Dans un petit village d’Angleterre, sous le règne de George III, Mrs Bennet veut marier ses filles afin de leur assurer un avenir serein. L’arrivée de nouveaux voisins, Mr Bingley et son ami Mr Darcy, plonge Jane et Elisabeth dans des affres de cœur tumultueuses. Cette dernière découvre l’amour en rencontrant le bel et aristocratique Darcy. Pourtant, tous deux devront passer outre leur orgueil et les mauvaises interprétations qui s’ensuivent avant de tomber dans les bras l’un de l’autre, à la grande surprise des Bennet. Qui aurait parié que cette histoire vieille de plus de deux siècles, écrite par une toute jeune fille, Jane Austen, au fond de sa campagne anglaise, puisse traverser les âges et devenir un modèle de peinture sociale, une histoire d’amour indémodable, un miroir de nos passions ? Joe Wright, en adaptant ce roman au grand écran, a su braver les a priori et affronter un public très divers avec une romance destinée à l’origine à un lectorat féminin.
Les premières images suffisent à balayer les réticences et à entraîner le spectateur, pendant plus de deux heures, dans le courant d’une histoire qui ne cesse de nous rendre les complices des rebondissements du cœur des deux protagonistes. Des images au bord de la perfection, des comédiens dont le jeu nuancé nous révèle leurs tourments, leurs doutes, leurs inquiétudes, leurs émotions au long d’un récit qui casse les codes habituels, voilà de quoi retenir sur son siège le spectateur le plus hésitant. La caméra sait interroger les regards, baigner dans de savants clairs-obscurs les scènes d’intimité familiale, nous promener dans les paysages bucoliques de la belle campagne anglaise, nous mêler à l’effervescence des cinq sœurs, enfin nous convier à être les témoins de la difficulté d’être femme à une époque où elles étaient contraintes, pour ne point connaître la misère, de faire un mariage de raison.
Joe Wright a su rendre la finesse et la complexité du roman dans une réalisation délicate, s’appuyant sur son sens de l’image qui utilise le moindre détail, le moindre changement de plan, les situations les plus complexes afin de captiver le spectateur. En signant cette seconde adaptation du roman de Jane Austen, il nous offre une fresque somptueuse où l’esthétique n’étouffe jamais le sentiment, restituant à l’œuvre sa densité, sa fraîcheur, sa richesse psychologique et assurant ainsi la victoire de cet amour transgressif.
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