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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 10:26
VILLA AMALIA de BENOIT JACQUOT

   
Les héroïnes de  Benoît Jacquot  ont pour constance de prendre la fuite et de privilégier la rupture. Les unes faussent compagnie à leur famille pour suivre un braqueur de banque au Maroc (A tout de suite), d'autres s'évadent de Pont-à-Mousson avec l'espoir de rencontrer leur père sur le bord du Gange  (L'intouchable). Dans son dernier opus  Villa Amalia  - tiré d'un roman de Pascal Quignard - Ann ( Isabelle Huppert )  quitte son mari, vend sa maison, brûle les photos de son passé et part dans une errance à la Antonioni qui la conduira jusqu'à la baie de Naples, après avoir surpris ce dernier dans les bras d'une autre. Jacquot filme, une fois encore mais avec un talent qui ne cesse de se décanter, l'itinéraire d'une solitude, une métamorphose physique et mentale, une quête d'un ailleurs intérieur ou plus simplement d'un " autrement ". Ann passe par la souffrance pour atteindre son noyau dur et espère que ce dépouillement la ramène au monde - analyse le cinéaste. Plonger vers autre chose en refusant de faire le tri, rompre définitivement et mêler ainsi la liberté à la nécessité. Tous ces modes de fonctionnement me ressemblent - dit-il encore. Dans "Villa Amalia", je m'identifie à mon personnage. Oui, je suis elle. Je suis Isabelle Huppert. Cela n'évoque-t-il pas le " Madame Bovary, c'est moi " - de Flaubert ?


Tenter de percer à jour quelqu'un comme Benoît Jacquot revient à refermer ses doigts sur le vide. Non qu'il cultive le secret pour le secret, mais il ne se livre qu'en creux et, à l'évidence, il ne déteste pas la psychanalyse ( n'a-t-il pas consacré un documentaire à Lacan ? ). Assistant de Marguerite Duras, cette expérience fut pour lui capitale. A la suite, il eut sa période Robert Bresson, puis celle où, sans se renoncer, il fit un chemin vers le public avec  La désenchantée.  Mon histoire d'amour avec Dominique Sanda s'achevait. Judith Godrèche, une tornade, décida de façon téméraire et très amoureuse de me sauver. Elle m'a amené à réaliser un deuxième premier film. Elle a sauvé ma vie cinématographique en se proposant comme clé. Car, sachez-le, je ne peux filmer une comédienne que si j'en suis amoureux.


Le mot est lâché. Le regard du cinéaste Jacquot est d'abord un regard amoureux sur une femme qui est son double, sur ce qu'il y a en lui de féminin et d'interrogatif. D'où ses longs métrages intimistes qui ont tous des allures de mises à nu et sont d'abord des portraits de comédiennes : La fille seule, La désenchantée, L'école de la chair -  représentant des sortes de documentaires sur des jeunes femmes comme Judith Godrèche, Virginie Ledoyen, Isild Le Besco et Isabelle Huppert, qu'il fait tourner ici pour la cinquième fois. A son sujet, l'auteur précise : 
Même si j'ai reconnu d'emblée une partition possible pour nous dans le roman de Pascal Quignard, je n'ai jamais été aussi sceptique quant à la réussite d'un film. Sur le tournage, Isabelle et moi avions pourtant l'impression que nous tracions ensemble quelque chose d'inédit, que nous touchions au coeur de la cible. Nous entendions résonner la note que nous cherchions depuis longtemps. Il faudra, désormais en traquer une autre.


Voilà un film étrange et réussi qui nous dépeint une existence en forme de désintégration de soi, un hymne à un narcissisme détaché ou résigné saisi avec une précision clinique et des images d'une beauté fascinante. Une oeuvre sur la primauté du moi, réalisée par un cinéaste au faîte de son talent et une actrice tout simplement exceptionnelle. Etonnant. 
Actuellement, les cinéastes ont la caméra heureuse avec les femmes.

 

Pour lire l'article sur Isabelle Huppert, cliquer sur son titre :

 

ISABELLE HUPPERT - PORTRAIT

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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VILLA AMALIA de BENOIT JACQUOT
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commentaires

P
ma chère ArmelleJ'aimerais pouvoir commenter un de tes derniers articles mais hélas je n'ai vu aucun de ces films. Cela ne m'empêche pas d'en lire les résumés et les commentaires.<br /> Je t'envoie le soleil des Pyrénées-Atlantiques : depuis que je ne regarde plus la météo, on dirait qu'il se met à faire beau. Etonnant, non ? Amitiés
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T
Le roman de Pascal Quignard est extraordinaire. J'imagine qu'Isabelle Huppert est parfaite dans ce rôle. Je suis impatiente de voir ce film, pas encore sorti à Bruxelles.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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