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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 11:19

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Antoine d’Anthac, célèbre auteur dramatique, convoque par-delà sa mort, tous les amis qui ont interprété sa pièce "Eurydice". Ces comédiens ont pour mission de visionner une captation de cette œuvre par une jeune troupe, la compagnie de la Colombe. L’amour, la vie, la mort, l’amour après la mort ont-ils encore leur place sur une scène de théâtre ? Ce sera à eux d’en décider. Entre réalité et fiction, le partage ne sera pas simple...et l'art seul sortira vainqueur des coulisses de la vie. Alors que bien des films actuels sont décevants et manquent cruellement d'imagination, un magicien nonagénaire dépoussière le 7e art pour le faire sortir, le temps d'une projection, de ses rails trop bien balisés et nous entraîner dans une vision où l'art de la parole et de l'image est appelé devant les instances du jugement (celui des spectateurs bien entendu) à reprendre vie et à réactualiser le passé. Car c'est à nous, en dernier ressort, d'entrer dans le jeu de la pièce et des acteurs et, par delà la forme proposée, de nous immiscer à l'invitation du Destin (interprété par Almaric) à forger le nôtre. Emprunté à l'Eurydice et à Cher Antoine ou l'amour raté, pièces de Jean Anouilh que le scénario a compilées, nous plongeons au coeur du mythe, en même temps que dans l'envers du décor où 13 acteurs revivent la pièce qu'ils ont interprétée à tour de rôle et la réaniment de manière à ce qu'elle entre en éternité comme l'amour qu'elle est sensée  perpétrer. Deux couples vont, sous l'impulsion de cette captation qui leur est projetée, donner  existence au passé, le leur et celui de la pièce. Tout est dans la version cérébrale mais combien captivante de Resnais qui se plaît à jouer sur les décalages d'âge et de décor, les inflexions de chacun des interprètes, le jeu des couleurs et des champs, dont la profondeur n'appartient qu'au 7e Art. 

 

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Pour ce faire, le cinéaste a souhaité que ses interprètes improvisent au fur et à mesure des scènes, de façon à garder au film son authenticité expérimentale par rapport au théâtre, auquel le cinéma rend ici hommage.  Tous sont merveilleux de sensibilité et on ne saurait assez vanter le talent des deux Eurydice Sabine Azéma (malgré ses cheveux rouges) et Anne Consigny et des deux Orphée Pierre Arditi et Lambert Wilson. L'hommage du cinéaste s'adresse également à eux qui ont formé, au long de sa carrière, sa troupe de choc. Ainsi par ce jeu de poupées russes et de dialogues qui ne cessent de s'imbriquer les uns aux autres, Alain Resnais fait-il preuve de sa capacité à repenser l'art cinématographique et à rester, malgré son âge ou bien grâce à lui, aussi inventif et imprévisible. Ne fait-il pas de la vie notre enfer et de nos rêves notre rédemption ? Et l'amour et la mort ne sont-ils pas  invités à donner le ton et ne créent-ils pas de nouvelles voies esthétiques et artistiques sans revêtir pour autant un aspect morbide mais, a contrario, en sommant le réalisateur de dépasser les lignes trop exiguës du réel ?

 

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Depuis Mélo et Smoking/Smoking, le cinéaste nous avait habitués à ce mélange des genres, mais avec Vous n'avez encore rien vu - titre qui ne correspond guère à l'opus - le mélange est plus audacieux  parce qu'il brasse dans des dialogues incisifs les deux pièces d'Anouilh, tout en leur conservant leur théâtralité, mais en les adaptant avec doigté au cinéma, cela grâce au jeu des acteurs qui ainsi se dédouane  du strict cadre de la scène et de l'unité de temps. C'est donc le temps qui sort victorieux de son duo avec la mort, le temps qui inverse les perspectives et exhorte les comédiens à user avec subtilité des ressorts de la mémoire. Une réussite.

 

Pour prendre connaissance de l'article consacré à Alain Resnais, cliquer sur son titre :
 

 

ALAIN RESNAIS OU UN CINEMA DE LA MEMOIRE 
 

 

Et pour consulter les articles de la rubrique CINEMA FRANCAIS, cliquer sur le lien ci-dessous :
 

 

LISTE DES FILMS DU CINEMA FRANCAIS 
 

 

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VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU d'ALAIN RESNAIS
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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 09:13

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C'est la rentrée des ­classes. Au lycée Gustave-Flaubert, le directeur de cet établissement pilote a décidé que tous les élèves porteraient le même uniforme au nom de l'équité démocratique. Professeur de français désabusé qui a passé tout l'été à lire Schopenhauer, Germain replonge sans conviction dans sa classe et donne un sujet de rédaction qu'il pense facile : raconter son week-end. Les pires ­banalités vont se succéder jusqu'à ce qu'il lise le texte d'un certain Claude Garcia (Ernst Umhauer) qui raconte s'être immiscé dans la maison de son copain Rapha. Pour qu'un film soit bon, comme un livre d'ailleurs, encore faut-il que le thème, l'enjeu soit susceptible de convaincre. Or, François Ozon, en charge d'y parvenir, s'empresse d'oublier le conseil que le professeur, interprété par Fabrice Lucchini,  prodigue à son élève  chez qui il devine un goût certain pour l'écriture et le récit- " faites en sorte de capter l'attention par un sujet fort, une action brillante, des propos accrocheurs " - alors même que son opus, sensé défendre cette cause, sombre très vite dans le bavardage stérile et la banalité la plus triviale. Ainsi Ozon a-t-il raté son but malgré la bonne volonté d'acteurs talentueux, tous prêts à l'y conduire. L'idée était bonne, excellente même puisque axée sur la transmission du savoir et l'éveil d'une vocation, encore fallait-il un scénario suffisamment crédible et rigoureux pour la développer avec subtilité et conviction. C'est raté.

 

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La raison en est que le sujet se dilue dans un amateurisme regrettable au point que Ozon ne nous sert là qu'un  film bâclé et maladroit. En assurant, bien en vain, que la réalité sert l'imaginaire ou vice versa, il nous démontre le contraire tant son imaginaire à lui tourne trop vite court. Il y avait pourtant à dire. L'histoire de ce lycéen doué, remarqué par son professeur de français avec lequel s'établit un lien d'intérêt et de sympathie est si peu probante que l'on décroche dès les premières scènes. Tout d'abord parce que la famille qui inspire l'adolescent n'a rien d'inspirante  : comment trouver sur l'échelle sociale un couple et son fils unique dénués à ce point de saveur culturelle et humaine ? Il fallait pour que l'on adhère au sujet choisir une famille en mesure de subjuguer l'écrivain en herbe et justifier l'histoire qu'il se plaît à raconter jour après jour à son professeur au point de tenir celui-ci en haleine. Malheureusement il ne se passe rien, rien qui justifie la faute professionnelle que le maître va être amené à commettre sous l'effet de cette supposée fascination. Oui, cela est totalement illogique.

 

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A l'exception de quelques réparties drôles et quelques moments bien venus, la spectatrice que je suis est restée étrangère à cette démonstration dont le final est accablant. Dommage, les ingrédients étaient là qui pouvaient constituer un bon  scénario entre des mains plus expertes et chez un cinéaste mieux inspiré. Malgré des acteurs qui ne déméritent pas - surtout le jeune Ernst Umhauer - car l'excellent Lucchini semble s'être mis en retrait de son rôle, Dans la maison n'incite guère à s'y attarder. On est plutôt tenté de rester sur le seuil tellement rien de captivant ne s'y passe, aucune démonstration ou action exaltante nous y retient. Le seul exploit de François Ozon est de parvenir à nous offrir un mauvais film avec de bons acteurs, ce qui était déjà le cas avec 8 femmes. Mais étant donné que ce cinéaste a la chance d'être "tendance" et a su mieux faire auparavant, il ne manquera probablement pas de laudateurs.

  

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 13:07
CATHERINE FROT

                                                                                                                                                
Catherine Frot s'est installée lentement et sûrement au firmament du cinéma français, dont elle est devenue l'une des personnalités incontournables, une actrice capable, avec la même aisance et la même force de persuasion, de passer du comique au tragique, d'endosser les personnages les plus paradoxaux et, cela, sans céder jamais au cabotinage. Née le 1er mai 1956 d'un père ingénieur et d'une mère professeur de mathématiques, sa vocation pour la comédie s'affirme très tôt et, dès l'âge de 17 ans, elle entre à l'école de la rue Blanche, puis au Conservatoire. A 21 ans, elle devient la co-fondatrice de la compagnie du "Chapeau Rouge", lieu où elle fera la connaissance de Jean-Pierre Daroussin. Sa vocation première est le théâtre où elle s'épanouit pleinement dans des rôles classiques, mais elle est bientôt remarquée par le monde du cinéma et décroche son premier rôle dans "Mon oncle d'Amérique" de Resnais. En 1986, elle sera nominée au César du meilleur second rôle pour sa prestation dans le film "Escalier C" de Jean-Charles Tacchella. Sa carrière est dès lors lancée et en 1985 elle obtient un triomphe dans le spectacle de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui "Un air de famille". C'est à cette occasion que le grand public la découvre vraiment, d'autant mieux qu'elle obtient le Molière du meilleur second rôle et que Cedric Klapisch décide d'adapter la pièce à l'écran et que le succès est de nouveau au rendez-vous avec, pour Catherine Frot, le César en 1997. Désormais, les films ne vont plus cesser de s'enchaîner. 
 

Sans compter sa carrière théâtrale tout aussi brillante. A chacune de ses apparitions, son talent, son naturel ne cessent de nous séduire. Elle peut tout jouer, être touchante, austère, drôle, sans sombrer dans la caricature et révèle ainsi une personnalité à multiples facettes qui subjugue les cinéphiles les plus exigeants. Pas vraiment belle, mieux que cela intéressante et expressive, elle fait preuve d'une présence inouïe. Par ailleurs, héroïne d'oeuvres qui revisitent le patrimoine national ("Vipère au poing", "Boudu"), elle est devenue très populaire et touche un public de plus en plus large. Elle sait articuler autour de sa personnalité les représentations les plus diverses de la femme, ce qui fait d'elle une actrice en mesure de se glisser dans les contradictions les plus surprenantes sans jamais paraître décalée ou invraisemblable. C'est dire quel boulevard s'ouvre encore devant elle, si elle reste cohérente dans ses choix. Récemment, elle est apparue dans des films qui n'étaient pas des chefs-d'oeuvre "Bowling" et "Associés contre le crime", tous deux en 2012, ce qui prouve combien l'actrice est sollicitée, mais a pris sa revanche avec "Les saveurs du palais", mis en boîte en 2012 également, où elle retrouve un rôle à sa mesure. Une nouvelle réussite à son actif. Peu après, elle nous surprend et nous captive dans "Marguerite" où elle est tour à tour ridicule et poignante, risible d'inconscience et admirable d'audace, frôlant le génie à force d'ingénuité. Catherine Frot rend ce personnage incroyablement émouvant, d'autant qu'il est le seul de l'histoire à être sincère au centre d'un tableau corrosif et drôle de l'hypocrisie sociale. Elle est sans nul doute notre plus grande actrice française, en mesure  de tout aborder avec intelligence, humour, conviction, émotion et panache. Une valeur sûre. Et, probablement, n'a-t-elle pas fini de nous étonner.



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CATHERINE FROT
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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 09:43
LES SAVEURS DU PALAIS de Christian VINCENT


Hortense Laborie est une cuisinière réputée qui vit dans le Périgord. A sa grande surprise, le Président de la République la nomme responsable de ses repas personnels au Palais de l'Élysée. Malgré les jalousies des chefs de la cuisine centrale, Hortense s’impose grâce à son caractère bien trempé et à sa compétence. L’authenticité de sa cuisine séduira rapidement le Président, mais dans les coulisses du pouvoir, les obstacles sont nombreux et la vie épuisante. Si bien qu'elle sera amenée à donner sa démission et à aller en tant que simple cantinière se reconstruire ailleurs.

 

Foie de canard en gelée et son pain de maïs, nougatine aux pistaches, saumon au chou coiffé de carottes avec leurs fanes, Les saveurs du palais est un film poétique et savoureux sur l'émotion et l'art culinaire quand ce dernier touche à l'excellence. Porté par une Catherine Frot parfaite en reine des fourneaux, le film nous fait entrer dans les cuisines de la République avec ses rivalités, ses luttes intestines,  ses agitations et ses frivolités et nous découvre un univers macho où les privilèges du pouvoir sont tout simplement exorbitants. Le Nouveau régime n'ayant rien à envier à l'Ancien !  Mais le film du fin connaisseur en gastronomie qu'est Christian Vincent ( réalisateur de La discrète ) ne s'arrête pas là. Il brosse d'abord et avant tout le portrait d'une femme, inspiré de la vie de Danièle Delpeuch, que rien ne préparait à occuper un tel poste - où elle s'usera d'ailleurs, au point de le quitter - et évoque à travers une série de flash-bach son expérience unique mais amère qui l'obligera ensuite à s'exiler sur la base scientifique Albert-Faure en pleine région arctique, afin de reprendre ses esprits et retrouver son équilibre, car tout ce qui touche au pouvoir épuise et abîme.

 

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Provinciale en diable face à un Président en majesté qui semble l'être de coeur tout autant qu'elle, Hortense Laborie nous convie à apprécier gourmandement l'art culinaire à la française, riche de produits d'une qualité hors pair, truffes, cèpes, foie gras, dont la seule évocation est un exercice de style dans la bouche de la cuisinière et du président (dont on regrette que les dialogues ne soient pas plus nombreux et étoffés), deux amateurs éclairés du pur plaisir sensoriel lorsque celui-ci se transforme en art de vivre.

 

Dans le rôle de président Mitterand, Jean d'Ormesson est sans nul doute la surprise de ce long métrage réussi et délicieusement gourmet. Il incarne le personnage qu'il a souvent combattu sans afféterie inutile et avec ce qu'il faut de retenue et de solennité. Quant à Catherine Frot, elle retrouve avec ce morceau de choix une interprétation à sa mesure. Elle est légère, lumineuse, juste, et se révèle une fois encore notre meilleure actrice française, à la hauteur de la cuisine qu'elle incarne. Rien que pour elle, je serais allée voir le film. Un moment à goûter et à savourer, seul ou en famille. Encore un bon cru 2012.

 

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LES SAVEURS DU PALAIS de Christian VINCENT
LES SAVEURS DU PALAIS de Christian VINCENT
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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 10:16

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Bachir Lazhar, un Algérien de 50 ans, apprend dans le Journal de Montréal qu’une institutrice de sixième année s’est pendue dans sa classe, le soir après les cours. Aussi s'en vient-il offrir ses services de remplaçant à la directrice de l’école. Il dit avoir été instituteur à Alger et disponible sur le champ. Bachir fait alors la rencontre d’un groupe d’enfants ébranlés par le terrible événement. Le fossé entre lui, professeur à l'ancienne, et ses jeunes élèves va apparaître, dès le premier jour, abyssal,  alors qu'il leur propose une dictée hors de leur portée, tirée de Honoré de Balzac. Personnage énigmatique, qui pénètre dans un monde de femmes et de réformes pédagogiques, Bachir s’attache peu à peu à Alice et Simon, deux élèves qui se démarquent par leur charisme et croient être un peu responsables de  la mort de leur professeur, l'une cherchant des issues avec une maturité stupéfiante, l'autre s'enfermant dans sa supposée culpabilité. Quant à Bachir, personne à l’école ne connaît sa vie algérienne et le risque qu'il encourt d'être expulsé manu militari.

 

Tiré d'une pièce de  Evelyne de la Chenelière, le film de  Philippe Falardeau s'articule autour de deux thèmes  : celui de l'exil qui frappe cet algérien obligé de fuir son pays où sa femme a été assassinée ainsi que sa famille à la suite de la publication d'un ouvrage mettant en cause le gouvernement, et celui des difficultés liées à l'enseignement et à la transmission du savoir à une époque où toutes les valeurs, et les plus essentielles, sont remises en cause. Bachir sera lui-même obligé à des concessions pour garder son emploi, mis en péril permanent du fait qu'il est un réfugié, en dissidence avec son pays d'origine.

 

Ces deux thèmes, tellement actuels,  traités sans lourdeur, avec infiniment de tact et de sensibilité, nous offrent un film accompli et très prenant, admirablement porté par le charisme de l'acteur principal  Mohammed Fellag, qui n'en est pas à son premier essai, mais donne ici la pleine mesure de son talent, fait d'intériorité et de douceur. Et, ce, face à une pléïade de jeunes acteurs prodigieusement naturels, justes et convaincants. Cela n'en était pas moins un exercice difficile que de nous entretenir de sujets aussi délicats que le suicide et la fuite hors frontière d'un  opposant au régime de son pays, sujets qui risquaient à tout moment de sombrer dans le mélo mais que l'auteur accomplit avec maitrise, nous donnant  à entendre, charme supplémentaire, l'accent québecois et haut en couleur des jeunes élèves. Si je n'ai pas tout compris, j'avoue que cela ajoute un piment  et une note de gaieté à un opus circonscrit dans le tragique, dont la disparition de Martine, la jeune enseignante qui choisit de se pendre dans sa propre salle de classe - ce que Bachir considère comme une faute grave  - et la situation illégale de ce dernier. L'école est avant tout un lieu de vie, non un lieu de mort - dira-t-il, déculpabilisant avec les mots justes la  mauvaise conscience de certains élèves, se gardant bien, quant à lui,  d'aborder ses soucis personnels.

 

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Riche de tels atouts, Monsieur Lazhar, qui figurait dans la liste des Oscars pour le meilleur film étranger, oeuvre sobre, sans épanchement inutile, sans faute de goût et sans excès oratoires, compte parmi les bonnes surprises de l'année 2012 et émeut par l'humanisme de bon aloi qu'il dégage.

 

 

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 09:05

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Steven Spielberg, réalisateur du premier blockbuster "Les dents de la mer", est entré dans la légende du 7e art pour des productions qui toutes ont suscité un grand engouement de la part du public comme "Jurassic Park", "E.T.", "Il faut sauver le soldat Ryan" et l'incontournable chef-d'oeuvre "La liste de Schindler". Sept de ses productions ont comptabilisé le plus d'entrées dans les salles de spectacle, un record qu'ont récupéré tout récemment les nouveaux disciples, tel Cameron. C'est dire que Spielberg tient une place à part dans cet univers malgré les critiques qui n'ont pas manqué de lui être faites sur son simplisme, ses excès, une certaine presse lui reprochant d'utiliser la grosse machine hollywoodienne à des fins mercantiles. Mais, aujourd'hui, ce même reproche est adressé à Cameron, comme hier à Luc Besson. La filmographie du réalisateur peut se diviser en deux parties : le cinéma de divertissement qu'illustrent des films comme la saga d'"Indiana Jones", "Jurassic Park" et "Minority Report", ou encore des films sur les extra-terrestres tels "La guerre des mondes" ou "Rencontres du troisième type". La seconde concerne ses oeuvres les plus sérieuses, les plus intimistes, celles en rapport direct avec l'histoire des hommes et dont les titres sont les suivants : "La couleur pourpre", "Amistad", "L'empire du soleil" et, bien entendu "La liste de Schindler" et "Il faut sauver le soldat Ryan". Ces films ont d'ailleurs animé de nombreux débats et soulevé une vive émotion dans le public.

 

Né en 1946 à Cincinnati dans l'Ohio, peu doué pour les études, le jeune Steven va très tôt suivre des cours d'art dramatique et tourner, dès l'âge de 12 ans (vocation précoce), un western de 4 minutes avec la caméra 8mm que lui a offerte son père. Par la suite, il se fera remarquer chez Universal pour ses compétences techniques et dirigera bientôt Joan Crawford dans "The Eyes", un des épisodes de la série "Night Gallery" créée par Rod Serling. Son premier succès sera "Duel". Malgré un budget minimal, le film fera sensation pour l'efficacité de sa mise en scène et remportera le Grand Prix du Festival du film fantastique d'Avoriaz. Spielberg est sorti de l'anonymat. En 1974, il essuie un échec cuisant au box-office avec "Sugarland Express", le public considérant le sujet de deux marginaux et leur otage poursuivis par une meute de policiers et de journalistes trop scabreux. Par chance, l'incroyable succès des "Dents de la mer" le remet en selle et lui permet d'envisager de vastes projets, conformes à sa nature et son entregent.  Ainsi va-t-il aligner les triomphes et créer des mythologies contemporaines avec "Les aventuriers de l'arche perdue", "E.T.", "Rencontres du troisième type". Cette réussite exceptionnelle inspirera une génération de jeunes cinéastes dont les réalisations seront encouragées et  financées par Spielberg, dès lors qu'elles vont dans le sens de son optimisme, de sa générosité et de ses bons sentiments. Aussi son goût d'alterner les sujets graves et les projets plus ludiques exhorte-t-il certains à ne pas le prendre au sérieux, alors même que son génie de "showman" n'est nullement incompatible avec sa vision personnelle des choses où une large place est accordée au monde de l'enfance. (Tintin et Indiana Jones en témoignent). Et son dernier opus Le pont des espions est là pour confirmer que le réalisateur n'a pas perdu la main, d'autant qu'il a su très bien s'entourer et pour le scénario et pour les dialogues, d'où une production de grande qualité qui évite la démesure. Mais la maturité, perceptible dans des opus comme "La guerre des mondes" et "Munich" par exemple, nous invite à reconsidérer sa production dans son ensemble et à en tirer les lignes maîtresses. Si Spielberg a su sensibiliser le grand public et frôler la démesure emporté par son dynamisme, il ne peut se défendre d'une vision pacifique du monde, d'une quête de l'innocence retrouvée, démontrant une personnalité riche et complexe qui s'emploie à aborder ses divers sujets avec le maximum d'objectivité. Son cinéma est celui d'un honnête homme subtil, moins manichéen qu'on a bien voulu le laisser croire, ne reculant devant aucun risque, s'engageant avec ferveur et opiniâtreté sur des sujets difficiles et montrant, en toutes occasions, sa virtuosité technique et l'inspiration d'un véritable créateur. "Mentir, moi, jamais, la vérité est bien trop amusante" - a-t-il écrit. Si quelques films ont été ratés ou moins réussis, la plupart ont bénéficié d'une large audience et  placé l'homme et le cinéaste parmi les grandes figures du cinéma mondial.

 

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LISTE DES ARTICLES - REALISATEURS du 7e ART
 

 

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 08:34
PAUL NEWMAN

                                                    
Il était le dernier des grands acteurs de l'après-guerre, une belle gueule qui avait enflammé la pellicule et contribué grandement à la légende hollywoodienne. Son regard bleu sans concession, sa détermination, son sérieux avaient vite fait de le placer au sommet de l'affiche, dont d'ailleurs il ne redescendra jamais. Paul Newman, c'était d'abord une présence et, dans l'action, quelqu'un de ferme,  d'inaltérable comme  l'acier. Avec lui, on ne tergiversait pas : on sentait d'emblée un homme décidé à aller au bout des choses ... absolument. Ce beau gosse du cinéma américain avait dans ses veines un heureux mélange de sang juif, hongrois, polonais et slovaque. Son père, tenant un magasin d'articles de sport à Cleveland, espérait que son fils prendrait sa suite. Mais le sort allait en décider autrement. En 1943, le jeune homme s'engage comme radio/mitrailleur lors de la guerre du Pacifique. Blessé, cet accident le rend désormais inapte au sport, l'incitant à se consacrer au théâtre. Entré à l'Acto's Studio, il monte sur scène à Broadway dans "Picnic" en 1953 et, deux ans plus tard, comme l'un des interprètes de "The disperate hours" où il séduit le public et se voit proposer un rôle au cinéma dans "Le calice d'argent" du réalisateur Victor Saville, sa première prestation à l'écran. Sa notoriété ne se fera pas attendre longtemps, grâce à deux films qui font date dans la filmographie hollywoodienne : "Le gaucher" d'Arthur Penn en 1957 et "La chatte sur un toit brûlant" en 1958 où il s'impose face à l'irrésistible Elisabeth Taylor, les plus beaux yeux violets du 7e Art. Dorénavant, il ne tournera plus qu'avec les très grands. Ce seront successivement  "Exodus" (1960), "L'Arnaqueur" (1961), "Bush Cassidy" et le "Kid" (1969), "L'arnaque" (1973), "Le verdict" (1982). En 1958, il avait épousé en secondes noces l'actrice Joanne Woodward qu'il avait rencontrée lors du tournage de "Les feux de l'été" et avec laquelle il battra un record : celui du couple marié à Las Vegas qui a la plus longue existence matrimoniale, puisque seule la mort les séparera et avec laquelle il aura 3 filles après avoir eu 3 autres enfants de sa première épouse Jacquie White. Son fils aîné Scott décédera en 1978 d'une overdose.



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Trente neuf fois nominé aux Golden Globe Award, il sera couronné par l'Oscar pour son rôle dans "La couleur de l'argent" de Martin Scorsese en 1986. L'acteur est également connu pour son implication dans le sport automobile à la suite du film "Virages", où il tenait le rôle d'un pilote tentant de concilier sa vie sentimentale et sa carrière. Ne pouvant plus viser les sommets pour raison d'âge, il parvient néanmoins à décrocher une seconde place aux Vingt-Quatre heures du Mans sur une porsche 935 en 1979. Et, par la suite, il créera une écurie de CanAm puis de CART/champ Car en partenariat avec Carl Haas, une figure bien connue du milieu automobile. Parallèlement à sa carrière d'acteur, Paul Newman s'investie dans les actions caritatives auprès des enfants cancéreux pour lesquels il organise des camps de vacances et sera généreux, d'autre part, pour financer des Centres de désintoxication. Avec son épouse, il crée la fondation "Scott Newman" en souvenir de son fils dont le but est bien entendu de lutter contre la drogue et ses conséquences. Atteint d'un cancer du poumon, il annonce en mai 2007 la fin de sa carrière cinématographique et meurt à l'âge de 83 ans le 26 septembre 2008 à Westport dans le Connecticut. "Je ne suis plus capable de travailler - avait-il dit - au niveau que je souhaite. Quand on commence à perdre la mémoire, la confiance, sa capacité d'invention, il vaut lieux tout arrêter." Acteur de grand talent et homme de grand coeur, Paul Newman ne défrayait la chronique que pour les bonnes causes et a su, au travers de 63 longs métrages, imposer un regard,  une présence qui était tout simplement magnétique. Lui-même réalisa 5 films : en 1968 "Rachel, Rachel" ; en 1971 "Le clan des irréductibles" ; en 1972 "De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites" ; en 1983 "L'affrontement" et en 1987 "La ménagerie de verre". Connu et respecté pour sa discrétion, il n'en a pas moins, et à juste raison, critiqué les dérives d'Hollywood et de l'Amérique en général. Pour nous, qui ne l'avons pas quitté, revoir ses films sera toujours un immense plaisir. Son regard bleu continuera longtemps à hanter la pellicule, parce qu'il avait, en plus de la perspicacité, de l'exigence, de la rigueur et une infinie élégance morale. Né en 1925, il meurt en 2008 à l'âge de 83 ans.

 

Pour consulter la critique du film La chatte sur un toit brûlant, cliquer sur son titre :

 

LA CHATTE SUR UN TOIT BRULANT de RICHARD BROOKS

 

Et pour prendre connaissance des articles de la rubrique ACTEURS DU 7e ART, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

LISTE DES ARTICLES - ACTEURS DU 7e ART

 

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PAUL NEWMAN
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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 09:53

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Jean-Pierre Melville, né en 1917, réalisateur, scénariste, adaptateur, dialoguiste, interprète, producteur, décorateur, monteur, est un des très grands du cinéma français et international et compte à son actif plusieurs chefs-d'oeuvre indiscutables. Né à Paris le 20 octobre 1917 sous son nom de famille Grumbach, il est appelé sous les drapeaux son baccalauréat tout juste passé et connaitra les tourments de la guerre qui le marqueront à jamais et ne seront pas sans influencer certains de ses films comme "Le silence de la mer" et "L'armée des ombres". En 1942, il gagne Londres et prend le nom de Melville en hommage à l'auteur de Moby Dick et attendra son retour à Paris, en 1945, pour épouser enfin sa vocation de cinéaste et réaliser son premier court-métrage : "Vingt-quatre heures de la vie d'un clown". Son premier long métrage attendra  1947 et sera une adaptation fidèle du roman de Vercors "Le silence de la mer", réalisé avec un budget réduit mais une qualité de mise en scène toute en retenue, suscitant l'admiration  de Jean Cocteau, séduit d'emblée par son style dépouillé et néanmoins lyrique. Il lui confiera l'adaptation des "Enfants terribles" et peu de temps après le cinéaste, soucieux de jouir d'une totale indépendance, s'empressera  d'acquérir les studios Jenner où il tournera la plupart de ses films. Il lui arrivera également de passer derrière la caméra et d'apparaître dans certains opus tels l'"Orphée" de Jean Cocteau, "Deux hommes dans Manhattan", "A bout de souffle" de Godard ou "Landru" de Chabrol.

 

Mais c'est en tant que cinéaste qu'il va marquer les mémoires et être un modèle et un inspirateur pour la nouvelle vague de talents qui trépigne d'impatience dans l'attente d'enterrer au plus vite le cinéma de papa. D'un naturel indépendant, Melville a su très tôt s'affranchir des règles cinématographiques en vigueur pour inaugurer une forme nouvelle d'adaptation proche du cinéma américain. Avec "Bob le flambeur" en 1955 et "Deux hommes dans Manhattan" en 1958, il restitue à merveille l'ambiance du Montmartre des gangsters ou la nuit new-yorkaise à la façon d'un documentaire et au prix d'une froide stylisation qui sait s'attarder sur les détails et tourner le dos aux péripéties psychologiques. D'où ce fétichisme vestimentaire qu'il impose à Belmondo  dans Le Doulos et à Delon dans "Le Samouraï". "Deux hommes dans Manhattan" n'est en définitive que l'échange permanent des figures du Bien et du Mal, thème récurrent chez Melville. Par ailleurs, "L'ainé des Ferchaux", tiré de Simenon dont l'univers l'attirait, et  "L'Armée des ombres" traitent l'un et l'autre des faiblesses humaines, non sans misanthropie et avec l'ampleur tragique qui est la marque première du réalisateur. Créateur hors norme, le cinéaste se plait à filmer des odes sobrement lyriques et l'ambiguïté de personnages affrontés à la guerre ou au crime, se faisant un devoir de restituer des atmosphères lourdes de sens et d'ambivalence. Trois films sortent du lot de ces belles réalisations par leur force narrative, le contre-emploi d'un acteur - ce sera le cas avec Belmondo dans "Léon Morin prêtre" où Melville joue sur des poncifs vaguement bressonniens, prenant ses distances avec le récit de Béatrix Beck et recourant à la voix off - et du "Silence de la mer", d'après le roman de Vercors, situé sous l'occupation allemande et réalisé avec un budget minime et des techniques certes conventionnelles mais que le réalisateur charge d'une sobre intensité. Enfin le troisième chef-d'oeuvre est sans nul doute "Le Samouraï", le plus beau rôle d'Alain Delon avec celui que lui offrit Visconti dans "Rocco et ses frères", où le personnage est défini par ses gestes plutôt que par sa personnalité. Le scénario avait été écrit par Melville en 1963 et correspond si bien au personnage que rêvait d'interpréter Delon que l'entente se fera d'emblée. L'acteur sera prodigieux dans la peau de Jef Costello, plus proche du loup que de l'homme. Ce sabreur solitaire est hanté par la mort et entièrement requis par sa mission qu'il exécute sans faiblir avec  la froideur implacable et le masque d'impassibilité que Delon saura lui prêter. "Le Samouraï" fixe définitivement une écriture singulière, celle d'un Melville inspiré qui a le goût des figures mythiques et le sens aigu de la tragédie à l'ancienne, dont l'oeuvre a quelque chose de fulgurant et d'hypnotique. Il mourra  le 20 août 1973 à l'âge de 56 ans, quelques mois après l'échec cuisant de son dernier film "Un flic", qui l'avait beaucoup affecté.

 

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LE SAMOURAI de JEAN-PIERRE MELVILLE

        

LE SILENCE DE LA MER DE Jean-Pierre MELVILLE

 

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JEAN-PIERRE MELVILLE OU L'OEUVRE AU NOIR
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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 11:09

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Eté 1980. Barbara est chirurgien-pédiatre dans un hôpital de Berlin-Est. Soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest, elle est mutée par les autorités dans une clinique de province, au milieu de nulle part. Tandis que son amant Jörg, qui vit à l’Ouest, prépare son évasion, Barbara est troublée par l’attention que lui porte André, le médecin-chef de l’hôpital. La confiance professionnelle qu’il lui accorde, ses attentions, son sourire... Est-il amoureux d’elle ? Est-il chargé de l’espionner ? D'autre part, le malheur de la population ne peut en aucun cas la laisser indifférente. Dans ce monde clos où chacun espionne chacun, quelle place va-t-elle parvenir à trouver pour survivre ? Ce n'est pas sans raison, que l'affiche nous la montre de dos, car véritablement Barbara se trouve, dès le début de l'histoire, le dos au mur. Cette nouvelle vie, au fin fond d'une sinistre province, est-elle ou non acceptable ? Emmurée dans son silence et son opposition, comment parviendra-t-elle à conserver sa dignité , comment échappera-t-elle à la lente érosion de l'ennui et de la solitude ?

 

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Sobre, dépouillé à l'extrême, ce quatuor à cordes, où chacun des personnages joue en permanence sur la plus sensible, est un moment à part dans la production actuelle. Centré sur le personnage de Barbara, admirablement campé par Nina Hoss impénétrable à souhait, cet opus montre, à travers les faits et gestes de l'héroïne, le lent cheminement qui va la conduire à renoncer à son projet initial pour emprunter une tout autre voie. Celle-ci se révèlera plus conforme aux convictions intérieures que cette expérience douloureuse n'a pu manquer de lui inspirer. Ainsi le malheur des autres peut-il engendrer une forme de résistance et d'apaisement intérieur. En offrant sa compassion généreuse à des êtres en proie au désespoir, Barbara fait basculer sa propre existence et s'engage sur le chemin inverse de celui prévu avec son amant. La désespérance, que ne cesse de générer un régime totalitaire pervers et inhumain, provoque en elle un sursaut d'humanité. C'est le mal environnant qui lui fait choisir le bien qu'elle dispensera en soignant, en étant présente, et c'est ce désert  de l'âme qui parvient à lui inspirer des actes de pur désintéressement et de fraternité profonde. Un film original de par son thème, sa mise en scène ponctuelle, sa lenteur calculée, sa réflexion entre la fuite et la résistance, entre le désir de vivre et celui de s'accomplir. A noter également la présence physique très forte de l'acteur Ronald Zehrfeld, formidable dans le rôle du médecin-chef André qui conserve jusqu'à la fin son mystère et son ambiguïté.

 

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 08:40
PORTRAIT DE FEMME de JANE CAMPION

En 1872, Isabel Archer, une jeune Américaine, va rendre visite à ses cousins anglais, les Touchett. Elle les surprend par sa liberté de ton et, surtout, par son esprit  indépendant. C'est ainsi qu'elle refuse successivement les propositions de mariage pourtant financièrement fort avantageuses de lord Warburton et de Caspar Goodwood, un richissime admirateur qui a traversé l'Atlantique pour déposer son amour et sa fortune à ses pieds. Isabel a d'autres centres d'intérêt. Elle ne comprend pas très bien Serena Merle, une belle compatriote qu'elle a rencontrée chez monsieur Touchett, mais tombe sous le charme de sa grâce et de son élégance. A la mort de monsieur Touchett, le fils du défunt, Ralph, a soin de léguer à Isabel une confortable rente...Devenue riche, la jeune femme commence par voyager afin de mettre un peu d’ordre, croit-elle, dans son esprit exigeant, épris d’indépendance, mais se fourvoyer gravement, dès son retour, en cédant aux avances d’un dilettante peu soucieux d’éthique amoureuse qui ne l’épousera que pour sa fortune et surtout pour que celle-ci revienne plus tard à sa fille Pansy, qu’il a eue de sa longue liaison avec Serena Merle.

 

Histoire d’une vie ratée, Portrait de femme (1996) est une jolie variation sur les méprises de l’intelligence et des sentiments, en un narratif un peu longuet qui, malgré sa subtilité, ne parvient pas à convaincre pleinement.  Sans doute parce que le personnage de Osmond, interprété par  John Malkovitch, très peu convaincant et aussi peu habité que possible, détruit passablement  cette composition centrée autour d’une femme qui ne cesse de se refuser et finit par devenir la prisonnière de sa propre défiance. Manœuvrée par un  mari sans scrupules qui se joue d’elle, Isabel est aveuglée par une coupable indifférence et se mure dans une froideur et une fierté blessée qui n’arrangent en rien son existence. Malheureusement, il manque à cette étude féminine, librement inspirée d’une œuvre de Henry James, une approche plus réaliste du quotidien, l’opus se plaisant à rester dans le registre d’une esthétique rigoureuse et savamment orchestrée, grâce à une mise en scène somptueuse et une  reconstitution sublime de la fin du XIXe siècle. Jane Campion, ayant un goût prononcé pour tout ce qui touche aux objets, aux toilettes, aux jardins, à  la campagne, aux bouquets de fleurs, travaille davantage en peintre qu'en réalisatrice. De plus, la musique est toujours un enchantement, si bien que ce  film, malgré ses faiblesses, se laisse regarder avec plaisir, tant il est esthétiquement beau.

 

J’ai déjà dit ce que je pensais de l’interprétation décevante de John Malkovitch dans le personnage égoïste et dominateur de Osmond qui n’est pas loin de celui qu’il campait dans  Les liaisons dangereuses, mais alors avec quel panache, tandis que les femmes sont magnifiques. En premier lieu Nicole Kidman, belle, distante, tourmentée, figée dans une solitude et un enfermement volontaire qui la coupent du monde extérieur, face à une Serena Merle jouée par la belle Barbara Hershey, maillon fort de ce trio et manœuvrière dépassée par ses propres intrigues, donnant la réplique à son âme damnée Gilbert Osmond. A travers de longues pages de silence, Jane Campion nous invite à introduire notre propre interprétation des faits. Elle n’impose rien, elle se contente de dévoiler, de suggérer, de placer ses personnages dans une dualité permanente, nous incitant à entrer dans le mystère de leur conscience et de leurs sentiments.  Le personnage de Ralph (Martin Donovan), le cousin d’Isabel, qui se meurt lentement de phtisie, est la note la plus touchante de cet opus qui souffre d’un scénario un peu trop éthéré.

 

 

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JANE CAMPION, UN CINEMA AU FEMININ

 

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PORTRAIT DE FEMME de JANE CAMPION
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  • : Ce blog n'a d'autre souhait que de partager avec vous les meilleurs moments du 7e Art et quelques-uns des bons moments de la vie.
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  • Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.
  • Auteur de treize ouvrages, passionnée par les arts en général, aime écrire et voyager.

Texte Libre

Un blog qui privilégie l'image sans renoncer à la plume car :

 

LES IMAGES, nous les aimons pour elles-mêmes. Alors que les mots racontent, les images montrent, désignent, parfois exhibent, plus sérieusement révèlent. Il arrive qu'elles ne se fixent que sur la rétine ou ne se déploient que dans l'imaginaire. Mais qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, elles ont l'art de  nous surprendre et de nous dérouter.
La raison en est qu'elles sont tour à tour réelles, virtuelles, en miroir, floues, brouillées, dessinées, gravées, peintes, projetées, fidèles, mensongères, magiciennes.
Comme les mots, elles savent s'effacer, s'estomper, disparaître, ré-apparaître, répliques probables de ce qui est, visions idéales auxquelles nous aspirons.
Erotiques, fantastiques, oniriques, elles n'oublient ni de nous déconcerter, ni de nous subjuguer. Ne sont-elles pas autant de mondes à concevoir, autant de rêves à initier ?

 

"Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contrepoison de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu'ont les hommes d'humour, de pitié, de compréhension."


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