Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 octobre 2006 6 21 /10 /octobre /2006 09:12
MAIS QUI A TUE HARRY ? d'Alfred HITCHCOCK

  
Mais qui a tué Harry ? est une comédie sans prétention, très amusante, et assez inhabituelle chez Hitchcock Le film, sorti comme sur la pointe des pieds, dans un modeste cinéma des Champs-Elysées, ne fit pas moins salle comble pendant plus de six mois. Ce long métrage, que le metteur en scène avait tourné très librement, sur un sujet qu'il avait choisi,  n'avait rencontré, une fois achevé, que bien peu d'enthousiasme de la part de ceux qui étaient en charge de l'exploiter. Adapté fidèlement d'un roman anglais de Jack Trevor Story plein d'humour, il répondait cependant au désir du maître de travailler dans le contraste, d'aller à contre-courant de la tradition et des clichés. " C'est comme si je montrais un assassinat au bord d'un ruisseau qui chante et que je répandais une goutte de sang dans son eau limpide ", disait-il. De ces contrastes surgissent un contrepoint et même une soudaine élévation des choses ordinaires de la vie. Effectivement, le metteur en scène filme des événements qui pourraient devenir sordides, en faisant en sorte que ce ne soit jamais ni laid, ni macabre. A la fin, un milliardaire donne à chaque personnage l'occasion de demander une chose, un cadeau qui lui sera offert comme on exauce un voeu. Et on ne sait pas ce qu'a demandé le couple formé au cours de cette intrigue entre le peintre abstrait et Jennifer ; ce n'est qu'à la tout dernière minute que l'on apprend qu'il souhaite un lit à deux personnes. L'humour procède ainsi d'un seul mécanisme, une sorte de flegme exagéré : on parle du cadavre comme d'un objet quelque peu encombrant...Mais lisez plutôt l'histoire : Dans le Vermontois, en automne, un petit garçon, Arnie, découvre le cadavre d'un homme, après que l'on ait entendu trois détonations. Si bien qu'un vieux capitaine, qui chassait dans les parages, se croit l'auteur de ce regrettable accident. Il enterre, puis déterre et transporte plusieurs fois le cadavre, sur l'identité duquel s'interrogent avec perplexité une vieille fille, un médecin myope, un peintre abstrait, un vagabond. Seule Jennifer identifie son mari d'une seule nuit, qu'elle a frappé d'un coup de bouteille. Les divers personnages de cette galerie d'excentriques ont donc une bonne raison de se soupçonner les uns, les autres, et ne s'en privent pas ;  tandis que nous rions énormément de la verve, de la malice roborative  du maître qui étaient déjà très présentes dans les premiers films de sa période anglaise. On sait combien les Anglais eurent de la peine à lui pardonner d'avoir quitté les studios londoniens pour s'installer à Hollywood.



Finalement nous saurons qu'Harry est mort de sa bonne mort comme tout un chacun, et que cette petite aventure n'a eu d'autre mérite que de former deux nouveaux couples - à certains malheur est bon - celui de Jennifer, la concrète, avec le peintre abstrait, et celui de Miss Graveley et du capitaine Miles. Hitchcock avait proposé le rôle de Jennifer à Grace Kelly, mais l'actrice, déjà sous contrat avec la Metro Goldwyn Mayer, avait dû décliner l'offre, et c'est sans doute préférable, tant il semble évident que Shirley Mac Laine - dont ce sont là les débuts - correspond idéalement au personnage faussement naïf, un brin impertinent et sans gêne. Selon moi, Grace Kelly était trop classique, trop raffinée pour ce rôle. D'ailleurs le film ouvrit, devant les pas de Shirley Mac Laine, une carrière exemplaire. Avec sa moue mutine, sa frimousse ronde, ses yeux rieurs, elle est inattendue, drôle, naturelle et charmante. Les autres rôles sont remarquablement interprétés, et on ne sait lequel de ces originaux est le plus cocasse et nous amuse le plus. Est-ce Jerry Mathers en vieille fille évaporée, Edmund Gwenn en capitaine Wiles persuadé qu'il a tiré Harry comme un lapin, John Forsythe en peintre qui n'a de cesse de justifier ses créations, mais peu importe ! ce film est une comédie qui nous montre à quel point les gens prennent un certain plaisir à se faire peur, à se soupçonner mutuellement et à imaginer toujours davantage que ce qui est. 
 


Pour lire les articles consacrés aux acteurs et actrices de Hitchcock et au réalisateur lui-même, cliquer sur leurs titres :           

 

 ALFRED HITCHCOCK - UNE FILMOGRAPHIE DE L'ANXIETE  
 


                SHIRLEY MACLAINE - PORTRAIT

  
 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 


LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN
 

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 


 

MAIS QUI A TUE HARRY ? d'Alfred HITCHCOCK
MAIS QUI A TUE HARRY ? d'Alfred HITCHCOCK
Partager cet article
Repost0

commentaires

E
Ce n'est quand même pas mon préféré, mais je l'ai regardé avec plaisir!
Répondre

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche