Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 10:53
RESPIRE de MELANIE LAURENT

 

Avec ce second opus, dont le titre est malheureusement peu attrayant, Mélanie Laurent, déjà remarquée lors de sa première expérience de mise en scène avec «Les adoptés» où elle révélait un sens aigu du récit et une sensibilité audiovisuelle évidente, passe à la vitesse supérieure et nous assure, malgré son jeune âge, qu’elle sait parfaitement maîtriser un sujet difficile qui pouvait très vite sombrer dans les débordements mélodramatiques, ce qui n’est certes pas le cas ici. Son professionnalisme s’affirme avec éclat tout au long de l’histoire de deux adolescentes aux prises avec des disfonctionnements familiaux graves et un mal de vivre et de s’assurer dans une société en pleine mutation. Charlie (Joséphine Japy) et Sarah (Lou de Laäge) vont être attirées l’une vers l’autre, sans doute parce qu’elles sont à l’opposé l’une de l’autre comme les deux faces d’une jeunesse complexe et agitée. Charlie est une taiseuse au beau visage de madone, rendue quelque peu autiste par un père flambeur et irresponsable et une  mère (Isabelle Carré)  infantile malgré sa trentaine. Charlie se sent donc investie d’une sorte de gravité évanescente face à ce couple qui ne cesse de se déchirer et de se quitter.

 

Sarah est son contraire, plutôt mégalomane, une fille sensuelle et culottée qui se plaît à travestir la réalité et à provoquer pour mieux dissimuler une mère alcoolique et quasi folle, se complaisant dans  une existence de funambule qui joue à chaque seconde son va-tout. Entre elles deux va naître une amitié tendre, non sans ambiguïté à un âge où la part qui revient à l’amitié et l’autre à l’amour n'est pas totalement clarifiée. Mais l’incompréhension s’installe bientôt, faute d’altruisme, d’écoute, de générosité affective. Les adolescentes sont encore sous le règne tout puissant de l’égo où chacune prend davantage qu’elle ne donne, tout en croyant donner. C’est ce don refusé qui les conduira au drame, elles qui traînent déjà deux fractures douloureuses : parentale et sociétale.

 

Bien écrit, bien conduit et surtout magnifiquement interprété par deux comédiennes remarquables, l’opus se tend au fur et à mesure comme un arc, ne nous laissant nullement distraire jusqu’à son implacable conclusion. Ici et là, on relève bien quelques faiblesses, le recours trop systématique à la cigarette qui ne peut manquer d'exaspérer les associations anti-tabagisme car on se croirait revenu, dans ce nuage de fumée, aux films des années 60, des dialogues souvent trop bavards et sans grande saveur mais, en contrepartie, de beaux moments de contemplation face à un coucher de soleil, à un visage qui se clôt, à un nuage qui s’attarde, à une mer soudainement immobile. Un film qui laisse son empreinte parce qu’il affirme la difficulté d’être, d’aimer, de s’accorder avec soi-même, qu’il dit encore et encore combien malaisée est l’adolescence, douloureuses les amitiés trahies, et étouffante la solitude intérieure.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

RESPIRE de MELANIE LAURENT
RESPIRE de MELANIE LAURENT
Partager cet article
Repost0
1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 09:31
ELLE L'ADORE de JEANNE HERRY

Esthéticienne sympathique mais mythomane, Muriel est surtout une fervente admiratrice de Vincent Lacroix, un chanteur de variétés à succès. Lorsqu'une nuit son idole se présente à sa porte, la jeune femme est émerveillée. Mais la star est en réalité venue solliciter son aide pour se débarrasser du corps d'une femme caché dans sa voiture. Fascinée par cette rencontre avec son chanteur fétiche, Muriel accepte la proposition. C'est le début d’une inévitable galère. Si son entourage, habitué à ses récits farfelus, ne croit guère à son implication dans une aventure saugrenue, la police est bientôt sur ses traces...

 

Sur un scénario habilement ficelé malgré quelques petites erreurs ou maladresses, Jeanne Herry, fille de Miou-Miou et de Julien Clerc, imagine une fantaisie qui ne manque ni de suspense, ni d’intérêt, et que l’on suit avec plaisir grâce à des dialogues futés et surtout le jeu des deux protagonistes, l’excellente Sandrine Kiberlain et le non moins excellent Laurent Lafitte. Tous deux se sont parfaitement immergés dans leurs personnages, lui un VIP sans scrupule, lâche et prêt à tout pour sauver sa peau après la mort accidentelle de sa compagne qu’il a en partie provoquée ; elle, une fan sans relief particulier, mais fine mouche malgré tout et qui s’en sortira grâce à son sens de la répartie. Voilà un premier long métrage prometteur et qui nous rassure : la jeune génération est prête à assurer la relève.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 


LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

ELLE L'ADORE de JEANNE HERRY
ELLE L'ADORE de JEANNE HERRY
Partager cet article
Repost0
28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 09:34
UN COEUR EN HIVER de CLAUDE SAUTET

Amis de longue date, Maxime et Stéphane sont devenus luthiers et se sont associés. Le premier, souriant et volubile, s'occupe des clients, tandis que le second, introverti et taciturne, semble ne vivre que pour la sonorité de ses violons. Un jour, Maxime  présente à Stéphane l'une de leurs clientes, Camille, une virtuose de l'archet. Le temps passant, Camille découvre que l'attitude manifestement distante de Stéphane cache mal l'extrême intérêt qu'il porte à sa carrière et le trouble qui l'envahit en sa présence. Quelque chose qui ressemble à une séduction froide se glisse entre les deux jeunes gens, sous l'oeil inquiet de Maxime, épris de Camille

 

Sur ce scénario d’une froide rigueur, Sautet nous offre l’un de ses films les plus mystérieux, les plus bergmanien, l’histoire d’un homme qui, contrairement à son ami, ne sera jamais touché par la grâce, parce qu’en lui quelque chose se refuse à la vie et à l’amour. L’amour, il le consacre à son métier de luthier, à la beauté des notes qui sortiront des violons qu’il répare ou construit de ses mains. Le son est pour lui la seule poésie amoureuse qui séduit son cœur. Grand professionnel, il est un piètre ami et visiblement un amant incapable de se donner et de s’abandonner. Est-ce parce qu’il ne s’aime pas, est-ce parce qu’il est incapable d’aimer les autres, de sortir de ce confortable abri dans lequel se réfugient son orgueil et son indifférence ? Néanmoins, il semble que le talent de Camille le touche, il se plaît à l’écouter jouer mais, apparemment, cela lui suffit, alors que la jeune femme va se brûler les ailes en se jetant à son cou et en lui avouant ses sentiments, scène dont elle sortira profondément humiliée et honteuse et brûlure qui l'anéantira un moment mais dont elle guérira en se consacrant exclusivement à sa carrière de musicienne.  

 

D’une extrême simplicité de narration, ce film touche par le jeu subtil des acteurs, Daniel Auteuil dans le rôle de Stéphane et André Dussollier dans celui de Maxime, la beauté grave et la grâce d’Emmanuelle Béart, la musique de Maurice Ravel, l’imagerie douce et lente, le climat de cet hiver intérieur où se consument les cœurs. Une œuvre sobre, d’une beauté lasse, comme détachée de la vraie vie et absorbée par l’art qui, tour à tour, exalte et blesse en raison de la distance qu’il impose parfois à la vie.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer   LA

 

Et pour consulter l'article consacré à SAUTET, cliquer  ICI

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

UN COEUR EN HIVER de CLAUDE SAUTET
UN COEUR EN HIVER de CLAUDE SAUTET
Partager cet article
Repost0
24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 10:00
BON RETABLISSEMENT de JEAN BECKER

 

Coincé sur son lit d'hôpital, la jambe dans le plâtre et le bassin en miettes, Pierre (Gérard Lanvin) râle en permanence, peste contre la nourriture infâme, l'interdiction de fumer, le désagrément des soins, la visite du "patron" et de sa cour d'internes qui lui donnent l'impression d'être "une grenouille sur la table de dissection"..."Bon rétablissement, quelle formule à la con!" - s'exclame le sexagénaire bougon. Puis, peu à peu, ce  vieux ronchon s'ouvre aux autres et à la vie, au fil des rencontres avec Myriam, une infirmière attachante au rire communicatif (Claudia Tagbo), les autres malades, une adolescente boulotte qui l'insupporte d’abord en lui empruntant sans cesse son ordinateur portable, puis l'attendrit en mettant au monde à 15 ans un petit garçon, enfin le retour inespéré d'un ancien amour, celui d’une pianiste interprété par Anne-Sophie Lapix qui passe ainsi du petit au grand écran. Et, contre toute attente, ce séjour à l'hôpital signe sa renaissance.

 

Dans le rôle du grincheux au grand cœur et capable de susciter l’empathie, Gérard Lanvin excelle une fois encore  et concoure à rendre encore plus sympathique et attachante cette  comédie revigorante de Jean Becker aux dialogues incisifs et bourrés d'humour concoctés par Jean-Loup Dabadie : un remède sans effets secondaires contre la morosité.

 

"Bon rétablissement" est l'adaptation du roman éponyme de Marie-Sabine Roger publié en 2012 aux éditions du Rouergue. En 2010, le réalisateur de "L'Eté meurtrier", "Elisa" ou encore "Les Enfants du marais" et « Dialogue avec mon jardinier » avait déjà porté avec succès à l'écran l'un des précédents livres de cette romancière, "La tête en friche", avec Gérard Depardieu et  l’irrésistible Gisèle Casadesus. Chacun de ces films porte la marque d’un humanisme sans mièvrerie, d’une incontestable finesse d’analyse et, dans ce nouvel opus, rendu plus percutant encore par les dialogues ciselés et truculents de Jean-Loup Dabadie.

 

Aucun autre acteur que Gérard Lanvin ne pouvait donner cette épaisseur et cette conviction à ce personnage de râleur, mal dégrossi. "Cela a été le rôle le plus reposant de ma carrière ! – avouait-il l’autre jour à des journalistes venus l’interviewer. «  Le matin, je sortais de mon lit pour me recoucher sur le tournage. Le soir, je quittais le lit sur le plateau pour retrouver le mien" - plaisantait-il avec une bonne humeur communicative. L'acteur de 64 ans, couché effectivement une grande partie du film, incarne à merveille le personnage de Pierre, veuf misanthrope rongé par la culpabilité, hospitalisé à Paris après un accident dont il ne garde aucun souvenir. Renversé par une voiture et projeté dans la Seine, il a été sauvé de la noyade par un jeune prostitué, Camille (touchant Swann Arlaud), qui fait le tapin pour payer ses études. Finalement nous découvrirons dans les toutes dernières minutes de la projection le fin mot de l’histoire qui ne manque pas de sel. Comédie  de caractère, charmante et pleine de tendresse, son auteur touche sa cible une fois encore et nous donne de la société une vision sans méchanceté, sans violence ni sexe, sans affrontement ni condamnation, au long d'un narratif doux-amer,  bien amené, bien conduit et bien joué. Ne boudons pas notre plaisir.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

BON RETABLISSEMENT de JEAN BECKER
BON RETABLISSEMENT de JEAN BECKERBON RETABLISSEMENT de JEAN BECKER
Partager cet article
Repost0
15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 09:16
GEMMA BOVERY d'ANNE FONTAINE

Nous sommes dans un village normand où Martin ( Fabrice  Luchini ) est venu s’établir il y a sept ans pour reprendre la boulangerie familiale, pensant y trouver le calme et la stabilité. Lesquels souhaits vont être sérieusement perturbés par l’arrivée d’un couple d’Anglais qui a racheté la maison située en face de la sienne. La jeune femme ( Gemma Arterton ) s’avère être très belle, ronde et pulpeuse, avec un délicieux accent britannique et des connaissances encore peu probantes dans la langue de Molière. Elle se nomme Gemma Bovery, s’ennuie un peu, si bien qu’il faut peu de temps à Martin, amoureux des belles lettres et de Flaubert en particulier, pour lui imaginer le même sort que la sombre héroïne romanesque, suivant le principe qui prophétise que la vie se plaît à imiter l’art.

 

Si le film n’était pas l’adaptation d’un roman de l’anglaise Posy Simmonds ( déjà auteur de « Tamara Drewe »), on jurerait que le rôle a été écrit spécialement pour Fabrice Luchini tant il colle à la peau de ce passionné de Flaubert. Aucun autre acteur n’aurait interprété de manière aussi savoureuse ce boulanger amoureux des mots qui voit, ou croit voir, avec une gourmandise jubilatoire sa voisine s’incarner peu à peu dans le personnage de son roman préféré. Il faut dire aussi que la ravissante Gemma Arterton a  ce qu’il faut pour subjuguer et éveiller l’intérêt du boulanger qui sort brutalement de 10 années de passivité sexuelle, après avoir mis, il y a de cela quelques années, le feu au village anglais du film Tamara Drewe  (voir la critique de ce film en cliquant  ICI  )

 

La mise en scène d’Anne Fontaine épouse cette sensualité allègre et se fond avec élégance dans le cadre du bocage normand, nous offrant une variation inattendue sur le thème de l’oisiveté, encore que cette Gemma du XXIe siècle n’ait plus grand-chose à voir avec l’Emma du XIXème. Incontestablement, elle a pris du galon et se montre davantage l’égérie qui suscite le rêve des hommes que la victime de leurs sombres calculs, bien davantage chasseresse que proie. La fin est assez loufoque et peu crédible mais cela ne fait rien, Anne Fontaine et ses acteurs, qui se fondent dans  leurs rôles avec un visible plaisir, nous font passer un bon moment.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

GEMMA BOVERY d'ANNE FONTAINE
GEMMA BOVERY d'ANNE FONTAINE
Partager cet article
Repost0
18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 10:27
LA DELICATESSE de STEPHANE & DAVID FOENKINOS

Nathalie a perdu son mari il y a trois ans. Hantée par le souvenir, elle se réfugie dans le travail et semble avoir mis un terme à sa vie sentimentale. Elle rejette tous les hommes, y compris son séduisant patron. Son entourage s'inquiète. Pourtant, un jour, sur un coup de tête, elle embrasse Markus, un collègue de travail, qui n'est même pas beau garçon. L'événement aurait pu être sans lendemain. Mais de fil en aiguille, Markus s'attache à la fragile Nathalie, tandis que cette dernière s'adoucit au contact de cet être un peu gauche. Markus et Nathalie suscitent rapidement les interrogations de leurs collègues, puis leur franche désapprobation. Mais peu importe ! Lorsque Nathalie invite Markus chez sa grand-mère, la demeure de son enfance, Markus et elle  cèdent enfin à leur attirance réciproque, Markus entrant enfin dans le monde secret et émouvant de celle qu’il chérit avec délicatesse depuis leur premier baiser impromptu.

 

Cette histoire  touchante n’est pas sans évoquer Un homme et une femme, sans le charme des personnages, Audrey Tautou et François Damiens n’ayant pas le charisme des héros de Claude Lelouch et le film restant dans le registre gentillet sans avoir le rythme, le  magnétisme, la musique envoûtante du précédent. Mais on peut toutefois apprécier cet amour empreint de retenu, cette fidélité tenace, cette discrétion et cette approche pleines de pudeur à une époque où de tels sentiments ne sont guère fréquents sur grand écran. David Foenkinos illustre, avec son frère Stéphane, de façon certes plaisante, mais sans éclat et avec quelques fadeurs qu’il aurait pu éviter, le roman éponyme qu’il avait publié précédemment. Pas de quoi bouleverser le public, bien que cet opus se laisse voir sans déplaisir. Quelques scènes charmantes relèvent l’ensemble auquel on peut reprocher une absence  de séduction, un narratif trop plat et peu inventif.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer   ICI
 

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

LA DELICATESSE de STEPHANE & DAVID FOENKINOS
LA DELICATESSE de STEPHANE & DAVID FOENKINOS
Partager cet article
Repost0
28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 13:35
BORSALINO de JACQUES DERAY

 

Roch Siffred (Alain Delon) et François Capella (Jean-Paul Belmondo), deux jeunes truands, décident d’avoir la mainmise sur Marseille. Leur but est de liquider les maîtres des lieux : Poli le caïd, Rinaldi l’avocat véreux et Marello le propriétaire des salles de jeux dans l'objectif d'un polar classique réalisé par Jacques Deray en 1969 avec le concours des deux stars françaises les plus populaires.

 

Avec l’aide précieuse de Jean-Claude Carrière et de Claude Sautet, Deray donne aux deux acteurs fétiches du 7e Art français des rôles taillés sur mesure. Alain Delon, figure sévère et mutique, incarne un ange noir avec un charisme hors du commun, tandis que Jean-Paul Belmondo se complaît dans l’outrance qui lui est familière depuis le milieu des années 60. Sautillant, drôle, léger et séducteur, Bébel sort le grand jeu, au risque d’en faire trop. 


Les autres comédiens ont quelque difficulté à exister, mais Jacques Deray parvient toutefois à maintenir le subtil équilibre entre la description du Marseille des années 30 et les passages obligés du film de genre. Ainsi, les fusillades - dont la séquence de massacre dans la boucherie - sont-elles proposées avec un réalisme qui n’est pas sans rappeler les grands maîtres américains. Aucune fioriture ne vient nous détourner du but initial : raconter avec efficacité une histoire d’amitié entre deux gangsters. Au passage, les auteurs dressent un intéressant portrait de cette Troisième République minée par la corruption et les inégalités sociales. Les deux petites frappes sont effectivement issues d’un milieu populaire et cherchent à s’élever dans la hiérarchie sociale par des moyens illégaux. Pourtant, elles sont vite confrontées à la corruption des élites, autres truands se camouflant sous un masque de respectabilité, tout en agissant de manière à entrer en compétition avec eux, non sans y laisser des plumes au passage. La musique de Claude Bolling met un point d'orgue à l’ensemble de cette réalisation parfaitement maîtrisée à laquelle le public de l’époque réservera un accueil enthousiaste.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

BORSALINO de JACQUES DERAY
BORSALINO de JACQUES DERAY
Partager cet article
Repost0
28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 08:44
ON A FAILLI ETRE AMIES de ANNE LE NY

A Orléans, Marithé s’investit à fond dans son centre de formation pour accompagner des salariés lors de leur reconversion. Elle rencontre Carole, gérante d’un des restaurants les plus cotés de la région, qui souhaite changer de métier pour échapper à l’emprise trop étouffante de son mari, chef étoilé et compagnon autoritaire. Marithé décide de tout faire pour l’aider à se remettre en selle. Mais est-ce par altruisme ou par intérêt ? Car Marithé a découvert que Carole avait un amant, et que le mari étoilé n’était pas si dépourvu de charme que sa femme le laissait entendre. Dans cette relation pleine d’ambiguïté,  on navigue à vue entre fausses confidences et manipulation habile.  Anne Le Ny nous a habitués à des films d’une introspection délicate qui, le plus souvent, s’ordonnent autour d’un problème familial. Ce fut le cas de "Ceux qui restent" ou "Les invités de mon père" qui ont, l’un et l’autre, reçus un accueil favorable du public. Son dernier opus ne manque pas de qualité mais semble moins inventif, moins percutant que les précédents, s’installant trop vite dans un narratif sans surprise et incitant les actrices à cabotiner trop selon moi. Surtout Karin Viard qui en fait des tonnes alors qu’elle est tellement plus convaincante dans la mesure, voire l’émotion. Face à elle, Emmanuelle Devos intériorise davantage et rend son personnage plus crédible. Néanmoins, le film se laisse regarder sans déplaisir. Les dialogues sont conformes à la mentalité des deux héroïnes et sonnent justes et puis l’histoire, qui aurait gagné à être narrée de façon plus audacieuse, reste amusante et Anne Le Ny prouve ainsi aux spectateurs qu’elle s’inscrit dans la durée.

 

Adolescente, la réalisatrice rêvait d’être écrivain. Mais séduite un soir par le jeu des acteurs, alors qu’elle se rendait au théâtre avec ses parents, elle choisit finalement l’option comédienne. Après le conservatoire, la jeune Anne fait ses classes sur des scènes de la périphérie parisienne avant d’obtenir son premier rôle au cinéma dans "Ma petite entreprise". Elle ne quitte plus l’affiche et impose sa pétillante personnalité dans « Le goût des autres » d’Agnès Jaoui et  « Se souvenir des belles choses » de Zabou Breitman. L’actrice se sent prête alors pour réaliser son premier rêve, l’écriture : elle signe le script d’un sitcom pour la télévision suisse, puis le scénario de « Didine » pour Vincent Dietschy. La cinéaste a définitivement pris le pas sur la comédienne. D’autant plus que ses films ont le privilège de plaire au public. Anne Le Ny a souhaité faire de la femme le thème central de son cinéma. Loin des clichés de douceur et de charme, elle entend révéler les tensions intérieures et les dilemmes auxquels elles sont quotidiennement confrontées. Et cela semble lui réussir …

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

ON A FAILLI ETRE AMIES de ANNE LE NY
ON A FAILLI ETRE AMIES de ANNE LE NY
Partager cet article
Repost0
26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 09:19
PAS SON GENRE de LUCAS BELVAUX

Clément, jeune professeur de philosophie parisien, est affecté à Arras pour un an. Loin de Paris et ses lumières, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C’est alors qu’il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines "people" et de soirées karaoké avec ses copines. Cœurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?

 

 Après avoir filmé les fractures sociales dans ses précédents opus, le réalisateur belge Lucas Belvaux s’attarde sur les fossés culturels qui vont entraver l’existence de ces deux principaux personnages, dans  une adaptation fidèle de l’ouvrage de Philippe Vilain paru en 2011 chez Grasset. Il s’agit ici de la relation amoureuse et éphémère de deux êtres qui ne viennent pas du même milieu social, n’ont pas grandi dans le même environnement et n’ont pratiquement aucun goût en commun. Le film suit ainsi l’histoire d’amour entre Clément, parisien célibataire, et Jennifer, pétillante coiffeuse provinciale, divorcée et maman d’un petit garçon de dix ans. Rien ne peut les empêcher de s’aimer, sauf leur origine sociale et leur formation culturelle qui a, certes, plus d’importante pour l’un que pour l’autre. Ces obstacles parviendront-t-ils à briser leur amour et le plaisir qu’ils trouvent l’un et l’autre dans cette relation décalée ? Suivant à la lettre le roman de Philippe Vilain, le réalisateur nous offre une version cinématographique d’une belle sobriété et d’une extrême délicatesse, illuminée par la présence de deux acteurs formidables, la radieuse Emilie Dequenne et le sobre et très intériorisé Loïc Corbery qui prête à son personnage ce qu’il faut de proustien et de complexe.  Les scènes donnent au fur et à mesure les clés de sa nature : celle d’un homme exigeant et  rigide qui craint de s’engager et accorde plus d’importance à la chose pensée qu’à la chose vécue. Entre l’intellectuel Clément et la vivante et pragmatique Jennifer qui cède volontiers à ses emballements et à ses coups de cœur, le fossé va inexorablement se creuser et c’est davantage à l’incompréhension qu’au désamour qu’ils devront l’échec de leur romance.

 

Professeur de philosophie et écrivain, Clément analyse trop, au point de constater qu’il a de graves handicaps dans ses rapports avec autrui. Chez lui, c’est l’intelligence qui est sans cesse sur le qui-vive, alors que Jennifer laisse le cœur conduire l’attelage. Avec une intuition profonde, elle saura partir avant qu’il ne soit trop tard, prouvant ainsi que le cœur est parfois plus clairvoyant que la raison, et les sentiments moins aveugles que l’intelligence. Les efforts de Jennifer pour tenter de s’adapter au monde livresque de Clément sont absolument touchants et on s’aperçoit que si elle a quelque difficulté à l’aborder, elle le juge avec un bon sens jamais pris à défaut. Elle est souvent percutante dans ses jugements et d’une sincérité absolue, ne cherchant nullement à le gruger ou à se faire passer pour ce qu’elle n’est pas. Sa nature la pousse à s’abandonner corps et âme à cet amour naissant et elle est d’autant plus dans le don que Clément reste sur la réserve. On devine qu’il se demande ce qu’il lui arrive, on le surprend constamment en porte à faux avec lui-même, jouant en permanence sur deux registres sans bien appréhender lequel est le plus essentiel et déterminant, ni comment administrer au mieux cet apprentissage du cœur qui le voit à ce point désemparé. Car dans cette comédie sentimentale entre deux êtres aux antipodes l’un de l’autre, le plus à plaindre est sans nul doute Clément, prisonnier de sa cérébralité, de son égo, de l’image qu’il veut imposer de lui-même. Alternant les scènes légères avec d’autres d’une surprenante profondeur, servi par des dialogues intelligents et une interprétation remarquable, ce film est un bijou qui nous rassure sur les possibilités d’un cinéma intimiste et littéraire et que l'on savoure avec bonheur.

 

Pour consulter la liste des films de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

PAS SON GENRE de LUCAS BELVAUX
Partager cet article
Repost0
4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 11:21
NELLY ET Mr ARNAUD de CLAUDE SAUTET

Une jeune femme, Nelly, travaille occasionnellement dans des imprimeries, tandis que Jérôme, son compagnon, ne parvient pas à trouver du travail. Dans un café, Nelly fait la connaissance d'un sexagénaire, monsieur Arnaud, que lui présente Jacqueline, dont il fut autrefois l'amant. Monsieur Arnaud propose de l'argent à Nelly, qui refuse. Elle n'en affirme pas moins à Jérôme qu'elle a accepté et suscite ainsi une rupture qu'elle désirait secrètement. Nelly revoit monsieur Arnaud et se rend à ses raisons. Il peut l'aider financièrement. Elle, en échange, tapera à la machine et critiquera le manuscrit de ses mémoires qu'il est en train de rédiger. Pour Mr Arnaud, ses mémoire sont déjà un adieu à la vie, pour Nelly sa rupture avec son mari est également une remise en cause de son avenir sentimental. Les deux personnages sont en quête de quelque chose qu’ils ne maîtrisent plus et qui fait d’eux des isolés, des cœurs solitaires soucieux de préserver leur quant-à-soi. Tous deux, dans ce quasi huis-clos, où le temps semble suspendu, se croisent, s’épient dans une intimité feutrée sans que leurs élans ne coïncident jamais. Au cœur d’un cocon bourgeois, c’est une tragédie lente et implacable à laquelle nous assistons : un face à face amer, impossible, contrarié, illusoire entre deux protagonistes que l’âge, le milieu social et les aspirations séparent. Avec cet opus, le dernier de sa carrière, Sautet traite avec délicatesse des instabilités de la vie, des impossibilités du destin, des rendez-vous manqués et les traduit en une musique de chambre douce, déchirante et pudique qui sied tellement bien à sa personnalité et trouve là sa tonalité la plus juste, comme cela l’avait déjà été pour Un cœur en hiver.

 

La souffrance des personnages est saisie par une caméra légère qui brosse chaque tableau avec des couleurs aquarellées et sait nous relater avec subtilité l’inconstance des sentiments, les variations des cœurs aux prises avec un réel qui ne les satisfait pas. Les flash-back ne sont là que pour prolonger l’écho des actes et situations qui, désormais, ne sont plus possibles, chaque tentative, chaque élan qui pourraient rapprocher la jeune femme et l’ancien juge sont toujours contrariés, brisés dans leur spontanéité. Cette cantate pour cœurs solitaires est interprétée par deux solistes remarquables, violons qui s’accordent et se répondent sans parvenir à s’unir mais nous enchantent grâce à leurs partitions savamment dosées de gravité, de maturité, d’ironie, de raideur ou de bouleversant abandon. Ce sera ainsi de Mr Arnaud contemplant Nelly dans son sommeil. Michel Serrault et Emmanuelle Béart sont en osmose parfaite avec leurs personnages très tchékhoviens, tandis que les seconds rôles, Charles Berling dans celui du mari, Michael Lonsdale en ami trop envahissant et Jean-Hugues Anglade en soupirant disponible sonnent juste également. Quel plus bel adieu pouvait nous adresser Claude Sautet que cette cantate fauréenne ? 

 

 

Pour consulter la liste des films de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

NELLY ET Mr ARNAUD de CLAUDE SAUTET
NELLY ET Mr ARNAUD de CLAUDE SAUTET
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche