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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 07:58
MY OLD LADY d'ISRAËL HOROVITZ

Mathias, la cinquantaine, un new-yorkais divorcé et sans ressources, débarque à Paris pour vendre la maison qu’il a héritée de son père. Il découvre alors que ce magnifique hôtel particulier du Marais est habité par une vieille dame de 92 ans, Mathilde et par sa fille Chloé. Un hôtel particulier que Mathilde avait cédé autrefois en viager à son père, coutume typiquement française que ne comprend évidemment pas cet Américain pragmatique, qui, non seulement se retrouve dans l’obligation de devoir payer une rente mais dans l’impossibilité de vendre son bien. L’argument de cette pièce du dramaturge Israël Horovitz est excellent mais le traduire ensuite, et pour son premier coup d’essai derrière une caméra, en film, est une autre affaire. Le résultat est un opus bavard et passablement ennuyeux que trois excellents comédiens ne parviennent pas à rendre vraiment ni attractif, ni émouvant.

 

Le Paris décrit est celui d’un touriste lambda sans grande imagination et surtout le scénario manque de rebondissements et se déroule selon une construction trop linéaire qui aurait mérité quelques  flash-backs pour y gagner un sursaut d’animation. Là, il s’agit simplement d’une pièce filmée, d’un quasi huis clos où chacun des protagonistes dévoile ses douleurs secrètes, ses ratages, son mal de vivre et ses désillusions. Et cela est long, assez terne dans le narratif. On y voit, pour nous convaincre de sa douleur, un Kevin Kline monologuant une bouteille de vin rouge à la main pendant d'interminables tirades qui sont trop banales pour susciter une véritable adhésion. Cependant, les trois acteurs ne manquent pas de talent et sauvent le film du désastre grâce à la finesse de leurs expressions, à une sorte de dévoilement qui parfois se teinte d’une lichette d’ironie. Il y a Kristin Scott Thomas, coincée entre une enfance triste et une maturité bancale, sans éclat et sans passion, une Maggie Smith comme toujours merveilleuse de présence et d’expressivité, surtout lorsqu'elle laisse deviner qu'elle est en train de dire le contraire de ce qu'elle pense - et qui, nous lisant le code pénal, parviendrait encore à nous faire sourire et à nous séduire, et Kevin Kline, dans le rôle de Mathias, qui se débat dans une suite de situations où il prend simplement la mesure de lui-même et de ses échecs, résultat d’une enfance désastreuse où il a vu sa mère, délaissée par un mari volage, faire plusieurs tentatives de suicide jusqu’à ce que la dernière l’emporte définitivement ad patres. Mais ces longs monologues, bien que non dénués d’intérêt tant ils expriment la douleur des enfants face aux  inconséquences de leurs parents, à leur inconscience et à leur égoïsme, méritaient d’être illustrés par des images, n’est-ce pas la vocation du cinéma d’imager un propos, et c’est bien pourquoi le bât blesse : Horovitz filme sa pièce sans l’adapter aux exigences du 7e Art.

 

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MY OLD LADY d'ISRAËL HOROVITZ
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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 08:34
LOIN DE LA FOULE DECHAINEE de THOMAS VINTERBERG

Dans une Angleterre rurale et victorienne vit Bathsheba Everdene (Carey Mulligan), une orpheline sans le sou, mais non sans éducation, ni beauté. Décidée à préserver sa liberté, elle méprise les jeunes femmes éblouies par la première moustache conquérante. Un héritage fait d’elle la propriétaire d’une ferme qui assure son indépendance et qu’elle dirige avec autorité. Trois soupirants gravitent cependant autour d’elle: le fidèle Gabriel Oak (Matthias Schoenaerts), berger de son état qui deviendra son régisseur et a renoncé à toute prétention sur elle, le pathétique M. Boldwood ( Michael Sheen ), un riche fermier voisin, et le séduisant Sergent Frank Troy (Tom Sturridge). Libre de toute obligation, Bathsheba va mener sa propre éducation sentimentale, semée d’innombrables coups du sort, et perdre parfois force et clairvoyance.

 

Cette adaptation du roman de Thomas Hardy, à laquelle certains critiques ont reproché son académisme, offre, selon moi, un romanesque à l’ancienne plein de charme, délicieusement classique, certes, mais superbement filmé dans les décors naturels des paysages britanniques. Michael Sheen est parfait dans son rôle de soupirant douloureux dont les événements vont contrarier les aspirations, tandis que Tom Sturridge interprète le parfait séducteur, sûr de lui et hypocrite à souhait. Voilà un film délicat et attrayant qui renoue avec la tradition des films d’époque et les suites de tableaux d’amours malheureux et d’impératifs de vie qui mettent en danger les sentiments les plus authentiques. On voit aussi combien les conditions sociales peuvent laisser une forte  empreinte au plus profond des cœurs. En effet, rien ne se résoudra comme on le souhaiterait, tant la société et ses impératifs conditionnent trop souvent la vie amoureuse. Cet opus a pour autre mérite de composer un beau portrait de femme, femme de caractère parfaitement campée par Carey Mulligan qui lui prête sa grâce, sa fragilité et sa détermination, confirmant le jeu à fleur de peau d’une comédienne de tout premier plan.

 

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LOIN DE LA FOULE DECHAINEE de THOMAS VINTERBERG
LOIN DE LA FOULE DECHAINEE de THOMAS VINTERBERG
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16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 09:31
TAXI TEHERAN de JAFAR PANAHI

Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran mais endeuillées par ces femmes en noir et voilées que l’on croise à chaque instant. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur nous offre un témoignage de l’état de la société iranienne d’aujourd’hui, saisie sur le vif et dans un contexte lucide et sans détours. Depuis qu’il lui a été interdit d’exercer son métier de cinéaste en 2010 et ce, après un emprisonnement lié à sa participation à une manifestation contre la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad, Jafar Panahi n’a cessé de réaliser des films. Dont deux tournés dans son appartement : « Ceci n’est pas un film » (2011) et « Closed Curtain » (Ours d’argent à Berlin en 2013). Empêché de sortir d’Iran pendant vingt ans, il n’a pu répondre à l’invitation d’être juré au Festival de Cannes. 
 


« Taxi Téhéran », (Ours d’argent en 2015), c’est d’abord un vieux véhicule et une caméra cachée qui déambulent, dès les premières heures du jour, dans un Téhéran grouillant de vie. Premier arrêt : un homme monte près du chauffeur et raconte une anecdote évoquant un vol de roues de voiture et appelant à en pendre les auteurs. La femme, qui est déjà assise à l’arrière, intervient pour exprimer son désaccord. L’homme loue alors les lois de la charia, la femme lui rétorque que la seule conséquence de son application est de placer l’Iran au second rang, après la Chine, des pays qui ont le plus recours à la peine capitale. L’homme, exaspéré par les idées progressistes de cette enseignante, sort du taxi en clamant qu’il est un voleur à la tire… Monte alors une femme éplorée, qui accompagne son mari blessé à l’hôpital, mais semble surtout préoccupée qu’il lui laisse un testament qui la mette à l’abri du besoin et de l’âpreté de ses beaux-frères, ce qu’il accepte de faire sur le portable du chauffeur. Ce sera ensuite un homme qui vend des DVD et CD car, en Iran, tout ce qui a trait à la culture, sensée émanciper la population, se joue sous le manteau, bien entendu. Mais le moment le plus intéressant est celui où le taximan va chercher sa nièce à l’école. Cette petite fille, pleine de verve, nous délivre une vraie leçon de cinéma selon les codes transmis par son institutrice, car elle est chargée, par cette dernière, de faire un court métrage transmissible, c’est-à-dire en mesure d’éduquer les Iraniens selon les exigences du Coran, ce qui oblige la fillette à proposer un travail en phase avec les consignes officielles.



Embarquent enfin un ancien voisin du réalisateur qui lui avoue avoir été victime d’une agression, et une amie avocate, Nasrin Sotoumek, qui sort de trois années d’emprisonnement pour avoir défendu une jeune femme, elle-même sous les verrous, à la suite d'un match de volley-ball masculin auquel elle avait assisté. Depuis, Nasrin Sotoumek s’est vu signifier l’interdiction d’exercer son métier et de sortir du pays pendant vingt ans. Ainsi, le cinéaste nous propose-t-il un échantillonnage éloquent des interdits qui s’appliquent dans un pays placé sous le joug tout puissant des mollahs. De ces péripéties diverses, nous retiendrons le voyage, à défaut de la destination, tant celle-ci reste du domaine du rêve et de l’utopie, dans le quotidien du peuple iranien. Un voyage réalisé avec une simple caméra orientable, une voiture pour décor unique, quelques personnages qui discutent, un film réalisé avec rien d’autre que des témoignages, des instants d’existence plus bancals et cocasses les uns que les autres. Une prouesse dont le principal mérite est d’avoir, à travers ces rencontres, ces arrêts, ces courses, dressé un portrait à la fois drôle, tendre, terrifiant et lucide de la société iranienne. Et ceci, avec beaucoup de sensibilité et de compassion, sans omettre une pincée d’humour. Passager de sa propre aventure, Jafar Panahi nous délivre un manifeste aussi bien politique que cinématographique. C’est assurément un hymne à la liberté que de filmer en bravant les interdits dans une société qui n’est faite que de cela. On sort de la projection de « Taxi Téhéran »  comme si nous venions d’être les témoins d’un moment de vie dans une capitale cadenassée.

 

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TAXI TEHERAN de JAFAR PANAHI
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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 09:41
UNE BELLE FIN DE UBERTO PASOLINI

John May est un homme solitaire, un brin maniaque, qui accomplit son travail consciencieusement. Trop d'ailleurs, d'après son patron qui le juge lent. Licencié pour raison économique, John May doit néanmoins remplir sa dernière mission : trouver des personnes qui assisteront à l'enterrement d'un certain William Stoke. En regardant dans ses affaires, John May a découvert un album de photos qui laisse supposer qu’il aurait eu une famille et une enfant. Car c'est cela son travail, et en quelque sorte sa vocation, faire en sorte que le défunt ne parte pas seul, qu’il ait auprès de lui, à ses obsèques, un parent, un ami, un voisin. Au cours de son enquête, il croise la douce Mary, la fille de William Stoke ( charmante Joanne Froggatt ) qu’il a, après bien des fausses pistes, fini par retrouver. Alors se pose à lui l’ultime question : quelle est la place qu’il occupe sur cette terre.

 

Avec son pull gris, sa cravate impeccablement nouée, son costume triste, John May a tout du rond-de-cuir, version britannique, effacé et méticuleux. Un employé entièrement dévoué à sa mission : accompagner les défunts sans famille connue jusqu'à leur dernière demeure — quitte à écrire lui-même l'éloge funèbre — et tenter de retrouver leurs proches. Sa vie bascule quand il apprend que son poste est supprimé après vingt-deux ans de bons et loyaux services. Il lui reste une dernière tâche : se mettre en quête des descendants de Billy Stoke, un ancien soldat de la guerre des Malouines, mort dans la solitude juste en face de chez lui, alcoolique et violent de surcroît. Sur ce mince scénario d’une indéniable originalité et d’une tendre humanité, Uberto Pasolini a composé un film linéaire sans surprise mais non sans émotion, une sorte de cantate modeste et attachante sur ces hommes et femmes qui disparaissent dans la solitude, que personne n’accompagnera à leur dernière demeure, ces oubliés  de la société dont on ne gardera pas même le souvenir. Belle idée que celle de cet oratorio à leur mémoire, et combien touchant le dévouement de l’employé, tout aussi seul qu’eux, qui s’acquitte de sa tâche avec une consciente délicate et une méticulosité de collectionneur. Ne va-t-il pas jusqu’à  conserver la photo de chacun d’eux afin de composer un album à leur mémoire ?   

 

Ce film, qui laisse une empreinte indéniable longtemps après sa projection tant le sujet est touchant, aurait gagné à être servi par une imagerie moins plate et un scénario plus romancé, donnant quelques détails sur ces vies disparues. Là, nous sommes dans une économie de moyens telle, qu’elle rend le narratif longuet et monotone et cela est très dommage car l’idée était excellente et émouvante : le souci d’un homme à accompagner ses frères humains oubliés de tous. Dans le rôle de John May, Eddie Marsan se révèle un grand acteur et, ce, d’autant plus qu’il joue là dans un registre totalement différent de ses précédentes prestations, un contre-emploi comparé aux personnages qu’il interprétait dans "Gangs« of  New-York » de Scorsese ou dans « La disparition d’Alice Creed » de J. Blakeson. Il donne à ce petit employé sans éclat, sans position sociale, humble et résigné, une très touchante profondeur affective, le relief en creux que l’on aperçoit dans la statuaire de nos cathédrales, le pauvre biblique qui n’attend rien, ne demande rien, s’efface dans le silence et l’amour discret. Servi par une imagerie plus expressive, ce film aurait été un chef-d’œuvre.

 

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UNE BELLE FIN DE UBERTO PASOLINI
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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 11:10
INDIAN PALACE - SUITE ROYALE de JOHN MADDEN

Maintenant que l’hôtel Marigold affiche complet, ses directeurs, Muriel Donnelly et Sonny Kapoor songent à l’agrandir. Ils ont justement trouvé l’endroit idéal pour ouvrir un second établissement. Tandis que le projet avance, Evelyn et Douglas, qui travaillent désormais à Jaipur, se demandent où leurs rendez-vous réguliers autour des délices de la cuisine indienne vont les mener. Norman et Carole essaient de maîtriser les difficultés d’une relation exclusive, et Madge hésite entre deux prétendants aussi intéressants l’un que l’autre. Récemment arrivé, Guy Chambers trouve sa muse en la personne de Mme Kapoor, la mère de Sonny, pour écrire son nouveau roman. Sonny doit très bientôt épouser Sunaina, l’amour de sa vie, mais il est de plus en plus absorbé par le nouveau projet d’hôtel, qui exige tout son temps… Seule Muriel pourrait peut-être avoir des réponses : personne n’a de secret pour elle. Alors que le grand jour approche, l’ivresse de la préparation d’un mariage traditionnel indien s’empare de tout le monde. Il est vrai que le scénario est mince et que l’on se demande comment un si faible argument va permettre au film de tenir deux longues heures. Eh bien, il tient et, peut-être, encore mieux que le précédent affirment certains. Ne l’ayant pas visionné, je ne peux donner un avis, mais ce second volet m’a bien plu, on passe un bon moment avec ces personnages qui débordent de dynamisme et de bonne humeur. Le jeune Dev Patel est parfait de naturel dans le rôle de Sonny, ainsi que tous les acteurs, qui font d’ailleurs le film, et  nous accrochent par leur façon d’appréhender la vie avec optimisme, générosité et bienveillance, malgré leur âge ou grâce à lui.

 

Il y a évidemment une certaine naïveté à voir ainsi la vie en rose selon les méandres d'un narratif quelque peu décousu mais, qu’importe, l’ambiance est pleine d'allégresse, l’interprétation juste et d’une spontanéité touchante – ce qui est dû au talent de cette pléiade d'excellents acteurs – si bien que l’on passe un bon moment à regarder cet opus plein de défauts. Sans doute, est-ce la plus grande réussite du réalisateur d'être parvenu à transformer ses défauts en qualités. Bravo à John Madden qui, au final, nous fait assister à un magnifique mariage indien avec des danses qui nous emportent dans leur rythme endiablé. A voir si l’on a un petit accès de déprime. Très remontant pour le moral de tout âge.

 

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INDIAN PALACE - SUITE ROYALE de JOHN MADDEN
INDIAN PALACE - SUITE ROYALE de JOHN MADDEN
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7 mars 2015 6 07 /03 /mars /2015 09:30
KINGSMAN de MATTHEW VAUGHN

Après les très réussis "X-Men", "Le commencement" et  "Kick-Ass", le cinéaste anglais Matthew Vaughn nous invite à revisiter le blockbuster de façon déjantée mais follement originale et, ce, dans un opus non dénué d’humour trash mais impertinent et inventif, auquel je reprocherai néanmoins une violence souvent excessive en des temps où elle est déjà trop présente dans nos vies. Mais je n’en apprécie pas moins la classe très british qui donne au 7e Art britannique une touche particulière, où le pire sait s’envelopper d’une façade agréablement élégante et sophistiquée, qui procure à l’ensemble une excentricité savoureuse et une raillerie irrésistiblement grinçante et aristocratique.

 

Le scénario est le suivant : un agent secret très gentleman, interprété par le séduisant Colin Firth, prend sous son aile un jeune garçon de la banlieue pour le former et le faire entrer au service de Kingsman, une organisation d’espionnage ultra secrète logée dans le sous-sol de la boutique d’un tailleur de Savile Row. Ce dernier, qui ne répond nullement aux normes habituelles, va être ainsi propulsé dans un univers à l’opposé de celui qu’il connaît et dans lequel il a grandi. Ce jeune cockney va ainsi prendre la relève d’un précédent agent, qui n'était autre que son père mort en service lors de scènes où il se forge au métier sur le tas et en une suite d’images virevoltantes, irrévérencieuses et mouvementées à souhait. En quelque sorte un divertissement ou une parodie qui entend remettre un peu de sel et poivre dans un genre qui n’avait que trop tendance à se scléroser (voir les derniers James Bond).

 

Nous voici replongés à la grande époque des James Bond d'antan, ceux interprétés par Sean Connery qui régnaient alors sur le cinéma populaire d’Outre-Manche. Les clins d’œil ne manquent pas pour que cet hommage soit lisible : notamment les délirants gadgets comme le parapluie, arme redoutable de la panoplie d'alors qui avait fait la notoriété de James Bond. Mais il y a surtout une incontestable inventivité dans la façon de filmer selon un rythme accéléré en des explosions psychédéliques de têtes, par exemple, sur fond de musique classique, ou une scène de massacre totalement décalée dans une église qui n’est pas du meilleur goût, selon moi. Et qui mieux que Colin Firth pouvait incarner à la perfection le flegme britannique et l’élégance sans un faux pli de ce dandy des services secrets ? Personne, je suppose, car il est plus que parfait face à Samuel L. Jackson également excellent et le jeune et prometteur Taron Egerton qui forme avec lui un duo insolent et divertissant à souhait. Un film nerveux servi par des scènes d'action survoltées qui n'évitent pas quelques outrances.

 

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KINGSMAN de MATTHEW VAUGHN
KINGSMAN de MATTHEW VAUGHN
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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 10:26
THE THEORY OF EVERYTHING de JAMES MARSH

1963, en Angleterre, Stephen, brillant étudiant en Cosmologie à l’Université de Cambridge, entend bien donner une réponse simple et efficace au mystère de la création de l’univers. De nouveaux horizons s’ouvrent quand il tombe amoureux d’une étudiante en art, Jane Wilde. Mais le jeune homme, alors dans la fleur de l’âge, fait une chute brutale et ne peut se relever, se heurtant à un diagnostic implacable : une dystrophie neuromusculaire plus connue sous le nom de maladie de Charcot.  Son espérance de vie est alors de deux ans durant lesquels ses fonctions essentielles – le mouvement, le langage, la respiration – vont peu à peu disparaître.


Grâce à l’amour indéfectible, le courage et la résolution de Jane, qu’il épouse contre toute attente, ils entament ensemble un nouveau combat afin de repousser l’inéluctable. Jane l’encourage à terminer son doctorat et, alors qu’ils débutent leur vie familiale, Stephen, doctorat en poche, s’attaque aux recherches sur ce qu’il a de plus précieux : le temps. Tandis que son corps ne cesse de se dégrader, son cerveau fait reculer les frontières les plus éloignées de la physique. Soudés l’un à l’autre, Jane et Stephen vont révolutionner le monde de la médecine et de la science  pour aller au-delà de ce qu’ils auraient pu imaginer : le vingt et unième siècle.

 

L’accident, en réalité, n’a pas eu lieu dans les allées de l’université mais lors d’une séance de patinage sur le lac de Saint-Albans. Pour le reste, inspiré de la biographie écrite par l’épouse du scientifique « La brève histoire de ma vie », le biopic colle admirablement à la réalité et s’accompagne d’une beauté visuelle incontestable. Il est à noter que le titre français « Une merveilleuse histoire du temps »  traduit plus justement l’esprit du film que ne le fait le titre original «  The theory of everything », car cette biographie filmée parle davantage de la façon dont deux personnes décident de s’aimer que de science à proprement parler, cette inaccessible théorie du tout que le physicien ( admirablement campé par l’acteur Eddie Redmayne ), en quête d’une «  équation fondamentale », s’était donné comme but.

 

Le film nous conte les vingt années décisives de la vie du physicien qui vont du début du doctorat et les singularités de l’espace-temps à la notoriété planétaire acquise tant par ses travaux sur les trous noirs que sur sa lutte constante contre la maladie qui lui a permis d’offrir à la science des avancées considérables.

 

Ainsi découvrons-nous son mariage avec Jane (délicieusement interprétée par Felicity Jones) dont naîtront trois enfants, l’obtention du doctorat, la nécessité de se déplacer dorénavant dans un fauteuil d’abord roulant, puis électrique, les premières conférences, l’idée que l’univers a débuté par une singularité spatio-temporelle, le mécanisme d’évaporation des trous noirs, enfin l’obtention de la chaire de professeur à l’université de Cambridge qui fut celle de Newton, puis de l’installation d’un logiciel muni d’un synthétiseur vocal de plus en plus perfectionné qui permet à Stephen Hawking de communiquer avec l’extérieur.

 

Mais tout cela serait-il possible sans l’accompagnement constant de sa femme, de son infirmière, de ses amis et des progrès de la technologie, non bien sûr ! - ce qui prouve que personne n’avance seul, même le plus grand génie et que nous sommes tous tributaires les uns des autres pour le meilleur et pour le pire.  La science et le génie ne sont pas seulement d’ordre cérébral et on ne peut pas être un simple scientifique, ni même un génie, en solitaire. Tout n’est pas dans la tête, tout n’est pas non plus une construction sociale. Il y faut d’autres ingrédients et principalement l’amour, la constance, l’énergie, le courage, le dévouement. Voilà la grande leçon que nous donne ce couple où le génie côtoie l’abnégation, la foi en soi et en les autres, cette formidable  solidarité qui parvient à se jouer du temps. Magnifique.

 

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THE THEORY OF EVERYTHING de JAMES MARSH
THE THEORY OF EVERYTHING de JAMES MARSH
THE THEORY OF EVERYTHING de JAMES MARSH
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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 09:51
LETTRE D'UNE INCONNUE de MAX OPHULS

 

Un pianiste séduisant et débauché, qui a sacrifié sa carrière à ses conquêtes, reçoit un jour une lettre d’une femme inconnue, Lisa Berndle. Celle-ci lui retrace l’amour qu’elle a éprouvé secrètement pour lui depuis son adolescence. Elle évoque les rares étreintes que ce volage amant a partagées avec elle et dont un enfant est né, un petit garçon mort du typhus au cours d’un voyage. Cette femme belle et délicate  a épousé un diplomate qui lui a offert l’aisance et la sécurité. Mais un soir, au théâtre, elle revoie l’homme qui n’a jamais cessé de la hanter et rompt avec son époux afin d’aller le retrouver. Malheureusement celui-ci ne la reconnait pas et la jeune femme comprend qu’elle a été abusée. Malade et désespérée, elle est recueillie par des religieuses et rédige sur son lit d’hôpital une lettre que les religieuses se feront un devoir d’expédier à son destinataire. Le pianiste comprend alors pourquoi un diplomate viennois l’a provoqué en duel la veille...

 

 

 "Lettre d’une inconnue" inspirée d’une nouvelle de Stefan Zweig marque l’apogée de la carrière américaine de Max Ophuls, avant son retour en France. D’un esthétisme raffiné, le cinéaste impose, dès les premières images, son style et son univers qui imprégneront tout le récit. C’est d’abord un tournage en studio qui reconstitue admirablement un pan de l’atmosphère de la capitale impériale, la Vienne des années 1900, sans que le cinéaste nous laisse dupe sur les artifices de la transposition (la scène du voyage imaginaire au Prater). C’est aussi une œuvre sur le mouvement, celui des véhicules mais aussi des hommes, filmé le plus souvent en de savants travellings chargés de symboliser les déambulations de Lisa dans la ville, en quête de son amant, auxquelles répondent, en écho, les déplacements du concertiste entre Vienne et Milan et ceux du jeune fils qui fera un voyage sans retour ; ces mouvements  traduisant l’instabilité des personnages et la force irréversible du destin. On connait, par ailleurs, le goût de Ophuls pour les films à costumes avec décors raffinés qui,  loin de figer ses œuvres, leur offrent une dimension intemporelle. Les rues embrumées ou enneigées, le caractère nostalgique d'un monde évanoui donnent au récit une tendresse infinie, d'autant plus que la caméra ne cesse de filmer avec grâce une femme délicieuse en proie à un amour impossible.

 

 

L’héroïne de « Lettre d’une inconnue »pourrait être ainsi une jeune femme moderne imprégnée de tragédie antique, assumant sa passion jusqu’à perdre sa respectabilité, bravant les bonnes moeurs (comme Lola Montès) et trouvant dans la mort sa rédemption, à l’instar de Phèdre ou de  Madame de. Joan Fontaine incarne à merveille cette amoureuse frémissante et masochiste, agissant comme une adolescente et sacrifiant sa vie  pour un homme qui ne la reconnait même pas à chacune de leurs retrouvailles : là encore, un parallèle peut s’établir avec ce mélange de futilité et de gravité qui rendent le personnage si émouvant, comme le seront par la suite les héroïnes de "Madame de" et de "Lola Montès". Face à elle, Louis Jourdan, French lover ayant connu une honorable carrière internationale, interprète là son rôle le plus emblématique avec une hauteur détachée. Ophuls, amoureux des auteurs, donne ainsi une dimension nouvelle à un matériau littéraire de première grandeur, comme il le fera en France avec ceux de Arthur Schnitzler (La ronde) et de Guy de Maupassant (Le plaisir). La question n’est pas tant de savoir si Ophuls a été fidèle ou non à Zweig mais de se demander si le passage des mots aux images en a altéré la portée. Ma réponse est non, bien entendu. Au contraire, cette transcription est une pure merveille car traitée dans un style qui correspond absolument à celui de l’écrivain et le magnifie  de façon magistrale et poétique.

 

Pour consulter l'article consacré à Max Ophuls, cliquer sur son titre :

 

MAX OPHULS & LE CINEMA BAROQUE

 

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LETTRE D'UNE INCONNUE de MAX OPHULS
LETTRE D'UNE INCONNUE de MAX OPHULS
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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 11:04
NATURE de PATRICK MORRIS et NEIL NIGHTINGALE

 

Des entrailles de la terre aux déserts brûlants, des profondeurs de l’océan aux cimes montagneuses que le froid transforme momentanément en un monde de cristal, voilà un documentaire qui nous découvre une nature peuplée de créatures extraordinaires et souvent plus fascinantes que ce que nous supposions connaître. Nouvelle collaboration des studios Evergreen et BBC Earth, après l’incursion ratée dans le monde des dinosaures  (Sur la route des dinosaures, co-réalisée par Neil Nightingale, également copilote de Nature), ce documentaire en 3D nous garantit une heure trente de grand plaisir visuel et nous invite à partager une odyssée attrayante au cœur d’une nature grandiose.

 

 

 

 

Premier film de l’année 2015,  « Nature » est une révélation visuelle qui nous promène à travers les somptueux paysages de l’Afrique, terre qui semble à l’origine du monde par sa faune, sa flore, son immensité, sa diversité et sa magnificence. Les caméras la survolent des sommets du mont Kenya aux chutes Victoria, passant du monde aquatique et de ses profondeurs insondables à celui des insectes comme ce lézard de Namibie qui, pour refroidir ses pattes chauffées par les sables du désert, exécute une danse burlesque fort amusante et inattendue, au monde des grands fauves, des singes et des éléphants, un peuple qui ne cesse de nomadiser en quête des points d’eau. De même que l’on reste confondu par la splendeur des images de laves en fusion, par la danse nuptiale des flamands roses au-dessus des lacs salés de la vallée du Grand Rift, ou encore par les crocodiles, monstres préhistoriques, qui guettent les malheureux gnous venus se désaltérer au bord des étangs, sentinelles terrifiantes qui les engloutiront d’un seul coup de dent. Mais malgré ses qualités dues aux progrès immenses de la technique, « Nature » n’évite pas quelques maladresses pédagogiques, ainsi cette scène d’ouverture où, pour nous assurer de son omniprésence  au cœur même de la vie urbaine, on nous afflige d’une scène d’enfants pataugeant niaisement dans les flaques d’eau d’un jardin public…Scène totalement inutile qui circonscrit d’entrée  ce magnifique documentaire dans le registre des films pour enfants, alors qu’il s’adresse à chacun de nous de 7 à 107 ans et nous propose un spectacle de toute beauté qui ne peut que réveiller en nous des sensations et des émotions assoupies.

 

A voir en famille pour les qualités que je viens d’énumérer et ce retour aux sources bienfaisant.

 

 

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CINEMA EUROPEEN

 

 

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NATURE de PATRICK MORRIS et NEIL NIGHTINGALE
NATURE de PATRICK MORRIS et NEIL NIGHTINGALENATURE de PATRICK MORRIS et NEIL NIGHTINGALE
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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 10:32
TIMBUKTU d' ABDERRAHMANE SISSAKO

 

Comment est-il possible que le dernier jury du Festival de Cannes ait pu laisser passer ce film sans le couvrir de lauriers à une époque où les grands films se font rares. Et celui-ci en est un à plus d’un titre. D’autant que c’était l’occasion de faire entrer dans la cour des grands un réalisateur africain visiblement inspiré… Timbuktu est en effet un film exceptionnel digne de faire figurer Abderrahmane Sissako dans la longue liste qui réunit les Scorcese, Kusturica, Altman,Coppola, Polanski, Haneke et quelques autres, parmi ceux qui ont marqué à tout jamais le 7e Art de leur style et de leur influence. Timbuktu est un film du genre à vous hanter pendant des jours, à revenir en boucle dans votre esprit. Mille images de cette tragédie, filmée avec une poésie incomparable comme un long poème de larmes et de sang, ne cessent plus d’affluer une fois que nous sommes revenus à nos habituelles occupations d’Occidentaux, encore éloignés, mais pour combien de temps,  du pavillon noir des djihadistes.

 

Résumer Tmbuktu est inutile. Il s’agit de ces milices armées et d’une cruauté redoutable qui patrouillent dans un village malien, kalachnikov dans une main, mégaphone dans l’autre, pour rappeler que tout est interdit aux habitants désormais : jouer au foot, écouter de la musique, chanter, sortir tête et mains nues pour les femmes, pantalon non retroussé pour les hommes s’ils ne veulent pas risquer de perdre la vie. Ce barbichu enturbanné mitraillant sauvagement une touffe d’herbe qui a osé pousser sans autorisation sur une dune de sable montre la psychose dans laquelle ont sombré ces fanatiques… On assiste également au procès expéditif qui condamne à 40 coups de fouet une femme qui partageait la même pièce qu’un homme qui n’était pas son époux, à des tentatives de mariage forcé et à une courte scène de lapidation ; vie infligée par des barbares à un peuple aux mille couleurs qui tente vainement, et avec bravoure, de tenir tête à leurs bourreaux, venus de partout et de nulle part.

 

La beauté sublime des images, la poésie qui baigne de nombreuses scènes, la lumière extraordinaire, blonde et dorée saisie par la caméra de Sofian El Fani, la sobriété des dialogues toujours justes, l’expressionnisme des comédiens dont les visages sont plus éloquents que les mots, le lyrisme de la mise en scène, la musique envoûtante, rien n’a été oublié de l’art cinématographique quand il est porté à ce degré et qu’il nous bouleverse. Voilà une forme de résistance qui touche au cœur et à l’esprit : celle de l’art quand il se met au service d’une tragédie humaine.
 

Heureusement les Césars sont venus compenser le manque de discernement des jurés de Cannes, en attribuant 7 Césars à ce film magnifique dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, de la meilleure bande sonore, de la meilleure photo et du meilleur son. Bravo à ces jurés qui ont réparé ainsi un coupable aveuglement.

 

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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

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LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

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