sont des parrains aux regards d'acier qui promènent dans la savane leur orgueilleuse assurance et n'hésitent pas à faire siens les mets de choix que les lionnes s'apprêtaient à partager avec leurs petits. Quant aux gnous, aux innombrables gazelles, aux phacochères, aux zèbres, aux gracieux empalas, ils sont les victimes désignées dont le courage et l'audace méritent toutefois notre admiration. Car eux aussi savent développer des stratégies, eux aussi font preuve d'astuces pour déjouer les plans des grands fauves et, souvent, gagner la partie. Certes, dans ce monde sauvage, pas de place pour les faibles, les  geignards, les indécis, les poltrons, les velléitaires, les impuissants, les désarmés, tout se joue à l'adresse, à la dextérité, à la précision. La vigilance ne doit jamais faillir, la vaillance, l'intrépidité non plus. Tout se joue dans l'instant, tout se règle d'un regard, d'un frémissement, d'un bond. C'est ainsi. Ce monde est élitiste comme il en est peu.  

 

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 10:28

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Film ambitieux et envoûtant qui révèle les ombres et les replis ténébreux de l'histoire américaine, le dernier Eastwood est l'histoire de J. Edgar Hoover, le patron et fondateur du FBI, que l'on voit dès la première scène dictant ses mémoires à un jeune et séduisant agent, de façon à ce que celles-ci apparaissent à la postérité sous les apparences les plus flatteuses. De l'enlèvement du bébé de Charles Lindbergh aux "raids Palmer", de l'arrestation du célèbre criminel John Dillinger à la panique rouge qui saisit des Etats-Unis au lendemain de la révolution bolchevique, c'est un demi siècle que le cinéaste passe en revue par l'intermédiaire de cet homme que l'on verra, au fil de l'action,  coincé entre conventions sociales et désirs personnels. Avec l'aide de son scénariste Dustin Lance Black, Eastwood construit en déconstruisant un mythe, celui d'une Amérique virile, sûre d'elle et puissante qui se veut à tout jamais invulnérable, grâce à l'initiateur du plus gigantesque fichier d'empreintes digitales au monde, cet Edgar Hoover qui s'est donné pour but de faire entrer la police dans l'ère de l'expertise médico-légale et scientifique. Mais cet homme redoutable et redouté, qui parvint à édifier à lui seul un empire du renseignement inégalé, n'en est pas moins affligé de tares et de faiblesses intimes, vivant jusqu'à un âge avancé auprès de sa mère possessive qui l'incitera à vaincre son bégaiement et à gravir, marche après marche, les échelons de la bureaucratie fédérale, instituant un nouveau style, de nouvelles méthodes assez peu orthodoxes et usant de tous les coups tordus pour parvenir à ses fins. C'est aussi à cause de cette mère (Judi Dench) qu'il fera en sorte de cacher son homosexualité, envisageant même des mariages de convenance et s'affichant volontiers en présence de femmes célèbres, mais ne vivant pas moins durant quarante ans auprès de son associé-amant Clyde Tolson (Armie Hammer), qu'il traitait selon les circonstances plus ou moins bien ou mal, et qui lui restera fidèle, comme sa secrétaire Hélène Gandy ( la délicieuse Naomi Watts ),  jusqu'à la mort.

 

Ainsi ce bouledogue mégalo, orgueilleux et obsessionnel, le plus souvent mal embouché, aura-t-il ses fidèles pour la simple raison qu'il savait remarquablement alterner terreur et humanité, dureté et tendresse, se composant un personnage hors norme, celui du grand flic, tantôt héros national, tantôt salaud vindicatif. Diplômé en droit de l'université George Washington, l'implacable justicier traversera trois guerres et opérera sous huit présidents, sachant se maintenir en place, malgré les aléas rencontrés, surtout sous la présidence de John Kennedy, parce qu'il avait su accumuler  des informations personnelles sur chacun d'eux, principalement sur leurs vies sexuelles, ce qui était un comble lorsque l'on sait aujourd'hui les complexités de la sienne. Il tenait sous le coude les documents concernant les penchants lesbiens de Madame Roosevelt et les frasques des frères Kennedy. Mais c'est ainsi !  Cet homme était un manipulateur de génie, un être trouble et troublant que Eastwood nous présente selon un narratif concis, fait de flash-back habilement distribués entre les périodes les plus significatives de sa vie. Plus encore qu'un film sur le pouvoir, le cinéaste a souhaité mettre en relief un être en proie à ses contradictions ; d'une part, un orgueil monstrueux qui le poussait à agir de façon à ce qu'il soit le gardien le plus féroce du conformisme blanc américain ; d'autre part, une faiblesse de nature qui en faisait la victime de ses pulsions et de ses hantises. Son souci maniaque d'empiler dans des placards des tonnes de dossiers compromettants sur les hommes politiques de son temps ne servait-il pas, en définitive, à dissimuler ses secrets et ses compromissions ? Car Hoover était un marginal qui, pour échapper à ses démons, s'était forgé une stature surdimensionnée, celle du gardien des valeurs sacrées de son pays.

 

Ce biopic, trente-deuxième long métrage de Clint Eastwood, est sans nul doute un grand film de par l'ampleur de la fresque proposée, mais également pour l'interprétation saisissante que Leonardo DiCaprio fait de cet Edgar Hoover qu'il incarne de l'âge de 20 ans à celui de 77 ans de manière magistrale. Film après film, cet acteur prouve sa faculté à entrer dans la peau de personnages aussi forts que caricaturaux ( avec l'aide de maquilleurs expérimentés évidemment ) et à leur donner une épaisseur humaine impressionnante. Il est indéniable que sans lui l'opus n'aurait pas eu cette puissance de conviction. Bien entendu un tel film ne pourra jamais satisfaire les amoureux de l'histoire, parce qu'il ne fera jamais que la survoler, ne nous livrant que des épisodes successifs et aspirant à trop embrasser pour ne pas risquer de mal étreindre.

 

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CLINT EASTWOOD - PORTRAIT

 

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J.EDGAR de CLINT EASTWOOD
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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 09:17
BLACK SWAN de DARREN ARONOFSKY

        
Il est regrettable - et il faut le déplorer - que les Américains  mettent plus de talent à promouvoir leurs films qu'à les réaliser. Ce fut le cas d'Avatar, d'Inception et Black Swan souffre également d'avoir été porté au pinacle et annoncé comme un chef-d'oeuvre avant sa sortie en salles. Le danger est que le spectateur, facilement manipulable et toujours bien disposé à s'enthousiasmer, attend trop d'une oeuvre qui, après projection, se trouve réduite malheureusement à ses dimensions réelles, autrement plus modestes. Enseignée par l'expérience, je me rendais hier, à la séance de 17 heures, sans à-priori, mais sans empathie excessive. Je me méfie trop des engouements en aval pour privilégier davantage ceux en amont qui me paraissaient d'ailleurs, à la lecture de nombreuses critiques, plus modérés. Et c'est, en effet, un jugement modéré que m'inspire ce long métrage de Darren Aronofsky et également le regret que le sujet, en lui-même séduisant et porteur, tiré du livre de Andres Heinz, n'ait pas été abordé de façon plus fine, plus subtile et plus artistique. Traitant de l'art de la chorégraphie et de la danse, c'est-à-dire de l'expression la plus évanescente de la beauté, ce film pèche par manque d'art. Si les difficultés de la discipline sont bien rendues, si la férocité du milieu est soulignée à traits vifs et crédibles, le parcours psychologique de l'héroïne, interprétée par la jolie Natalie Portman, sombre dans un pathos dont les ficelles sont aussi grossières que des câbles. Là, où il aurait fallu suggérer d'une caméra légère afin de mieux persuader les spectateurs des dilemmes, des refoulements, des angoisses de Nina, de ses fantasmes aussi, c'est le catalogue complet des déviances de notre société et de son mal-être que l'on nous sert et nous inflige à grand renfort d'hémoglobine : castration, mutilation, obsession, masturbation, tout y passe dans un délire psychotique et schizophrène pénible. Oui, vraiment ... too much.



Et pourtant, il aurait fallu peu de choses pour que le film soit une grande réussite : plus de modestie d'abord, un style moins agressif et grandiloquent, une caméra plus subjective, plus poétique, plus délicate, plus habile à aller à l'essentiel que de rester à sa surface, de fouiller les coeurs que d'en étaler les ravages. Dommage, car les acteurs sont tous excellents, que le rythme est bon et que la caméra à l'épaule ne m'a pas gênée, car elle saisit fort bien les scènes de répétitions, les danseurs au travail, la présence toute puissante du maître conduisant son corps de ballet ou bien les moments plus intimes où Nina se retrouve avec sa mère. Mais voilà, à vouloir trop démontrer, à privilégier exagérément le pathétique, on brouille les cartes, on étouffe l'émotion et on ne laisse dans la mémoire du spectateur qu'une image écornée.

 

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BLACK SWAN de DARREN ARONOFSKY
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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 11:50
LES CHEMINS DE LA LIBERTE de PETER WEIR

        

En 1940, une petite troupe de prisonniers décide de s'évader du camp de travail 105, où le vrai geôlier est la nature ; sur des milliers de kilomètres une toundra vide et glacée où sévissent les loups. Pour ces hommes, venus de tous les horizons, un jeune polonais que sous la torture sa femme a dénoncé, un ingénieur américain, qui a participé à la construction du métro de Moscou et a été suspecté de trahison par le régime, un loubard qui s'est fait tatouer sur la poitrine le portrait de Staline, un garçon que les privations ont rendu quasi aveugle et un prêtre vont parvenir à s'échapper de l'enfer du goulag, ce qui  ne sera que le début de l'aventure ... avec ce credo en tête : "Nous ne survivrons pas tous, mais nous mourrons libres". Ensemble, ils vont parcourir plus de 10 000 kilomètres, traversant les plaines de Mongolie, les fournaises du désert de Gobi puis les sommets de l'Himalaya,  franchir la Grande Muraille de Chine et parvenir au Tibet que n'occupent ni nazis, ni soviétiques. Certains s'arrêteront en chemin, d'autres ne survivront pas aux épreuves. L'Inde - alors sous contrôle anglais - est le but ultime. Mais la route est longue, les rencontres risquées, les conditions physiques épouvantables...Peter Weir adapte avec passion le récit de Slavomir Rawicz qui avait été présenté, dans un premier temps, comme l'authentique expérience de son auteur. Or, celui-ci, décédé en Angleterre en 2004, ne s'est jamais évadé du goulag et fut amnistié. Le périple qu'il relate dans son roman n'en reste pas moins inspiré de faits réels, tiré de témoignages d'anciens prisonniers qu'il a pu recueillir pendant qu'il servait sous le drapeau soviétique. En 2004, l'écrivain aventurier Sylvain Tesson refit ce parcours qu'il relate dans un très beau livre " L'axe du loup " édité par Robert Laffont, dont je vous reparlerai. Quasiment toutes les histoires de Peter Weir, cinéaste rare, mettent en scène un périple, que ce soit Gallipoli, L'année de tous les dangers, Mosquito Coast ou le flamboyant Master and Commander ; le voyage intérieur ou le parcours initiatique y compte autant, sinon plus, que les miles parcourus. Il n'y a donc rien de surprenant qu'il ait été inspiré par la lecture de  A marche forcée, récit extraordinaire d'un groupe de prisonniers politiques, qui s'échappèrent du goulag et parcoururent plusieurs milliers de kilomètres à pied, à travers l'Asie, pour fuir le régime marxiste.

 


L'histoire originale, que l'on doit au polonais Slawomir Rawicz (rebaptisé Janusz pour l'occasion et interprété par l'acteur anglais Jim Sturgess), contenait tous les ingrédients pour donner matière à un film où la nature est réellement présente : péripéties rocambolesques, grands espaces, aventure humaine où chacun doit dépasser ses limites pour arriver au bout du voyage. Janusz et ses compagnons subiront toutes les épreuves et seront exposés à tous les extrêmes, depuis les neiges éreintantes des montagnes sibériennes jusqu'à la sécheresse mortifère du désert de Gobi. Ici pas d'effets spéciaux, mais une toundra gelée, des lacs pris par les glaces, des horizons qui se perdent à l'infini et des déserts chauffés à blanc. Ces décors splendides sont  filmés en panoramique avec une violence lissée.  Le budget, qu'on imagine colossal, se retrouve à l'écran, jusque dans les soins d'une reconstitution parfaitement crédible. On en viendrait presque à se demander depuis combien de temps ne s'est pas vu, sur les écrans, un film d'aventures de ce genre, où efficacité et divertissement riment avec qualité. Comme dans Master & Commander, qui délaissait souvent les batailles navales et l'action pure au profit d'à-côtés intimistes et naturalistes, Peter Weir n'oublie pas de donner de la chair à son histoire et du réalisme à sa fresque. Dans un souci qu'on pourrait qualifier "d'artisanal", le film s'attache aux gestes quotidiens et aux petits mécanismes que ces hommes se forgent, progressivement, dans leur course à la survie : ruses de chasseur pour se nourrir, confection de masques ou d'accessoires pratiques pour affronter un soleil de plomb, cabanons de fortune... rien n'est laissé au hasard dans cette reconstitution grandiose où ces quelques hommes vont parvenir à se surpasser.  La Nature, théâtre majestueux où  se joue ce drame humain, est le plus souvent mystique chez Weir : animée d'une force propre, elle pousse les personnages dans leurs retranchements, aux confins de la bestialité (la séquence où le groupe chasse les loups avant de devenir loups eux-mêmes) ou de la folie (les hallucinations et autres mirages  favorisés par la fatigue et la peur). Impitoyable, cette logique aura raison des plus fragiles - car la mort frappe plus d'une fois au cours du voyage, y compris contre les êtres les plus attachants.


Les personnages évitent l'archétype grâce à leur épaisseur humaine et au réalisme des situations, ainsi  Ed. Harris est-il impérial en américain inflexible et, très touchante, la belle Saoirse Ronan (révélée par Lovely Bones, de Peter Jackson) dans le seul rôle féminin du film. Quant à Colin Farrell,  il en fait trop à mon goût dans un rôle de loubard qui lui va pourtant comme un gant, il sur-signifie chaque situation et chaque dialogue, et c'est dommage ; alors que Jim Sturgess n'en fait pas assez et n'a certes pas la flamme que l'on s'attendrait à trouver de la part d'un idéaliste et du leader désigné. Ceci mis à part, voilà du bel ouvrage, un film qui se déploie comme une symphonie épique, dans des décors à couper le souffle, où le "chacun pour soi" devient, au fil des kilomètres parcourus, le " rien sans l'autre", donnant sens et existence à la solidarité et au partage. Et nous rappelle, à bon escient, ce que furent les camps de la mort du monde communiste.

 

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LES CHEMINS DE LA LIBERTE de PETER WEIR
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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 10:45
AU-DELA de CLINT EASTWOOD

               
Au-delà est l'histoire de trois personnages hantés par la mort et les interrogations qu'elle soulève. George est un Américain d'origine modeste, affecté d'un "don" de voyance qui pèse sur lui comme une malédiction. Marie, journaliste française, est confrontée à une expérience de mort imminente, et en a été durablement bouleversée, quant à Marcus, un jeune garçon de Londres, il perd l'être qui lui était le plus cher et le plus indispensable, son jumeau, et se met désespérément en quête de réponses à ses interrogations. George, Marie et Marcus sont guidés par le même besoin de savoir et la même quête, si bien que leurs destinées vont finir par se croiser dans cette tentative qui les anime de répondre, autant que faire se peut, au mystère de l'Au-delà.



Nous aurions tant aimé nous enthousiasmer de l'audace de Clint à s'aventurer dans un nouvelle voie, mais voilà c'est raté, le film se perdant dans les méandres d'une quête ésotérique insuffisamment crédible et un narratif flou qui perd pied et finit, comme le tsunami, magnifiquement filmé au tout début, par noyer les personnages, leurs propos et, par voie de conséquence, le spectateur. Nous sommes loin de ces opus si réussis que furent Sur la route de Madison ou Gran Torino, où Clint, très à l'aise à traiter des sujets qui lui correspondaient, et pour lesquels il avait longuement mûri sa réflexion, nous avait offert des opus cousus main et d'une grande force suggestive. Là, il semble bien qu'il se soit attaqué à gravir une montagne dont il ignorait les secrets et dont les sommets inaccessibles restent cachés dans les brumes. Oui, Eastwood a surestimé ses capacités et ne nous offre qu'un film long, ennuyeux, et aussi peu convaincant que possible. Tout le monde ne s'appelle pas Carl Dreyer, Ingmar Bergman ou Robert Bresson qui savaient, avec un art consommé de la suggestion, aborder les conflits de l'âme face aux questions primordiales : d'où venons-nous et où allons-nous ?  Il faut, pour ce faire, user des moyens minimums, du plus grand dépouillement et de la plus extrême simplicité, afin de parvenir à exprimer le maximum de choses et atteindre l'essentiel. Le contraire des effets recherchés ici par le réalisateur qui emploie les techniques les plus pointues et les ressources les plus sophistiquées de la cinématographie. Oui, les thèmes qui touchent de près ou de loin au monde invisible doivent être abordés avec infiniment de prudence, de façon à éviter d'argumenter dans le vide et de tenter de démontrer ce qui est indémontrable, en se limitant à approcher le mystère et à poser l'interrogation. Cela ne relève que de la foi ou de l'espérance intérieure, démarche totalement opposée à celle de Clint qui s'échine à réduire à quelques arguments pseudo-scientifiques une vie après la mort, supposée inscrite d'ores et déjà dans nos gênes. Dommage ! Il y a de sa part  une tentation d'orgueil et une maladresse à employer les moyens les plus contraires à ce genre de sujet et à s'embourber dans un démonstratif qui va à l'encontre de ce que l'on s'emploie à démontrer.

 


Preuve en est que les personnages ne parviennent pas à être le moins du monde crédibles. Même Matt Damon, pourtant excellent acteur, et Cécile de France semblent se demander ce qu'ils ont à prouver et bavardent là où il serait infiniment préférable de se taire. C'est par l'image que le 7e Art se doit de convaincre, non par les mots qui eux relèvent de la littérature ou de l'art dramatique. Et c'est d'autant plus fâcheux, que Clint connait parfaitement l'art de la mise en scène, que son ouverture avec l'irruption du tsunami est parfaitement réussie ; de même qu'il sait mieux que quiconque brosser des tableaux évocateurs et qu'il lui aurait été plus facile de convaincre s'il s'était contenté de suggérer au lieu de dogmatiser un tant soit peu sur ce qui n'est pas vérifiable. On ne peut néanmoins en vouloir à un homme aussi talentueux de se tromper. Ce film a le mérite de nous rassurer sur sa curiosité d'esprit, son souci de s'engager sur les pistes les plus hasardeuses, de sonder la mort avec les yeux d'un vivant et de fouiller avec sa caméra au-delà du dicible.

 

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CLINT EASTWOOD - PORTRAIT

 

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 09:56
VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU de WOODY ALLEN

       
Un film de Woody Allen est toujours un bon moment de cinéma. Même si  "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu" (un titre trop long et pas vraiment accrocheur) n'est pas un chef-d'oeuvre, cette chronique douce amère et faussement désinvolte de la vie quotidienne est écrite de main de maître avec des dialogues savoureux et une interprétation qui l'est tout autant. Bien sûr, rien de nouveau par rapport aux opus précédents et un scénario qui reprend les thèmes favoris de leur auteur, soit la trilogie qui mène le monde depuis son commencement : le désir, l'amour et la mort, mais reproche-t-on à un écrivain d'écrire toujours le même livre ou à un compositeur de revenir sans cesse à la même configuration chromatique ? Woody Allen a toujours excellé à traiter des conflits familiaux, à pointer du doigt les ridicules humains et à dévoiler nos faiblesses, nos lâchetés et cet irrépressible besoin que nous éprouvons tous à nous illusionner sur nous-même. Une fois encore la sauce prend, tant les ingrédients ( s'ils ne sont pas nouveaux ) sont subtilement dosés. Je ne me souviens pas d'ailleurs d'être sortie d'une projection d'un de ses films, déçue ou dépitée. Ainsi que l'on se rend dans un restaurant pour goûter une cuisine dont on apprécié la saveur, j'entre avec appétit dans une salle de spectacle pour déguster un woody allen, sachant d'avance que le met ne manquera ni de caractère, ni de finesse, ni de piment. Et j'ajouterai, puisqu'il s'agit du 7e Art, de style. Ce qui fera toujours la différence entre un grand cinéaste et un fabricant de pellicule, c'est lui, le style, un style unique, inimitable, que l'on reconnaît d'emblée et qui est la signature des grands.
 



L'histoire est d'autant plus plaisante et bien rythmée que l'on suit le parcours de plusieurs personnages,  attachants et bien campés, qui cherchent à donner sens à leur existence au milieu des aléas qu'ils rencontrent : ici un écrivain en panne de talent, là une cinquantenaire délaissée par son mari et qui devient accro d'une extra-lucide, ou encore une jeune femme qui aimerait tant que son boss s'intéresse à elle parce que l'on croit toujours que les rêves nous décevront moins que la réalité, enfin un mari pris de panique devant l'inéluctable vieillesse qui le guette et se trouve aux prises avec le démon de midi. Tout cela n'est certes pas follement original mais c'est follement bien ficelé, avec ce qu'il faut d'humour, de dérision et de cynisme, et des acteurs qui donnent à leurs personnages un ton si juste, une vibration si vraie, qu'ils ont vite fait de nous convaincre de la sincérité de leurs propos. Une mention spéciale pour la délicieuse Naomie Watts et pour Anthony Hopkins formidable dans le rôle d'Alfy.
Voilà un film qui ne révolutionnera pas le monde cinématographique mais qui a l'avantage d'être du cousu main, sans faux pli, et satisfera ceux qui aiment la belle ouvrage.

 

 

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WOODY ALLEN OU UN GENIE TOUCHE-A-TOUT          NAOMI WATTS - PORTRAIT

 

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21 juillet 2010 3 21 /07 /juillet /2010 09:36
INCEPTION de CHRISTOPHER NOLANINCEPTION de CHRISTOPHER NOLAN

       
Dom Cobb est un voleur confirmé, le meilleur dans l'art périlleux de l'extraction. L'extraction consiste à s'approprier les secrets précieux d'une personne, enfouis au plus profond de l'inconscient pendant qu'elle rêve et que l'esprit est le plus vulnérable. Le milieu de l'espionnage industriel convoite Cobb pour ses talents.
Dom Cobb est alors un fugitif recherché parce qu'on croit qu'il a assassiné sa femme. Une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie antérieure et de revenir chez lui, auprès de sa famille. Sa tâche, et celle de son équipe, serait, non de subtiliser une idée, mais d'en implanter une dans l'esprit d'un jeune industriel dont le père vient de mourir et dont la concurrence souhaiterait qu'il détruise l'empire. Si Cobb parvenait au but fixé par le magnat japonais, qui a recours à ses services, il serait parvenu au crime parfait. Soit un crime exécuté par la victime elle-même. D'autant que Cobb a déjà réalisé cette prouesse sur sa propre femme, en la persuadant que ce qu'elle vit est irréel. Cette idée d'existence virtuelle rongera la jeune femme au point qu'elle se jettera par la fenêtre, peut-être pour tenter de se réveiller... Concept séduisant et très à la mode dans notre monde moderne, où nombre de personnes se croient manipulées par l'opinion et les pouvoirs en place. Cependant, aucune stratégie n'a pu préparer Cobb et son équipe à un ennemi aussi dangereux, qui semble avoir toujours une mesure d'avance.

 

Marion Cotillard. Warner Bros. France


Certes, l'idée était intéressante, encore qu'il soit difficile de transcrire l'abstrait en images. Pour y parvenir, il aurait fallu la traiter de façon plus lisible, plus sobre, plus simple. Ici la technique et les effets spéciaux sont à ce point envahissants que l'émotion et l'envoûtement sont quasi impossibles, même lorsque le cinéaste nous révèle le talon d'Achille de son héros : le suicide de sa femme et l'éloignement de ses enfants. Ces quelques scènes réussies, grâce à l'interprétation de Leonardo DiCaprio, sont malheureusement noyées sous un déluge de bruit, de scènes désordonnées et sans suite qui nuisent à la compréhension et à l'adhésion du spectateur. On a le sentiment, non d'évoluer dans un songe,  mais de se débattre dans un cauchemar violent et fatalement incohérent. Est-ce là le rêve supposé du XXIe siècle ? Et dire que quelques critiques parlent déjà de chef-d'oeuvre. Christopher Nolan serait-il arrivé à leur implanter dans le cerveau qu'il est l'auteur du film le plus intelligent et audacieux jamais réalisé ? Serions-nous en pleine confusion et quelques scènes originales suffisent-elles à sauver cet opus de son impact désespérément brouillon et pompeux, dont les personnages n'ont aucune chair, aucune crédibilité, aucune réalité ? Et que sont allés faire dans ce foutoir l'excellent acteur DiCaprio et la charmante Marion Cotillard qui ne sont pas parvenus à atténuer la désillusion provoquée en moi par cette projection ? C'était le début de l'après-midi, il pleuvait... J'aurais mieux fait d'aller marcher sous la pluie en compagnie des mouettes et des goélands.
 

Leonardo DiCaprio. Warner Bros. France

 

Car nous sommes confrontés en permanence à un délire onirique où plusieurs rêves, à divers stades de profondeur, s'emboîtent les uns dans les autres. Pour nous convaincre du bien-fondé de sa démonstration, Christopher Nolan ne lésine pas sur les effets spéciaux, les combats en apesanteur, les constructions virtuelles qui s'écroulent et tous les truquages possibles et imaginables que la technique est désormais capable de concrétiser, cela redondants et apocalyptiques à souhait. Sans compter avec la musique tout aussi redondante et appuyée qui est sensée accompagner notre plongée en apnée dans ce labyrinthe assourdissant et ubuesque. Oui la musique agresse autant nos oreilles que les images embrouillent notre esprit. Les spectateurs français se laisseront-ils séduire par ce déluge de technologie qui a nécessité des sommes colossales et bénéficié d'une médiatisation incroyable - je dirai d'une propagande - et dont la mission n'est autre que de nous en jeter plein la vue. D'autant plus qu'une technologie envahissante nuit à l'émotion.

 

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  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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