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30 mars 2007 5 30 /03 /mars /2007 22:31
LE MARIAGE DE TUYA de WANG QUAN'AN

Avec ce troisième film, Wang Quan'an s'attache à dépeindre la réalité sociale dans la Chine contemporaine, particulièrement en Mongolie, d'où sa mère est originaire. On sait que cette région est menacée par l'expansion industrielle et que, pour s'approprier les terres, l'administration locale oblige les bergers à les quitter en les persécutant de toutes les façons possibles. Aussi, avant qu'il ne soit trop tard, le réalisateur a-t-il souhaité leur consacrer ce long poème silencieux dans lequel il rend hommage à un style de vie en voie de disparition. L'opus se déroule ainsi au coeur de la Mongolie dans un paysage aride, un plateau entouré d'âpres montagnes. Là, vit, du produit de son troupeau de moutons, une famille dont le mari est devenu impotent à la suite d'un grave accident. Alors qu'il tentait de creuser un puits, il a perdu l'usage d'une de ses jambes, ce qui le prive de participer aux innombrables taches que sa jeune femme Tuya se doit d'accomplir seule : garder les moutons, subvenir aux besoins d'eau qu'elle va chercher trois fois par jour à des kilomètres de son domicile, se consacrer à l'éducation de ses deux enfants, au bon état de la maison etc. Aussi son mari, affecté par l'état de fatigue de sa femme, lui propose-t-il de divorcer, de façon à ce qu'elle puisse refaire sa vie avec un homme jeune, capable de faire face à ses besoins. Celle-ci finit par accepter, à la condition que son vieux mari Bater reste vivre auprès d'eux. Ce qui va compliquer la situation et décourager quelques-uns des prétendants. La vie de cette famille pauvre, isolée, au bord de la misère, nous est contée avec beaucoup de poésie, sans céder au mélodrame, car l'humour, la tendresse sont toujours présents. On partage, dans les moindres détails, cette existence fruste, ces rapports humains dignes et empreints d'une sagesse millénaire. Ainsi, lorsque Bater se retrouve seul dans un foyer et s'ouvre les veines, sa femme, revenue d'urgence auprès de lui, le chapitre à ce propos en lui disant que la vie est un bien trop précieux pour que l'on puisse en user selon son humeur, en cédant à la tentation d'en faire une sorte de chantage. Le dépaysement est également total pour les spectateurs que nous sommes : ces vies sont si loin des nôtres, si lentes et austères que nous sommes subjugués par un récit sans complaisance, éclairé par la sobriété du jeu des interprètes, dont l'émouvante Yu Nan dans le rôle de Tuya. Elle est belle, d'une beauté sans artifice qui lui sied, touchante par sa force, sa fierté, son désir de rester elle-même envers et contre tout, sa noblesse naturelle. Les sentiments qui animent ce film sont profondément authentiques et sincères : ils nous réconcilient avec la nature humaine qui trouve ici, dans cette solitude, une grandeur poignante. Un très beau film qui démontre la diversité du cinéma chinois et nous prend à témoin de l'inexorable évolution de notre société qui semble trop vite oublier d'où elle vient, à défaut de savoir où elle va.

 

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commentaires

D
BofJe suis enfin allée voir ce film qui m'attirait et il a reçu le Lion d'or à Venise. J'ai été excessivement déçue, c'est ni triste, ni drôle. Le scénario et le montage sont trop décousus. Il y a beaucoup de répétitions. Seul le dernier plan m'a émue : Tuya en pleurs.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
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La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

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