Je ne suis pas sûre que je serais allée voir ce long métrage de deux heures trente, si je n'y avais pas été entraînée par des amis, mais je ne le regrette pas. Film d'aventures détonnant, il a pour objectif de nous sensibiliser (au premier degré seulement) sur le trafic meurtrier des pierres précieuses, exploitation illégale qui sert au financement d'armes dans les conflits et prête à ces pierres le qualificatif de diamants de guerre ou diamants de sang. Ces diamants ont financé, entre autres, les guerres en République Démocratique du Congo, en Angola, au Liberia, en Sierra Leone et récemment en Côte d'Ivoire. L'action du film se déroule d'ailleurs en Sierra Leone durant les années 90, où le pays fut ravagé par une effroyable guerre civile. Blood Diamond mélange habilement l'histoire de ce chaos africain et celle de trois personnages : un pêcheur Salomon Vandry, un mercenaire/trafiquant natif d'Afrique du Sud Danny Archer et une jeune reporter new-yorkaise Maddy Bowen, sans compter le quatrième personnage, ce pays livré à ses troubles dans un climat de violence torride.
Alors qu'il purge une peine de prison, Archer ( Léonardo DiCaprio ) rencontre un pêcheur d'origine mende (Djimon Hounsou) qui s'est vu contraint, pour survivre, de travailler dans des mines diamantifères et a réussi à dissimuler une pierre d'une extrême valeur. Accompagnés de la journaliste Maddy (Jennifer Connelly), qui se trouve sur les lieux pour tenter le scoop du siècle, les deux hommes vont effectuer un voyage dangereux en territoire rebelle, l'un pour retrouver sa famille et son fils enrôlé de force dans une armée d'enfants-soldats, l'autre pour récupérer le diamant qui lui permettra de fuir ce bourbier et d'assurer ses vieux jours. Habilement maîtrisé, ce film à gros budget, au casting irréprochable, conserve le juste milieu entre le documentaire sur un conflit sanglant et le récit d'aventures. Car l'exercice était complexe de faire cohabiter l'histoire avec un film de fiction sans tomber dans des clichés conventionnels et en évitant le piège du happy end. Certes Edward Zwick ne les esquive pas totalement, malgré un scénario efficace ; il y a ici et là des ambiguïtés. Au milieu de ces scènes de fureur, on n'échappe pas au politiquement correct et aux stéréotypes habituels à propos des deux héros, dont l'un représente la conscience maudite de l'Occident voulant expier les péchés du post-colonialisme et l'autre sensé éveiller la conscience coupable d'un Occident maintenu dans l'ignorance et le mensonge. Cette réserve faite, le film nous brosse à traits vifs et sanglants le portrait d'une Afrique meurtrie par les seigneurs de la guerre et scandaleusement exploitée par la cupidité des trafiquants de tous poils. Et c'est déjà cela. D'autant que l'on est pris dans une action telle, que l'on ne reprend pas souffle et que le rythme du film ne faiblit pas un instant.
Mais je garde pour la fin, le meilleur qui est, à l'évidence, l'étonnante et magistrale interprétation de Léonardo DiCaprio. L'acteur s'est à ce point immergé dans son sujet, qu'il a poussé la conscience professionnelle jusqu'à vivre plusieurs semaines auprès des soldats des représentants d'ONG, ainsi que des autochtones, afin d'apprendre quelques bribes du dialecte local. Et le résultat est étincelant. Le jeune acteur est fantastique et tellement crédible dans ce rôle d'homme désabusé et cynique qui, peu à peu, progresse vers une sorte de rédemption, qu'il nous faut saluer avec admiration cette performance. A lui seul, il mérite que l'on aille voir ce Blood Diamond. Quant à Djimon Hounsou et Jennifer Connelly, ils sont à la hauteur de leurs personnages qu'ils savent rendre vraisemblables et attachants. A voir si l'on ne craint pas les scènes brutales, particulièrement celles où l'on voit des enfants formés à tuer de sang-froid, images d'un monde qui, à force de trafiquer avec l'argent, trafique avec l'inhumain.
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