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7 septembre 2021 2 07 /09 /septembre /2021 08:39
Jean-Paul Belmondo

C'est ainsi qu'il restera dans ma mémoire avec son galurin penché sur l'oeil et son mégot au coin des lèvres, tel qu'en lui-même on le découvrait dans "A bout de souffle", l'un des films qui intronisait la Nouvelle Vague et le cinéma des jeunes turcs. Belmondo, une gueule à la Gabin, une démarche un peu chaloupée, un regard qui savait se faire pesant, insistant, moqueur, et l'air éternellement gavroche d'un dandy à la mode des années 60. La notoriété, elle lui était venue avec la Nouvelle Vague et le film manifeste de Jean-Luc Godard. Il devint grâce au rôle de Michel Poiccard le symbole masculin, voyou, séducteur, désinvolte et romantique, de la génération des sixties. Par la suite, il se transformera en figure mythique du héros moderne, ivre de liberté et d'amour, capable de s'affronter à la réalité criminelle de l'argent à travers un autre personnage de Godard : "Pierrot le fou" (1969). 

 

Entre-temps, il aura tenté une autre expérience avec Jean-Pierre Melville - afin de ne pas être catalogué trop systématiquement dans un personnage marginal - en revêtant la soutane d'un jeune ecclésiastique torturé par le doute dans "Léon Morin, prêtre", prouvant qu'il était un grand acteur, en mesure d'endosser des rôles aussi différents.  Et, certes, acteur, il l'était. Né à Neuilly le 9 avril 1933 d'un père d'origine italienne, sculpteur de grand talent, et d'une mère artiste-peintre, il s'était très vite orienté vers une carrière artistique après une jeunesse tumultueuse et un détour dans un sanatorium d'Auvergne à la suite d'une primo-infection. Reçu au conservatoire en même temps que Rochefort et Marielle, il était entré dans la classe de Pierre Dux où il restera 4 années à se familiariser aux arcanes du métier. Il aspire alors au Grand Prix, mais celui-ci lui échappera, les jurés s'étant rebiffés contre l'insolence débonnaire de son interprétation, tandis que le public lui faisait un triomphe. Tant et si bien que ce sera sa photo qui apparaîtra en première page sur tous les quotidiens du soir, présageant d'un avenir prometteur. Et pour lui, cet avenir ne sera pas la Comédie-Française, comme cela est le lot habituel des premiers prix, mais des rôles où sa truculence, sa gouaille, sa drôlerie bondissante feront merveille et où son physique, aussi peu classique que son jeu, sera plébiscité. Par chance, grâce à un flair étonnant, des hommes comme Godard et Chabrol comprendront d'emblée qu'il est l'acteur en mesure d'exprimer leurs aspirations de par cette spontanéité et cette insouciance insolente qui le caractérisaient et qu'il conservera aussi longtemps qu'il tournera avec des metteurs en scène comme eux et, par la suite, comme Melville, Resnais, Malle, Lelouch, voire de Broca et Sautet. Mais le succès et la facilité aidant, il sera tenté de stéréotyper son personnage et de cabotiner fatalement, devenant en quelque sorte le champion toute catégorie du cinéma commercial. Malgré des films moins bons et élaborés en fonction de lui seul, il sauvegarde son aura et son capital de sympathie qu'un public, époustouflé par ses prouesses de cascadeur et sa gouaille communicative, ne cessera jamais de lui assurer. Belmondo, c'est l'acteur français par excellence, celui avec lequel on est assuré de passer un vrai bon moment de détente. C'est ainsi qu'il aura été tour à tour, et avec la même élégante désinvolture, Stavinski, l'As des as, Borsalino, le Marginal, le Magnifique, l'homme de Rio.

 

Après un passage à vide aux alentours des années 90, il revient à l'écran avec un film de Lelouch qui lui vaudra un César : "Itinéraire d'un enfant gâté" et surtout au théâtre avec un rôle qui lui sied comme un gant dans "Kean", puis dans "Cyrano" sous la direction de Robert Hossein. Ce sera pour lui un grand bonheur de se retrouver sur les planches en contact direct avec son public qui lui fera un triomphe. Victime d'un accident vasculaire en 2001, lors d'un séjour en Corse, il sera rapatrié d'urgence et devra à une longue, patiente et douloureuse rééducation de récupérer en grande partie son autonomie et de revenir sur nos écrans dans un film de Francis Huster, remake du Umberto B. de Vittorio de Sica : "Un homme et son chien", que je n'irai pas voir, préférant garder de ce si sympathique acteur, l'image de l'éternel casse-cou, séducteur et espiègle, telle que celle qui lui collait tellement à la peau de "l'As des as" ou "L'homme de Rio".
 

Il nous a quittés à l'âge de 88 ans après une vie où il aura fait en sorte de ne jamais perdre son temps. Cet homme pressé aimait l'action, les femmes, mais également sa famille qui l'a accompagné lors de ses épreuves de santé. Nous conserverons de lui le souvenir d'une personnalité qui s'est beaucoup amusée à exercer le métier qu'il avait choisi comme le plus beau rempart à  l'ennui et à la monotonie. Merci l'artiste. 

 

Pour prendre connaissance des articles consacrés aux films de Belmondo, dont "A bout de souffle" et  "Pierrot le fou", cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS

 

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Jean-Paul Belmondo
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28 mai 2021 5 28 /05 /mai /2021 10:10
VITTORIO GASSMAN

                                                       
Vittorio Gassman est l'un des grands acteurs italiens qui a marqué de sa présence et de son talent le 7e Art transalpin, au même titre qu'un Marcello Mastroïanni, un Ugo Tognazzi ou un Nino Manfredi. Né à Gênes le 1er septembre 1922 d'un père autrichien et d'une mère florentine, il s'inscrivit très jeune à l'Accademia Nazionale d'Arte Drammatica de Rome après avoir tâté d'un peu de droit à la Faculté. D'emblée, il se démarque par une forte présence scénique et un fougueux tempérament qui allie insolence et panache, qualités qui lui vaudront le surnom de "matamore" ce qui signifie "le tueur" en français. Sur scène, il s'impose sans peine, grâce à un physique, certes avantageux, mais surtout par une personnalité à multiples facettes qui lui permet d'ambitionner aussi bien les rôles romantiques que la comédie et les personnages cyniques où il excelle. Il fait bientôt la connaissance de Luchino Visconti qui le mettra en scène dans des oeuvres de Shakespeare et de Pasolini, alors que le cinéma lui fait déjà des avances et, qu'en 1945, il débute dans un film de Carlo Alberto Felice : "Rencontre avec Laura" qui ne laissera pas un souvenir impérissable. Par la suite il tournera dans plus de 130 films en véritable maestro qui régnera sur cinquante ans de cinéma italien, sans pour autant renoncer au théâtre.  

 

                                                                            
En 1949, il partage l'affiche de "Riz Amer" avec Silvana Mangano, un drame qui se déroule dans l'Italie de l'après-guerre et brosse le tableau d'ouvrières travaillant dans les rizières de la plaine du Pô. Marié durant quelques années à l'actrice Shelley Winters, il fait une courte incursion dans le cinéma hollywoodien et apparaît dans " Guerre et Paix" (1956) de King Vidor auprès d'Henry Fonda, de Mel Ferrer et de la délicieuse Audrey Hepburn. De retour dans son pays, Gassman se révèle pleinement dans "Le Pigeon" (1958) de Mario Monicelli qui marque d'une pierre blanche le début de la comédie italienne, faisant suite aux films graves de l'après-guerre, satire des moeurs de la petite et moyenne bourgeoisie. Fréquemment employé pour interpréter des rôles de traître, Vittorio Gassman se plaît à divertir et la palette des personnages composites, qu'il a incarnés avec un naturel époustouflant, est impressionnante. En 1962 il crève l'écran auprès de Jean-Louis Trintignant dans "Le fanfaron" de Dino Risi où il s'impose comme un atout majeur  du cinéma italien. Un moment marquant de sa carrière sera "Parfum de femme" (1974), toujours de Dino Risi qui sait superbement l'utiliser et qui lui méritera un prix d'interprétation au Festival de Cannes. Cette même année, faste entre toutes, la sortie de "Nous nous sommes tant aimés", le chef-d'oeuvre d'Ettore Scola, contribue également à faire de lui une vedette internationale appréciée des cinéphiles. Avec Scola, il poursuivra sa participation en jouant dans "La terrasse", portrait au vitriol d'une poignée d'intellectuels, puis dans "La Famille" (1986) et enfin "Le Dîner" (1998), son avant dernière apparition sur le grand écran. Cet immense acteur, qui pouvait tout faire avec humour, émotion, lyrisme et séduction, s'éteint à Rome le 29 juin 2000, à l'âge de 78 ans, laissant une trace indélébile dans l'histoire du 7e Art.

 

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Pour lire les critiques des films où figure l'acteur dont "Riz amer", "Nous nous sommes tant aimés", "Parfum de femme" et "Le fanfaron", cliquer sur le lien ci-dessous :
 


LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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Avec sa dernière épouse Diletta d'Andrea

Avec sa dernière épouse Diletta d'Andrea

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25 avril 2021 7 25 /04 /avril /2021 09:22
OMAR SHARIF - PORTRAIT

 

On se souviendra de lui arrivant au galop sur son étalon noir dans le désert rouge du Wadi Rum, beau et fier en prince oriental venant défier le colonel Lawrence  dont le rêve rejoignait le sien. On l’appréciera tout autant dans le rôle du docteur Jivago auprès de la belle Julie Christie, chassé de son domaine par les milices communistes lors des premiers pas de l’URSS soviétique. Ce qui frappait chez lui, c’était probablement son regard, sa prestance, son romantisme, cette allure altière qui savait se faire proche, tendre et humaine. David Lean avait tout de suite mesuré son potentiel de séduction et lui confiera  deux rôles légendaires qui ont fait de lui un mythe, l’un de ces acteurs voués aux galaxies les plus  hautes et les plus inaccessibles.

 

Né en avril 1932 à Alexandrie dans une famille d'origine libanaise, Michel Dimitri Chalhoub est le fils de Joseph Chalhoub, marchand  de bois précieux, et de Claire Saada. Élevé dans le rite grec catholique, il se convertit à l’islam pour pouvoir épouser l'actrice égyptienne Faten Hamama, dont il a plus tard divorcé et dont il aura un fils Tarek. Après de bonnes études au Collège britannique Victoria d’Alexandrie où il étudie les mathématiques et la physique ainsi que plusieurs langues dont le français, le grec, l’italien, l’anglais et le turc, il travaille quelques années dans l’entreprise de bois précieux de son père avant d’aller parfaire son métier d’acteur, pour lequel il se sent une vocation, à la prestigieuse Royal Académie of Dramatic Art de Londres. De retour en Egypte, il est découvert par son compatriote, le cinéaste Youssef Chahine qui le fait débuter dans "Le démon du désert", puis le fera jouer dans "Les eaux noires" auprès de la star égyptienne de l’époque Faten Hamama qu’il épousera en 1954. Devenu une vedette en Egypte, il y tournera 26 films sous le pseudonyme de Omar El Sharif qui ne seront pas tous des chefs-d’œuvre.

 

En 1962, il est remarqué et engagé par David Lean pour être le prince Ali Ibn Kharish dans son premier film occidental et international « Lawrence d’Arabie », au côté de Peter O’Toole, film pour lequel il prend son pseudonyme définitif d’Omar Sharif, film qui lui méritera une célébrité mondiale et un Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle, ainsi qu’une nomination pour l’Oscar du Meilleur Second Rôle 1963. C’est alors qu’il divorce, malgré des sentiments partagés  pour « incompatibilité de la vie de couple avec la vie d’acteur international »  et s’installe avec son fils à Hollywood, ayant signé un contrat de sept ans avec les studios « Colombia Pictures ».

 

En 1965, il récidive avec un triomphe mondial dans « Le docteur Jivago », une autre réalisation du cinéaste britannique David Lean pour lequel il obtiendra le Golden Globe du meilleur Acteur, consécration d’une carrière exceptionnelle. Par la suite, il jouera dans une soixantaine de films américains et français dont « Mayerling » de Terence Young,  auprès de Catherine Deneuve en 1968, « Funny Girl » de William Wyler en 1968 avec Barbra Streisand avec laquelle il aura une liaison, « Le Rendez-vous » de Sidney Lumet en 1969, « La case » d’Henri Verneuil en 1971, « 588 rue Paradis » d’Henri Verneuil en 1992 auprès de Claudia Cardinale. En 2003, son rôle d’épicier philosophe dans « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » de François Dupeyron lui permet d’être récompensé par le César du meilleur acteur 2004.

 

Dans la vie, cet amateur de bridge et de chevaux se partage entre Le Caire et Deauville et mène une vie dilettante où il consacre  de nombreuses heures à hanter les  hippodromes et les salles de jeux. Il est l’un des joueurs de bridge les plus réputés du monde et sera vice-champion du monde en 1971 face à Pierre Jaïs et vice-champion d’Europe seniors en 1999 à Malte. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il entre dans une clinique privée au Caire où il meurt en  juillet 2015 d’une crise cardiaque. 


Pour prendre connaissance du film sur Lawrence d'Arabie ,cliquer sur son titre :
 

Lawrence d'Arabie, de la réalité à la légende

 

Et pour consulter les articles de la rubrique ACTEURS DU 7e ART, cliquer  ICI

 

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OMAR SHARIF - PORTRAIT
OMAR SHARIF - PORTRAIT
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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 18:04
DANIEL DAY-LEWIS - PORTRAIT

 

Daniel Day-Lewis est entré dans le livre des records en obtenant pour son rôle dans Lincoln un troisième Oscar. Ce n'est pas tout à fait un hasard quand on sait le perfectionnisme qui le caractérise et le peu d'apparition qu'il s'autorise sur les écrans, de façon à mieux s'immerger dans ses personnages et à ne les choisir qu'avec circonspection. Cet acteur à l'abord difficile, peu enclin aux épanchements, fuyant les shows médiatiques, né à Londres en avril 1957, est d'origine irlando-britannique et réputé comme le comédien le plus sélectif qui soit, avec seulement cinq films à son actif entre 1998 et 2010. Chacune de ses apparitions le mobilise si intensément qu'il entreprend à chaque fois les recherches nécessaires et méticuleuses pour être en mesure de les incarner selon ses exigences. Ce fut le cas pour Lincoln, rôle qu'il refusa dans un premier temps, avant de l'accepter après avoir mûrement réfléchi à la façon d'entrer dans la peau de cet homme d'état, lisant tout ce qui le concerne, jusqu'au plus infime détail, ce qui a permis à un critique d'écrire : Day-Lewis ne joue pas Lincoln, il est Lincoln.

 

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Après une enfance chaotique, ses parents l'envoient dans un internat privé pour pallier à son indiscipline et c'est là qu'il découvrira les trois activités qui le captiveront le plus par la suite : le travail du bois, la pêche et le métier d'acteur, ce qui ne l'empêchera pas, après la mort de son père en 1972, d'être interné dans un hôpital psychiatrique à la suite d'une overdose médicamenteuse. Rentré dans le rang, et alors qu'il excelle déjà sur la scène du "National Youth Theatre", il choisit de devenir ébéniste, mais son manque d'expérience lui vaut d'être refusé à un stage d'apprenti. C'est alors que, très déçu, il emprunte la voie du théâtre après avoir vu Robert de Niro dans Taxi Driver  en 1976. Inscrit au "Bristol Old Vic", il en suit l'enseignement pendant trois ans qui seront suivis d'interprétations sur les scènes de Londres et de Bristol et intègre par la suite la troupe de la "Royal Shakespeare Company" pour des oeuvres comme Roméo et Juliette et Le songe d'une nuit d'été. Ce n'est qu'en 1987 qu'il endosse le rôle principal dans L'insoutenable légèreté des choses  au côté de Juliette Binoche. Pour cela, il ira jusqu'à apprendre la langue tchèque et se refusera à quitter son personnage entre les prises de vue. C'est dire le souci maniaque qu'il entend consacrer à chacun de ses rôles. Désormais, il va alterner film et pièce, travaillera à l'adaptation de Hamlet, mais un malaise étrange, survenu au cours d'une répétition, l'éloigne à jamais du théâtre au profit du 7e Art.

 

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Il obtient son premier Oscar avec My left Foot  de Jim Sheridan en 1989, où il est le poète irlandais infirme Christy Brown et, pour s'imprégner de son personnage, passe des mois dans un fauteuil roulant afin d'avoir un aperçu réaliste de ce qu'avait été la vie de cet homme, surprenant  l'équipe du film par ses excentricités.

 

En 1992, trois ans après l'Oscar, il collabore pour la première fois à une réalisation du cinéaste Martin Scorsese, face à la ravissante Michelle Pfeiffer. Ce sera Le temps de l'innocence qui l'incitera à se promener pendant deux mois vêtu des costumes de l'aristocratie de l'époque avec haut de forme et chemise à jabot. Ensuite, il entreprend de jouer dans Au nom du père de Sheridan, rôle pour lequel il prend plusieurs kilos, suivi de La chasse aux sorcières, un opus  inspiré de la pièce Les sorcières de Salem, puis, de nouveau, avec Sheridan pour The Boxer, ce qui nécessitera de sa part un entrainement de plusieurs mois  à ce sport, avant de s'absenter cinq années durant en Italie, où il renoue avec son ancienne passion pour l'ébénisterie.

 

En 2003, au retour de son exil italien qu'il n'expliquera jamais, il tourne avec Scorsese le film historique Gangs of New-York. Il y campe un inquiétant Bill le boucher dans le New-York du XIXe siècle. Et poursuit avec The Will Be Blood  de Paul Thomas Anderson en 2007. Son interprétation hallucinée de ce personnage maléfique et sombre lui vaudra son second Oscar, auquel s'ajouteront le Golden Globe et le BAFTA et l'unanimité d'une critique enthousiaste. Ainsi rejoingnait-il, dans la cour d'honneur des acteurs les plus récompensés, les Brando et Nicholson. Aujourd'hui, couronné par un troisième Oscar, il reste néanmoins derrière Katherine Hepburn qui détenait 4 statuettes. Mais Daniel Day-Lewis n'a sans doute pas dit son dernier mot. Avec un acteur de cette envergure, nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique ACTEURS DU 7e ART, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES ARTICLES - ACTEURS DU 7e ART  

 

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DANIEL DAY-LEWIS - PORTRAIT
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8 août 2020 6 08 /08 /août /2020 09:26
Catherine Deneuve

Je dois avouer tout d'abord que Catherine Deneuve n'est pas mon actrice française préférée, mais je lui reconnais d'avoir su mener sa carrière avec beaucoup d'intelligence et d'avoir été, de par son élégance et sa beauté, une merveilleuse ambassadrice de la femme française à travers le monde. Je l'ai beaucoup aimée  dans "Benjamin ou les mémoires d'un puceau" et  "Peau d'âne"  où elle figurait la jeune femme idéale par sa blondeur et la délicatesse de ses traits. Plus tard, je l'ai appréciée dans les comédies musicales de Jacques Demy, sans doute parce que le savoir-faire du cinéaste était en mesure de révéler la grâce et le charme de l'actrice. Il lui a permis de nous toucher dans un registre empli de fantaisie, où nous ne l'attendions pas. Je l'ai aimée aussi dans des films forts comme "Le dernier métro" ou "Indochine" où elle imposait son personnage avec une véritable autorité.          


Ne disait-elle pas : " Je suis aussi d'une lucidité épouvantable, effrayante. (...) La lucidité, pour une actrice, c'est terrible. Parce qu'il faudrait pouvoir réellement s'isoler. Parce qu'il ne faudrait pas toujours sentir certaines choses. Parce qu'il ne faudrait pas toujours voir. Il y a des moments où l'on aurait besoin de se laisser entraîner par un certain élan mais cette lucidité le rend impossible. Elle paralyse, elle empêche la spontanéité. Les gens lucides ont souvent du mal à décoller. J'ai toujours ressenti l'exigence, l'anxiété... En revanche, j'ai l'impression que la lucidité s'aggrave avec le temps ".

 

Réservée, pudique, introvertie, Deneuve a toujours aimé travailler avec des metteurs en scène qu'elle connaissait, si bien que cette confiance réciproque la libérait de ses blocages. Si ce climat ne parvenait pas à s'établir, elle pouvait se refermer comme une huître. Ce fut le cas, à plusieurs reprises, avec le metteur en scène Luis Bunuel dont les rôles, qu'il lui imposait, ne correspondaient pas à sa nature profonde. D'ailleurs elle était si peu le personnage de "Belle de jour" que cet opus m'apparaît aujourd'hui assez ridicule. C'est sans doute cette part d'elle-même, jalousement préservée, qui lui confère une distance imperceptible, un non-dit non révélé, qui a séduit de nombreux réalisateurs. Avec elle- disent-ils - il y a toujours quelque chose qui reste secret et permet au public d'avoir de sa personne des approches multiples. C'était aussi le cas d'une actrice comme Grace Kelly.

            

Catherine Deneuve, de son vrai nom Catherine Dorléac, est née à Paris, le 22 octobre 1943, dans une famille de comédiens : son père était doubleur à la Paramount et sa grand-mère souffleuse à l'Odéon. C'est Roger Vadim, avec lequel elle vivra et aura un fils Christian, qui lui donne sa chance dans  "Le vice et la vertu",  mais ce sont, la même année, "Les Parapluies de Cherbourg" de Jacques Demy qui amorce réellement sa carrière. Elle y campe avec grâce une jeune fille amoureuse d'un soldat, contrainte d'en épouser un autre. L'année suivante, au côté de sa soeur Françoise Dorléac,  morte peu de temps après dans un accident de la route, "Les demoiselles de Rochefort" la propulse dans l'Olympe des acteurs qu'elle ne quittera plus, tant sa carrière sera menée de main de maître, avec un remarquable discernement. Après ces deux comédies charmantes, la jeune femme enchaîne avec  "Répulsion" de Roman Polanski, où elle interprète une tueuse schizophrène avant d'être dans  "Belle de jour"  ( 1966 ) de Bunuel, une femme mariée insatisfaite qui se prostitue à mi-temps. Selon moi, comme je le signalais plus haut, son rôle le plus inattendu avec celui de "Tristana", du moins celui-ci est-il supérieur au précédent par sa complexité intérieurequ'elle tournera, toujours avec Bunuel, trois ans plus tard. Suivront "La sirène du Mississippi",  "Mayerling",  "Fort Saganne", "Le Sauvage" avant qu'elle n'aborde les films de la plénitude avec des scénarios de qualité diverse comme "Indochine",  "Le dernier métro",  "Est-Ouest",  "Place Vendôme",  "8 femmes",  jusqu'au tous derniers dont les choix semblent moins évidents et où sa carrière s'embourbe un peu selon moi.

                   

Du moins, ce sera-t-elle investie dans des personnages divers et composites, tour à tour costumée dans des opus dits d'époque, où elle nous est apparue en princesse, reine, aristocrate - ce fut le cas dans "Le temps retrouvé"  inspiré de "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust, dans  "Peau d'âne"  d'après le conte de Perrault, dans "Palais-Royal" d'une facture plus contestable - ou dans "Mayerling", ainsi que dans des comédies légères ou des oeuvres dramatiques. Elle reste aujourd'hui  une actrice convoitée qui a, à son actif, plus de 70 longs métrages. Il est vrai que le mystère demeure entre l'image publique, trop figée, et certains films où elle n'est pas simplement décorative ou ornementale. Si  "La chamade"  apparaît comme le sommet du film frivole, il est évident que "Le dernier métro", "Tristana",  "Les prédateurs", "Dancer in the dark"  déplacent les lignes où l'on voudrait la retenir et que la période de simple splendeur passée, une femme affirmée et plus humaine est apparue. Elle ne se contente plus d'enchanter et de séduire, elle émeut. Peut-être moins facilement, moins complètement qu'une Sandrine Bonnaire ou une Isabelle Huppert, mais elle a pris le pouvoir et, désormais, ne se laisse plus manipuler. Elle s'est investie sans perdre son côté flânerie qui lui va si bien. Aussi la regarde-t-on, de nos jours, non seulement avec plaisir mais avec intérêt et, parfois, surprise ou déception. 
 

                  

Cependant la grande actrice, qu'elle est, ne se cache pas d'être avant tout famille, famille. Elle avoue :  Ma vie personnelle  a toujours été plus importante que mon métier. Non que je sous-estime mon métier, mais j'ai toujours senti que cela ne pouvait pas être l'essentiel de ma vie, que cela n'en serait jamais le moteur. J'ai besoin de travailler, de m'exprimer professionnellement mais ma famille, mes enfants, ce n'est pas seulement un sens des valeurs, c'est primordial pour moi. J'ai des amis, les mêmes depuis vingt ans. Ce sont eux à qui je tiens vraiment. Mon métier est complémentaire.

 

Après avoir vécu avec Vadim, Catherine Deneuve épousa le photographe de mode David Bailey, puis fut la compagne de François Truffaut, de Marcello Mastroïanni dont elle a eu une fille Chiara, actrice elle aussi, comme son demi-frère Christian Vadim. La famille reste immergée dans le monde du spectacle. Catherine a reçu le César de la Meilleure Actrice pour "Le dernier métro" en 1981, un autre César pour "Indochine", la coupe Volpi de la Meilleure Actrice à Venise en 1998,  le Prix d'honneur du Festival du film de Bruxelles et l'Ours d'Or pour l'ensemble de sa carrière à Berlin. Ses dernières apparitions sont moins convaincantes, il semble que les cinéastes ne parviennent pas à saisir cette maturité avec  sensibilité et intelligence afin de magnifier cette quintessence de l'âge qui oscille entre pudeur et autorité. 

                                  

Pour lire les articles consacrés à certains de ses films, dont :

 

Benjamin  -  Les demoiselles de Rochefort  -   Peau d'âne - Le temps retrouvé - Belle de jour

Dancer in the dark  -  Le dernier métro  -  Indochine  -  Ma saison préférée -  Potiche

 

cliquer sur les liens ci-dessous :


LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS   

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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Catherine Deneuve
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5 janvier 2019 6 05 /01 /janvier /2019 10:15
Bernadette Lafont, le sourire de la Nouvelle Vague

Avec son sourire malicieux, son naturel inaltérable et sa voix gouailleuse,  Bernadette Lafont,  morte  à l'âge de 74 ans, incarnait l'insolence et la liberté du cinéma de la Nouvelle Vague. Chaque femme pouvait se reconnaître en elle tant elle était désarmante de naturel et pouvait se glisser dans n’importe quel personnage. "Je n'ai jamais voulu être cataloguée, ni avoir d'étiquette" - disait cette brune méditerranéenne aux traits généreux, citant Cocteau : "Les premières places ne m'intéressent pas spécialement. Ce que j'aime, c'est les places à part." Celle qui a tourné plus de 120 films et adoré le théâtre, découvert à 40 ans, restera à jamais "La Fiancée du pirate" (1969), qui se venge de tout un village en couchant avec ses habitants sur l'air de "Moi, je m'balance" chanté par Barbara, et révèle par haut-parleur les médisances recueillies sur l'oreiller.

 

Le cinéma, elle le découvre à 17 ans. Fille de protestants qui voulaient un garçon - sa mère l'appellera toujours Bernard, elle naît le 26 octobre 1938 à Nîmes (Gard) où son père est pharmacien. Elle pratique assidûment la danse classique lorsqu'elle épouse le comédien Gérard Blain, rêvant d'être actrice à son tour. Lui s'y oppose, mais ils rencontrent l'équipe des Cahiers du cinéma. Claude Chabrol et François Truffaut veulent faire leur premier film. "Il n'y avait pas de producteur, pas d'argent. Donc, comme acteurs et actrices ils ont choisi Gérard et moi, entre autres." Ce sera "Les Mistons" (1957), tourné à Nîmes, où Truffaut la filme juchée sur sa bicyclette puis "Le Beau Serge" (1958) avec Chabrol qu'elle retrouvera à plusieurs reprises, entre autres pour "Les Bonnes femmes" (1960), "Les Godelureaux" (1961) ou "Inspecteur Lavardin" (1986). On la surnomme "la vamp villageoise". Truffaut la compare à Michel Simon pour son côté "voyou femelle" et parce qu'elle a l'air de "savoir vraiment la vérité de la vie". Il lui offrira "Une belle fille comme moi" en 1972.

 

 

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Séparée de Gérard Blain - ils resteront amis -, elle épouse à 20 ans un sculpteur hongrois, Diourka Medvecsky. Ils ont trois enfants dont Pauline, qui deviendra également actrice et mourra accidentellement en 1988 lors d'une balade en solitaire dans les Cévennes. Son corps ne sera découvert que trois mois après sa disparition. Bernadette Lafont se réfugiera dans le travail : "Le cinéma et le théâtre m'ont sauvée."

Elle connaît sa période "expérimentale" au début des années 1970 avec Bulle Ogier ou Jean-Pierre Kalfon dans des films dirigés par son mari, par Jacques Baratier ou Lazlo Szabo. En 1973, elle joue pour Jean Eustache dans "La maman et la putain", puis, en 1978, c'est la rencontre avec le théâtre. "Je veux bien ne jamais faire de cinéma si je peux toujours faire du théâtre", dit alors cette autodidacte. Elle joue Copi en 1981 puis Guitry, Pagnol ou "Les monologues du vagin" d'Eve Ensler (2002). Parallèlement, elle continue de tourner, avec Juliet Berto ("Cap Canaille", 1983), Jean-Pierre Mocky ou Raoul Ruiz, mais également Yves Boisset ou Claude Miller ("L'Effrontée" - 1985), grâce auquel elle décroche le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Récemment encore, elle incarnait une grand-mère dealeuse de hasch dans "Paulette" de Jérôme Enrico. Le film sorti en janvier a attiré plus d'un million de spectateurs.

Femme à ne pas cacher son âge, elle célébrera crânement en 2007, à 68 ans, ses cinquante ans d'une carrière menée également à la télévision où elle a joué dans de nombreux téléfilms. Cette longévité ne l'a pas empêchée d'aimer les jeunes artistes et de soutenir leurs créations : "J'ai besoin que ça bouge, que ça grouille autour de moi." Un César d'honneur la récompense en 2003 pour l’ensemble de sa carrière, tandis qu'elle  est faite officier de la Légion d'honneur en 2009. Elle reçoit en 2010 la médaille de l'Ordre du mérite et de l'Ordre des arts et lettres et nous quitte le 25 juillet, sans faire de bruit, avec cette discrétion qui, finalement, la caractérisait. Adieu Bernadette.

Pour consulter l'article consacré aux acteurs du la Nouvelle Vague, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LES ACTRICES ET ACTEURS DE LA NOUVELLE VAGUE

 

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Bernadette Lafont, le sourire de la Nouvelle Vague
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20 août 2018 1 20 /08 /août /2018 08:50
EMMA THOMPSON

                                                                                               
Cette actrice inclassable, parmi les interprètes les plus douées et les plus subtiles de sa génération, est née à Londres le 15 avril 1959 d'un père producteur et metteur en scène et d'une mère actrice de théâtre. Enfant de la balle, bercée dès son plus jeune âge dans le monde du spectacle, elle fait preuve d'une vocation précoce et suit l'exemple parental en jouant à l'université dans la troupe de théâtre de Cambridge Footligts. Sa première expérience à la télévision se fait aux côtés de deux membres de sa troupe : Stephen Fry et Hugh Laurie, ce dernier ayant été l'un de ses " boy friend ".
 


Emma enchaîne ensuite sur les planches avec la comédie musicale Me an My girl, où elle donne la réplique à Robert Lindsay. En 1988, son travail dans Tutti Frutti et Fortunes of war est récompensé par un British Academy Award et lui offre l'occasion de rencontrer le réalisateur Kenneth Branagh. En 1989, ce dernier lui propose d'être la reine Catherine de France dans une adaptation de Shakespeare et peu après le couple se marie. Emma, désormais, participe plus activement aux tournages de son mari ( 3 films en 3 ans ) et apparaît en parallèle à la télévision dans la série Cheers auprès de Ted Danson. C'est dans "Retour à Howards End"   (1991) - qui lui vaudra l'Oscar de la meilleure actrice -  et "Les vestiges du jour" ((1994), deux longs métrages de James Ivory avec pour partenaire Anthony Hopkins, qu'elle peut montrer toute l'étendue de son talent. Elle s'y impose comme l'actrice phare du cinéma britannique.
 

               
En 1995, Ang Lee lui demande d'incarner le personnage d'Elénor Dashwood dans la comédie romantique "Raison et sentiments", adaptée d'un roman de Jane Austeen avec pour partenaire Hugh Grant, où elle campe une fois encore une femme amoureuse et fière avec justesse et sensibilité. Rôle très différent en 1998 dans "Primary Colors" où elle est l'épouse d'un candidat aux dents longues auprès de John Travolta  et affiche un caractère bien trempé, à l'opposé de son interprétation précédente.


  

Séparée de son mari Kenneth Branagh, elle épouse en secondes noces l'acteur Greg Wise avec lequel elle aura une fille Gaia Romilly, née le 4 décembre 1999. On la verra en 2003 dans une nouvelle comédie romantique "Love Actually" de Richard Curtis auprès de Hugh Grant puis, la même année, dans la série de Mike Nichols "Angels in America" qui relate le difficile "coming out" des homosexuels atteints du sida durant les années 80, série de 6 épisodes à laquelle participent également Al Pacino et Meryl Streep. En 2007, elle endosse le rôle de l'excentrique professeur Trelawney de Harry Potter et l'ordre du phénix et en 2007, elle est présente dans  "Je suis une légende", film de science fiction où elle est le Dr Alice Kriffin, une spécialiste de la santé, rescapée du cancer.



A cette filmographie variée, il faut ajouter une comédie charmante au côté de Dustin Hoffman,  "Last chance for love" qui  prouve, si besoin était, les ressources d'une actrice aussi complète qu'Emma Thompson qui peut, tour à tour, jouer comédie ou tragédie  avec un égal pouvoir de conviction et une semblable aisance. Et sans compter avec sa remarquable interprétation d'une femme juriste dans "My Lady"  (2017)  de Richard Eyre  et  son personnage au réalisme vigoureux dans "Late Night" (2019) de Nisha Ganatra. Elle est avec Meryl Streep et Catherine Frot, ma préférée parmi les actrices d'aujourd'hui.

 

Pour prendre connaissance de la liste des films de la rubrique CINEMA EUROPEEN, cliquer  ICI

 

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EMMA THOMPSON
EMMA THOMPSON
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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 09:07
1932 - 2018

1932 - 2018

                                                           
Une de nos actrices les plus talentueuses, Stéphane Audran, qui s'est éteinte en 2018 à l'âge de 85 ans, n'a jamais fait parler d'elle, sinon pour nous convaincre par son jeu sensible qu'elle était la digne continuatrice des grandes comédiennes d'avant-guerre. Née le 8 novembre 1932 à Versailles d'un père médecin et d'une mère enseignante, Stéphane Audran, qui s'appelait encore Colette Suzanne Dacheville, une fois ses études secondaires achevées, devient l'élève de Charles Dullin, de Tania Balachova et de Michel Vitold, avant d'être découverte par Claude Chabrol, qu'elle épousera en secondes noces, après son divorce d'avec Jean-Louis Trintignant. Sa carrière débute par un petit rôle dans Les Cousins (1959) que Chabrol, en découvreur de talent averti, lui confie avant de la révéler dans Les Bonnes Femmes (1960), puis de l'imposer en vedette dans une quinzaine de ses films ; on retiendra, tout particulièrement, ses prestations dans Les Biches (1968), La Femme infidèle (1969), Le Boucher (1969), Les Noces rouges (1973), Violette Nozière (1978), Le Sang des autres (1983), Poulet au vinaigre (1984) ou Betty (1992) où, grâce à la qualité de son jeu fait d'intelligence, d'une séduction un peu froide et d'une classe évidente, elle séduit  le public et devient une comédienne incontournable des années 60/80.  Elle obtiendra le César de la meilleure actrice en 1978 pour Violette Nozière où, curieusement, apparaît la nouvelle égérie de Chabrol : Isabelle Huppert. Le couple va se séparer en 1980 et la carrière de Stéphane Audran en souffrira fatalement. On la verra encore dans Le soleil en face (1980) de Kast, Coup de torchon (1981) de Tavernier,  dans l'inoubliable rôle de Babette dans Le Festin de Babette (1987) de Gabriel Axel qui est sans nul doute sa prestation la plus éblouissante, et, dernièrement,  dans La fille de Monaco (2008) auprès de Fabrice Luchini.

 

Dans La femme infidèle face à Michel Bouquet, dans Le boucher face à Jean Yanne, dans Coup de torchon, et, davantage encore, dans son rôle de Babette, on se rappelle de la finesse, de l'élégance, de la subtilité de ses interprétations qui, toutes, frappent par l'intensité des expressions et une silencieuse et indiscutable présence. Pas d'effets, mais une interrogation permanente, quelque chose d'indicible et de pathétique dans le regard, une délicatesse dans les gestes, une économie étonnement efficace. Je compte cette merveilleuse actrice, qui avait su se retirer sans faire de vagues, parmi mes préférées.

 

Pour consulter les critiques de films intérprétés par l'actrice, dont La femme infidèle et Le festin de Babette, cliquer sur les liens ci-dessous :

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS        

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA EUROPEEN ET MEDITERRANEEN

 

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STEPHANE AUDRAN
STEPHANE AUDRAN
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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 09:33
Julia Roberts- Portrait

Son sourire radieux, sa gaieté communicative et sa parfaite anatomie l’ont révélée avec éclat dans « Pretty Woman » en 1990. Ce succès populaire la propulse d’emblée comme la nouvelle star hollywoodienne et la vedette la mieux payée du cinéma. Née le 28 octobre 1967 à Atlanta, elle débute dans des téléfilms et en 1888 se fait remarquer dans la comédie dramatique « Mystic Pizza » de Donald Petrie et sera bientôt citée aux Oscars et gratifiée d’un Golden Globe. Puis sa carrière se stabilise définitivement grâce à « Pretty Woman » où elle forme avec Richard Gere un couple quasi mythique. Si bien qu’elle enchaîne les films qui, tous, ne lui mériteront pas une critique unanime mais confortent sa popularité au box-office.

 

En 1993, elle parvient de nouveau à s’imposer comme une valeur sûre, dont la célébrité ne repose pas sur son seul physique, en interprétant le premier rôle féminin du thriller politique « L’affaire Pélican » de Alan J. Pakula. En 1997, elle renoue avec son genre de prédilection, la comédie romantique grâce à « Le mariage de mon meilleur ami » de P.J. Hogan en compagnie de Cameron Diaz et Rupert Everett. Puis, « Coup de foudre à Notting Hill » de Roger Michell où elle joue son personnage de star tombant sous le charme d’un libraire londonien interprété par le séduisant Hugh Grant, avant de retrouver Garry Marshall et Richard Gere dans « Just married  ou presque » une fausse suite de leur succès passé qui sera accueillie fraîchement par le public. Les années 2000 vont renouveler son habituel répertoire avec « Erin Brockovich, seule contre tous » où elle se livre à une véritable performance et crève l’écran par son naturel et son humour. Une performance saluée par l’Oscar de la Meilleure actrice, une dizaine d’années après sa première nomination. En 2001, elle est la partenaire de Brad Pitt dans « Le Mexicain » de Gore Verbinski, enfin George Clooney lui confie un rôle dans « Confession d’un homme dangereux » qui lui conserve sa place dans le peloton de tête des valeurs sûres du 7e Art. Enfin, pour compléter son assise, elle devient l’égérie des parfums Lancôme en 2008.

 

Les années 2010 sont moins brillantes, bien que « Mange, prie, aime » soit un succès commercial et qu’elle donne la réplique à Meryl Streep dans un film honorable « Un été à Osage County » de John Wells qui lui vaut une nouvelle nomination à l’Oscar dans la catégorie « Meilleur Second rôle ». C’est lors du Festival de Cannes 2016 qu’elle montera pour la première fois les marches du Palais du Festival de Cannes lors de la présentation du film de Jodie Foster  "Money Monster", au côté de George Clooney. Mariée depuis 2002 au directeur de la photographie Daniel Moder, elle est mère de trois enfants et semble traverser les âges avec une égale sérénité, icône souriante et majestueuse du cinéma d’aujourd’hui.

 

Pour consulter la rubrique "ACTEURS DU 7e ART", cliquer   ICI

 

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Julia Roberts- Portrait
Julia Roberts- Portrait
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25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 10:37

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Visage taillé à la serpe, chevelure blanche, l'acteur Harvey Keitel, l'inoubliable interprète de " Mean Streets " de Scorsese (1973), de " La leçon de piano " de Jane Campion (1993) ) et de " Pulp Fiction " de Quentin Tarantino (1994) n'hésite pas à dire ce qu'il pense du 7e Art de son pays, lui qui fut tour à tour acteur et producteur : " Il s'infantilise - avoue-t-il - et sur une grande échelle. La culture s'effondre et c'est un phénomène mondial qui s'est développé pour toutes sortes de raison : politiques, économiques, religieuses. Et surtout par avidité et cupidité. Quand l'argent parle, c'est la culture qui déguste ! L'esprit d'aventure, de découverte ne souffle plus dans ce business. Autrefois, les jeunes n'avaient pas de budget, ils tournaient les week-ends parce qu'il fallait bien travailler durant la semaine pour payer le loyer ! A l'époque, on se rencontrait dans la rue ; j'ai connu Martin Scorsese alors qu'il était étudiant. J'étais moi-même sténo au tribunal de Manhattan. Plus tard, j'ai fait la connaissance de Quentin Tarantino par l'intermédiaire d'une amie de l'Actors Studio. Lorsque j'ai lu le scénario de " Réservoir dogs ", j'ai vu tout de suite l'étendue de son talent et j'ai co-produit le film, en même temps que j'entrais dans la peau de l'implacable M. White.

Alors aujourd'hui, à l'exception de quelques-uns comme Spielberg, on dicte ce que l'on veut faire. Les enjeux économiques interfèrent dangereusement avec l'art. Et les séries télévisées ne valent pas mieux. Certaines comme " Mad Men " sont épatantes. Mais le reste du temps, je les trouve pathétiques. J'en sais quelque chose ! J'ai joué dans " Life on Mars " avec des équipes talentueuses, malheusement dirigées par des gens guidés par le profit. Mon parcours a été effectué comme un long cheminement, souvent difficile, parsemé de chutes et de moments de grâce. Avec une étape marquante, l'Actors Studio, où j'ai eu le privilège d'apprendre auprès des plus grands comme Elia Kazan. Je n'oublie pas non plus une autre expérience fondamentale : mon engagement dans les marines à 17 ans. Je suis issu d'un milieu pauvre et je voulais être le héros de ma propre vie. J'ai bourlingué pendant trois ans pour finalement rentrer au bercail parce que ma mère me manquait. C'est chez les marines que j'ai lu mon premier livre "Dear and glorious physician " de Taylor Caldwell !

Après je me suis lancé dans le cinéma et parce que je ne trouvais pas de bons rôles aux Etats-Unis, j'ai beaucoup tourné avec des cinéastes européens. C'est Bertrand Tavernier qui, le premier, a cru en moi. Après avoir vu  " L'horloger de Saint Paul ", j'avais dit à ma petite amie du moment combien j'aurais aimé tourner un film avec un tel réalisateur. Trois jours après, je recevais une proposition pour jouer dans " La mort en direct ". Une incroyable coïncidence et le début d'une grande aventure internationale avec Ettore Scola, Abel Ferrara, Jane Campion et qui, à ce jour  je l'espère, n'est pas terminée.

 

De père roumain et de mère polonaise, Harvey Keitel est né à New-York le 13 mai 1939. Dès le début de sa carrière, il a su se singulariser en acceptant de s'engager avec des metteurs en scène débutants mais dont il avait deviné le potentiel de talent. C'est ainsi qu'il a tourné dans le premier film de Scorsese  "Who's that knocking at my door", ainsi qu'avec Ridley Scott et James Toback. Son jeu, tout en intensité intérieure, le place parmi les plus grands acteurs du 7e Art. Ancien marine, il est bientôt aux côtés de Scorsese et de Robert de Niro et fréquente l'Actors Studio. Ayant une idée très précise de l'art cinématographique, il lui arrive de quitter un studio pour divergence de vue. C'est ainsi qu'il fera lors du tournage d'"Apocalypse Now" du réalisateur Francis Ford Coppola et sur celui de "Eyes Wide Shut" de Stanley Kubrick. Son franc parler lui vaut d'être en disgrâce avec les studios hollywoodiens et lui donne l'occasion de tourner avec des metteurs en scène français et européen. 

En 2012, il est d'ailleurs l'invité d'honneur du 38e Festival du cinéma américain de Deauville et en 2014, il participe à une campagne publicitaire pour l'agence britannique "Direct Line" où il parodie son personnage de Winston Wolf de "Pulp Fiction". Depuis ses débuts dans les années 1970, il n'a cessé de tourner et la liste de ses apparitions sur la pellicule est impressionnante. Il compte parmi elles quelques-uns des films les plus importants du cinéma américain et européen dont "Taxi driver", "Réservoir dogs" "Les duellistes" ou "La dernière tentation du Christ". 

Sobre et juste, très exigeant, cet acteur inclassable est actuellement à l'écran dans l'opus d'Amanda Sthers "Madame" et le sera bientôt, en 2018, dans "L'île aux chiens" de Wes Anderson.

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique ACTEURS DU 7e ART, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

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HARVEY KEITEL - PORTRAIT
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Présentation

  • : LA PLUME ET L'IMAGE
  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


Charlie Chaplin

 

"Innover, c'est aller de l'avant sans abandonner le passé."

 

Stanley Kubrick

 

 

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