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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 10:36
SERGIO LEONE OU LE CINEMA COMME OPERA BAROQUE

     
A sa naissance à Rome le 3 janvier 1929, Sergio Leone tombe dans le chaudron du 7e Art avec un père pionnier du cinéma italien, condamné au chômage à cause de son opposition au fascisme, et une mère, Bice Valerian, actrice. Après des études en dents de scie, Sergio commence sa carrière cinématographique comme assistant et fait également un peu de figuration pour gagner sa vie et apprendre le métier de part et d'autre de la caméra. Celle-ci débutera réellement en 1959, lorsqu'il réalise, à la place de Mario Bonnard tombé malade, Les derniers jours de Pompéi, un film à péplum, suivi  deux ans plus tard, en 1961, d'un autre opus historico-mythologique Le colosse de Rhodes. Ces expériences lui permettent de se familiariser avec la démesure et d'élargir au maximum le champ de l'action. C'est le déclin du western américain qui va l'inciter à revisiter le genre et à lui donner de nouveaux codes. En 1964, il transforme en western violent le sujet traité par le cinéaste japonais Kurosawa dans Yojimbo, dont le titre est Pour une poignée de dollars. Ce film obtiendra un succès international et lui permettra d'imposer son nom ainsi que celui de ses collaborateurs, particulièrement le musicien Ennio Morricone et l'acteur Clint Eastwood et marquera le renouveau d'un genre tombé en désuétude, imité, par la suite - ce qui ne manque pas de piquant - par les Américains eux-mêmes. L'année suivante, le metteur en scène donne une suite à ce film avec Et pour quelques dollars de plus avec à nouveau Clint Eastwood et Gian Maria Volontè, pour lequel il s'est longuement documenté sur l'Ouest et la guerre de Sécession, affirmant son style et sa richesse thématique. Mais ce sera  Le Bon, la Brute et le Truand en 1966, où il dépeint l'apothéose de la violence irrationnelle et démystifie l'histoire traditionnelle de l'Ouest, qui fera de lui un réalisateur hors pair, un maître dans l'art de manier la caméra et d'en renouveler les thèmes. Je crois que les superlatifs manquent pour décrire ce chef-d'oeuvre obsédant, à la dimension narrative peu commune, où les présences des trois acteurs principaux que sont Elie Wallach, Lee Van Cleef et Clint Eastwood ne cessent de hanter nos mémoires. En 1968, Sergio Leone va tourner une oeuvre encore plus ambitieuse Il était une fois dans l'Ouest, élégie spectaculaire sur la disparition d'un Ouest cher à John Ford, dont il ne craint pas de transformer l'un des acteurs favoris - Henry Fonda - en tueur sadique. Le film est tourné dans le même lieu mythique de Monument Valley avec une pléiade d'acteurs célèbres dont Charles Bronson et Claudia Cardinale et dans des tons crépusculaires. Ces tons s'enténèbreront davantage encore avec  Il était une fois...la Révolution en 1971, où sur toile de fond de la révolution mexicaine de 1913, le metteur en scène oppose deux types d'aventuriers interprétés par Rod Steiger et James Coburn, faisant clairement référence aux derniers jours du fascisme mussolinien. Il produira ensuite deux westerns parodiques Mon nom est personne en 1973 et Un génie, deux associés, une cloche en 1975 qui sonnent comme la nécrologie de toute son oeuvre. Par la suite, il devient producteur, entre autres des premiers films de Carlo Verdone, et réalisera en 1984 un ultime opus Il était une fois en Amérique  avec Robert de Niro dans le rôle titre qui est une épopée sanglante et nostalgique sur le gangstérisme des années 1930.  Il mourra à Rome le 30 avril 1989 à l'âge de 60 ans, laissant derrière lui une oeuvre d'une puissance rare, dont les innovations, la splendeur visuelle, les fulgurances, la parodie toujours présente en ont fait un réalisateur inclassable, dont chaque film est à lui seul un concentré de toutes les possibilités narratives et esthétiques du 7e Art.

 

Pour prendre connaissance des critiques de certains des films de Sergio Leone, cliquer sur leurs titres :

 

 IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE de SERGIO LEONE       

 

 IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST de SERGIO LEONE

 

Et pour consulter la liste complète des articles consacrés à la rubrique CINEMA EUROPEEN & MEDITERRANEEN, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN
 

 

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commentaires

E
Après ses westerns, les autres semblaient sortis des images d'épinal, trop académiques et stéréotypés...
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A
C'est vrai , Edmée, que le western traditionnel a pris un sacré coup de vieux après le passage fulgurant de Sergio Leone.
N
Le génie de Leone était immense et sa filmographie reste l'un des plus impressionnante pour moi. Il était une fois dans l'ouest reste pour moi le summum du western.
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A
immense réalisateur qui influencera plusieurs générations de cinéastes
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M
Tous les films de Sergio Leone ont l'art de frapper le spectateur par leur intensité, la beauté des images, la force de l'interprétation. Ils sont tous inoubliables. Je ne saurai dire celui que je<br /> préfère : peut-être Il était une fois l'Amérique.Mais c'est difficile de ne pas les aimer tous. Et la musique !
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A
Bonjour Armelle, un grand Monsieur que Sergio Leone. Et l'un des premiers à m'avoir fait rêver quand j'étais enfant avec Le colosse de Rhodes. Je vous l'accorde, ce n'est pas d'hier. Mais à<br /> l'époque, au fond de ma province, ces films avaient le pouvoir de "m'emporter" et de laisser mon imagination s'envoler. Je ne savais pas encore qu'il avait participé à Ben Hur et ne connaissais<br /> rien "du monde du cinéma" et encore moins sa participation au film de De Sica, Le voleur de bicyclette, qui m'émeut, aujourd'hui toujours autant. C'est un bel hommage que vous lui rendez dans votre<br /> article. En ce moment je bouge beaucoup pour assister à un festival du film d'Amérique Latine, et la chance d'avoir déjà vu quelques films magnifiques. À bientôt chère Armelle, et tout à fait<br /> d'accord avec vous, demain "Into the Wild" un autre univers qui me touche. La programmation télévisuelle est généreuse, en ce moment. Autant en profiter. Et un petit rappel, le 29 mars sur Arte,<br /> "Le Métis de Dieu". Je serai très curieux d'avoir votre avis.
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N
grâce à cet intéressant billet, je vais ressortir un sergio leone de ma vidéothèque personnelle :)
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E
excellente blog
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  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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