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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 08:48
ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX de SYDNEY POLLACK

            

En 1932, l'Amérique ne s'est toujours pas remise du krach de 1929 et s'enfonce dans la dépression économique. Pour gagner quelques centaines de dollars, les couples se rendent en masse dans les "marathons de danse" où les candidats doivent danser six jours durant avec seulement dix minutes de pause toutes les heures. Parmi les concurrents, Gloria, une femme qui apprendra à ses dépens qu'il convient de ne se fier à personne en temps de crise. Cette femme est interprétée par Jane Fonda , dans son rôle le plus pathétique. N'ayant plus rien à perdre que la vie, elle va tenter le tout pour le tout jusqu'à la limite extrême de ses forces, car il n'y a que dans l'extrême qu'elle peut encore se supporter. Elle va former un couple occasionnel avec Robert (Michael Sarrazin), jeune homme épris de liberté qui lui aussi met sa vie en péril par défi et on verra jusqu'où iront ce défi et ce péril. Mais je me garderai bien de dévoiler le final à ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion d'assister à la projection de cet opus, aussi n'en dirai-je pas davantage sur ces héros cyniques et pitoyables. Il y a également, parmi les couples de danseurs réunis dans ce huit-clos ou mieux dans cette arène des nouveaux jeux du cirque, Sailor le marin et sa partenaire Shirley, de même qu'une jeune femme enceinte et son compagnon. Tous voudraient gagner la prime qui leur permettrait de sortir de leur condition ou de redevenir simplement des humains. Mais est-ce encore possible ? 

 

Quand il tourne "On achève bien les chevaux" en 1969 (d'après le roman de Horace McCoy), Sydney Pollack poursuit un double objectif : dépeindre la déréliction sociale de l'Amérique des années 30 et témoigner des dégâts engendrés par l'univers du spectacle, en premier lieu par Hollywood. Témoignage saisissant de ce que l'homme est capable d'envisager pour échapper à sa misère, c'est là l'une des oeuvres les plus attachantes de Sydney Pollack dont on sait qu'il mît autant de tendresse dans la direction de ses acteurs que d'humanisme dans les messages de ses films. Parabole tragique, oppressante, d'un monde sans repères, où la détresse est aussi présente chez les spectateurs que chez les participants qui n'ont plus à partager que la misère et le mal. 

 

Si certains aspects de la parabole peuvent paraître aujourd'hui un peu simplistes, le film n'en conserve pas moins sa puissance évocatrice. Sydney Pollack met en scène le ballet dérisoire de ses personnages avec une inspiration constante et offre  à Jane Fonda son plus beau rôle. La comédienne, malgré une nomination, ne fut pas récompensée par un Oscar. Cette année-là, la statuette couronnera Maggie Smith pour sa prestation dans "Les Belles Années de Miss Brodie". Mais par souci d'honnêteté, l'histoire du cinéma retiendra autant  l'une que l'autre...

 

Pour prendre connaissance de l'article que j'ai consacré à Sydney Pollack, cliquer sur le lien ci-dessous 

 

SYDNEY POLLACK

 

Et pour consulter la liste complète des films de la rubrique CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN, cliquer sur celui-ci :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

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ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX de SYDNEY POLLACK
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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 09:02
FRENZY d'ALFRED HITCHCOCK

  
A Londres, une série d'assassinats sur des jeunes femmes sordidement étranglées, après avoir été violées, jette la panique, alors qu'un pauvre bougre ( ancien pilote qui a sombré dans l'alcoolisme ) vient de perdre son boulot de serveur de bar. L'idée d'aller revoir sa femme, dont il est divorcé depuis cinq ans et qui tient une agence matrimoniale, lui sera fatale, car un nombre consternant d'indices imprévus va le signaler comme l'accusé parfait. Hitchcock nous brosse dans cet avant dernier opus de sa filmographie l'exemple même de l'erreur judiciaire avec une suite de rebondissements inattendus et de clins d'oeil à ses oeuvres précédentes. Petit détail qui ne manque pas de piquant : le sadique utilisait toujours l'une de ses cravates pour étrangler ses victimes mais, sur la dernière d'entre elles, il oubliera de retirer son épingle et, en voulant la récupérer, laissera suffisamment de traces pour être confondu. Réglé comme une machine bien huilé au service d'une mise en scène stylisée,  Frenzy  ne nous laisse pas souffler une seconde et entremêle les scènes avec juste ce qu'il faut de cynisme, d'horreur et d'humour. Nul mieux qu'Hitchcock ne savait pimenter ses films des ingrédients les plus relevés ;  je crois vraiment que dans le genre on n'a jamais fait mieux. 

 


Après un long séjour aux Etats-Unis et la mise en scène de deux films d'espionnage moins réussis  (Le rideau déchiré en 1966 et L'étau en 1969), le maître revient au début des années 70 dans son pays natal : l'Angleterre. Tandis qu'il retrouve les lieux de son enfance, ainsi que les studios qu'il a arpentés au début de sa carrière, le cinéaste semble reprendre plaisir à filmer avec ce Frenzy des personnages traversés par des ambivalences infinies et piégés par des relations ambiguës avec autrui... Si "Complot de famille"  n'est pas dénué d'intérêt, on peut considérer Frenzy comme le véritable testament cinématographique de ce génie du 7e Art. A partir d'un script efficace d'Anthony Schaffer, Hitchcock met tout son savoir-faire technique et son expérience au service de cette énième histoire de meurtre. Jetant un oeil amusé sur une société un rien guindée, le maître anglais semble s'auto-parodier avec un grand sens de la jubilation. Baignant dans un réalisme noir, Frenzy nous fait frémir à coup sûr, mais également sourire grâce à des dialogues savoureux et des situations à la lisière de l'absurde. Ainsi, le tueur à la cravate, incarné avec conviction par Barry Foster, est-il à la fois inquiétant et ridicule. Par ailleurs, le cinéaste ne se prive pas, au passage, d'égratigner la police britannique. Tel un adolescent irrévérencieux, le vieil Alfred semble gagné par une seconde jeunesse et signe un film uniquement fondé sur le plaisir qu'il a à renouer avec son passé. Grâce au brio de sa réalisation - on n'est pas prêt d'oublier son magnifique plan séquence dans l'escalier - il nous entraîne dans cette histoire, certes classique, mais constamment dynamitée par des notations originales et très british. Le cinéaste nous prouve qu'il n'avait rien perdu de l'esprit de la digne et perfide Albion. 

 

 

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Vous pouvez consulter dans la rubrique LES REALISATEURS DU 7e ART, l'article que j'ai consacré à Hitchcock :

 

ALFRED HITCHCOCK - UNE FILMOGRAPHIE DE L'ANXIETE

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN, dont les films d'Hitchcock, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 10:01

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Dans l'Angleterre du début du XIX e siècle, le récit des destinées sentimentales de trois soeurs qui vont vivre des amours contrariées dont certaines finiront bien, dans une campagne solitaire où elles demeurent avec leur mère après la mort de leur père, dont toute le fortune est revenue à son fils, né d'un précédent mariage. A la suite de ce douloureux événement et à la conduite de la belle fille, une peste qui leur rend la vie dure, mère et filles décident de partir poursuivre une existence plus digne, mais fatalement plus restreinte financièrement, dans une demeure du Devonshire. Mais l'éloignement de la ville et leur modeste train de vie font craindre à la mère que ses filles ne puissent trouver un mari digne de leur rang social. S'inspirant du roman éponyme de Jane Austen,  Emma Thompson  a bâti un scénario solide, admirablement mis en scène par  Ang Lee,  qui a ciselé un film délicat, servi par des décors et costumes raffinés. On assiste, tout au long de cet ouvrage, cousu à petits points, au duo formé par les deux soeurs aînées, Elinor interprétée par la merveilleuse Emma Thompson qui n'est jamais si belle que lorsqu'elle cherche à s'enlaidir, et Marianne, la cadette, campée par  Kate Winslet  tout aussi juste, la première privilégiant la raison, la seconde se laissant emporter par son romantisme passionné. 

 

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Adaptation si réussie du roman de Jane Austen qu'elle a collectionné les récompenses en 1996, au moment de sa sortie en salles, notamment l'Ours d'Or de Berlin, le Golden Globe du meilleur scénario et l'Oscar de la meilleure adaptation. Ces prix mettent l'accent sur le remarquable travail d'Emma Thompson qui a su adapter le roman en trouvant le bon équilibre entre texte et transposition cinématographique. On perçoit le regard ironique que la romancière posait sur ses contemporains, la vivacité et la fraîcheur des sentiments exprimés admirablement par le jeu des acteurs.  Hugh Grant  trouve dans le personnage d'Edouard, soupirant maladroit et confiné dans une position difficile, l'un de ses plus beaux rôles. D'autre part, l'élégance très classique de la mise en scène et la subtilité des situations nous assurent un grand moment de cinéma.

 

 

Pour lire l'article consacré à l'actrice Emma Thompson, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

EMMA THOMPSON

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 11:21
L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON de DAVID FINCHER

        

L'étrange histoire de Benjamin Button est à la fois une fable fantastique, un film d'amour et un chef-d'oeuvre de virtuosité technique, qui nous conte - pendant près de 3 heures - une histoire rocambolesque que l'on pourrait qualifier de " retour vers le futur". Et de quelle histoire s'agit-il plus précisément ? Celle de Benjamin Button ( Brad Pitt ), né à la Nouvelle-Orléans, le jour de l'armistice de la Première Guerre Mondiale, victime d'une étrange et pathétique anomalie, puisqu'il est venu au monde, non comme un nouveau-né, mais comme un individu dont la peau et l'organisme présentent toutes les séquelles d'un vieillard de 80 ans. Au bout de quelques mois, et à mesure qu'il grandit en taille, on s'aperçoit que sa vie au lieu de descendre le temps, le remonte, et qu'il est condamné, heureusement ou malheureusement, à rajeunir au lieu de vieillir au fil des ans. Cette singularité aura l'avantage d'allier à sa compétitivité une expérience acquise indéniable mais lui causera d'innombrables problèmes vis-à-vis de son entourage et plus spécialement auprès de Daisy ( Cate Blanchett ), la femme dont il s'est épris. Rencontrée, alors qu'elle n'était qu'une fillette, leur relation, mise à l'épreuve de la durée effective du temps, sera à l'origine de leur drame personnel, dont je ne veux pas vous dévoiler les tenants et les aboutissants, pour ne pas vous priver du plaisir de le découvrir vous-même.

 

Librement adapté d'une nouvelle de Scott Fitzgerald, l'auteur de Gatsby le Magnifique, le projet était déjà à l'oeuvre dès 1990, mais le défi narratif et surtout technologique d'un film, dont le héros vieillit à l'envers, semblait impossible à assurer, faute d'effets spéciaux convaincants. Par chance, les images de synthèse, ne cessant pas de se perfectionner, le cinéaste David Fincher, qui avait repris le projet à la suite des abandons successifs de Steven Spielberg, Ron Howard et Spike Jonze, entendait bien en assurer la gageure : faire exister un héros qui remonte le temps au lieu de le descendre.

" Ce fut un travail de longue haleine - avouait-il à un journaliste - il doit y avoir près de 350 plans truqués dans le film et je peux vous dire que la création d'un personnage comme Benjamin Button n'a pas été une partie de plaisir ". On veut bien le croire.


 

Après un test au résultat aussi impressionnant que coûteux, le feu vert fut enfin accordé par les producteurs. Si Brad Pitt interprète le rôle de Benjamin Button pendant les deux dernières heures de la projection, durant les cinquante premières minutes, lorsque le personnage est sensé avoir entre 80 et 65 ans, le corps de celui-ci est une doublure de petite taille et la tête une création de synthèse, à partir du visage vieilli de l'acteur. Le même procédé fut utilisé pour donner vie à Gollum  dans "Le seigneur des anneaux" et à King Kong, mais perfectionné de façon à obtenir un rendu plus subtil.

" Cela peut paraître intimidant et désincarné sur un plateau - soulignait le metteur en scène - mais cela recrée une certaine intimité avec les acteurs, qui se sentent moins exposés et peuvent mieux intérioriser leurs émotions, sans composer avec les costumes, les décors et la présence d'une équipe de tournage importante ".  

 

Il faut également souligner qu'il est quasi impossible de détecter l'utilisation massive d'images de synthèse, qui ont gâché pas mal de films auparavant, mais qui,  utilisées avec doigté par un Fincher passé maître, à la suite de son opus précédent "Zodiac" des effets spéciaux invisibles, parvient à rendre indiscernable la frontière entre film en prises de vue réelles et cinéma d'animation digitale. Cette maturité obtenue, après des réalisations moins convaincantes, comme "Fight club" et "Panic", permet à David Fincher de signer là son film le plus accompli, ne serait-ce que pour les raisons suivantes : la prouesse technologique ne ternit pas l'inspiration ou la beauté picturale des images, pas davantage qu'elle n'affaiblit l'émotion. Quant à Cate Blanchett, elle irradie d'aisance et de beauté, alors que Brad Pitt me semble moins à l'aise que d'habitude, un rien absent. Néanmoins, ils forment tous deux un couple très glamour, à la recherche d'un temps commun, ce qui est pour le moins l'originalité et l'audace de ce film. Avec cette fresque passionnante et cet exploit filmique qui, sans nul doute, feront date, David Fincher fait une entrée remarquée dans le clan des grands conteurs, de la lignée des Spielberg et des Cameron.



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L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON de DAVID FINCHER
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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 10:12
THE AFRICAN QUEEN de JOHN HUSTON

         

L'Afrique en 1915. Charles Allmut, un américain, transporte sur son bateau (davantage radeau que bateau d'ailleurs) toutes sortes de marchandises qu'il distribue dans les villages congolais. Il profite de son passage dans l'un d'entre eux pour prévenir le révérend Sawyer et sa soeur Rose, tous deux sujets britanniques, de l'approche des troupes allemandes. Mais trop tard, car le Révérend va trouver la mort lors de l'irruption des allemands dans leur village. Revenant sur les lieux le lendemain, le marinier embarque sur son rafiot Rose afin de la mettre en sécurité en la déposant dans un territoire neutre. Contrairement à ce qu'il suppose d'elle, celle-ci ne l'entend pas de cette oreille et va l'obliger  à braver les rapides pour rejoindre les troupes anglaises et couler le navire de guerre allemand qui contrôle le lac voisin.

 

The African Queen réalisé en 1951 par John Huston est un chef-d'oeuvre et conserve, malgré les années,  un charme inaltérable qui fait et fera encore et longtemps le régal des cinéphiles. Tourné en extérieur durant 8 semaines, il nous fait découvrir des paysages exceptionnels. John Huston tenait à un film en couleurs, ce qui n'était pas sans augmenter les difficultés, et à un tournage en Afrique par souci de réalisme et le réalisme est au rendez-vous, ce qui donne à ce long métrage une véracité et une authenticité captivantes.
 


« En studio, vous truquez les choses, mais en Afrique, au contraire, vous n'avez pas besoin d'imaginer qu'il fait chaud. (...) Il fait si chaud que les vêtements collent à la peau. Et lorsque les gens transpirent, ce n'est pas à l'aide d'un maquilleur. L'Afrique était le seul endroit pour obtenir ce que je cherchais ». - disait-il à juste titre.

 

Au-delà d'un scénario fort bien troussé par James Agee d'après le roman de  C.S Forester, l'intérêt principal de cet opus n'en réside pas moins dans ce huis clos d'aventures où s'affrontent deux comédiens hors pair : Katharine Hepburn dans le rôle de Rose et Humphrey Bogart dans celui de Charles Allmut ; l'une en vieille fille pieuse qui, au fil de cette odyssée africaine, va se muer en mauvais garçon qui ne demande qu'à être attendri, et l'autre en ivrogne solitaire et mal embouché qui découvre peu à peu l'amour. Ils forment un duo magistral comme on en a rarement vu. Bogart est étonnant dans ce rôle à contre-emploi qui lui valut le seul Oscar de sa carrière et Hepburn irrésistible de ténacité et de naturel. De tourbillons périlleux en marécages infestés de crocodiles, le périple fera de ces êtres dissemblables d'inséparables complices.
Le tournage fut cependant épique. Tous les membres de l'équipe souffrirent de dysenterie. Sauf Bogart et Huston qui ne buvaient que du whisky.

 

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THE AFRICAN QUEEN de JOHN HUSTON
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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 09:02
DOUZE HOMMES EN COLERE de SIDNEY LUMET

"Douze hommes en colère"  (1957), premier long métrage et coup d'essai de  Sidney Lumet,  produit par Henry Fonda très attaché à ce projet, se révélera être un coup de maître, une adaptation réussie d'une pièce de théâtre écrite par Réginald Rose (qui participera bien entendu à l'élaboration du scénario), couronné par l'Ours d'Or du Festival de Berlin la même année. Dans la chambre de délibération d'un tribunal New-yorkais, par une journée de grosse chaleur qui rend l'atmosphère écrasante, 12 hommes, 12 jurés sont chargés de statuer sur le sort d'un jeune  hispano-américain de 18 ans, accusé d'avoir tué son père d'un coup de couteau en plein coeur. Pour 11 d'entre eux, la culpabilité de l'adolescent est incontestable et ils votent " coupable" au premier tour de table, alors que pour le douzième, le numéro 8, un architecte admirablement campé par Henry Fonda confondant de dignité et de détermination, trop de points restent obscurs et laissent planer un doute, aussi se refuse-t-il à voter " coupable" avant qu'une délibération approfondie n'ait eu lieu. La force et l'originalité de ce film résident dans l'optique choisie de faire du spectateur le juge de ces 12 jurés, dont le comportement va nous éclairer sur les facettes multiples et les infinies complexités de la nature humaine. Nous sommes là en présence de gens ordinaires, de milieux divers, mais sans relief particulier, à l'exception de cet architecte qui est le seul conscient de sa responsabilité morale. Au moment d'envoyer un gamin à la chaise électrique, il semble que les autres ne mesurent pas la gravité terrible de leur verdict, occupés qu'ils sont par leurs soucis personnels, leurs engagements sportifs, leurs désirs immédiats. Nous découvrons alors, à travers leurs échanges, leurs lâchetés, leurs faiblesses, leur inconséquence, leurs aveuglements, leur irréflexion, leurs légèreté, leurs étourderies. Et c'est accablant. Chaque juré est en effet représentatif d'un type de comportement, en même temps qu'il est la victime de ses préjugés. Tous sont probablement des gens honnêtes mais aveuglés par leurs préoccupations, leurs routines de pensée et d'action. La remise en cause de leurs certitudes va les ébranler à tour de rôle et la confrontation osciller entre banalité, amusement, ironie, voire même colère, en quelque sorte balancer entre abattement et délivrance.

 

Le juré n° 8, l'architecte, va user des arguments dont il dispose avec conviction et lucidité, car l'accusation ne repose, en définitive, que sur deux témoignages sujets à être remis en question pour diverses raisons. Pour l'un d'eux, un homme âgé et handicapé, ce sera le facteur temps, pour une femme qui aurait assisté au meurtre à travers les vitres de plusieurs wagons de métro en marche, le facteur vue. Enfin l'arme du crime, soi-disant pièce unique, a pu être acheté dans un bazar par ce juré qui la brandit devant les autres, subitement confondus.  Si bien, qu'à chaque tour de table, la balance penche de plus en plus vers l'acquittement, cet avocat bénévole et soucieux d'exercer son mandat avec une scrupuleuse loyauté et un véritable sens de l'équité, gagnant à sa cause les autres jurés les uns après les autres. En libérant l'accusé, on sent qu'ils se libèrent eux-mêmes de leur propre emprisonnement. A l'évidence, l'intérêt principal du film est la réflexion qu'il instaure sur la crédibilité des faits supposés et la remise en cause de la bonne foi de chacun et, s'il n'y a pas à proprement parler d'innovations cinématographiques, ce huit-clos en noir et blanc n'en dégage pas moins une force indiscutable. A ce propos, le réalisateur a expliqué de façon claire son parti-pris de mise en scène :

" J'ai tourné le premier tiers du film au-dessus du niveau des yeux, le deuxième tiers à la hauteur des yeux, et le derniers en-dessous du niveau des yeux. Ainsi vers la fin du film, on commençait à voir le plafond. Les murs se rapprochaient et le plafond semblait s'abaisser. Cette sensation d'une claustrophobie grandissante m'a permis de maintenir la tension jusqu'à la fin où j'ai utilisé un angle large pour laisser le spectateur respirer ".

 

Enfin le choix des acteurs a été particulièrement judicieux ; tous nous étonnent par leur capacité d'expression, de naturel, de spontanéité. J'ai déjà parlé de la remarquable prestation d'Henry Fonda, magnifique dans ce rôle de commandeur, si juste, si convaincant et honnête, mais chacun mériterait d'être cité : Martin Balsam (juré n°1) l'entraîneur de base-ball universitaire, John Fiedler (juré n° 2) l'employé modeste, Jack Warden (juré n° 7) le commercial fan de base-ball, etc. Bien sûr ce long métrage n'échappe pas à quelques facilités, mais elles sont rares, et l'ensemble de la construction, la pertinence des dialogues concourent à parachever ce petit chef-d'oeuvre d'intelligence, concentré analytique de la nature humaine. A voir et à revoir pour en apprécier les finesses et le réalisme psychologique.

 

Vous pouvez prendre connaissance de mon article sur Henry Fonda en cliquant  sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES ARTICLES - acteurs du 7e Art

 

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DOUZE HOMMES EN COLERE de SIDNEY LUMET
DOUZE HOMMES EN COLERE de SIDNEY LUMET
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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 09:02
JULIE&JULIA de NORA EPHRON

  
Un peu long ce repas, concocté par Nora Ephron, qui est sensé nous mettre l'eau à la bouche et exciter nos papilles et y parvient si peu. Malgré la présence d'une  Meryl Streep, qui ne cessera de nous surprendre et de nous séduire dans un rôle tellement inattendu d'une Jean-Pierre Coffe en jupon, le film traîne en longueur sans atteindre son but qui était, je le suppose, de nous rendre la vie plus gourmande. Il est vrai que le scénario est mince et inutilement alambiqué, soit l'histoire de Julia Child qui, en son temps, changea la façon de cuisiner de l'Amérique, devenant par la même occasion une véritable institution nationale, en important, non sans flair, les saveurs de la cuisine française. Ayant accompagné son mari diplomate à Paris, Julia prit goût à cette gastronomie mijotée avec amour par les grands chefs autant que par les simples cordons bleus et se prit de passion pour les recettes françaises qu'elle décida de faire connaître Outre-Atlantique en rédigeant quelques 524 fiches à l'usage de ses compatriotes. Cinquante ans plus tard, alors qu'elle traverse une période difficile, Julie Powell se lance à son tour un défi : elle se donne un an pour cuisiner les 524 recettes de Julia et crée un blog pour relater cette expérience.

 


Avouons-le, le livret, à défaut de faire saliver, ne fait même pas palpiter et, malgré l'immense talent de Meryl Streep, qui tente de donner un peu de densité, de chaleur, d'attrait à son personnage, la mitonnade reste insipide. Néanmoins, on ne peut s'empêcher de sourire devant sa communicative joie de vivre et l'entrain qu'elle déploie en oeuvrant devant ses fourneaux. Oui, le film ne vaut que par elle et pour elle et mon attention ne s'est focalisée que sur la merveilleuse actrice et non sur la réalisatrice qui n'a pas vraiment su nous mijoter le film espéré avec cet ingrédient de choix. 

 

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Et pour lire l'article sur Meryl Streep, cliquer sur celui-ci :

 

MERYL STREEP - PORTRAIT

 

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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 08:50
SEPT ANS DE REFLEXION de BILLY WILDER

 

Par un été caniculaire, Richard, éditeur de profession, après avoir conduit sa femme et son fils à la gare pour les habituelles grandes vacances, se retrouve seul chez lui comme des milliers de pères de famille à cette époque de l'année. Il s'est juré de vivre sainement, de ne pas fauter, de veiller à sa santé et à son régime, de faire en sorte de suivre à la lettre le credo d'un honnête citoyen américain. Ses fantasmes - car il en a comme tout un chacun - il les enfouit au plus profond de son inconscient et, plutôt que de s'offrir le soir un whisky arrosé de citron frais, prend dans le frigidaire ce que sa femme s'est souciée de mettre de côté à son intention, des jus de légumes enrichis de vitamines chimiques et additionnés de conservateurs. Mais ce serait oublier l'irruption d'une nouvelle voisine qui, par maladresse, laissera tomber sur sa chaise-longue un pot de tomates biologique. Si l'argument est mince, la comédie qu'il inspire est charmante et nous devons rendre grâce à Billy Wilder d'avoir su déceler les dons comiques de Marilyn Monroe qui se révèle être, dans cette comédie taillée à ses mesures, absolument irrésistible. Il est d'ailleurs l'unique réalisateur avec lequel elle aura tourné à deux reprises, soit quatre ans plus tard, une autre comédie tout aussi charmante  Certains l'aiment chaud. Même si quelques scènes ont nécessité plusieurs prises, si l'actrice exaspéra Wilder - comme tous les autres metteurs en scène avec lesquels elle a travaillé - pour ses perpétuels retards, si psychologiquement elle était déstabilisée par sa séparation d'avec Joe di Maggio, la complicité de la star et du réalisateur explose dans ce film qui tourne en dérision la rigidité des moeurs américaines.

 


Les scènes s'enchaînent de façon naturelle, sur le ton d'une plaisante  parodie qui touche aux moeurs et aux manies des américains moyens, sans compter les clins d'oeil ironiques aux films cultes comme Tant qu'il y aura des hommes et sa torride séquence du baiser sur la plage ou bien les gags hilarants où Marilyn range très sérieusement ses sous-vêtements dans la glacière afin de les rafraîchir et où Richard, caricaturant les tics du pianiste, joue le concerto de Rachmaninov avec deux doigts ; enfin, autres réussite, les dialogues qui font mouche, truffés de sous-entendus, et, au final, cerise sur la gâteau, la mythique scène de la bouche de métro qui a le mérite de nous dévoiler des gambettes de rêve. Mais derrière autant d'ironie et de légèreté se cache une critique radicale du puritanisme américain. Pas de doute, Wilder, dont c'est un des meilleurs films, s'y entendait pour démonter les mécanismes hypocrites de son pays d'adoption. Parfaitement à l'aise dans son rôle, Marilyn nous charme par le cocktail explosif qu'elle offre entre mutinerie de gamine et plastique époustouflante, ce qui lui permet d'en rajouter sans que cela ne soit jamais ni vulgaire, ni pesant, tandis que le personnage, campé par  Tom Ewell, symbolise de manière burlesque les obsessions sexuelles et les frustrations du mâle américain. Ainsi Wilder se moque-t-il d'une Amérique qui découvrait la sexualité dans les pages du rapport Kinsey.


Pour consulter les articles consacrés à Marilyn Monroe et à Billy Wilder, cliquer sur leurs titres :

 

MARILYN MONROE - UNE ETOILE PERSISTANTE

 

BILLY WILDER, LE FAUX CYNIQUE

 

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SEPT ANS DE REFLEXION de BILLY WILDER
SEPT ANS DE REFLEXION de BILLY WILDER
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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 09:39

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Le père Michael McKinnon quitte l'Angleterre pour venir prêcher dans une paroisse huppée de Boston. Parmi les fidèles les plus généreux figurent Arthur et Eleanor Barret qui se désolent de ne pas avoir d'enfant. Par l'entremise de leur avocat, ils décident d'avoir recours aux services d'un étudiant en droit qui, en secret, sera chargé de faire un bébé à la jeune femme. Mais après avoir honoré son contrat, l'étudiant, tombé amoureux de sa séduisante partenaire, force la porte du couple, laissant entendre que si on lui refuse de voir la future mère et, par la suite, son enfant, il se chargera de tout révéler et de faire éclater le scandale. Face à de telles menaces, le mari va en formuler à son tour, assurant l'intrus qu'il serait prêt à le tuer s'il tentait de forcer à nouveau le seuil de sa demeure. Or, à quelque temps de là, le jeune homme est retrouvé mort. Ce meurtre va tout faire basculer. Eleanor perdra son bébé et soupçonnera son mari de s'être lâchement débarrassé de l'encombrant personnage. Psychiquement perturbée, elle va trouver auprès du père Michael le réconfort qu'elle cherche et cette amitié, au fur et à mesure de leurs rencontres, évoluera vers un sentiment plus fort, si bien qu'ils deviendront amants et qu'Eleanor sera de nouveau enceinte. L'époux ferme les yeux et se réjouit à l'idée d'être enfin père. D'autant plus que cet enfant est de son sang, le père Michael n'étant autre que le fils de son frère détesté. La fin sera tragique, sauf peut-être pour le prêtre, qui, après avoir succombé à la tentation, trouvera son salut dans sa foi, tandis que le mari élèvera les jumeaux, fruits des amours de sa femme et de son neveu.

 

Voilà un scénario alambiqué à souhait dont l'idée de départ était intéressante et moderne, mais qui vire au mélo, faute de cohésion et surtout d'arguments suffisamment probants pour susciter notre adhésion.On ne saisit pas vraiment les motivations du mari à vouloir à tout prix que sa femme ait un enfant d'un autre et pourquoi il prend le risque de l'exposer au désir d'un jeune amant. On ne comprend pas non plus les motifs d'Eleanor, qui nous apparaît sous les traits d'une femme rêveuse et solitaire, soucieuse de son indépendance, romancière à ses heures, même si elle n'est publiée que grâce aux relations et à la fortune considérable de son époux, à accepter cette solution qu'elle ne semble pas souhaiter réellement. Et moins encore ceux du père Michael qui, certes, s'est fait prêtre pour échapper à la tutelle d'un Pater familias richissime et despotique mais qui, par la suite, trouve sa voie au service des plus pauvres - si bien que malgré une mise en scène soignée, l'interprétation irréprochable des trois principaux acteurs, Madeleine Stowe, William Hurt et Kenneth Branagh et des images fort belles, nous ne parvenons pas à suivre les personnages dans les aléas de leur vie sentimentale. Pas davantage que nous nous laissons convaincre de l'enjeu de ces trois destins. 

 

Si la  forme est  plaisante, le fond reste inconsistant et peu crédible. Dommage, car "La proposition"  ( 1998 ) fourmille de bonnes idées, les prémices du féminisme, le problème de l'insémination dans les années 30, les amours interdites, les conflits de famille, mais a le tort de courir plusieurs lièvres à la fois et de tout mélanger. Il aurait été préférable de s'en tenir à un seul thème et de le traiter en profondeur, plutôt que de s'égarer ainsi et, de rebondissements en rebondissements, à ne plus rebondir du tout. A l'évidence, ce scénario trop riche ne reposait pas sur une structure suffisamment forte pour dominer son sujet.

Lesli Linka Glatter  est, par ailleurs, l'auteur et la réalisatrice de nombreuses séries télévisées et d'un précédent long métrage "Souvenir d'un été "  ( 1995 ).


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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 08:52
LES SEPT MERCENAIRES de JOHN STURGES

       

Une bande de hors-la-loi, emmenée par Calvera, un homme brutal et cynique, sème la terreur en rançonnant périodiquement les habitants d'un village mexicain et en dévastant leurs cultures. Ces derniers, ne sachant plus à quel saint se vouer, finissent par envisager la solution de la dernière chance, engager une troupe de mercenaires pour les libérer enfin de ce fléau. Le chef, Chris, un as de la gâchette, va organiser leur défense. Dans un tourbillon de poussière et de coups de feu,  John Sturges revisite le chef-d'oeuvre d'Akira Kurosawa " Les sept samouraïs " et l'adapte aux circonstances relatives à la vie américaine, si bien que de l'intrigue originale ne reste que l'ossature, soit une lutte inégale et désespérée où des mercenaires mettent leur courage au service d'une cause qui n'est pas la leur.


Les règles du western n'en sont pas moins respectées, alternant les plans relatifs à la calme tranquillité du labeur paysan et aux soudaines et brusques explosions de violence. Beauté des paysages, détails de la vie quotidienne, bravoure des combattants, faciès de ces héros qui composent chacun, selon son style, un casting exceptionnel et photogénique ; oui, rien n'est laissé au hasard pour concocter une recette savoureuse qui, malgré son succès en salles, ne sera gratifiée d'aucun Oscar. Reste que  Les sept Mercenaires est considéré de nos jours comme un film culte que l'on revoie toujours avec un égal plaisir. D'autant que la musique d'Elmer Bernstein contribue à l'imprimer dans la mémoire et à lui donner une ampleur supplémentaire.

 

Impassibles, taciturnes, tout en ayant chacun une personnalités différente, ces sept mercenaires tirent le film vers une sorte d'épure du western qui, quant à lui, opte pour l'unité de lieu et ne retient sur la pellicule que les temps forts de l'action. Le récit est donc rapide, très circonscrit, et bénéficie des paysages magnifiques de la sierra mexicaine, en même temps que d'une interprétation  exceptionnelle. Au prix d'une rivalité qui fut grande sur le plateau, chacun des acteurs tire son épingle du jeu et il est vrai que de voir défiler Yul Brynner en ange exterminateur, Steve McQueeen et son désarmant sourire de beau gosse en intrépide justicier, James Coburn redoutable et impavide manieur d'armes en solitaire taciturne, Charles Bronson en généreux défenseur des causes perdues, Horst  Buchholz en chien fou, Brad Dexter en arriviste est un régal pour le public. On peut même dire que nous avons, en prime du scénario, un défilé de "gueules" impressionnant.



Mais pour autant, le film est-il à la hauteur de l'oeuvre qui l'a inspiré, soit Les sept samouraïs ?  Je n'irai pas jusque là, même si le film américain a des qualités bien à lui, c'est-à-dire des figures de personnages peut-être mieux travaillées, telle que celle de Calvera, affermie par la composition d'Eli Wallach.

" Je pense - disait Walter Newman, co-scénariste avec William Roberts - que le film de John Sturges est mieux distribué que celui de Kurosawa. Dans le film de Kurosawa, on ne se souvient que de Mifune, du chef des samouraïs et du spécialiste du sabre. Les quarante bandits forment un ensemble anonyme. Nous avons au contraire typé chacun des sept mercenaires - leur donnant un passé - et créant le rôle du chef des bandits, en étant persuadés qu'un bandit soigneusement défini est beaucoup plus convaincant que quarante ou même cent personnages sans visages".



Walter Newman a sans doute raison sur ce point, mais l'ensemble de l'oeuvre n'a pas la finesse de l'originale japonaise, loin de là, tout en étant un ouvrage de qualité, très plaisant à regarder. Mais il y a des faiblesses : les scènes sentimentales, particulièrement celle entre Chico et Petra est presque ridicule, de même que les enfants en plein combat venant entourer Charles Bronson pour lui avouer leur reconnaissance est totalement irréaliste. Au final néanmoins, comme dans le film de Kurosawa, les véritables vainqueurs seront les villageois. Le vieux chef du village a raison de dire que les fermiers ont gagné puisqu'ils demeurent sur leurs terres, traversent les temps, chaque génération succédant à la précédente, silhouettes immémoriales penchées sur le soc de la charrue. Quant aux mercenaires, errants éternels, ils n'auront été là qu'occasionnellement, comme ils seront ailleurs demain, sans port, ni attache, seulement engagés pour un coup de sabre ou de revolver.

 


N'oublions pas non plus que ce long métrage se situe à la charnière entre le western de la grande époque et le western spaghetti et met déjà sur la table les ingrédients que des Leone et Solima sauront cuisiner avec gourmandise et humour. D'où cet élan de vitalité qui imprime l'oeuvre de Sturges, faisant revenir à la surface de la pellicule les fantômes du temps passé comme pour leur offrir une dernière farandole, sans omettre d'entrebâiller quelques fenêtres sur le futur et de recomposer en un seul cliché toute la mythologie du western.

 

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LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
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