A la fin des années cinquante, ils s'étaient fiancés puis s'étaient quittés, jusqu'à ce que le cinéaste Jacques Deray ait l'idée géniale de les réunir à nouveau sur l'écran pour des étreintes torrides sous le soleil de Saint- Tropez. Ce sera "La piscine", un film qui nous remet en présence d'une actrice merveilleuse qui s'était un peu effacée derrière le masque trop conventionnel de la célèbre impératrice Sissi et explose littéralement dans ce long métrage, au côté de deux acteurs de premier plan : Alain Delon et Maurice Ronet. Le film fera un triomphe et amorcera la seconde partie brillantissime de la carrière de Romy Schneider. Pour Jacques Deray, ancien acteur, puis assistant, qui avait abordé la réalisation en 1960 avec "Le gigolo", drame psychologique interprété par Alida Valli et Jean-Claude Brialy, avait poursuivi avec "Du rififi à Tokyo" en 1961, "La piscine" (1968) débute sa longue collaboration avec Alain Delon (pas moins de 9 films) et lui ouvre également les portes du succès international. Cette production, très bien reçue par la critique et le public, l'installe définitivement dans le cercle fermé des cinéastes qui comptent. "Borsalino" sera, quelques années plus tard, un autre grand succès qui fera de lui, aux yeux de certains, le digne successeur d'un Jean-Pierre Melville. Par contre la fin de sa carrière décevra.
Tourné sur la côte d'azur, "La piscine" distille avec subtilité une tension croissante, appuyée sur un scénario fort bien élaboré par Jean-Emmanuel Conil et une distribution irréprochable des quatre principaux acteurs dont Jane Birkin à ses débuts dans le rôle de Pénélope. Alors qu'ils passent des vacances tranquilles dans leur villa de Saint-Tropez, Jean-Paul et Marianne voient débarquer à l'improviste Harry accompagné de sa fille. Dans une atmosphère faussement sereine, l'hôte indésirable, qui a été autrefois l'amant de Marianne, prendra un malin plaisir à remuer les souvenirs d'antan et a lentement, inexorablement, susciter la jalousie de Jean-Paul jusqu'au dénouement final. Remarquablement conduite et maîtrisée, l'intrigue tient le spectateur en haleine jusqu'au bout, sous la forme d'une tragédie divisée en cinq actes avec, pour point d'ancrage, la piscine, théâtre aquatique de l'amour et de la mort. Si l'on a prêté au couple recomposé pour la circonstance Schneider/Delon, sublime de beauté, le mérite de constituer l'intérêt principal et d'apporter cet aura singulière dans lequel baigne ce long métrage, si l'on apprécie la présence gracieuse et éthérée de Jane Birkin dans son premier rôle significatif, il faut attribuer une mention spéciale à Maurice Ronet dans celui de Harry qui, par sa seule présence, parvient à donner à l'histoire sa vraisemblance et son intensité face à un Delon soudain vulnérable. Une réussite.
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MAURICE RONET, L'ETERNEL FEU FOLLET
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