Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 octobre 2006 4 12 /10 /octobre /2006 09:40
L'INCONNU DU NORD-EXPRESS d'Alfred HITCHCOCK

   

En 1950, au moment où Alfred Hitchcock s'apprête à tourner L'inconnu du Nord-Express, ses actions ne sont pas au plus haut. Il vient de subir deux échecs consécutifs avec Les amants du Capricorne et  Le grand Alibi  et il lui faut à tout prix produire un long métrage qui lui permette un rétablissement spectaculaire. Malgré un scénario peu enthousiasmant inspiré d'un roman de Patricia Highsmith, le cinéaste, grâce à son génie, va réaliser un thriller passionnant  qui obéit parfaitement aux règles du suspense qu'il sait mieux que personne utiliser avec maestria. Pour rester maître de ses films de bout en bout, Hitchcock avait une méthode bien personnelle : il ne tournait jamais que de tout petits morceaux de films à la fois, si bien qu'il était impossible à quiconque de les assembler en dehors de sa présence et qu'on ne pouvait faire d'autre montage que celui qu'il entendait imposer. Le montage, dans des films comme les siens, est d'une importance capitale. Le maître le veut rapide, efficace, concis, aussi veille-t-il à cette ultime démarche avec un soin jaloux. Dans ce film, comme dans la plupart des autres, il sait également exploiter la notion du temps : temps relatif, temps manipulé comme lors du match de tennis que Farley Granger, dans le rôle de Guy, doit absolument remporter et au plus vite. Durant cette scène, le temps est volontairement comprimé, puis celui de la vie reprend ses droits, mais il est certain que le film donne à plusieurs reprises le sentiment d'un temps différé.

                      

Dans un train, un certain Bruno (Robert Walker) aborde un jeune champion de tennis, qu'il admire et dont il connait chaque événement de la vie, et lui propose, alors qu'ils déjeunent dans le wagon-restaurant, un échange de meurtres. Lui, Bruno, supprimera la femme de Guy - qui lui refuse le divorce - afin qu'il puisse épouser Ann, et, en contrepartie, Guy tuera le père de Bruno qui empoisonne la vie de son fils. Guy, ulcéré, refuse ce plan diabolique, ce qui n'empêche nullement Bruno de réaliser la première phase de son projet : il étrangle l'odieuse femme de Guy dans un parc d'attractions. Guy est immédiatement interrogé par la police, et ne pouvant fournir l'alibi valable, est bientôt surveillé, malgré la notoriété dont il jouit. Bruno, pour sa part, ne tarde pas à lui faire savoir qu'il attend la réciprocité, c'est-à-dire que le joueur de tennis mette fin à l'existence de son père. Bien entendu, celui-ci ne bronche pas, au point que dans sa fureur Bruno décide de la compromettre définitivement en déposant sur les lieux, où il a assassiné sa femme, un briquet lui appartenant et marqué à ses initiales. La fin est inattendue : après un match gagné en cinq sets, Guy va retrouver Bruno et ils se battent sur un manège. La scène est d'une extrême violence et admirablement filmée : le manège s'emballe jusqu'à ce qu'il se brise et écrase Bruno en se disloquant sous l'effet de son  poids. La morale est sauve : Guy sera innocenté.

                        

Il y a dans ce film, comme dans tous ceux d'Hitchcock, de nombreuses scènes originales qui ont fait date et prouvent le talent inventif du cinéaste. Par exemple, celle fameuse où le meurtre de Myriam, la femme de Guy, se reflète dans ses lunettes et, plus tard, cette autre scène où voyant les lunettes que porte la soeur d'Ann, Barbara, interprétée par la propre fille d'Hitchcock, Bruno est pris d'une nouvelle frénésie de crime et manque d'étrangler une femme qui se trouvait là, ce qui nous confirme qu'il est un psychopathe dangereux. Si Hitchcock, extrêmement lucide et exigeant vis-à-vis de lui-même, était satisfait de la forme générale du film et également des seconds rôles, qu'il trouvait interprétés par des acteurs qui correspondaient parfaitement à leurs emplois, il considérait que la seule faiblesse résidait dans le manque de force des deux acteurs principaux et dans l'imperfection du scénario final.  "Si le dialogue avait été meilleur "- disait-il - nous aurions eu une plus forte caractérisation des personnages". "Voyez-vous - ajoutait-il - le grand problème de ce genre de film, c'est que vos personnages principaux ont tendance à devenir simplement des figures". Il ne cachait pas qu'il aurait aimé que le rôle de Guy soit tenu par William Holden  parce qu'il était plus fort. "Dans une histoire comme celle-ci - concluait-il - plus l'homme est fort, plus la situation est forte". A ce détail qui, personnellement ne m'a nullement gênée, L'inconnu du Nord-Express reste un excellent film que l'on prend grand plaisir à revoir.

 

Pour lire l'article consacré au réalisateur lui-même, cliquer sur son titre : 

       

ALFRED HITCHCOCK - UNE FILMOGRAPHIE DE L'ANXIETE

 

Et pour consulter la liste complète des articles de la rubrique CINEMA AMERICAIN, dont la plupart des films de Hitchcock, cliquer sur le lien ci-dessous :



LISTE DES FILMS DU CINEMA AMERICAIN ET CANADIEN

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL


 

L'INCONNU DU NORD-EXPRESS d'Alfred HITCHCOCK
Partager cet article
Repost0

commentaires

E
Très bon film, très bon livre, deux maîtres du suspens psychologique... vraiment à voir en effet!
Répondre

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche