Le jeune Paul (Jean Scandel) n’a connu jusqu'à présent qu’un seul horizon : les hauts murs de son orphelinat parisien, mais le directeur veut lui trouver une famille d'accueil qui lui offrira des lendemains moins austères et moins douloureux. Confié à Célestine (Valérie Karsenti) pour le temps des vacances d’été, une femme qui demeure dans le même village que sa supposée mère, le petit citadin arrive en Sologne, région âpre et sauvage. L’immense forêt, les étangs embrumés et les landes, sont la propriété du comte de la Fresnaye (François Berléand), un veuf taciturne qui vit solitaire dans son château. S’il tolère les braconniers sur son domaine et parfois même les manouches, Borel, quant à lui, les traque sans relâche et s’acharne sur le plus rusé d’entre eux, Totoche (François Cluzet). Aux côtés de ce braconnier, grand amoureux de la nature, Paul va faire l’apprentissage de la vie mais aussi de la forêt et de ses secrets. A commencer par le sien trop teinté de mystère. Cela au cœur de la France rurale de l’entre-deux- guerres où l’homme vit encore, dans l’intimité des bêtes, au rythme des saisons.
L’enfant, habitué à la vie austère de l’orphelinat, a quelque difficulté à s’habituer à son nouvel environnement et à sa nouvelle famille. S’il se méfie de Borel (Eric Elmosnino), le garde-chasse peu amène et mari de Célestine, il se lie vite d’amitié avec Totoche, le braconnier bougon et rusé qui a tôt fait de l’initier aux choses de la nature, de lui faire goûter aux joies de la pêche, de la chasse et des promenades dans cette nature sauvage épargnée par le temps. A l’étonnement de tous, il parvient également à éveiller l’intérêt du taciturne comte de la Fresnaye qui ne quitte jamais son immense château où il vit retiré depuis la mort de sa fille dont il n’avait pas accepté le mariage avec un cheminot. Par ailleurs son fils, peu sensible à la vie des champs et des bois, gaspille son existence en mondanités à la grande déception de ce père mieux en phase avec la vie rurale. François Berléand campe ce personnage déçu et amer de façon très juste. La qualité de l’interprétation, dans son ensemble, mérite d’être soulignée, que ce soit François Cluzet méconnaissable dans ce personnage pittoresque et marginal d’homme des bois, Valérie Karsenti en femme sensible mais visiblement tenue par un secret, Eric Elmosnino plus royaliste que le roi dans son souci de protéger du braconnage la forêt de son maître, enfin le jeune et ravissant Jean Scandel qui rend son personnage de jeune orphelin sensible dans sa naïveté et son souci de mieux comprendre les êtres et les animaux.
A cela s’ajoute le charme des paysages solognots de landes et de marais peuplés de cerfs, de sangliers, de renards, d’oiseaux surpris dans leur cadre, grâce aux talents conjugués de Nicolas Vanier, le metteur en scène, et de Laurent Charbonnier, le documentaliste, qui, tous deux, nous immiscent au cœur même de cette vie sauvage grâce à des images d’une incontestable beauté. Ce dépaysement et cette fresque animalière en séduiront beaucoup mais l’histoire trop lente, les descriptions de cette existence rurale trop appuyées peuvent en lasser certains, ce qui n’est pas mon cas. J’ai aimé au contraire cette lenteur si bien accordée à celle immuable de la nature, loin des bruits discordants du monde, de même que ce retour plein d’émotion aux choses essentielles et aux valeurs perdues.
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