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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 10:25
LES 3 ROYAUMES de JOHN WOO

    
 

" Certains combats font l'histoire, d'autres la changent à jamais ".

 

Les 3 Royaumes  de  John Woo  est un film événement à maints égards : tout d'abord pour sa mise en scène époustouflante, son rythme, son audace picturale,  la conduite de l'histoire, l'interprétation, autant d'éléments qui coupent le souffle. Sans être une adepte inconditionnelle des grands spectacles, celui-ci est d'un intérêt, d'une qualité tels, qu'il serait dommage de le manquer, tant on a l'impression d'entrer dans une page d'histoire, de voir le passé se réanimer sous nos yeux avec une incroyable actualité. Le réalisateur est connu des cinéphiles du monde entier depuis longtemps. Ses polars comme Le syndicat du crimeThe KillerA toute épreuve,  ponctués de fusillades dantesques chorégraphiées comme des ballets, l'ont imposé dans les années 80-90 comme un surdoué de la violence irréaliste, adepte d'un langage cinématographique plus proche de la musique que de la simple mise en images. Parti à Hollywood en 1993, il est le seul des cinéastes de HongKong qui ont émigré aux Etats-Unis avant la rétrocession de la péninsule à la Chine en 1997, à avoir fait son trou dans la Mecque du cinéma.  Après avoir signé quelques oeuvres de commande comme Mission impossible 2 et deux films majeurs  Volte-Face  et  Windtalkers,  tous deux avec Nicolas Cage, John Woo est revenu dans son pays natal. La raison principale de ce retour au bercail est une fresque historique Les 3 royaumes (présenté en Chine sous la forme d'un diptyque de quatre heures, le film sort en Europe dans une version de 2 heures 30 remontée par le réalisateur), qui cumule les records du plus gros budget chinois et du plus gros succès de tous les temps, il a même détrôné  Les seigneurs de la guerre .


Un faste spectaculaire a été mis au service d'une histoire mythique, celle de la célèbre bataille de la Falaise rouge, qui opposa, au IIIe siècle, les armées alliées des royaumes de Wu et de Shu à celles des forces impériales, bien plus nombreuses. Même écourté, ce film reste le plus impressionnant de son auteur, un tableau guerrier où s'entremêlent enjeux stratégiques et destins hors normes, littéralement sublimés par John Woo qui, une fois de plus, parvient à faire émerger du chaos des armes, une puissance et une beauté rare. Il est significatif de souligner à quel point la Chine aime à se souvenir de son passé et à le réactualiser avec ce panache, cette grandeur, cette puissance, au point qu'il paraît émerger comme une vague du fond des temps, plaçant désormais sur le marché international le cinéma chinois sur un pied d'égalité avec Hollywood. Dans Les 3 royaumes se succèdent bien sûr de nombreuses scènes de batailles, étourdissantes de maestria, mais il serait injuste de résumer le film de John Woo à la seule action violente. Ce metteur en scène, éduqué dans une école luthérienne, est un fervent chrétien, d'obédience protestante, mais fasciné par l'imagerie catholique et ses guerriers sont le plus souvent des chevaliers au grand coeur défendant la veuve et l'orphelin au péril de leur vie. Son dernier film ne déroge pas à la règle. C'est un film de guerre très réaliste qui parle de courage, d'amitié et de loyauté - dit-il. Ces valeurs obsèdent littéralement John Woo. Conscient qu'on le réduit souvent à la violence présente dans ses films, il tient à préciser : " Je n'ai jamais aimé la guerre, ni la violence qui en découle. Le conflit que je dépeins a eu lieu il y a 1800 ans et pourtant rien n'a changé. Une guerre, c'est toujours une tragédie ponctuée d'horreurs sans véritable vainqueur. Pour autant, je n'ai pas perdu confiance en l'humanité. Je crois l'homme aussi capable de choses magnifiques, comme le sacrifice, la recherche de la beauté et de la vérité". Artisan aussi infatigable que modeste, John Woo aime à se définir comme un cinéaste qui travaille dur et dit vénérer les films de Jean-Pierre Melville, Jacques Demy et Sam Peckinpah. On le croit volontiers. A assister à la projection de son dernier opus, on imagine le travail immense que cela représente, ne serait-ce que pour mettre en images ces batailles pharaoniques. D'autant plus qu'aucun détail n'a été négligé et que chacune des scènes est d'une précision d'horloge et d'une recherche esthétique incomparable.


Héroïsme, romantisme, abnégation, esprit de sacrifice sont donc au rendez-vous tout au long de cette fresque grandiose et épique qui nous plonge au coeur de la civilisation et de la culture chinoises et nous décrit comment dans les années 230/250 de notre ère l'empire du milieu se partagea en trois royaumes et les conséquences qui en découlèrent. John Woo s'est inspiré d'un roman classique chinois, datant du XIIIe siècle, et a resserré son scénario autour de l'épisode clé de la fameuse bataille de la Falaise rouge qui fut déterminant pour l'avenir de la Chine. Un film en tous points réussi et qui démontre, si besoin était encore, ce que le 7e Art est en mesure d'offrir quand il est traité par un maître de l'image.

 

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LES 3 ROYAUMES de JOHN WOO
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commentaires

E
Je ne l'ai pas vu mais le verrais volontiers. J'ai toujours été fascinée par la Chine ancienne...
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C
<br /> Hopla !<br /> Je confirme, la version de 4h est énorme, faisant vraiment du film une fresque épique d'une ampleur rare. Tout ou presque est réussi dans ce "Trois Royaumes" et je suis content que tu en parles<br /> aussi et en des termes aussi bien choisis.<br /> Bonne continuation, et merci encore de mettre l'accent sur ce cinéma que nous affectionnons particulièrement !<br /> <br /> <br />
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C
Bonjour, je découvre ton blog un peu par hasard, par l'intermédiaire de celui de ffred. Captivant !<br /> En me promenant, je tombe sur ton billet sur les Trois Royaumes, un film magnifique, passé injustement inaperçu.<br /> Je reviendrai !
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D
Bonjour Armelle, j'attendais la sortie du DVD avec impatience mais je ne l'ai pas encore acheté car j'espérais la version longue de 4 heures (d'après des fans du film). En tout cas, je suis contente que le film t'ait plu. A part ça, bonne et heureuse année pour 2010.
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D
Bonjour Armelle, ce film est vraiment grandiose à tout point de vue. Je ne peux qu'être d'accord avec votre billet louangeur. En ce qui concerne John Woo, j'espère qu'il va faire le remake (comme prévu) du cercle rouge de Melville. Concernant les Trois royaumes, d'origine il dure 4 heures. C'est dommage qu'il ait été coupé pour sa sortie en salle en Europe. Un grand moment de cinéma.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
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