Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 10:45

polanski.jpg  8f_1_b_3747_1.jpg avec Sharon Tate

 


Roman Polanski est né à Paris le 18 août 1933 d'une mère russe et d'un père juif polonais. Jusqu'à l'âge de quatre ans, il réside en France avec ses parents avant que ceux-ci ne repartent pour la Pologne où ils seront bientôt contraints de vivre en clandestinité dans le ghetto de Cracovie, ce qui marquera le petit garçon pour le restant de ses jours. Alors que sa mère meurt à Auschwitz, il échappe à la vigilance allemande et survit grâce à l'entraide des habitants. Il a alors dix ans et ne reverra son père qu'en 1945, lorsque celui-ci reviendra miraculeusement du camp de Mauthasen. L'horreur, qui a marqué sa prime jeunesse, sera l'une des clefs de son univers cinématographique. Très tôt, l'envie de monter sur scène l'incite à intégrer une troupe et, après une audition, il est choisi pour tenir le rôle principal dans "Fils du régiment" qui remportera un triomphe national. Le succès va lui ouvrir les portes d'une carrière de comédien, d'autant que sa rencontre avec Andrzej Wajda sera déterminante pour son avenir. Entré à l'Institut du cinéma de Lodz, il réalise successivement huit courts métrages dans lesquels il cultive déjà son goût pour les situations insolites, la violence et le voyeurisme et compose, en 1958, une parabole sur l'absurdité de la vie en société : "Deux hommes et une armoire" et, enfin  "Le gros et le maigre" (1961), satire aux implications sadomasochistes, alors que "Les mammifères" développent une réflexion sur les rapports entre maître et esclave. C'est en 1962 qu'il se lance dans son premier long métrage "Le couteau dans l'eau", dont il conçoit le scénario avec Jerzy Skolimowski. Dans ce huis clos à trois personnages, le metteur en scène prolonge les obsessions déjà contenues dans ses courts métrages et fait planer un climat d'insécurité, mais se refuse à aborder de front la lutte des classes, si bien que l'on va lui reprocher en haut lieu de ne pas faire un cinéma au service de l'Etat et de se rapprocher avec trop de complaisance de l'Occident. D'ailleurs ce film sera très apprécié en Europe et aux Etats-Unis. Si bien que Polanski, désormais à l'étroit dans un pays sous régime communiste, s'exile et entreprend dès lors une carrière internationale. Après avoir participé avec un sketch, aux côtés de Godard et Chabrol, au Les plus belles escroqueries du monde, il réalise en Grande-Bretagne "Répulsion" (1965) et "Cul-de-sac" (1966), deux oeuvres profondément polonaise par leur inspiration, où sévit l'influence du théâtre de l'absurde d'un Beckett ou d'un Ionesco qu'il admire. Ces oeuvres vont, par ailleurs, sceller sa collaboration avec le scénariste Gérard Brach. En 1967, "Le bal des vampires", une parodie du film d'épouvante, le voit cultiver son goût de la bouffonnerie baroque. Il est à l'affiche avec la jeune comédienne Sharon Tate qu'il épousera en 1968. Le cinéaste est alors sollicité par Hollywood pour tourner une adaptation du roman d'Ira Levin "Rosemary's baby". Dans cette histoire de possession démoniaque, le réalisateur voit une transposition de ses propres fantasmes : l'oppression du groupe sur l'individu, l'implacable loi du destin, le pouvoir des sectes, l'immaturité et la frustration du personnage principal interprété de façon magistrale par Mia Farrow. Ce film sera considéré comme l'un des grands chefs-d'oeuvre du cinéma fantastique. Un événement tragique va alors le frapper en août 1969 dans sa résidence californienne : la mort atroce de Sharon Tate, alors enceinte, par des proches de Charles Manson, gourou d'une secte et tueur en série. Le drame aura lieu en son absence et sera lourdement relayé par la presse. Malgré la dépression qu'il traverse, Polanski se remet au travail et quitte les Etats-Unis pour la Grande-Bretagne où il va se lancer dans un "Macbeth" tout empreint du drame qu'il vient de vivre, film qui sera mal compris de la critique et se soldera par un échec. Il tourne ensuite, d'après un scénario original de Robert Towne, un policier conçu comme un hommage au film noir américain "Chinatown" avec Jack Nicholson dans le rôle titre et Faye Dunaway dans celui de la femme fatale, les deux stars se faisant voler la vedette par John Huston dans celui secondaire de Noah Cross. Grand vainqueur au Golden Globes en 1975, le film ne récoltera pas moins de 11 nominations aux Oscars. Mais seul le trophée du Meilleur scénario viendra récompenser "Chinatown", les votants lui ayant préféré le second opus du "Parrain" réalisé par Coppola. Il est vrai que cette année-là, la barre était particulièrement haute. En mars 1977, le scandale provoqué par le viol présumé d'une adolescente oblige Polanski à quitter les Etats-Unis. Naturalisé français, il s'établit à Paris et tourne "Tess", une adaptation du célèbre roman de Thomas Hardy. Le film doit beaucoup à l'interprétation de Nastassja Kinski, alors âgée de 15 ans, à la fois fragile et bouleversante dans le rôle d'une jeune paysanne qui, sous l'ère victorienne, est poursuivie par le malheur. Ce film croulera sous une avalanche de prix dont 3 Césars et 3 Oscars en 1980 et 1981.

 

Le cinéaste s'engage ensuite dans une voie hitchcockienne avec "Frantic" (1988) qui lance l'acteur Harrison Ford dans un suspense d'espionnage situé à Paris et qui recevra un accueil favorable, contrairement aux opus suivants : "Lunes de fiel", "La jeune fille et la mort" et "La Neuvième Porte" qui ne seront pas épargnés par la critique. En 1989, il épouse en troisièmes noces, Emmanuelle Seignier avec laquelle il aura deux enfants et est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France. Dans les années 1990, il voue beaucoup de son temps au théâtre et à l'opéra, dirigeant pour l'Opéra-Bastille une nouvelle version des "Contes d'Hoffmann" d'Offenbach, puis mettant en scène "Maria Callas, la leçon de chant"qui lui vaudra une nomination aux Molières, tandis qu'en 1997 il supervise la création d'une comédie musicale tirée de son film "Le bal des vampires" qui sera l'occasion d'une tournée triomphale en Allemagne. Enfin, avec "Le Pianiste" en 2002, il revient au cinéma et évoque de manière personnelle ce que furent la barbarie du IIIe Reich et l'occupation nazie dans une Pologne martyrisée. Ce film admirable remportera la Palme d'or du Festival de Cannes cette année-là et sept Césars l'année suivante. Le film sera également 7 fois nominé aux Oscars et gagnera trois statuettes dont celle du Meilleur réalisateur, mais le cinéaste se refusera à se rendre à Hollywood pour les recevoir. Ce sera Harrison Ford qui s'en chargera et lui remettra lors du Festival du Film américain de Deauville. C'est dans son chalet de Gstaad, où il est astreint à résidence après le rebondissement de l'affaire du viol d'une mineure, qu'il accomplira la post production de "The Ghost Writer", honorée d'un troisième César du Meilleur réalisateur, et adaptera "Carnage" pour le cinéma d'après la pièce de Yasmina Reza, film réalisé en France avec le concours de Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz et John C. Reilly dans les rôles principaux, parachevant une oeuvre singulière et complexe dans laquelle passent les traumatismes d'une génération frappée par l'Holocauste.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique REALISATEURS DU 7e ART, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
  • Contact

Profil

  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

ET SI VOUS PREFEREZ L'EVASION PAR LES MOTS, LA LITTERATURE ET LES VOYAGES, RENDEZ-VOUS SUR MON AUTRE BLOG :  INTERLIGNE

 

poesie-est-lendroit-silence-michel-camus-L-1 

 

Les derniers films vus et critiqués : 
 
  yves-saint-laurent-le-film-de-jalil-lespert (1) PHILOMENA UK POSTER STEVE COOGAN JUDI DENCH (1) un-max-boublil-pret-a-tout-dans-la-comedie-romantique-de-ni

Mes coups de coeur    

 

4-e-toiles


affiche-I-Wish-225x300

   

 

The-Artist-MIchel-Hazanavicius

 

Million Dollar Baby French front 

 

5-etoiles

 

critique-la-grande-illusion-renoir4

 

claudiaotguepard 

 

affiche-pouses-et-concubines 

 

 

MES FESTIVALS

 


12e-festival-film-asiatique-deauville-L-1

 

 13e-FFA-20111

 

deauville-copie-1 


15-festival-du-film-asiatique-de-deauville

 

 

Recherche