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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 10:42
BLUE JASMINE de WOODY ALLEN

 

Alors qu’elle voit son existence voler en éclat, de même que son mariage avec Hal, un homme d’affaire peu scrupuleux qui l'a ruinée, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa soeur Ginger pour tenter de remettre un peu d'ordre dans sa vie …

 

Ne sollicitant ni le rire, ni les larmes, pas même la dérision, tant les personnages sont en fin de compte plus pitoyables que caricaturaux, le dernier opus de Woody Allen, qu'une presse complaisante a porté aux nues, m'a laissé de marbre malgré l'admiration que je porte au réalisateur. J'avoue ne pas être entrée dans l'histoire de cette Jasmine, petite bourgeoise promptement enrichie par un époux escroc qui sut tromper son monde et sa femme avec la même désinvolture, finissant en taule et s'y suicidant, abandonnant cette dernière à son triste sort.



Le film de Woody Allen nous brosse dans les moindres détails le tableau d'une société américaine en pleine déroute après la crise et l'affaire Madoff - comme l'européenne d'ailleurs - dont les seules références sont celles du sexe et de l'argent et dont l'égocentrisme, et surtout la vacuité, nous apparaissent tristement abyssales. Comment se prendre au jeu de personnages qui évoluent entre dépression, vanité, mal être, mensonge, hypocrisie, illusion, bêtise et déclassement social, alors que l'auteur ne nous gratifie même pas de son habituel humour dans la description de ces grands invalides du coeur et de l'esprit ? A mon avis, cette satire sociale n'est pas assez affûtée.


On aurait pu s'attendre, au vu du sujet, à des phrases assassines, à des situations farfelues ou ubuesques mais rien de cela, un récit d'un réalisme clinique qui n'a même pas l'outrecuidance de vous hérisser le poil. Vous me rétorquerez qu'il y a Cate Blanchett qui donne à cette pauvre Jasmine un panache indiscutable malgré le marasme où elle se trouve, que sa silhouette est bien agréable à regarder avec sa petite veste Chanel, dernier vestige de l'époque où elle recevait le tout New-York dans sa villa cossue, que Sally Hawkins joue sa soeur prolo avec un naturel touchant, enfin qu'Alec Baldwin est un nouveau riche arrogant qui sent son faussaire à plein nez et ne craint nullement de chahuter le rêve américain avec cynisme. Ici, les illusions et les désillusions restent au ras des pâquerettes. Ce sont celles des deux soeurs Yasmine et Ginger qui ne jouent certes pas dans la même cour, mais parviennent l'une et l'autre au même résultat : l'échec fracassant de leurs misérables ambitions.


Contrairement à la plupart des critiques, j'avais de beaucoup préféré "Minuit à Paris" pour sa nostalgie poétique, son charme discret, et "To Rome with love" où l'on revisitait la ville éternelle et où quelques scènes étaient inénarrables ; là, comment rire devant la chute inéluctable d'une femme belle, frivole et mondaine, subitement désargentée qui ne fonctionne que grâce au xanax (anxiolitique) et à la vodka-martini ? Oui, triste époque ! Le film ne vaut, en définitive, que pour l'élégance de Cate Blanchett et cette mort d'un cygne dans un monde déchu. Un Woody Allen dépressif.

 

Pour consulter les articles que j'ai consacrés à Woody Allen et à Cate Blanchett, cliquer sur leurs titres :

 

WOODY ALLEN OU UN GENIE TOUCHE-A-TOUT          CATE BLANCHETT - PORTRAIT

 

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BLUE JASMINE de WOODY ALLEN
BLUE JASMINE de WOODY ALLEN
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commentaires

N
Je ne suis pas particulièrement fan de Woody Allen mais rien que pour la présence de Cate Blanchett (comédienne que j'adores) je ne raterais pas la prochaine occasion que j'aurais de le voir.
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S
bonne forme
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S
Excellent cru allenien, si Cate Blanchett est effectivement superbe je trouve que c'est Sally Hawkins qui s'en sort le mieux. Magnifique travail sur la psychologie des personnages pour un film plus<br /> pessimiste et dramatique que ses derniers films européens et ça fait du bien... 3/4
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A
j'étais à peu près certain de votre critique. Certain également de vos commentaires justifiés et pourtant loin de l'opinion que j'ai eu du film. Personnellement ce que j'ai apprécié le plus reste<br /> cette fin inéluctable qui arrive aussi chez les "nantis". Et ces dialogues qui fusent ! Et ma passion pour Cate Blanchett ... Chère Armelle, ne soyez pas contrariée, c'est du cinéma ! Signé Woody<br /> Allen en assez bonne forme, à mon avis.
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N
je l'ai également vu et commenté armelle - votre billet est pertinent comme toujours - personnellement j'ai trouvé beaucoup de la blanche dubois du tramway nommé désir dans cette jasmine,<br /> magnifiquement interprétée mais qui m'a peu touchée
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E
J'ai été très déroutée moi aussi par le changement de ton. Ici c'est réellement tragique. Pas d'espoir d'aucune sorte à la fin. Minables de long en large. Pourtant j'ai aimé. Tout en restant un peu<br /> "choquée" par la fin qui n'offre aucune consolation, pas même celle de l'humour.<br /> <br /> Woody a donc changé, comme tout le monde.<br /> <br /> Et j'aime aussi, mais désormais je m'attendrai à du caricatural assassin et plus de la comédie pleine de répliques inoubliables!
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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