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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 11:06

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Giulia Anna Masina est née le 22 février 1920 dans une famille de musiciens à San Giogio Di Pinao (Bologne). Etudiante en lettres, elle se passionne pour l'art dramatique et se produit dans la troupe du théâtre universitaire de Rome. Puis, sans cesser pour autant ses études, elle entre pendant la guerre dans la Compagnie du théâtre comique et musical de la radio italienne, où elle remporte un franc succès personnel dans une série de sketches écrits par Fellini, qu'elle épousera quelques mois après leur première rencontre. Bien que licenciée ès Lettres, elle poursuit sa carrière théâtrale et radiophonique qu'elle abandonnera ensuite pour se consacrer au cinéma, presque exclusivement sous l'égide de son mari. Son premier grand rôle sera taillé pour elle par Fellini qui crée le personnage si émouvant de Cabiria, dont la première apparition a lieu dans Courrier du coeur en 1952, avant d'être sacralisé par les inoubliables Nuits de Cabiria en 1957. Entre temps, elle sera Gelsomina dans La Strada, autre personnage bouleversant de femme-clown qui lui vaut l'appellation de "female Chaplin", car, comme le souligne son metteur en scène, elle est singulièrement douée pour exprimer les stupeurs, les effarements, les douleurs, les airs sombres d'un clown.

 

Avec les personnages de Gelsomina et Cabiria, l'actrice atteint le sommet de son art. Dans le décor de la Rome baroque et nocturne que Fellini se plait tant à filmer, avec ses fontaines, ses places désertes, les lumières qui découpent les façades des immeubles endormis, apparaît ce petit personnage avec des chaussettes, un boléro en plume de poulet, un large parapluie et des yeux ronds écarquillés dans un étonnement perpétuel et gourmand. Ce célèbre boléro de plume, déjà aperçu dans Courrier du coeur, devient, avec les pathétiques chaussettes, l'uniforme, le signe de reconnaissance populaire et clownesque de son caractère. Cependant Cabiria s'efforcera d'évoluer, de s'éloigner de ce monde d'humiliés et d'offensés. Les contradictions dans l'histoire humaine de Cabiria sont multiples. Tout d'abord dans la représentation des sentiments non partagés au coeur d'une réalité déshumanisée pour laquelle Fellini n'essaie nullement de recourir à des justificatifs sociologiques inadaptées à sa sensibilité de narrateur, mais se contente de montrer, en l'inventant, l'âme double, bonne et mauvaise, de cette réalité, afin de parvenir à la conclusion suivante : que l'expérience ne sert à rien lorsque l'inconscient et l'amour se mettent à l'oeuvre. Et quand on parle d'amour avec un personnage comme Cabiria, il faut entendre un amour spécial qui découle de la nécessité d'avoir confiance en son prochain, une grâce laïque accomplie par le seul fait d'exister et de vivre ensemble. Soit l'amour de Cabiria pour Oscar, de Gelsomina pour Zampano. " En amour, tout se fait " - avoue ce petit personnage douloureux et confiant, qui existe à la manière du Charlot des Lumières de la ville ou de La ruée vers l'or.

                            

Giulietta est, à l'évidence, une authentique femme-clown. Avec elle, Fellini poursuit son exploration des ascendants populaires du cinéma, déjà à l'état embryonnaire dans le monde du cirque, son univers d'élection. Après La Strada, qui confère à Giulietta le statut de grande actrice, Les nuits de Cabiria vont lui assurer la consécration internationale et trois grands prix : ceux de la meilleure actrice au Festival de Cannes, puis de San Sebastian et le Nastro d'Argento. Elle sera ensuite la vedette de Juliette des esprits,  nouvel hymne d'amour de la part de son maestro de mari, mais elle s'accordera néanmoins une infidélité en tournant Fortunella avec Alberto Sordi en 1958. Au début des années 60, elle suspend ses activités pendant cinq ans et, après un bref retour dans La folle de Chaillot (1969) auprès de Katharine Hepburn, elle disparaît de l'écran et ne reviendra qu'en 1985 avec un nouveau succès signé Fellini : Ginger et Fred. Une dizaine de films auront suffi pour qu'elle marque de son exceptionnel talent le cinéma italien. Qui pourrait oublier le visage enfariné et pathétique de Gelsomina ou celui de la petite prostituée des Nuits de Cabiria, ou encore la femme émouvante de Juliette des esprits ? Personne, je suppose, tant ils se sont imprimés en nous comme ceux du bonhomme à la canne et au chapeau melon. Giulietta mourra à Rome le 23 mars 1994 à l'âge de 73 ans, n'ayant survécu que quelques mois à son mari avec lequel elle forme pour l'éternité un couple indissociable.


Pour consulter les films où figure l'actrice, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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GIULIETTA MASINA
GIULIETTA MASINA
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commentaires

D
Bonjour Armelle, merci pour cette évocation de Giulietta Masina. Qu'est-ce que j'avais pleuré devant "La Strada". Bon dimanche.
Répondre
A
C'était une merveilleuse actrice, Dasola. Elle était bouleversante dans "Les nuits de Cabiria" et "La strada". Elle vous arrachait les larmes.

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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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