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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 09:04
QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ? de PHILIPPE de CHAUVERON

Claude et Marie Verneuil, issus de la grande bourgeoisie catholique provinciale, sont des parents plutôt "vieille France". Mais ils se sont toujours obligés à faire preuve d’ouverture d’esprit...Les pilules furent cependant bien difficiles à avaler quand leur première fille épousa un musulman, leur seconde un juif et leur troisième un chinois. Leurs espoirs de voir enfin l’une d’elles se marier à l’église se cristallisent donc sur la cadette, qui, alléluia, vient de rencontrer un bon catholique.

 

Sur ce canevas casse-gueule, Philippe de Chauveron qui, jusqu’alors, ne nous avait proposé que des comédies assez plates, nous offre un opus amusant, enlevé et fort bien ficelé qui n’est pas sans rappeler des films, qui furent en leur temps des succès, comme Rabbi Jacob ou La vérité si je mens. Alors, ne boudons pas notre plaisir lorsque se présente à nous un film savoureux, drôle sans jamais être vulgaire, et qui égratigne gentiment toutes les communautés sans jamais être méchant ou blessant. Ici on est dans le gag soft et la caricature plaisante où la xénophobie de chacun n’engage que lui-même sans porter offense à l’autre. Voilà qui nous réconcilie avec le multiracial et le multiculturel revisités de façon burlesque mais volontairement optimiste.

 

Il faut dire que chacun a l’élégance de ne pas se voiler la face et de balayer devant sa porte avant d’accuser quiconque et que les gendres font preuve d’un sens familial évident, acceptant même de passer un Noël chrétien chez les beaux-parents, ce que bien des gendres français oublient de faire. Mais ceux-là ont, à l’évidence, assez de cœur pour comprendre que leurs beaux-parents ont quelques raisons d’être un peu déboussolés dans leur quotidien. Bien que catholiques  pratiquants, Claude et Marie Verneuil ont eux aussi des vertus de tolérance et l’amour du prochain n’est pas un vain mot selon eux, d’où le côté conciliateur et apaisant de ce film qui nous brosse un tableau idéal du mélange des peuples, des religions, des coutumes et, ce, avec allégresse. On en aurait presque la larme à l’œil. Aussi faut-il le remercier de nous avoir concocté, à un moment où les tensions sont si grandes, une comédie qui réconcilie au lieu de diviser, qui amuse au lieu de choquer, qui apaise au lieu d’irriter. Un grand bravo pour ce tour de force sans prétention cinéphile peut-être, mais qui nous propose une dose d'euphorisant à moindre prix.

 

Je ne citerai pas chaque acteur car ils sont tous excellents, parfaitement crédibles et visiblement très bien dans leur peau. Christian Clavier en notable bon enfant, auprès d'une Chantal Lauby délicieuse de gentillesse, est simplement formidable, avec ce poids que les ans lui ont donné et qui lui va comme un gant dans ce rôle de père aux prises avec son époque et ses inévitables bouleversements.

 

A voir si le quotidien vous a mis l’humeur à l’envers.

 

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QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ? de PHILIPPE de CHAUVERON
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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 09:32
LES CHOSES DE LA VIE de CLAUDE SAUTET

Pierre (Michel Piccoli), architecte d'une quarantaine d'années, est victime d'un accident de voiture. Éjecté de son véhicule et gisant dans une prairie à peine conscient, il revoit son passé et les deux femmes qui comptent dans sa vie, Catherine (Léa Massari) dont il est séparé et avec qui il a eu un fils et Hélène (Romy Schneider) avec qui sa relation amoureuse est à un tournant. A partir de ce thème, inspiré d’un roman de Paul Guimard, Claude Sautet compose un drame sentimental de belle facture sur un scénario travaillé en collaboration avec Jean-Loup Dabadie qui a écrit également les dialogues et sur une musique d’un charme envoûtant que l’on doit à Philippe Sarde. L’ensemble est une réussite d’autant plus appréciable que le montage est un petit chef-d’œuvre d’habileté qui nous conte la vie de Pierre Bérard grâce à des flashsbacks qui pointent ainsi les moments clés de son existence. Séparé de sa femme, Pierre vit une passion avec la belle Hélène mais on ne tourne pas si facilement une page qui a compté beaucoup de moments heureux, on ne s’éloigne pas de son passé si aisément, si bien que Pierre est à un virage qu’il ne sait pas mieux amorcer que celui où il trouvera la mort sur une petite route départementale par un jour de pluie, alors qu’il roule à trop vive allure.

 

Ce sont ces choses de la vie faites de petits riens, de réunions de famille, de rencontres, de bavardages entre copains en buvant un café, ce sont ces visions fugitives d’un passé qui vient soudain percuter le présent et le colorer d’une subtile mélancolie que Claude Sautet hisse à la hauteur d’un drame antique et que saisit une caméra sensible et nostalgique. Ce film est également une chronique des années 70, la fin des 30 Glorieuses où l’air semblait plus léger qu’aujourd’hui, où les femmes s’habillaient de couleurs vives, de robes structurées, se coiffaient de chignons bas sur la nuque, où la classe moyenne des cadres étaient plus à l’aise que de nos jours, où l’on fumait beaucoup et où l’insouciance se faisait la part belle aussi bien professionnellement que sentimentalement. On commençait à voir pointer les familles recomposées, les liaisons affichées, mais tout cela restait feutré par une évidente élégance du cœur.

 

Les choses de la vie, par sa composition remarquable, son casting, sa musique sera le premier succès de Claude Sautet et son entrée par la grande porte dans le monde des cinéphiles. Ce film recevra d’ailleurs le prix Louis Delluc 1970 et obtiendra un grand succès en salles. Il est vrai que les acteurs y sont pour quelque chose et que Sautet a su les choisir avec discernement. Michel Piccoli s’impose dès les premières scènes par sa présence, Lea Massari est magnifique et très classe dans le rôle de l’épouse qui ne se laisse nullement abattre par les événements et déchirera au bon moment une lettre compromettante, enfin Romy Schneider est sublime de charme, de tendresse, d’inquiétude, elle est la femme qui se tient en équilibre sur un fil entre espérance et désespoir, cet état qu’elle savait si bien traduire à l’écran avec son beau visage interrogateur. Oui, un film que l’on revoit avec émotion et qui distille une mélancolie poignante car la vie est ainsi faite de ces choses qui, tour à tour, exaltent et fracassent.

 

Pour prendre connaissance de l'article consacré à SAUTET, cliquer   ICI

 

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LES CHOSES DE LA VIE de CLAUDE SAUTET
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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 09:19
SALAUD,ON T'AIME de CLAUDE LELOUCH

Un  photographe de guerre à la retraite, Jacques Kaminsky interprété par Johnny Hallyday  buriné à souhait, vient visiter avec sa dernière compagne un chalet alpin qu’il entend acheter pour fuir Paris et ses pompes et se retirer à l’écart du monde. La jeune femme ( Sandrine Bonnaire ), qui lui fait visiter les lieux, dégage un charme auquel cet amoureux des femmes ne résistera pas, si bien que nous le retrouvons, quelques mois plus tard, s’installant en sa compagnie dans ce lieu idyllique veillé par un aigle photogénique et un environnement exceptionnel de cimes enneigées. Bientôt le meilleur ami du photographe, un médecin campé par Eddy Mitchell, lui rend visite et voyant combien son ami souffre de ne pouvoir réunir ces quatre filles, nées chacune d’une mère différente et qu’il a coupablement négligées, imagine de leur faire croire que leur père est très malade, ce qui a pour conséquence immédiate de les faire arriver en catastrophe et de créer une suite d’imbroglios plutôt sympathiques. Malheureusement cette chronique familiale va brusquement virer au polar de façon alambiquée, ce qui enlève au film sa cohésion et surtout le prive de toute crédibilité.

 

Dommage qu’une fois encore Lelouch ait cédé à son travers de compliquer inutilement son scénario alors que la simplicité du début lui seyait autrement mieux et surtout conférait une unité à son film. Mais on ne guérit pas de ses travers. On sait qu’il y a toujours eu chez Lelouch, cet éternel gamin fou de caméra, un petit quelque chose d’amateurisme. Chez lui, les découpages ont trop souvent manqué de nerf et les scénarios de muscle, ce qui les fait partir en vrille comme nous le constatons avec "Salaud, on t’aime".

 

Heureusement les images sont belles. Lelouch est un œil, pas toujours une tête, ce qui produit des longs métrages bancals comme ce dernier auquel peu de choses suffisait pour emporter l’adhésion. Reste un casting plaisant, un duo composé des deux ténors de la chanson populaire, le joli sourire de Sandrine Bonnaire, des paysages magnifiques et la dose habituelle, que n’oublie jamais Claude Lelouch, de romanesque composite, de rigolades entre copains, de belles échappées, de quelques larmoiements et d’une bordée de lieux communs, le tout servi sur un lit d’images superbes et de tendresse amusée. Toutefois, le cinéaste aurait été mieux inspiré s'il s'était contenté de nous livrer le bilan d’une vie, qui n’est autre que la sienne, teinté de nostalgie, de plaisirs hédonistes et d’inévitables regrets.

 

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SALAUD,ON T'AIME de CLAUDE LELOUCH
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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 10:58
LA GRANDE ILLUSION de JEAN RENOIR

 

Pendant la Première Guerre mondiale, dans un camp en Allemagne, un groupe de prisonniers français, dont le capitaine de Boëldieu (Pierre Fresnay), le contremaître Maréchal (Jean Gabin) et le banquier d'origine juive Rosenthal, préparent leur évasion. Ces hommes sont à la veille de leur première tentative, lorsque la nouvelle de la reprise par les Français du fort de Douaumont suscite une vague d'enthousiasme parmi les prisonniers et conduit le bouillant Maréchal au cachot. Tous sont finalement transférés dans la forteresse que commande le capitaine von Rauffenstein (Erich von Stroheim). Entre Rauffenstein et Boëldieu, une solide estime s'établit, fondée sur l'appartenance à la même caste. En parlant de son scénariste Charles Spaak, Renoir déclarait : « Aux liens de notre amitié s’ajouta celle de notre foi commune dans l’égalité et la fraternité des hommes ». Sortie sur les écrans en 1937, alors que l’ombre d’un nouveau conflit mondial venait assombrir l’Europe, «La Grande Illusion» est une œuvre d’une humanité profonde dont le constat n’en est pas moins cruel. Renoir, grâce aux relations qui se nouent entre Boieldieu et von Rauffenstein, parvient à abolir provisoirement les frontières dressées entre les hommes. Mais, il redevient pessimiste lorsqu’il nous montre que ces barrières sont d’origines sociales et nous prouve qu’un immense fossé sépare irrémédiablement Boieldieu et Maréchal que la fraternité elle-même ne parviendra pas à gommer. Dans ce film, Renoir est plein d’espoir en l’homme, il a foi en chaque individu. C’est la société qui porte tous les maux, pousse les hommes à s’affronter et à se haïr. Peut-être Maréchal et Boëldieu ne sont-ils séparés que par leur appartenance à deux classes distinctes et par leur éducation ? Mais il semble que ce soit davantage encore leur conception de la guerre et la manière dont ils surmontent son absurdité qui les distinguent l’un de l’autre. Boëldieu et von Rauffenstein font partie d’un monde qui s’éteint, croyant en une chevalerie imaginaire de faits d’armes immémoriaux. Alors que Maréchal fait partie du peuple dont le principal souci est de défendre la nation et la démocratie pour laquelle leurs ancêtres ont versé leur sang, sans rien y ajouter de chevalerie romanesque.

 

Le film fut tourné, pour une grande part, à la caserne de Colmar et au château du Haut-Koenigsbourg qui répondait parfaitement à l’illustration de l’austère citadelle et à ce qu’il y avait d’altier dans l’attitude et le comportement de son commandant germanique. Renoir croyait sincèrement en la légitimité des guerres. Lui-même, combattant en 14/18 dans l’aviation, était animé par des sentiments de chevalerie qui trouvent leur incarnation dans les deux aristocrates de son film. Renoir donne ici la parole à chacun des camps, le français et l’allemand, et aux différentes couches sociales dont les idéaux diffèrent fatalement. Il ne décrit d’ailleurs que des actes justes, des hommes intègres et fraternels, nous plongeant dans des situations  qui touchent le cœur, celles que rencontrent inévitablement, et où qu’ils soient, les prisonniers de guerre. Le cinéaste nous offre, par ailleurs, un spectacle d’une rare intelligence. D’abord récit de prison, comprenant nombre de types humains hauts en couleur, le film se resserre sur quelques individus emblématiques, prisonniers d’un nid d’aigle, forteresse qui illustre bien le drame en train de s’y nouer. Puis, dans la blancheur éclatante de l’hiver, trois individus vont cristalliser les enjeux du film. Ce récit, distribué en trois chapitres, s’approche comme dans un lent travelling avant (figure que Renoir utilisait à merveille) de chacun des individus. C’est à la fois un récit d’évasion et une aventure humaine servie par une mise en scène magistrale en noir et blanc et un casting de tout premier ordre, véritable sommet de l’art cinématographique. Un des chefs-d’œuvre du cinéma français aux dialogues et aux interprètes inoubliables, une œuvre où se trame une véritable comédie et tragédie humaine sobrement ramassée en un scénario solide et efficace.

 

Enfin et surtout, "La grande illusion" est celle qui consiste à espérer que cette guerre sera la dernière et que la fraternité entre les hommes sortira vainqueur des tranchées, puisque de part et d'autre les souffrances ont été les mêmes et, qu'au final, ce qui rapproche est sans doute plus fort encore que ce qui sépare. Mieux qu'un grand film admirablement construit et interprété (tous les acteurs sont fabuleux), "La grande illusion" prône déjà les vertus d'une Europe rassemblée, regardant dans la même direction, unie par ses valeurs communes et animée du souci d'en finir avec les divisions et les conflits de tous ordres. Jugé très osé à l'époque, où les hostilités commençaient à se faire de plus en plus vives, ce long métrage ne fut pas toujours bien reçu et même interdit en Italie et en Allemagne, puis dans la France occupée. C'est dire à quel point, hélas ! le film de Jean Renoir méritait bien son titre. Soixante-dix-sept ans plus tard, savamment restauré, il est plus que jamais d'actualité, même si l'idée de sacrifice n'est plus à l'ordre du jour. Il retentit  en nous comme un écho douloureux et prégnant, car si l'absurde finit trop souvent par l'emporter, l'espérance ne doit jamais être découragée.

 

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LA GRANDE ILLUSION de JEAN RENOIR
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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 10:49

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Le film aurait pu se nommer " Une vie " comme le roman de Guy de Maupassant, à la différence que l'héroïne du film est une jeune femme actuelle, éprise de liberté qui envisage son avenir de toute autre façon que la Jeanne du roman. Suzanne, à peine sortie de l’adolescence, supporte mal l’autorité d’un père pourtant très attentif, veuf depuis des années et qui élève seul, avec courage et dignité, ses deux filles. Magnifique personnage que ce routier qui partage son existence entre son travail et l’éducation de ses  enfants. Il est remarquablement bien interprété par un François Damiens profondément immergé dans son rôle d’homme de devoir, dont la vie n’est éclairée que par la présence et l’amour de ses filles.

 

Suzanne est visiblement la plus rebelle, face à une sœur, émouvante Adèle Haenel, qui l’adore et lui passe tous ses caprices. Un jour, le père est appelé par une conseillère familiale qui lui apprend que Suzanne est enceinte de 3 mois. C’est le choc, car il est visible que cette femme/enfant n’est pas en mesure d’élever son bébé. D’ailleurs elle va bientôt l’abandonner pour suivre Julien, un jeune malfrat qui l’entraînera dans sa dérive, larguant définitivement les amarres. Coup de cœur dont s’ensuivra une cavale, la prison, l’amour fou, le petit garçon placé dans une famille d’accueil, un autre enfant, une autre cavale et,  pour finir, la réclusion avec son deuxième bébé, une petite fille, dans un lieu de détention pour femmes.

 

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Lorsqu'elle s'est présentée à l'audition, nous dit la cinéaste Katell Quillévéré, Sara Forestier s'était vêtue comme elle pensait que Suzanne s'habillerait et avait préparé une des scènes les plus difficiles, celle où, au parloir de la prison, elle apprend par son avocate que son fils a été placé dans une famille d'accueil : "Sara est la première actrice que j'ai vue pour le rôle et j'ai su aussitôt que ce serait elle. Elle dégage une énergie phénoménale, qui contrebalance le caractère tragique de la trajectoire de son personnage. Elle veut toujours aller au bout de l'exploration, demande des prises supplémentaires et livre une infinité de variations, c'est un stradivarius." Dans le rôle de la soeur cadette, Adèle Haenel est éblouissante, "très drôle dans la vie de tous les jours, mais à l'écran elle dégage une forme de gravité qui donne beaucoup de densité à Maria, qui, dans le film, fait figure d'aînée". Le père, joué par François Damiens, "est de la même famille que ses filles de cinéma, toujours dans le plaisir du jeu."

 

Des femmes comme Suzanne, Katell Quillévéré en a rencontré lorsqu'elle a présenté son film dans une prison lyonnaise : "C'est là que j'ai mesuré la violence de mon film. Une mère séparée de son enfant comme Suzanne m'a dit, après la projection, qu'elle aurait aimé voir le film, mais dehors. Vous imaginez une histoire, vous racontez la vie de quelqu'un qui n'existe pas et voilà qu'elle apparaît devant vous… Des Suzanne,  il y en a plein les prisons." 


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L’originalité de l'opus de Katell Quillévéré est de se dérouler par séquences, laissant aux spectateurs la liberté de combler, à leur gré, les espaces vides, les lignes en suspens, ces vies entremêlées et toutes douloureuses, sans cesse contrariées dans leurs espérances. Ce sont bien des vies qui volent en éclats, des existences ratées et pourtant lourdes de sens, de souffrances quotidiennes, d’aspirations renoncées et d’une luminosité déchirante, tant nous les côtoyons chaque jour. Le réalisme du film n’en reste pas moins teinté d’une poésie tendre, celle des visites au cimetière sur la tombe de la mère disparue, celle d’un père en sanglots au chevet de sa fille, d’une sœur qui abdique ses désirs personnels pour rester proche de son père et toujours disponible pour sa sœur, d’un environnement modeste et provincial, France profonde qui cache tant bien que mal ses drames et ses deuils. Un film qui vous prend à la gorge et dont l’émotion pudique ne vous quitte pas, peut-être parce que les images restent dans un cadre intime, dans une intériorité expressive et parce que les acteurs sont d’un bout à l’autre bouleversants et vrais. Il faudra 25 ans pour que Suzanne tente de recoller les morceaux épars de sa vie chaotique. Elle le fera, désormais sans rêve, ni illusion, soumise à la seule loi qui vaille : celle du cœur.

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 10:49

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Ce biopic français, élégant et sophistiqué, repose sur les épaules menues d'un jeune acteur éblouissant Pierre Niney. Surdoué du théâtre, pensionnaire à la Comédie française, il s'est véritablement incarné en Yves Saint Laurent au point d'en avoir adopté les tics, la voix, les gestes, le phrasé, les mains. Réincarnation troublante qui méritait un scénario mieux ficelé, une véritable approche de ce qu'est l'enfer du génie, une plongée dans cette créativité libre et colorée, exaltante et usante, au lieu que le film insiste lourdement sur l'aspect sombre du personnage, son addiction à l'alcool et à la drogue, son instabilité affective, son vieillissement prématuré, bien qu'il ne se concentre que sur les 20 premières années de la vie professionnelle de Saint Laurent. Dommage ! C'est malheureusement une mode tristement actuelle d'appuyer sur tout ce qui relève du domaine le plus intime et d'obliger ainsi le spectateur à devenir un voyeur en lui assénant des scènes de sexe parfaitement inutiles, se plaisant à souligner les détails les plus crus. Yves Mathieu Saint Laurent méritait mieux. Ce n'est pas son homosexualité et son comportement instable  qui ont suscité l'admiration du monde mais son génie créateur, son inventivité, son goût inné de la beauté. C'est cette part de lui-même que nous attendions et espérions, celle d'un esthète incomparable, d'un homme amoureux des arts, d'un collectionneur éclairé et novateur qui a changé nos habitudes vestimentaires, créant un style reconnaissable entre tous. C'est également l'amoureux des écrivains et des peintres, l'initiateur d'une mode nouvelle qu'il était intéressant de mettre en scène, non les soucis d'un être fragile.

 

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Né à Oran en 1936 dans une famille de la bourgeoisie modeste, le jeune Yves Mathieu monte à Paris pour suivre des cours de modélisme et très vite se fait remarquer par son talent. Choisi par Christian Dior pour devenir son assistant, il assure la relève à sa mort, bien qu'il n'ait que 24 ans. Le petit prince de la mode, comme on l'appelle, rencontre immédiatement le succès avec les 178 modèles proposés qui imposent déjà sa propre inspiration. Ce sera une coupe trapèze très différente de celle du maître disparu. Mais appelé en 1960 à faire son service militaire qui, à l'époque, durait 27 mois, Yves Mathieu redoute plus que tout d'aller se battre dans son pays natal, l'Algérie, et tombe malade ; il sera hospitalisé au Val de Grâce pour dépression et finalement réformé et licencié par la maison Dior que gouverne le tout puissant Marcel Boussac. Grâce à Pierre Bergé, dont il partage déjà la vie, Yves Saint Laurent gagnera son procès pour rupture abusive de contrat et créera, toujours avec le soutien de Pierre Bergé qui en sera le directeur financier, sa propre maison de couture dont on sait le renom mondial qu'elle obtiendra, faisant de la griffe Saint Laurent une vitrine pour le commerce de luxe français et le fleuron incontesté de la Haute couture.

 

C'est donc cette vie que Jalil Lespert était sensé nous raconter et qu'il fait par bribes, avec de très beaux moments : ceux des collections sur une musique d'opéra où nous voyons défiler quelques-unes des plus belles toilettes sorties des mains inspirées du couturier. Mais à côté de ces moments de grâce, l'opus insiste non sans complaisance sur les pages sombres, les orgies très romaines dans la splendeur du palais marocain, les traits qui s'épaississent, les débauches courantes qui sont si peu en harmonie avec la beauté ambiante des intérieurs et des collections. J'ai déjà dit combien Pierre Niney est absolument génial dans son interprétation et il est curieux de remarquer que nombre de films récents doivent plus aux acteurs qu'aux metteurs en scène. Ce fut le cas pour "La Vénus à la fourrure" de Roman Polanski qui repose sur les interprétations remarquables d'Emmanuelle Seignier et de Mathieu Almaric. Même chose avec le film de Lespert qui ne serait rien sans Pierre Niney et Guillaume Gallienne, l'un et l'autre formant un duo extrêmement crédible, Gallienne transformé en un Pierre Bergé attentif et implacable, véritable mentor qui assure le bon fonctionnement de l'empire Saint Laurent/Bergé. Le final est un peu bref. On s'arrête en l'an 1976, alors que l'empire demeure toujours, simplement parce qu'il devait être bien difficile de confier au jeune Niney la face vieillissante de Saint Laurent. Quant aux autres personnages, que ce soit Loulou de la Falaise, Betty Catroux, Bernard Buffet, Victoire, ils ne font que de la figuration et se perdent dans les décors toujours somptueux.

 

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 10:39

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Thomas, un metteur en scène, se lamente dans un théâtre parisien vide. Sa journée passée à auditionner des comédiennes pour son adaptation de «La Vénus à la fourrure» a été un échec et l’a mis hors de lui. Désespéré par le niveau des aspirantes, il voit soudain débarquer Wanda, trempée par la pluie et en retard pour l'audition. Le metteur en scène est d'abord rebuté par l'arrogance et la vulgarité de la jeune femme et la jette dehors. Mais, celle-ci insiste, se déguise en Vanda, l’héroïne de la pièce qu’elle a visiblement lue, et plus l'audition avance, plus la jeune femme fait preuve de subtilité, parvenant régulièrement à surprendre Thomas, qui, peu à peu, se laisse séduire par la comédienne. Un étrange jeu va dès lors s'installer entre les deux artistes...

 

Voilà, le décor est planté, les personnages en place et ce huit-clos commence entre deux êtres que tout sépare et qui s'apprêtent à confronter leur vécu et leur fantasmé dans un climat tendu comme ceux qu'affectionne de plus en plus, au fil du temps, Roman Polanski, homme complexe et metteur en scène habile et provoquant. On retrouve, dès les premières images, son goût pour les travestissements, l'érotisation des situations, le burlesque et l'intellectualisme sulfureux et surtout l'enfermement de soi et des autres. Il semble bien que, mal remis de certains drames, le réalisateur polonais se plaise à gratter ses plaies et à se polariser sur les situations les plus extravagantes et surtout les plus confinées, dans une claustration  inquiétante. Je dois l'avouer, j'ai eu du mal à entrer dans ce film parce que la claustration n'est pas mon fort, que j'aime trop l'espace, l'air, la lumière pour prendre plaisir à une mise en abîme aussi castratrice, dans un décor composite fait de bric et de broc, car c'est de cela qu'il s'agit : deux personnages pris dans les rets du sado-masochisme qui se confrontent  pour mieux tenter de se détruire, grande scène des genres redistribués. 

 

Et qui est ce metteur en scène officiant dans le film ? Un homme visiblement insatisfait qui se cherche dans les textes des autres, comme dans celui-ci qu'il s'applique à adapter de Léopold von Sacher-Masoch et revisite sans en connaître vraiment les  tenants et les aboutissements, enclin à le modifier au cours de ce face à face avec une comédienne qui elle-même a besoin de s'affirmer, de donner un sens à sa vie et de dominée devenir dominante. Qui l'emportera ? Personne, au final,  sinon  Polanski qui nous propose un cheminement dans l'inconscient où chacun ne voit que ce qu'il veut bien voir... On sort de la projection dans un état de perplexité et de confusion tant on devine qu'il s'agit en tout premier lieu d'une introspection personnelle, où le metteur en scène nous livre ses sentiments les plus secrets en ce qui concerne ses rapports avec les femmes et tout d'abord avec la sienne. Car Emmanuelle Seigner est  ici au centre de l'écran : elle est la femme fatale qui éblouit et fait perdre pied, séduit et captive, inspire et désespère. Elle est magnifique de beauté et d'assurance, tellement forte face à un Mathieu Almaric qui est véritablement le double de Roman, émouvant à force d'être terrassé, constamment en position de faiblesse, victime de ses appréhensions, de son physique ingrat,  de ses propres leurres. Leur duo est déséquilibré dès le départ parce que l'on sent tout de suite que la femme est la plus forte, la plus acharnée à vivre,  à lutter, à survivre. Alors que son partenaire est déjà engagé sur la pente du déclin et que son intelligence est laminée par trop de  doutes. 

 


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Souligné par la musique aigre et parfois hurlante d'Alexandre Desplat, le film vaut surtout par la formidable interprétation du duo Seigner/Almaric, tous deux maîtrisant leur texte et leur jeu de façon  remarquable, elle s'imposant, lui se cherchant et s'interrogeant jusqu'à s'annihiler. Emmanuelle Seigner donne ici la mesure de son talent et surfe sur un vaste registre où elle passe de la femme vulgaire à l'intellectuelle inspirée et finaude, de la femme objet à la femme déesse, extase d'un homme aux prises avec ses démons les plus récurrents, ses rêves les plus improbables. Ce n'est certes pas un film que j'aime pour la raison que j'ai donnée un peu plus haut, mais qui éclaire de ses lueurs sauvages l'oeuvre complexe et ambiguë de Polanski. 

 

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Pour consulter l'article que j'ai consacré à Roman Polanski, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

ROMAN POLANSKI OU UN CINEMA MARQUE PAR L'HOLOCAUSTE

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 09:53

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Prenez un  clown génial et excellent acteur, un sujet scabreux mais traité avec la finesse de celui qui a vécu ce drame de l’identité dans sa chair et vous obtenez un film qui, malgré ses clichés et un narratif en dents de scie, ne peut laisser  indifférent le spectateur pour plusieurs raisons. La première est l’acteur et réalisateur lui-même qui vous ferait avaler des couleuvres tant il est sincère et qu’il parle d’un drame intime qui a déjà fait l’objet d’un one man show ; la seconde est qu’il fallait oser aborder le thème de l’homosexualité à l’envers, en montrant non un homo refoulé mais un hétéro incompris. Car Guillaume, le petit dernier d’une famille de trois enfants, dont deux frères aînés du genre hyper viril, est l’objet d’une attention malsaine de la part de sa chère maman qui aurait tant voulu une fille. Voilà les dès jetés : Guillaume est la victime constante d’un malentendu de la part de son entourage qui ne peut l’imaginer qu’homo pour la bonne raison que sa maman en est convaincue et qu’il ne sait rien lui refuser, alors se croyant homo, il la joue homo. Cette matrone, élégante mais baroque, interprétée par Gallienne, se révèle une castratrice de première grandeur et Guillaume une proie d’autant plus facile qu’il ne s’aime pas et se sent pris dans un engrenage inéluctable jusqu’à ce qu’il rencontre enfin la jeune fille de ses rêves … D'autant qu'avec sa tête de petit mouton, on le sent destiné à être tondu. 

 

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Bien entendu, l’opus n’échappe pas à la caricature et certaines scènes sont particulièrement lourdes et inconsistantes, telle celle avec Diane Kruger où le malheureux Guillaume, fan des cures et des spas, se voit infliger un lavement. D’autres sont vraiment très drôles, ainsi lorsque le jeune homme, qui tente d’échapper au service militaire, ne sachant que trop bien, pour avoir été dans les collèges anglais, ce  qui risque de lui arriver dans un contexte exclusivement masculin, se ridiculise à l’envi face à un malheureux psy de l’armée qui finira par perdre le fil de son discours.  Car Guillaume aime les femmes : sa mère à la folie, sa grand-mère, ses tantes et toutes les femmes qu’il cajole du regard et ne se lasse pas de côtoyer et d’écouter. C’est d’ailleurs lui qui joue le rôle de sa maman parce que personne ne pouvait mieux rendre leur incroyable proximité :

« J’étais le seul à pouvoir jouer ma mère. Je connais mieux que quiconque sa violence, mais aussi sa pudeur. Au tout départ, je pensais confier le rôle à une actrice, mais je lui aurais indiqué de façon si directive comment la jouer que cela aurait été insupportable pour elle. Du coup, l’idée de l’incarner moi-même s’est rapidement imposée. Il s’agissait pour moi de mieux la défendre... »

Il poursuit :

« Interpréter simultanément mon propre cas et celui de ma mère relève de l’évidence. Primo, j’illustre ainsi concrètement la confusion schizophrène de ma jeunesse. Secundo, je montre que je n’ai toujours pas réglé mon problème puisque aujourd’hui, à 41 ans, j’éprouve encore le besoin de jouer maman ! De toute façon, je ne crois pas que l’on règle ses problèmes. Au mieux on apprend à les apprivoiser, à ne plus les subir et à les poétiser. »

Et c’est ce qu’il fait avec autant de maladresse que de sincérité et si naturellement qu'on les lui pardonne volontiers pour la simple raison que le réalisateur a su, de façon délicate et sensible, pointer du doigt les malentendus redoutables que la société ne cesse de propager entre l’être et le paraître.

 

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 10:14

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Ariane Felder est enceinte ! C'est d'autant plus surprenant que c'est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c'est que d'après les tests de paternité, le père de l'enfant n'est autre que Bob Nolan, un criminel poursuivi pour une atroce agression. Ariane, qui ne se souvient de rien tant elle était ivre cette nuit-là, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l'attend...

 

«Je préfère parler de drame rigolo que de comédie - confie le cinéaste-auteur-acteur. Je n’écris jamais de choses drôles. Mes histoires sont toujours une tragédie. Là, il s’agit d’une juge imbue d’elle-même, carriériste, austère, et qui descend en enfer quand elle comprend qui elle est!» Cette vieille fille aigrie, fière de ne s’être jamais abaissée à devenir mère, va se retrouver, après une cuite, engrossée par un tueur, un psychopathe qui croque les yeux de ses victimes… «Une fois que j’ai écrit un drame, qu’en faire? Je le traiterais comme un Ken Loach si j’avais son talent. Alors, par pudeur, je travestis la tragédie en Grand-Guignol»  - ajoute notre réalisateur.

 

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Comédie totalement déjantée, "9 mois ferme" a l'avantage de ne jamais se prendre au sérieux. Nous sommes dans l'absurde et le burlesque du début à la fin. Rien n'est vrai et tout est permis à ce cinéaste qui jongle avec les formules, invente le mot globophage et ne cherche même pas à nous faire prendre les vessies pour des lanternes. Si on n'entre pas dans sa loufoquerie, autant quitter la salle, c'est sans espoir... Si on aime le burlesque, il y a de bons moments et surtout une interprétation de qualité, autant de la part de Sandrine Kiberlain qui parvient à nous effarer, autant qu'elle l'est elle-même,  que de celle d'Albert Dupontel révulsant  en permanence et attendrissant sur la fin, enfin par Nicolas Marié qui, en avocat bègue, nous fait une démonstration fort éloquente de ce que peut être une plaidoirie lorsque la bande sonore se détraque. Je ne vous parlerai pas des scènes gore, il y en a, par exemple celle d'un médecin légiste en train de découper son cadavre à la tronçonneuse - mais à ce moment j'ai fermé les yeux et ne peux tout vous décrire, alors remboursez ! -  où les scènes interdites au moins de 14 ans qui sont floues au final, alors ?

 

Ai-je apprécié  ? Cet absurde est certes plein de trouvailles mais il arrive que le saugrenu ne soit pas toujours lisible. Oui, comment une psycho-rigide peut arriver à assouplir sa rigidité et comment un dangereux psychopathe parvient à retrouver un comportement quasi sociable ? Cela n'est pas une mince affaire et dans cette comédie burlesque, Albert Dupontel ne s'en sort pas mal car il arrive que le pire engendre le meilleur...au mieux le moins mauvais. Et puis Sandrine Kiberlain parvient à rester crédible, même dans les moments les plus insensés.

 

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9 MOIS FERME d'ALBERT DUPONTEL
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11 novembre 2013 1 11 /11 /novembre /2013 11:08
QUAI d'ORSAY de BERTRAND TAVERNIER

                                    

Prenez une bande dessinée pleine d’humour et  d’insolence, un metteur en scène de talent, des acteurs bien dirigés, un rythme ébouriffant et vous obtenez un film désopilant, conduit à cent à l’heure dans les lieux qui ont vu s’écrire des pages d’histoire d’où le ridicule, le trivial, le surabondant, l’énorme n’ont jamais été absents. Oui, il fallait oser entrer dans les ors de la République, saupoudrer ce moment de la vie politique française de très bons acteurs, en faire un festival de la parole drue et ajouter une cadence folle au rythme des négociations qui se tramaient alors entre l’Oubanga et la France. Tavernier l’a osé et a eu grandement raison car il nous livre une excellente comédie politique comme nous n’en voyons que trop rarement avec le brio, la justesse de ton et les envolées lyriques qui font mouche.

 

Nous sommes en 2003 et le ministre des affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms, lecteur d'Héraclite et mégalo, est un homme plein de panache. Il opère sur la scène mondiale et y apostrophe les puissants de ce monde en invoquant les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les agités et les nerveux ( lui qui l’est cependant ) et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix. Alexandre Taillard de Worms est un esprit brillant qui attribue à la puissance du langage la primauté diplomatique : légitimité, lucidité et efficacité ne cesse-t-il de proclamer à son équipe. Il pourfend par ailleurs les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, récemment diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” sous son haut ministère. En clair, il doit écrire ses discours ! Encore faut-il apprendre à composer avec l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares, trouver les mots qu’il faut placer dans la bouche de ce mentor exigeant et manœuvrer malgré l’inertie des technocrates. La tâche est écrasante mais le jeune homme s’y attelle avec bonne volonté…

 

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En 2003, les fonctionnaires fumaient comme des pompiers dans les bureaux du Quai d'Orsay. Surtout, la France avait une voix dans le concert des nations: « Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe (…), qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie, un pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à l'Histoire et devant les hommes ». Tel sera le discours de l’ONU prononcé par Villepin, auquel le personnage d’Alexandre Taillard de Worms ressemble comme un gant et qui nous restitue une page de notre passé non dénué de nostalgie. Car malgré le  désordre apparent, les coups bas, les excès de tous ordres régnaient encore une élégance, un faste, qui ne sont nullement balayés par le rythme haletant, les effets de manche et les ridicules des divers protagonistes. Les dessous du pouvoir sont restitués avec un humour salutaire mais jamais déshonorant car, à l’évidence, ce petit monde fonctionne et travaille et si le chaos menace, le ministre tente de garder son équilibre même au cœur des situations les plus burlesques.

 

 

Thierry Lhermitte est un Alexandre Taillard éblouissant – il se livre ici à un festival de grande classe et colle parfaitement à son personnage pétri de suffisance, d’audace et de séduction ; Niels Arestrup, en directeur de cabinet impavide, est absolument parfait et nous fait toucher du doigt la vacuité des mots quand ils sont utilisés à des fins de manipulation et apparaît comme le seul personnage calme au cœur d’une véritable tornade logorrhéique ; enfin  Raphaël Personnaz, en Candide qui a la charge redoutable de composer avec le prince, est très convaincant dans celui du jeune énarque à qui le ministre vient de confier la responsabilité du … langage. Tous les rouages fonctionnent et le film est une véritable réussite, même si quelques longueurs auraient pu être évitées.

 

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QUAI d'ORSAY de BERTRAND TAVERNIER
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  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

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